Les sénateurs PS veulent limiter l’Open Data sur les données de transport
Donnez ces données, reprendre c'est voler
Le 07 avril 2015 à 09h00
6 min
Droit
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Le Sénat devrait examiner dans les prochaines heures plusieurs amendements visant à limiter ou, au contraire, à accélérer l’ouverture des données relatives aux transports publics (horaires, localisation des arrêts, tarifs, etc.). À la différence des députés, qui avaient légiféré sur ce sujet au travers d’un assez large consensus, les élus du Palais du Luxembourg ont des points de vue relativement divergents.
La loi Macron entre dans l'hémicycle du Sénat
C’est aujourd’hui, à partir de 16 heures, que la Haute assemblée va commencer l’examen du projet de loi « Macron » pour la croissance et l’activité. Au programme dans un premier temps : la question des autocars et des données de transport. Pour rappel, les députés ont introduit en janvier dernier, contre l’avis du gouvernement, un article visant à imposer à toutes les sociétés assurant des « services réguliers de transport public de personnes » la transparence sur un ensemble d’informations particulièrement précieuses pour les voyageurs.
Avec ces dispositions, confirmées et complétées il y a quelques jours par la commission spéciale du Sénat, la SNCF, les compagnies aériennes ou la RATP seraient tenues de mettre en ligne, « sous un format ouvert et librement réutilisable », tout un ensemble de données : arrêts, horaires planifiés et constatés, tarifs, informations sur l'accessibilité aux personnes handicapées, etc. L’objectif ? Que le public puisse choisir son mode de transport en parfaite connaissance de cause, éventuellement grâce à des plateformes qui exploiteraient toutes ces données en vue de comparaisons (temps de voyage, changements, prix, etc.) mêlant les différents transporteurs.
Sauf que tel qu’il est actuellement rédigé, cet article est loin de faire l’unanimité sur les bancs du Palais du Luxembourg... Une poignée d’amendements a en effet été déposée, tant pour élargir le champ de ce dispositif que pour le restreindre.
Les socialistes veulent limiter l’Open Data sur les données de transport
D’un côté, se trouvent tout d’abord six sénateurs socialistes qui voudraient supprimer purement et simplement l’ensemble de ces dispositions. Menés par le maire de Lyon Gérard Collomb, ces élus affirment à l’appui de leur amendement qu’ « une ouverture sans limite pourrait être contre-productive : ce sont les plus grands groupes internationaux de l’économie numérique (dont aucun n'est basé en France) qui pourraient profiter de cette ouverture sans aucun encadrement juridique et mettre en difficulté les modèles développés par les acteurs locaux ».
Ces parlementaires sont également signataires d’un autre amendement, soutenu cette fois par l’ensemble des membres du groupe socialiste, lequel vise à revenir à la version votée en janvier dernier par l'Assemblée nationale. Plus précisément, il est question de faire sortir du champ des données à ouvrir les informations relatives aux horaires réels (pour ne garder donc que les horaires théoriques) et aux tarifs. « Il ne s’agit pas de s’opposer à l’Open Data dans les transports publics mais de permettre l’ouverture des données dans de bonnes conditions » affirment les auteurs du texte dans leur exposé des motifs, sans s’expliquer davantage.
Des dispositions étendues aux autos-partage ou aux vélos en libre service ?
De l’autre côté, se trouvent des sénateurs qui voudraient aller encore plus loin sur ce dossier. Les écologistes ont par exemple déposé un amendement élargissant considérablement le champ d’application des dispositions de cet article de la loi Macron. Plutôt que de viser l’ouverture des données détenues par les seules organisations assurant des « services réguliers de transport public de personnes », les Verts veulent que celles-ci s’appliquent à tous les « transports terrestres de personnes ». Rentreraient ainsi dans ce champ toutes les sociétés de bus (et non plus celles ayant uniquement des lignes régulières), mais aussi – et surtout – les vélos en libre-service, les « autos-partage », etc. Les données à ouvrir seraient également plus vastes, puisqu’elles s’étendraient dans le même temps aux « informations statistiques sur les émissions de gaz à effet de serre par personne transportée ».
Assez étrangement, cet amendement précise que ces données seront mises à la disposition « des tiers », et non plus « du public ». Il ajoute également que cet Open Data vaudra « sauf dispositions contraires » – sous-entendu prévues par la loi.
Neuf sénateurs membres du groupe RDSE ont déposé un amendement aux dispositions quasiment identiques. L’une des principales différences repose sur le fait que les horaires réels n’auront à être communiqués que par les sociétés ferroviaires.
Autre mesure prévue par cet amendement : que le gouvernement remette dans les six mois un rapport au Parlement, à propos du covoiturage. L’exécutif se verrait ainsi chargé de mener « une étude de faisabilité d’un dispositif accordant un statut au covoitureur régulier ». Il devrait se pencher au passage sur la « définition des données qui peuvent être alors engendrées par l’usage du covoiturage régulier et la finalité de leur ouverture ». Un souhait également partagé par les écologistes.
Le gouvernement dans l'embarras
Les sénateurs UMP, qui sont désormais majoritaires au Sénat, n’ont pas déposé d’amendement relatif à cet article. Le gouvernement non plus d’ailleurs. Lors des débats à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Économie avait pourtant demandé aux députés d’attendre le projet de loi numérique d’Axelle Lemaire pour avancer sur ce dossier, et ce alors que l'exécutif n'a de cesse de vanter les mérites de l'Open Data.
Même si cet article était définitivement voté en l’état, il faudrait encore patienter un bon moment avant que l’Open Data sur les données de transport ne devienne la règle. Il est en effet prévu que toutes les modalités d’application de ces dispositions soient « définies par décret en Conseil d'État, après consultation des organisations représentatives des autorités organisatrices et des opérateurs de transport concernés ». Des discussions qui pourraient prendre de longs mois, sinon davantage.
Les sénateurs PS veulent limiter l’Open Data sur les données de transport
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La loi Macron entre dans l'hémicycle du Sénat
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Les socialistes veulent limiter l’Open Data sur les données de transport
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Des dispositions étendues aux autos-partage ou aux vélos en libre service ?
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Le gouvernement dans l'embarras
Commentaires (25)
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Abonnez-vousLe 07/04/2015 à 10h00
Solution miracle n°1: Tu va dans les transport en commun avec une blouse blanche, les personnes vont te prendre pour un médecin.
Solution n°2 : toujours dans le cosplay, tu y va à fond et tu fonces voir un artisan forgerons, tu lui demandes de te forger une armure de plaque à pointe (genre bien Mordor et Sauron) et une hache de guerre “bâtarde” et tu peux même rajouter un bouclier à pointe. Les personne te laisseront la place nécessaire pour ne pas les embrocher. De toute façon, il y a toujours un salon pas loin sur Paris pour justifier ton accoutrement.
Solution n°3 : tu t’asperge de bière de vinasse et de wisky bon marché, et tu te mets à brailler voir même à chercher à sympathiser avec ton voisin (en étant bien tactile et en lui parlant de très prêt, qu’il profite bien de ton odeur).
Le 07/04/2015 à 10h22
La solution est plutôt à chercher du coté des licences à mon avis… Genre autoriser une réutilisation jusqu’à un certain nombre de consultations des données par jour, puis payant après. Ca mettrait à l’abris les startups, et ferait payer google & cie
Le 07/04/2015 à 10h51
Le 07/04/2015 à 11h05
Le 07/04/2015 à 11h23
Le 07/04/2015 à 11h50
Faudrait quand même pas que la SNCF (sutout, un repaire de retraités qui coutent les yeux de la tête, un réseau vétuste entretenu par des sous-traitants peu qualifiés) et la RTP perdent leur monopole…
Le 07/04/2015 à 11h52
Surtout que d’un point de vue touristique, ça serait quand même bien pratique de pouvoir avoir les informations directement dans Google Map (Ok, je sais c’est le mal).
Mais quand je suis dans un pays étranger pour 3 jours, je n’installe pas l’application spécifique de la ville pour avoir les horaires des bus et métro (surtout avec le prix de la data à l’étranger).
Pour ce qui est de l’écologie : l’argument des retards ne tient pas vraiment. S’il n’y plus de voitures, on peut remplacer ça par des bus (+taxi, vpc, autolib) et des tramways. Une fois qu’il n’y a plus de voiture, prendre le bus deviendrait enfin un moyen de transport fiable.
Le 07/04/2015 à 12h28
Les sénateurs PS veulent limiter l’Open Data sur les données de transport
En particulier les transports de jeunes mariés chinois.
/humour-noir
Le 07/04/2015 à 13h05
Le 07/04/2015 à 13h53
Le 07/04/2015 à 14h07
Le 08/04/2015 à 13h45
Je ne sais même pas pourquoi je n’ai pas écrit ça, puisqu’en générale, c’est ce que j’utilise. ça indique même les distributeurs de billets.
Ce qui est plus que pratique en voyages.
Le 07/04/2015 à 09h08
La sérieusement je comprend pas la logique …
Justement la fermeture et la publication dans des formats obscurs de l’information profite aux gros groupes, vu qu’il n’y a qu’un gros groupe qui peut faire un accord (financier le plus souvent), pour récupérer ces informations …
Le fait d’avoir une publication open data + format simple et ouvert, permet justement aux startup / app communautaires de se lancer plus facilement …
Le 07/04/2015 à 09h12
C’est parce que tu n’es pas en mode pensée misérabiliste du type “de toute façon un des GAFA va tout rafler, c’est inéluctable” comme eux.
Je voyais plutôt un genre de “merde ils vont se rendre comte que toute notre communication écolo sur les transports en commun - leur ponctualité et le temps de trajet moindre, notamment - va tomber par terre si on met les vrais chiffre en face” ou un truc du genre.
(NdW : je ne dis pas que c’est vraiment le cas, pour les différentiels de temps, hein)
Le 07/04/2015 à 09h14
Tsstsss… ils ont dit qu’il ne faut pas que Google nous pille les données, c’est pour ça qu’on va leur vendre.
(sinon, il me semble que de toute façon, google a déjà accès à une grande partie de ces données)
Le 07/04/2015 à 09h17
Le 07/04/2015 à 09h18
Je trouve pour une fois la logique pas complètement dénuée de sens.
Peut-être l’occasion de faire de l”Open” conditionné, avec une exploitation locale justement. Des entreprises locales (enfin Françaises quoi " />). Pour le coup ça pourrait stimuler notre économie.
Le 07/04/2015 à 09h19
Comme disait Coluche citant je ne sais plus qui, “il faut mettre d’urgence un frein à l’immobilisme”.
Voilà à quoi me fait penser le sénat.
Le 07/04/2015 à 09h21
C’est quand même couillon, ils vont pourrir l’un des rares projets en cours qui avait l’air pas mal en le limitant inutilement.
« une ouverture sans limite pourrait être contre-productive : ce sont les plus grands groupes internationaux de l’économie numérique (dont aucun n’est basé en France) qui pourraient profiter de cette ouverture sans aucun encadrement juridique et mettre en difficulté les modèles développés par les acteurs locaux ».
Je déteste être pris pour un crétin, c’est en grande partie l’entêtement de l’actuel et de l’ancien gouvernement qui ont limité l’émergence de produits numériques majeurs français au profit d’acteurs étrangers plus libres dans leurs agissements.
Le 07/04/2015 à 09h21
“à un train de sénateur” n’est pas une vaine expression " />
Le 07/04/2015 à 09h27
LOL ! Ça serait illégal au regard des règles européennes et rien dans l’amendement, qui n’est qu’un amendement de suppression, ne laisse imaginer que c’est cette voie qui serait choisie.
Tout au contraire, l’exposé des motifs indique clairement qu’il serait préférable de réguler l’accès en contrepartie d’une redevance (les transports publics sont généralement des entreprises mixtes, donc c’est un moyen pour la commune de palper au passage).
Le 07/04/2015 à 09h29
Non seulement il faut ouvrir au maximum, mais il faut imposer des formats ouverts pour les données.
Des normes européennes existent pour ces données, qui ne demandent qu’a être utilisées.
Là, on pourra commencer à faire jouer la concurrence entre les acteurs actuels (opérateurs de transports, délégataires, etc.) et des startups, pour créer de la valeur sur des services liés à la multimodalité.
Le 07/04/2015 à 09h35
En quoi c’est pas dénué de sens ?
En attendant Google Map & Here Map ont la liste de toutes les stations de métro et les horaires de métro, et moi si je veux faire une app, je n’ai aucune de ces informations …
Ne rien faire serait un franc succès comme politique dit moi " />" />" />
Le 07/04/2015 à 09h39
Le 07/04/2015 à 09h51
« une ouverture sans limite pourrait être contre-productive : ce sont les plus grands groupes internationaux de l’économie numérique (dont aucun n’est basé en France) qui pourraient profiter de cette ouverture sans aucun encadrement juridique et mettre en difficulté les modèles développés par les acteurs locaux ».
Suffit de favoriser les acteurs locaux en les aidant. Ils arrivent bien à faire survivre les ayants droits en trouvant de l’argent.
« Plus précisément, il est question de faire sortir du champ des données à ouvrir les informations relatives aux horaires réels (pour ne garder donc que les horaires théoriques) et aux tarifs. »
Amendements sponsorisés par la SNCF pour qu’on ne voit pas les taux de retards et ses tarifs indécents qui augmentent tout le temps. lol
« Neuf sénateurs membres du groupe RDSE ont déposé un amendement aux dispositions quasiment identiques. L’une des principales différences repose sur le fait que les horaires réels n’auront à être communiqués que par les sociétés ferroviaires. »
Et ici l’inverse, eux ont trop de rancune envers la SNCF. Pourquoi les horaires réels des autres ne comptent pas ? Ils sont toujours à l’heure au point que le théorique suffit ?
« L’exécutif se verrait ainsi chargé de mener « une étude de faisabilité d’un dispositif accordant un statut au covoitureur régulier ». »
Création d’un statut avec frais, taxes tout ça qui va bien et si t’es pas déclaré tu seras hors la loi. On commence à le connaitre ce gouvernement. lol