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Le système de production de l’IA reproduit et amplifie les dépendances économiques historiques

Le Sud

Le système de production de l’IA reproduit et amplifie les dépendances économiques historiques

Dans une comparaison sociologique des conditions de travail des producteurs d'IA, des chercheurs rappellent le rôle majeur des travailleurs des données. En mettant en parallèle des situations observées au Venezuela, au Brésil, à Madagascar et en France, ils montrent que ce domaine maintient « les dépendances économiques historiques et génère des inégalités qui s'ajoutent à celles héritées du passé ».

Le 20 novembre à 15h22

Les entreprises d'IA génératives s'appuient sur un amas de données pour créer de modèles de plus en plus gros. Cette course commence à montrer ses limites, mais OpenAI, Anthropic et leurs concurrents ne l'ont pas abandonnée pour l'instant.

Pour obtenir ces amas de données, il faut : soit se procurer des corpus déjà existants, soit générer des contenus à la pelle. Pour la première solution, si ces entreprises ont facilement sacrifié le Copyright sur l’autel de l’IA sans que cela n'émeuve trop les politiques, les archives déjà créées comme « The Pile » vont commencer à se tarir. Et les entreprises de l'industrie culturelle ont lancé quelques procès qui devraient refroidir d'éventuel nouveaux créateurs d'archives de ce genre.

Pour générer des contenus à la pelle, rien de mieux que l'IA générative qui fait ça en quelques claquements de doigts. Mais, on a vu que si ces entreprises parient sur l'entrainement en utilisant des données synthétiques, ça pourrait devenir le talon d’Achille de leurs outils.

Mais, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer parfois derrière nos machines, les entreprises d'IA n'ont pas seulement besoin du travail des scientifiques et ingénieurs qu'elles mettent en avant. Leurs outils ne pourraient pas voir le jour sans le travail essentiel de petites mains qui étiquettent des images, trient des items dans des listes, enregistrent des extraits audio ou en retranscrivent via des plateformes comme Amazon Mechanical Turk, Microworkers, Clickworker ou Yappers (anciennement Foule Factory) en France. Next en a déjà parlé quelques fois.

Nous avons aussi vu que certains d'entre eux utilisent eux-mêmes massivement les grands modèles de langage pour accomplir leurs tâches.

Des journalistes, mais aussi des sociologues comme Antonio Casilli, ont permis de mettre au jour ce travail quotidien qui participe à l'existence des IA. Mais il est encore difficile d'appréhender comment fonctionne le marché mondial des « data workers ».

Comparer le profil des data workers du Venezuela, du Brésil, de Madagascar et de France

Ces derniers font partie des millions de « travailleurs à la demande en ligne » qui existent à travers le monde. Un rapport [PDF] de la Banque mondiale publié l'année dernière estime leur nombre dans une fourchette de 154 millions à 435 millions de travailleurs, soit entre 4,4 % à 12,5 % de la main-d'œuvre mondiale.

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Commentaires (8)

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"Pour générer des contenus à la pelle, rien de mieux que l'IA générative qui fait ça en quelques claquements de doigts"

Ça fait vraiment penser au scandale de la vache folle, quand on donnait à manger aux vaches (herbivores au passage,) tout un mélange de granulés, granulés qui contenaient une large proportion de viande de... boeuf...

On a bien vu le résultat ensuite... :cartonrouge:
.
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"Dans tous les cas, les compétences et contributions des data workers sont importantes dans la chaine de production de l'IA, mais sont « à peine reconnues »."

Comme toujours d'ailleurs. Plus le métier est indispensable au bon fonctionnement d'un système, quel qu'il soit, plus il est déconsidéré et sous valorisé et ceux qui font ce métier sont souvent regardés de haut.
L'épisode de la Covid a bien illustré ce phénomène avec le personnel médical .......
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Yep,
Le personnel médical, les salarié.es de la logistique, de l'alimentation, de la distribution...

Ce qui me frappe c'est à quel point la bulle "IA" n'apporte que du rien, et encore de mauvaise qualité, par rapport à tout ce qu'elle fait comme dégats.
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Ce qui me frappe c'est à quel point la bulle "IA" n'apporte que du rien
Au moins une petite utilité : Royaume-Uni : Un opérateur téléphonique crée une « grand-mère » grâce à l’IA pour faire perdre du temps aux arnaqueurs...
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Voilà ;)
J'imagine les débats enflammés d'experts d'histoire de dans 100 ans qui se demanderont de qui entre les bulles des crypto-monnaies et l'IA générative a le plus contribué à abîmer le monde.

Consommation dantesque d'énergie et de matériels, pump & dump et autres scams divers, investissements monstrueux et outil de domination et de soumission, fraude, crime organisé... y a de quoi faire.

EDIT : je viens de tomber sur ce truc là:
https://webmarketing.developpez.com/actu/364969/Vous-pourriez-bientot-vous-retrouver-a-parler-aux-publicites-grace-a-une-technologie-d-IA-qui-permet-aux-consommateurs-d-engager-des-conversations-en-temps-reel-directement-dans-les-espaces-publicitaires/

Bientôt pour passer la pub sur Youtube netflix etc... on te forcera à INTERRAGIR avec ta pub pour bien montrer à l'annonceur que si si regarde ils ont kiffé ta pub. je cache ma joie
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« les producteurs d'IA puisent dans des réservoirs de désavantages pour trouver des fournisseurs de données abordables, bien que les sources de désavantages soient variées ».
En vrai français, ça veut dire quoi "désavantages" ?
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ils montrent que ce domaine maintient « les dépendances économiques historiques et génère des inégalités qui s'ajoutent à celles héritées du passé ».
Ils préféreraient que ces travailleurs n'aient pas de revenus ?
Ce travail est, pour les trois quarts d'entre eux, leur principale source de revenus.
ou bien que ça ne soit pas un premier pas vers un autre emploi plus en relation avec leur niveau d'étude ?
les trois quarts ont un diplôme de l'enseignement supérieur et plus des deux tiers sont des hommes, qui considèrent souvent le travail sur les données comme leur premier pas dans l'économie formelle après l'université
Mais non, voyons, les donneurs d'ordre sont de méchant colonialistes comme ils le laissent entendre :
les vestiges des relations coloniales et postcoloniales
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Ce sont des communistes, ils ne comprennent pas que c'est le capitalisme qui a sorti et sort encore des centaines de millions de personnes de la pauvreté.

Ils vont te dire que les méchants exploiteurs devraient payer la main d’œuvre au prix occidental sinon c'est de l'exploitation, alors qu'ils paient le double du salaire moyen là-bas et offrent de meilleures conditions de travail.

Le système de production de l’IA reproduit et amplifie les dépendances économiques historiques

  • Comparer le profil des data workers du Venezuela, du Brésil, de Madagascar et de France

  • De jeunes hommes vénézueliens diplômés

  • De jeunes femmes brésiliennes diplômées

  • À Madagascar, un système de sous-traitance en lien avec la France

  • En France, un travail présenté comme distrayant pour un salaire complémentaire

  • Le travail des données, une accentuation des déséquilibres économiques du Monde

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