Les prorogations au profit du droit d’auteur en débat à l’Assemblée nationale
En 201*
Le 12 novembre 2014 à 14h00
4 min
Droit
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À l’occasion de l'examen à l’Assemblée nationale du projet de loi transposant plusieurs directives, dont celles sur les œuvres orphelines, la députée Isabelle Attard a tenté de supprimer plusieurs prorogations de la durée de protection des droits d’auteur. En commission des affaires culturelles, son initiative a cependant été repoussée.
La durée de protection des droits patrimoniaux est aujourd’hui fixée à 70 ans après le décès de l'auteur. Cependant les œuvres anciennes profitent de deux autres délais supplémentaires. Ce sont les prorogations de guerre (article L. 123 - 8, L. 123 - 9) et celles au bénéfice des auteurs morts pour la France (article L. 123 - 10). « Les prorogations de guerre sont des mesures prises à la suite des guerres de 14 - 18 et 39 - 45 en faveur des héritiers et de leurs ayants cause afin de compenser le manque à gagner dû aux difficultés d'exploitation des œuvres liées aux périodes de guerre » explique ainsi la SACEM sur une page dédiée à ces questions calendaires. Par ces biais, via des calculs parfois complexes, les délais de protection peuvent du coup être étendus de 6 à 8 ans (prorogations de guerre) voire 30 ans de plus pour les auteurs morts pour la France.
Saint-Exupéry et le Boléro de Ravel
Ce matin, en commission des affaires culturelles, Isabelle Attard a pris l'exemple de Saint-Exupéry : « dès le 1er janvier 2015, le reste du monde pourra créer et adapter ses œuvres. Nous, on devra attendre 2032 » puisque l’auteur profite de ces diverses prorogations. À l’occasion de l’examen du projet de loi transposant plusieurs directives, dont celle sur l’allongement de la durée de protection de certains droits voisins, la députée Nouvelle Donne (apparentée écologiste) a donc déposé deux amendements. L'enjeu ? Faire sauter ces prorogations qui sont autant de report avant l’élévation dans le domaine public, dans les mains des sociétés de gestion collective.
Ainsi, l’allongement de 30 ans au profit des auteurs morts pour la France est jugé par la parlementaire comme « une manière inadaptée de [leur] rendre hommage ». Et pour cause : « ce mécanisme contribue en effet à restreindre la diffusion de leurs œuvres et nuit à leur rayonnement » (amendement 7)
Même salve de critiques contre les prorogations de guerre (amendement 6) : « la Cour de cassation en 2007, dans ses arrêts Monet et Boldoni, a déjà estimé que les prorogations de guerre étaient caduques du fait de l'intervention de la directive, mais elles subsistent encore dans le secteur de la musique, pour lequel la durée des droits avait déjà été allongée en 1985 par la loi Lang ». Cette fois la députée dénonce un mécanisme d'une « complexité préjudiciable, alors que les œuvres concernées ont déjà été aujourd'hui largement rentabilisées. L'abrogation définitive des prorogations de guerre aura pour effet de contribuer à l'harmonisation du cadre juridique de la création en Europe. Par ailleurs, il aura pour effet de faire entrer dans le domaine public des œuvres majeures comme le Boléro de Ravel ».
Un sujet repoussé lors des débats en séance
Seulement, ces deux amendements ont été poliment repoussés en Commission des affaires culturelles. Le rapporteur Hervé Feron a considéré en substance que le sujet du débat - la transposition des directives - ne se prêtait pas à de telles initiatives. Celles-ci avaient pourtant plus la robe d’un poney législatif que celle d’un vrai gros cavalier… Sans doute n’ayant pas voulu prendre la responsabilité d’inclure ces sujets à ce stade, il a invité la députée à relancer ces questions en séance avec la ministre de la Culture. Au vu de ces réactions, des contacts devraient être pris très prochainement avec Fleur Pellerin en préparation de ces débats fixés au 20 novembre.
Le 12 novembre 2014 à 14h00
Les prorogations au profit du droit d’auteur en débat à l’Assemblée nationale
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Saint-Exupéry et le Boléro de Ravel
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Un sujet repoussé lors des débats en séance
Commentaires (12)
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Abonnez-vousLe 12/11/2014 à 14h02
#1
La durée de protection du droit d’auteur est aujourd’hui fixée à 70 ans.
70 années civiles après le décès de l’auteur pour les droits patrimoniaux.
Leynas.
Le 12/11/2014 à 14h07
#2
Ainsi, l’allongement de 30 ans au profit des auteurs morts pour la France est jugé par la parlementaire comme « une manière inadaptée de [leur] rendre hommage ». Et pour cause : « ce mécanisme contribue en effet à restreindre la diffusion de leurs œuvres et nuit à leur rayonnement »
Mais ce mécanisme a un autre avantage pour certain
Le 12/11/2014 à 14h43
#3
Le jour ou les héritiers d’un peintre en bâtiment recevra des droits sur les œuvres du dit peintre 70 ans après sa mort, je serai près à considérer cette histoire. Pour moi, c’est toujours du bullshit.
Le 12/11/2014 à 16h09
#4
J’ai toujours du mal à comprendre comment on en est arrivé à une telle situation, historiquement parlant…
La date devrait partir de la date d’écriture/dépôt légal/publication (un truc comme ça) et durer un temps raisonnable, de manière à rémunérer l’auteur de son vivant… Je ne vois pas comment on a dépassé la durée de vie de l’auteur et comment on a dépassé 40 ans…
70 ans, ça veut dire qu’une oeuvre qui a été produite alors que tu es adulte sera libérée de droits après ta mort… Et encore, si l’auteur meurt vite… Non, je comprends vraiment pas le concept.
Le 12/11/2014 à 16h19
#5
Le 12/11/2014 à 16h38
#6
Comme il l’a été mentionné plus haut (et désormais dans l’article), c’est 70 ans après la mort de l’auteur. Donc mourir vite ou non ne change pas grand chose. En fait si, ça libère l’œuvre plus tôt. Le message est donc là : messieurs les artistes, allez tous mourir ! " />
@tazvld : la distinction est à faire entre les travaux de création des autres travaux. Les second sont beaucoup plus facilement marchandables et reproduisibles. Un “œuvre d’art” n’est pas garantie de se vendre, et le travail de création est à répéter à chaque fois. C’est cette prise de risque qu’est censée couvrir le concept de droit patrimonial. Maintenant, le système a méchamment, méchamment dérivé. En machine à fric pour les ayants droits, décorrélés des artistes.
Le 12/11/2014 à 18h26
#7
Le droit d’auteur, à l’époque d’internet, ca se limite a savoir si on télécharge avec ou sans VPN.
Le 12/11/2014 à 18h40
#8
70 ans, à comparer avec les 20 ans d’un brevet. Laurent Moreno, pour ne citer que lui, n’aura pas profité bien longtemps de la carte à puce, dont l’utilisation a explosé … un peu plus de 20 ans après son invention.
Officiellement, cette durée limitée à 20 ans est faite pour stimuler la création de brevets. Pour les artistes, en revanche, il ne s’agit pas de stimuler, mais d’assurer une rente. A part le fait que les artistes ont les oreilles des politiques plus que les ingénieurs, je ne vois pas pourquoi c’est différent.
Le 12/11/2014 à 18h53
#9
Ainsi, l’allongement de 30 ans au profit des auteurs morts pour la France est jugé par la parlementaire comme « une manière inadaptée de [leur] rendre hommage ».
C’est le moins que l’on puisse dire en effet…
Je n’avais jamais entendu parler de cette extension auparavant. On peut éventuellement comprendre les raisons qui avaient conduit à sa création à l’époque, mais à la lumière actuelle c’est juste hallucinant d’anachronisme et de n’importe quoi. Encore une vieille exception parmi les mille autres qui se glissent dans chaque recoin de la loi.
Merci Marc " />
Le 12/11/2014 à 21h47
#10
Le 13/11/2014 à 09h12
#11
70 ans seulement ???
On prive les petits enfants de nos artistes d’une rente bien merité.
C’est tres difficile d’etre le fils de … on vous presente plein de monde, vous etes tjs devant dans les casting pour perpetuer des générations d’artistes …
Le 13/11/2014 à 12h10
#12
Et les Assurancetourix, ils touchent aussi dans la RCP ? " /> (je préfère encore mieux donner une pièce à un clodo) (ils sont fous ces romains, ils n’ont plus la gueule de Gaulois) " /> " />