Quand la MPAA demande à Google de censurer des films du domaine public
Avec ou censure ?
Le 20 janvier 2015 à 08h00
3 min
Droit
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Sur demande de la Motion Pictures Association of America (MPAA), le puissant lobby des studios hollywoodiens, Google vient de déréférencer sans sourciller les pages d'accueil de différents sites de streaming. En revanche, le moteur de recherche a refusé de procéder à un tel retrait s'agissant d'une URL qui permettait d'accéder à des films relevant du domaine public.
Dans l’espoir de limiter le piratage de leurs oeuvres sur Internet, les ayants droit demandent régulièrement à Google de faire disparaître certaines pages de son moteur de recherche. En vertu de la législation américaine sur le copyright (DMCA), l’hébergeur est effectivement tenu de procéder au retrait de tout contenu qui lui est signalé comme étant illicite. Résultat, la page originale existe toujours, mais il est impossible d’y accéder depuis Google.
Sauf que les ayants droit sont de plus en plus friands de cette procédure (près de 350 millions de demandes adressées à la firme de Mountain View l’année dernière, un record)... Ce qui amène un effet de bord que l’on constate régulièrement : des requêtes bâclées. La dernière en date a été repérée par TorrentFreak, et est consultable sur ChillingEffects.org.
La MPAA inquiète de la mise en ligne d'un film dans le domaine public depuis 1967
Envoyée à Google le 9 janvier dernier, cette demande est signée de la MPAA, qui indique agir au nom de ses célèbres membres – Warner Bros, Walt Disney, Paramount Pictures... Problème : parmi les plus de 80 URL dénoncées, on retrouve une page du site OpenCulture, laquelle propose d’accéder à 700 films gratuits, car libres de droits (des classiques avec du Chaplin, etc.). Bien souvent, les liens présents sur cette page renvoient vers le site d’Internet Archive, l'organisation américaine connue pour mettre à disposition de très nombreuses œuvres libres sur Internet.
Le puissant lobby affirmait pourtant qu’il y avait violation du copyright relatif au film « His Girl Friday » (« La Dame du vendredi » en français), sorti en 1940. Heureusement, Google n’a pas donné suite à la requête des majors d’Hollywood. Notre Cour de cassation avait d’ailleurs elle-même eu l’occasion de constater il y a quelques années que l’œuvre « était tombé[e] dans le domaine public aux États-Unis en 1967 ».
Google déréférence même de simples pages d’accueil
Mais si le géant de l’internet s’est montré vigilant sur ce point, il a cependant été moins regardant s’agissant d’autres URL dénoncées par la MPAA. L’organisation n’y est en effet pas allée de main morte, puisqu’elle a directement demandé le déréférencement de nombreuses pages d’accueil, alors qu’il faut en principe viser une page sur laquelle se trouve le contenu illicite.
Le site « engsub.org » est par exemple déréférencé, alors que selon nos constatations, il n’est possible de visionner des films en streaming qu’à partir d’autres pages du site. Il en va de même pour « fullmoviefreedownloads.org », « zestreaming.com », etc.
À gauche, la requête de la MPAA. À droite, Google indique qu’il a procédé à la purge réclamée.
Google a néanmoins refusé de retirer de son moteur de recherche une vingtaine d’URL, dont les pages d’accueil du célèbre site de liens « Kickass Torrent », ou bien encore de « Dpstream.pw », connu notamment des anciens utilisateurs d’Allostreaming.
Quand la MPAA demande à Google de censurer des films du domaine public
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La MPAA inquiète de la mise en ligne d'un film dans le domaine public depuis 1967
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Google déréférence même de simples pages d’accueil
Commentaires (39)
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Abonnez-vousLe 20/01/2015 à 08h39
Tous les liens que la mpaa demande à bloquer sont des liens de page d’accueil…
C’est juste une putain de honte.
Le 20/01/2015 à 08h47
Marrant cette distinction sur Kickass Torrent, ils ont des potes sysadmin chez eux ou bien? " />
Le 20/01/2015 à 08h48
Dommage qu’il n’y ait personne pour trainer la MPAA devant les tribunaux … Curieux d’ailleurs de la part des américains … y a surement du fric a se faire !!
Le 20/01/2015 à 09h00
A chaque fois qu’ils balancent une requête sur un truc qui ne leur appartient pas, on devrait mettre le système en pause une journée…
C’est des enfants, il faut sévir, alors une bonne punition (idiote et reposante) leur ferait du bien. Vu le volume envoyé, google pourrait se reposer pendant des années…
Le 20/01/2015 à 09h12
ça ne coûte rien d’essayer, diront-ils.
Le 20/01/2015 à 09h14
Bon, va falloir sévir !
Dans la juridiction où je travaille, on peut mettre des prunes pour recours abusif. Si Google s’y met, il y en a à la MPAA qui ne pourront plus s’asseoir pendant des mois !
Le 20/01/2015 à 09h18
D’autant plus s’il n’y a pas de sanction …
Le 20/01/2015 à 09h27
Ce qui est incroyable, c’est qu’au départ la mise en place de ce dispositif est légitime. Même si sincèrement ils feraient mieux de vivre à notre époque..
Mais avec une telle attitude, ils arrivent encore à faire pisser par tous les orifices leur lobbying abusif. C’est vraiment une réaction nauséabonde de leur part et des arguments de plus pour les châtiers…
Le 20/01/2015 à 09h36
Une bonne raison de plus de ne plus utiliser Google. Les coupes arbitraires, c’est pas très pro.
Le 20/01/2015 à 09h38
C’est carrément pas une mauvaise idée ça !
100$ par demande de déréférencement abusive serait totalement justifiable par le temps de vérification humain que doit entrainer le traitement d’un recours d’un site tiers !
Si 1% des demandes sont abusives, ça ferait 350 millions de dollars… Une sacrée somme, même pour ces requins de la MPAA, Sacem et compagnie et de quoi limiter très fortement ce genre de déviance !
Gageons qu’avec 55% d’augmentation de demandes de déréférencent par an, qu’au bout d’un moment ils devront s’y forcer !
Le 20/01/2015 à 09h39
Le 20/01/2015 à 10h03
Le 20/01/2015 à 10h09
Non! Vraiment? " />
Et combien de moteurs de recherche ne réutilisent pas ce que ces deux moteurs ont comme résultat? Parce que par exemple, swisscows repompe en fait ce qu’a bing. Donc en gros, c’est du bing mais avec une autre interface.
Le 20/01/2015 à 10h15
en fin de compte tu critiques quoi?
- que google n’applique pas à la lettre ce que demande la MPAA?
- que google respecte trop ce que demande la MPAA?
- que ce sont des humains qui essayent de répondre aux demandes de la MPAA, et que ca manque de cohérence ?
Le 20/01/2015 à 10h21
Que google soit un moteur de recherche non neutre je présume.
Le 20/01/2015 à 10h24
Bing… C’est pas le moteur à MS ça ?
Le 20/01/2015 à 16h33
Ouf, c’est bien ce que j’avais compris " />
Le 20/01/2015 à 17h42
Le 21/01/2015 à 10h55
Faudrait un site qui mixe les résultats de Google avec ceux de ChillingEffects quand on fait une requête " />
Le 21/01/2015 à 13h02
Le 21/01/2015 à 13h06
“La MPAA inquiète de la mise en ligne d’un film dans le domaine public depuis 1967”
“Problème : parmi les plus de 80 URL dénoncées, on retrouve une page du site OpenCulture, laquelle propose d’accéder à 700 films gratuit”.
Sans doute craint-t-elle la concurrence de films meilleurs que les merdes qu’elle défend ? " />
Le 20/01/2015 à 10h25
Les coupes illégales et/ou injustifiées.
Le 20/01/2015 à 10h31
Le 20/01/2015 à 10h36
" />
Le 20/01/2015 à 11h54
Le 20/01/2015 à 11h59
J’ai comme l’impression que si ils pouvaient être neutre ( dans le sens “ on a un algo qui fait le classement, sans intervention humaine, ou de sites censurés “, pas “on donne les résulats aléatoirement, pour 100% de neutralité”, c’est après tout un autre débat ), ils le feraient…
aussi bien dans ce cas la, que pour le “ droit à l’oubli”, c’est les juges qui imposent ces conneries…
Le 20/01/2015 à 12h02
On peut dire que sur les 350 millions de requêtes annuelles , ils s’en sortent pas si mal, si ce qu’on leurs reproche est simplement de ne plus référencer les sites qui annoncent que tu peux streamer un film en cliquant sur un lien, et pas seulement la page de streaming..
c’est déjà mieux que ce qu’ils font avec youtube, où sur une demande de copyright, ils suppriment simplement la video sans poser de questions…
Le 20/01/2015 à 12h57
Le 20/01/2015 à 13h25
Le 20/01/2015 à 13h36
Faut plein de pognon pour tenir la distance pendant plusieurs années, sans compter les lobbys… C’est beau la justice du plus riche
Le 20/01/2015 à 15h06
Le 20/01/2015 à 15h14
Le 20/01/2015 à 15h24
dans la pratique, rien n’oblige google a référencer un site…
donc ils ont beau faire du zèle, ils n’ont aucune obligation légale ( au pire, le site peut essayer de se retourner contre la MPAA avec un contre DMCA, mais google n’est que l’intermédiaire entre les 2)
d’ailleurs, si l’auteur du site n’est pas américain, il n’a aucun recours (le DMCA n’est pas opposable si tu n’es pas américain)
donc, face aux demandes de la MPAA, google a 2 choix
- suivre ce qu’ils demandent, et ne prendre aucun risque
- s’opposer à la demande, et risquer de se faire attaquer ( risque qu’ils prennent en ne refusant de déréférencer les sites dont les demandes sont aberrantes )
maintenant, est ce qu’il y a du zèle de la part de google? peut être, mais je ne pense pas qu’en déréférenceant la page de garde de “fullmoviefreedownloads.org”, ils fassent preuve de mauvaise foi… peut être un peu de zèle, mais pas de mauvaise foi…
Le 20/01/2015 à 15h49
Oui. J’ai très clairement parlé de zèle.
Le 20/01/2015 à 16h14
Le 20/01/2015 à 16h17
Le 20/01/2015 à 16h25
Zut, j’ai pas fini ma phrase…
Ils n’ont aucune obligation légale de référencer un site… La MPAA pourraient bien demander ( a tord) de déréférencer NXI parcequ’on cite zestreaming.com , google pourrait suivre cette requète sans risquer d’ennuisc’est à NXI de contrer la demande au près de la MPAA, google n’étant qu’un intermédiaire… l’esprit de la loi est que google n’a pas son mot à dire.
Le 20/01/2015 à 08h24
C’est rassurant de voir qu’ils font attention à ce qu’ils bloquent parmi la foule de liens déversés par la MPAA " /> (enfin pour les vieux films, pour les pages d’accueil c’est moins bon " />)
Le 20/01/2015 à 08h39
Bon quand es-ce qu’on leurs enlève le joujou pour utilisation abusive?
On leurs file une armes et visiblement ils ne savent pas s’en servir! Alors c’est un peu de l’inconscience de leurs laisser, non?