Par refus des portes dérobées, BlackBerry quitte le Pakistan
Tout ou rien
Le 30 novembre 2015 à 13h00
5 min
Société numérique
Société
BlackBerry a décidé de quitter le Pakistan. Un retrait complet, qui fait suite à un ultimatum lancé par le pays en juillet dernier. Les services locaux de renseignement souhaitaient tout bonnement avoir accès aux informations chiffrées circulant dans certains services de l’entreprise.
En juillet dernier, le Pakistan a lancé un ultimatum à BlackBerry : ou bien la société canadienne laissait la Pakistan Telecommunications Authority (PTA) accéder au contenu des communications sur plusieurs de ses services, ou ces derniers devaient être clôturés. Le constructeur n’avait pas réagi depuis, mais c’est désormais chose faite.
« Nous n'acceptons pas les portes dérobées »
La décision annoncée est pour le moins radicale : BlackBerry va quitter le Pakistan de manière complète. Pas question donc de fermer certains services puisque toutes les structures, points de ventes, services de messagerie et support vont partir. Puisque l’entreprise avait jusqu’au 30 novembre – soit aujourd’hui – pour se mettre en conformité avec la PTA, le retrait des activités commencera dès demain.
Marty Beard, directeur de l’exploitation, explique ainsi sur le blog officiel de BlackBerry : « La vérité est que le gouvernement pakistanais voulait la capacité de surveiller tout le trafic de BlackBerry Enterprise Service dans le pays, dont les emails sur BES et les messages sur BBM. Mais BlackBerry ne se pliera pas à ce genre de directive. Comme nous l’avons répété à de nombreuses reprises, nous n'acceptons pas les portes dérobées qui donnent accès aux informations des clients, et nous ne l’avons jamais fait nulle part ailleurs ».
« La demande du Pakistan n’avait rien à voir avec la sécurité publique »
La requête présentée par la PTA indiquait à l’époque qu’il s’agissait d’un problème de sécurité. L’explication est la même à chaque fois et les évènements récents mettent encore une fois la question du juste placement du curseur concernant la ligne qui sépare respect de la vie privée et sécurité publique. Mais pour Beard, BlackBerry n’est pas dupe : « La demande du Pakistan n’avait rien à voir avec la sécurité publique. Nous sommes plus qu’heureux d’assister les forces de l’ordre dans les enquêtes criminelles. Mais au lieu de ça, le Pakistan demandait surtout un accès libre aux informations de tous nos clients BES. La vie privée de nos clients est une priorité pour BlackBerry, et nous ne compromettrons pas ce principe ».
En fait, la réaction de BlackBerry n’est guère surprenante. L’entreprise a subi une chute titanesque de ses parts de marché dans le monde des smartphones ces dernières années et elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Or, alors qu’elle vient de lancer son premier smartphone Android, le Priv, son orientation marketing est particulièrement claire : la sécurité avant tout. Tout la communication du constructeur est désormais orientée sur ce point et BlackBerry se pose en champion du respect de la vie privée.
L’entreprise ne manque d’ailleurs pas d’arguments sur le terrain de la sécurité, ayant notamment réagi à l’époque des premières révélations d’Edward Snowden pour indiquer que ses services n’étaient pas soumis aux demandes de la NSA. Pourtant, des documents montraient que les défenses dressées avaient été percées.
Renforcer le message sur la sécurité des données
Ce qui explique sans doute la décision radicale de l’entreprise de quitter complètement le Pakistan. Radicale, parce qu’il n’avait pas été demandé à BlackBerry de fournir des accès libres à l’ensemble de ses services, ce qui comprenait donc tout ce qui touche au grand public. Mais la société fait ici d’une pierre deux coups : elle envoie un message très clair (elle ne transige pas avec la sécurité), et elle évite d’investir trop d’énergie dans un marché qui n’est sans doute pas prioritaire, malgré les 180 millions d’âmes que compte le Pakistan.
Le fait de quitter le pays ne peut donc que renforcer le message du constructeur : il préfère partir plutôt que de transiger. Avec une telle décision, il ne peut qu’obtenir des messages d’approbation. Et comme si la position de l’entreprise n’était pas assez claire, Marty Beard insiste : « L’objectif de BlackBerry reste de protéger les communications professionnelles, gouvernementales et militaires à travers le monde, y compris en Asie du Sud et au Moyen-Orient, partout où nos technologies fonctionnent. Bien que la demande du gouvernement pakistanais n’ait visé que nos serveurs BES, nous avons décidé de quitter entièrement ce marché, puisque la requête du Pakistan pour un accès complet […] ne nous a laissé d’autre choix que de quitter le pays ».
Après un tel départ, il sera particulièrement intéressant de vérifier si BlackBerry garde la même ligne de conduite si d’autres marchés plus importants venaient à être touchés par des demandes similaires.
Par refus des portes dérobées, BlackBerry quitte le Pakistan
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« Nous n'acceptons pas les portes dérobées »
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« La demande du Pakistan n’avait rien à voir avec la sécurité publique »
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Renforcer le message sur la sécurité des données
Commentaires (42)
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Abonnez-vousLe 30/11/2015 à 13h17
J’imagine que le marché pakistanais était assez ridicule pour se permettre un coup de com’ pareil, ça doit être un mal pour un bien…
Le 30/11/2015 à 13h19
“Après un tel départ, il sera particulièrement intéressant de vérifier si BlackBerry garde la même ligne de conduite si d’autres marchés plus importants venaient à être touchés par des demandes similaires.”
On demande à voir pour le marché américain par exemple…
Le 30/11/2015 à 13h23
Ou bien serait ce que Blackberry a un contrat d’exclusivité avec un autre pays pour la vente de ces données ?
Pour l’instant la seule chose dont on est sûr c’est que les anglais et les canadiens ont ces données chez eux
Bah peut-être suis-je trop cynique
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Le 30/11/2015 à 13h29
ils disent qu’il n’accepte pas les portes dérobées mais ils abandonnent bbos10 pour android qui on contient probablement plein… :s
Le 30/11/2015 à 13h30
Le 30/11/2015 à 13h33
Ahah, en Angleterre les backdoors OK, mais pas au Pakistan. Après ils vont se faire passer pour les gentils.
Le 30/11/2015 à 13h35
En même temps, bb aurait du développer lui même une solution pour contourner ses propres produits " />. Le pakistan aurait pu filer cette solution à d’autre pays et c’est la porte ouverte à n’importe quoi.
Un peu comme si un fabriquant de drm était obligé de faire les cracks pour les contourner…
Le 30/11/2015 à 13h40
Oops, on quitte le pakistan… 3 clients en moins " />
Le 30/11/2015 à 13h41
Le 30/11/2015 à 13h46
Je n’ai pas trop suivi l’histoire au UK, mais dans n’importe quel pays, en cas de décision de justice, la firme est obligée de coopérer et de mettre tout les moyens techniques nécessaire pour fournir les données qu’elle possède.
Ici, il s’agissait de filer un accès “open bar” à une agence gouvernementale.
Le 30/11/2015 à 13h47
A moins que j’ai loupé une info, il n’y a pas de backdoor en Angleterre, BB travaille directement avec les FDO en fournissant les clés.
Le 30/11/2015 à 13h48
Le 30/11/2015 à 13h58
Dernier sursaut avant de débrancher la machine. Qui ne tente rien n’a rien.
Le 30/11/2015 à 14h02
Le 30/11/2015 à 14h05
yes, cela m’a démangé aussi d’écrire cela !
Le 30/11/2015 à 14h09
Le 01/12/2015 à 15h32
Ils n’en vendent pas parce que le marché est inexistant…. si commande de 100 millions, ils y iront la queue entre les jambes
Le 01/12/2015 à 17h09
Hou la boulette vite effacée " />
Le 01/12/2015 à 19h19
Non. Ils n’accepteront aucune entorse sur la sécurité des données; ce serait se tirer une balle dans le pied sachant qu’ils sont fournisseurs de la quasi totalité des gouvernements du G20 et de l’Otan.
On parle pas d’Apple là…
Par contre, ils iront peut être avec le Priv, qui lui est sous android….
Le 02/12/2015 à 19h55
Joli coup de pub.
Le 30/11/2015 à 14h17
Beaucoup d’âneries ici… mais bon, c’est pas pour me surprendre.
Pour votre information, BES12 gère les terminaux sous BB10, BBOS, Android, iOS, et W10.
Le 30/11/2015 à 14h30
si j’ai tout bien compris, en gros la diff avec l’UK y’a quelques années c’est que les pakis voulaient un full access sur leurs serveurs alors que les rosbifs se contentaient de faire des demandes au cas par cas (par paquets de 10 sans doute, mais ça reste du petit volume).
d’un côté BB contrôle qui est est “écouté”, de l’autre ils sont totalement aveugles et deviennent pour ainsi dire des auxiliaires de l’ISI (renseignement paki, qui trempe régulièrement dans des trucs louches).
Le 30/11/2015 à 14h32
tu as bien tous compris
puis le coup de l UK truc vieux de x années qui revient à chaque actu BB " />
Le 30/11/2015 à 14h33
Non non les anglish avaient full accès sans l’autorisation de la justice.
Le 30/11/2015 à 14h35
Le 30/11/2015 à 14h35
Le 30/11/2015 à 15h08
il me semble pas, justement.
sans “autorisation” de la justice ça d’accord, mais le full access, je crois pas.
aucun souvenir d’avoir lu un truc là-dessus.
Le 30/11/2015 à 15h12
Bien qu’il ne puisse pas officiellement révéler le nom des utilisateurs de BBM, pas plus qu’il ne peut donner les clés pour déchiffrer les communications, RIM a fait savoir qu’il peut révéler les noms des utilisateurs et leurs contacts présents à un certain moment et à un endroit précis. Au risque de donner du grain à moudre aux régimes autoritaires.
source numerama
donc à priori ils ont communiqué les metadata de certains utilisateurs, et non le contenu des coms.
comme d’hab, quoi. ^^
bref, on est loin du full access.
Le 30/11/2015 à 15h17
L’argent n’a pas d’odeur !
Le 30/11/2015 à 15h36
@picatrix: à moins qu’Apple soit présent au Pakistan, je ne connais pas d’autres constructeurs grand public qui proposent des messageries chiffrées.
edit: Apple est présent au Pakistan, on peut donc se poser la question concernant iMessage.
Ceci dit, iMessage utilise un chiffrement de bout en bout, donc à priori Apple n’a pas la possibilité de fournir les clés.
Le 30/11/2015 à 17h15
Après un tel départ, il sera particulièrement intéressant de vérifier si
BlackBerry garde la même ligne de conduite si d’autres marchés plus
importants venaient à être touchés par des demandes similaires.
Et pourquoi pas. Tres mauvaise ouverture pour conclusion. La question serait plutot de savoir quand est-ce qu’ils vont quitter la France, pays des droits de l’enfilage.
Le 30/11/2015 à 18h43
Meme si la Chine achetait cash 100 millions de terminaux Blackberry en échange d’un petit trou ????
Le 30/11/2015 à 22h11
Ce qui me parait curieux, c’est que la PTA n’est pas demandé à d’autres fabricants, chinois, américains ou japonais de faire la même chose … On pourrait en conclure que ces fabricants ont des portes dérobées et que la PTA les utilise ?
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Le 30/11/2015 à 22h36
Le 01/12/2015 à 07h23
ben apparentement le prochain bb (celui après le priv) sera aussi sous android… du coups sa sent pas bon pour bb10 :‘(
Le 01/12/2015 à 10h22
Le 30/11/2015 à 13h04
Doit-on en conclure que les autres constructeurs présent au Pakistan ont eux autorisé les portes dérobées ?
Le 30/11/2015 à 13h05
Du coup BB va quitter les USA aussi ? " />
Le 30/11/2015 à 13h11
Le 30/11/2015 à 13h11
C’est une première, non ? Il me semble qu’ils ont donné les clés de déchiffrement à pas mal de pays.
Le 30/11/2015 à 13h11
Com, com, com :
“L’objectif de BlackBerry reste de protéger les communications
professionnelles, gouvernementales et militaires à travers le monde…”
Tout est dit, ou plutôt pas dit.
Le 30/11/2015 à 13h13
Ils auraient du rester au Pakistan dans ce cas " />