Zuckerberg a envisagé la revente d’Instagram pour éviter les accusations de monopole

Au deuxième jour du procès de Meta dans lequel la FTC accuse l'entreprise d'avoir voulu créer un monopole, un email de Mark Zuckerberg montre qu'il envisageait la vente d'Instagram, précisément pour éviter ce genre d'allégation. Il a expliqué l'achat initial de l'application par le fait qu'elle avait une meilleure partie photo. Entre autres idées pour doper le développement de Facebook, il a également évoqué « l'idée folle » de remettre à zéro les listes d'amis.
Le 16 avril à 14h14
4 min
Droit
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Mardi, Mark Zuckerberg a expliqué la stratégie de son entreprise depuis les années 2010 pour donner le contexte des rachats successifs d'Instagram en 2012 et de WhatsApp en 2014. Ceux-ci constituent les exemples les plus saillants de l'accusation de la FTC visant « une stratégie systématique d’éliminer les menaces qui pèsent sur son monopole ».
Le procès opposant Meta et la FTC a commencé cette semaine. Rappelons que l'agence a déposé une plainte en 2020 accusant l'entreprise de Mark Zuckerberg de « maintenir illégalement son monopole ».
Comme nous l'avons déjà rappelé, l'enjeu de ce procès est de taille puisque Meta pourrait être obligée de se séparer d'Instagram qui lui procure la moitié de son chiffre d'affaires. De l'autre côté, la crédibilité de la FTC pourrait être ébranlée si le tribunal ne se range pas à ses côtés.
Une revente d'Instagram envisagée en 2018 pour plusieurs raisons
Mais un email qu'il a lui-même envoyé pourrait mettre Mark Zuckerberg dans l'embarras. En effet, l'avocat de la FTC a cité un mémo qu'il a envoyé en 2018 à son équipe, explique le Washington Post. Il y évoquait une éventuelle scission avec Instagram.
Son premier argument était la croissance d'Instagram, vue comme susceptible de cannibaliser celle de Facebook. Il se demandait si le départ des utilisateurs de Facebook rejoignant Instagram pourrait éventuellement provoquer un « effondrement du réseau » de Facebook, à l'époque le « produit le plus rentable ».
Mais il appuyait son point de vue d'un second argument : la pression des autorités de régulation : « alors que les appels au démantèlement des grandes entreprises technologiques se multiplient, il y a une chance non négligeable que nous soyons obligés de nous séparer d'Instagram et peut-être de WhatsApp dans les 5 à 10 prochaines années ».
« Réseau social personnel », une catégorie de marché débattue
Le CEO de Meta a dû aussi expliquer le choix d'acheter Instagram en 2012. L'avocat de la FTC lui a demandé s'il avait pensé que la croissance rapide d'Instagram aurait pu être destructive pour Facebook, explique Reuters. « Nous faisions une analyse "créer ou acheter" alors que nous étions en train de créer une application photo », a répondu Mark Zuckerberg, ajoutant « je pensais qu'Instagram était meilleur dans ce domaine, et j'ai donc pensé qu'il valait mieux l'acheter ».
Mais les avocats de Meta ont fait valoir que ses intentions passées n'étaient pas pertinentes car la FTC se baserait sur une mauvaise définition pour assoir son accusation de position dominante. L'autorité considère que Meta détient un monopole sur ce qu'elle appelle les « réseaux sociaux personnels » et définit ces derniers comme des applications permettant aux gens d'entretenir des relations avec leurs amis et famille. Pour l'accusation, le plus gros concurrent de Meta est Snapchat.
Du côté de Meta, la vision du marché est bien plus large et inclut TikTok, YouTube ou X. Interrogé par ses avocats, Mark Zuckerberg a affirmé n'avoir pas entendu parler du terme « réseau social personnel » avant la plainte de la FTC.
Une idée folle en 2022 : rebooter Facebook
Ce procès est aussi l'occasion de connaitre un peu plus la stratégie mise en place par Facebook (puis Meta) pour rebooster son image et l'utilisation de son réseau social phare. En 2022, dans un email interne à son équipe, explique Business Insider, Mark Zuckerberg a proposé une « idée folle » pour que Facebook récupère son aura : « Une idée potentiellement folle est d'envisager d'effacer les graphs de tout le monde et de les faire recommencer ». En clair, le CEO de Facebook a proposé à son équipe de remettre à zéro les listes d'amis de tous les utilisateurs du réseau social.
Lors de son témoignage, Mark Zuckerberg a affirmé que le réseau avait beaucoup évolué et que son objectif principal n'était plus vraiment de se connecter avec des amis. Cet argument permet aussi à Meta de réfuter le classement de son réseau originel dans la catégorie de « réseau social personnel » évoqué par la FTC.
Zuckerberg a envisagé la revente d’Instagram pour éviter les accusations de monopole
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Une revente d'Instagram envisagée en 2018 pour plusieurs raisons
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« Réseau social personnel », une catégorie de marché débattue
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