Le CNNum invite le gouvernement à donner la priorité aux logiciels libres
Losing my religion
Le 23 juin 2015 à 12h00
5 min
Droit
Droit
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le rapport remis jeudi à Manuel Valls, et qui se présente comme le fruit de plus de cinq mois de concertation citoyenne, prend clairement position en faveur du logiciel libre. Dans le sillon d'un précédent rapport sénatorial, le Conseil national du numérique préconise en effet de « mobiliser le levier de la commande publique pour mettre en avant des exigences d’interopérabilité, de standards ouverts et d’accès au code source ».
L’objectif ? « Donner la priorité aux logiciels libres » dès lors qu’il y a achat public – un peu sur le modèle de ce qui a été inscrit dans la dernière loi sur l’enseignement supérieur. L’institution propose plus concrètement d’intégrer dans les cahiers des charges des appels d’offres « les fonctionnalités et avantages propres aux solutions libres et open source, telles que l’accès au code source, l’auditabilité du code (notamment la possibilité de réduire les failles de sécurité), la liberté d’étudier le fonctionnement du programme, la libre exécution du logiciel pour tous les usages, la possibilité de l’adapter et de l’enrichir, l’interopérabilité, l’évolutivité ou les capacités de mutualisation du code ». À plus long terme, elle rêve même de « l’ajout – dans les droits français et européen des marchés publics – d’un critère d’ouverture aux côtés du critère du caractère innovant déjà existant ».
De façon plus accessoire, le CNNum « considère qu’il est important d’encourager les pratiques collaboratives entre collectivités territoriales autour de projets informatiques libres, afin de développer des modules communs librement réutilisables et améliorables en continu ». Manifestement séduit par les travaux menés par l’association ADULLACT, le Conseil invite les villes, départements et régions à se regrouper plus souvent en vue du développement de programmes qui seraient utiles à toutes ces institutions publiques. « Par ailleurs, une réflexion pourrait être engagée sur l’opportunité de faire émerger un service web d’hébergement et de gestion de développement de référence pour ces modules, afin d’en favoriser l’accès, la réappropriation et le développement en continu » ajoute le Conseil dans son rapport.
Le CNNum plaide pour l’interopérabilité
En écho au récent appel en faveur de l’interopérabilité au sein de l’Éducation nationale, le CNNum demande d’autre part à ce que l’État garantisse « en amont l’usage de normes ouvertes et interopérables sur les supports, les logiciels et les contenus » éducatifs, ce qui pourrait être selon l’institution prévu par le Référentiel général d’interopérabilité (RGI) s’imposant à l’administration – dont la refonte est justement en cours. L’institution demande en outre à ce que la diffusion des ressources éducatives libres, notamment sous licence Creative Commons, soit poussée par les pouvoirs publics.
D’une manière plus générale, le Conseil national du numérique invite même le gouvernement à « imposer l’abaissement des barrières techniques et contractuelles à l’interopérabilité, lorsque cela n’entraîne pas de contraintes ou de coûts supplémentaires prohibitifs, pour permettre l’émergence de services multiplateformes ».
Une « relance des guerres de religion » selon l'AFDEL
Pour les éditeurs de logiciels réunis au sein de l’AFDEL, parmi lesquels figure notamment Microsoft France, ces propositions sont cependant de très mauvais augure. « En réservant l’effet levier de la commande publique aux sociétés de service en logiciel libre qui en assurent le développement spécifique et la maintenance, le CNNum conforte l’erreur historique française qui explique la faiblesse du nombre d’éditeurs français de taille mondiale (Dassault Systèmes est le seul acteur français du Top 20) », déplore l’association. À ses yeux, donner la priorité aux logiciels libres reviendrait à « écarter 90 % des éditeurs de logiciels français de la commande publique sur la base de considérations dogmatiques ».
Du côté de l’Association de promotion du logiciel libre (April), le son de cloche est sans grande surprise bien différent. « Le logiciel libre est l'incarnation informatique de notre devise républicaine, "Liberté, Égalité, Fraternité". Nous encourageons le gouvernement à suivre la recommandation du Conseil national du numérique concernant la priorité à donner au logiciel libre dans la commande publique » a ainsi réagi Frédéric Couchet, délégué général de l'April.
Le gouvernement plus que timide sur ce dossier
Mais que les éditeurs de logiciels propriétaires se rassurent : l’exécutif ne fait guère preuve de volontarisme sur ce dossier. À aucun moment Manuel Valls n’a abordé la question des logiciels libres jeudi, lors de son discours sur la stratégie numérique de son gouvernement. Le dossier de présentation de ce plan d'action évoque bien les logiciels libres, mais dans des termes pour le moins génériques et très peu engageants... « Le gouvernement (...) entend promouvoir le développement et l'utilisation des logiciels libres » peut-on par exemple lire ici, ou bien encore « l'utilisation de logiciels libres sera encouragée en poursuivant la logique de la circulaire [Ayrault] du 19 septembre 2012 ».
« Aucune action précise n'est annoncée » regrette ainsi l’April, pour qui « la place du logiciel libre est trop modeste dans cette stratégie ».
Le CNNum invite le gouvernement à donner la priorité aux logiciels libres
-
Le CNNum plaide pour l’interopérabilité
-
Une « relance des guerres de religion » selon l'AFDEL
-
Le gouvernement plus que timide sur ce dossier
Commentaires (34)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 23/06/2015 à 14h46
Le 23/06/2015 à 14h53
Vous oubliez qu’un état ne se gère pas comme une entreprise. Et autant l’argument financier est parfaitement valable pour une entreprise, autant il ne l’est pas pour un état. Notamment en raison de :
Le 23/06/2015 à 15h04
Le 23/06/2015 à 15h24
Et pourquoi pas ?
À partir du moment ou l’état utilise une technologie quelconque, ce serait du bon sens que l’état ai les moyens
de pouvoir aller jeter un œil sérieux dans les spécifications et autres.
C’est une bête question de sécurité nationale.
Après le logiciel libre est pas le seul moyen pour accéder à ça.
Je dirait plutôt que la nécessité du logiciel libre /hardware libre,etc… se situe dans une certaine
idée de la démocratie (transparence tout cela).
Le 23/06/2015 à 15h40
C’est quand même dingue que des administrations utilisent des logiciels qui sont considérés comme des spywares/malwares (notamment windows).
Le 23/06/2015 à 17h56
Le 23/06/2015 à 21h28
Le 23/06/2015 à 21h38
Une bonne recommandation, j’espère que ça sera suivi dans la pratique " />
Le 23/06/2015 à 21h56
Le 23/06/2015 à 23h50
C’est ce que j’allais dire. S’ils commencent à être bloqués par les fonctionnalités de LO faut qu’ils pensent à passer à un outil dédié.
Le 24/06/2015 à 08h02
Le 24/06/2015 à 08h36
Dans un genre différente, les formats conditionnels, c’est inutilisable sous calc.
Mais bon, mon avis perso est que les suites bureautiques de manière générale (et en particulier le traitement de texte, que ce soit writer ou word) n’ont pas été conçues pour être vraiment utilisées, c’est pas possible autrement, c’est complètement de la merde.
Le 24/06/2015 à 09h01
Les formats conditionnels ont été grandement retravaillés il y a quelques mois (faut dire qu’ils buggaient énormément), depuis ils marchent très bien et sont très faciles à utiliser.
Le 24/06/2015 à 15h57
Le 24/06/2015 à 17h07
Le 23/06/2015 à 12h02
C’est pas un point justement soulevé dans le TTIP ça ? Interdire la préférence aux Logiciels libres ?
Le 23/06/2015 à 12h19
je trouve choquant que l’état ai le droit d’utiliser des logiciels non libres …. Eux qui nous privent de liberté soit disant pour notre sécurité utilise des OS/logiciels de pays étranger, c’est incroyable de tels d’incohérences …
Le 23/06/2015 à 12h24
pousse la logique encore plus loin: pourquoi l’état a le droit d’utiliser du matériel hardware propriétaire? Parce qu’Intel ne divulgue pas les plans complets de ses processeurs et cartes-mères. AMD non plus, d’ailleurs.
Scandaleux!" />
Non, sérieusement, faut quand même pas raconter n’importe quoi juste parce que c’est au nom du libre.
Le 23/06/2015 à 12h28
On compte bien Mettre le GAFAM en second plan dans nos administrations et c’est précisément ce qu’on va faire et va être fait !
Cette fois nous sommes appuyé … tout en haut.
Avec 1700 emplois en France Microsoft , par exemple , ne fait pas vivre pas grand monde DE PLUS les emplois indirect sont ULTRA faibles et précaires car masqué par des sous-traitants (7000) , pour ceux qui veulent des preuves cela vient de la réponse RGI de MS lui-même …..
Lesquels ont des contrats à la semaine avec MS , IBM etc … : chez moi on appelle ces gens des négriers !
Ne parlons pas des charges payés par ses boîtes : tout est fuité et optimisé pour l’évasion fiscale (Irlande etc.). Ils vont même jusqu’à signer les contrats avec l’état Français en Hollande, pour éviter le courroux du peuple et surtout des associations qui font la promotion du logiciels libre, logiciel non privateur !
Choisissez votre camps mesdames et messieurs . Soyons réaliste exigeons l’impossible : tel doit être notre devise avec un ennemi tel que le GAFAM, ennemis sans pays , sans valeur autre que celle du fric !
On les fout dehors ENSUITE on négocie (et encore tel un cancer après la chimio ils reviennent en douce !
Le 23/06/2015 à 12h30
Le 23/06/2015 à 12h36
En même temps, si l’état avait payé des développeurs pour combler les manques plutôt que de payer des licences MS…
Le 23/06/2015 à 12h41
Le 23/06/2015 à 12h43
Il n’y a pas toujours d’équivalence avec le libre…
Autant pour une suite bureautique “de base”, genre documents textuels (Ok, on peut préférer LaTeX ^^), rapports, présentations, tableur, on peut largement s’en sortir avec LO par exemple. Mais dès qu’on commence à jouer avec des Macros, on devient prisonnier soit de Python soit de VBA… et on perd l’inter-opérabilité, soit en faveur du payant, soit en faveur du gratuit.
Le 23/06/2015 à 12h46
on va y venir, c’est l’objectif.
Le 23/06/2015 à 12h47
Je ne parle pas de coût. Je parle de souveraineté de l’état.
Il est inadmissible que l’état se soit mis dans une situation de dépendance vis à vis de produits :
C’est une faute politique grave qui a été commise, et dont la réparation
se fait petit à petit, en prenant du temps et de l’argent. Le libre n’est qu’un moyen pour l’état de retrouver sa souveraineté (ce serait du proprio étatique, ce serait pareil), et de le faire à moindre coût par rapport à du propriétaire étatique.
Le 23/06/2015 à 12h54
oui mais, pour avoir une expérience conséquente sur des migrations et audits d’organismes de moyenne à grande taille, il est encore plus judicieux d’interdire dés le départ les développement à la hussarde.
Ce n’est pas aux utilisateurs de développer un outil “complexe”. Ce dernier au final ressemble plus à une application usine à gaz qu’à un fichier Calc avec trois ou quatres macro.
Pourquoi VBA ne gène pas les “développeurs du dimanche”* et Python devrait les rebuté ? simple question d’éducation je pense.
* Faux informaticiens ou utilisateurs avancés qui croient savoir mais au final ne savent même pas ce qu’est un cycle de vie d’une application, une mise en production , un environnement de pré-prod etc etc . : chacun son métier, c’est beaucoup mieux ainsi.
Favorisons le tissu local industriel pour faire bosser nos jeunes: ils ont du talents !
Le 23/06/2015 à 12h55
Parfaitement !
Le 23/06/2015 à 12h56
Le 23/06/2015 à 13h39
Ouaip, bah en pratique c’est pas trop le cas… surtout dans les universités…
Le 23/06/2015 à 14h17
tu fais quoi avec Google analytics ? T’as pas toutes les infos (en brut certes) dans tes logs serveurs ?
le budget formation pour passer de windows 7 à windows 8 ou passer de windows 7 à Linux Mint doit pas être énormément différent.
c’est quoi la différence entre une IP publique Microsoft et une IP publique libre ?
Le 23/06/2015 à 14h17
Petit rappel pour les socialistes du forum.
Ce que votre chef a dit en 2012 face au nain :
http://www.cnll.fr/static/pdf/cp-positions-floss-ump-ps-3d.pdf
Page 7
Le 23/06/2015 à 14h21
Un DSI qui connait pas ce qu’est une IP ? Ultra courant !
Et oui, c’est la maladie française avoir 90% de nos DSI qui ne sont pas du métier : ce qui donne un France sans réel production nationale en terme de :
Le 23/06/2015 à 14h25
Le 23/06/2015 à 14h33
Ils offrent le support. On peut les engeuler quand ça marche pas. Et ça, ça n’a pas de prix.