L’Europe entérine ses taxes sur les voitures électriques, la Chine « n’accepte pas »
Mais on peut toujours discuter
Dans un communiqué, la Commission européenne indique que « l’UE impose des droits de douane sur les véhicules électriques injustement subventionnés en provenance de Chine »… mais laisse la porte ouverte à des discussions. Pékin voit rouge et lance une action dans le cadre du mécanisme de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce.
Le 30 octobre à 10h19
6 min
Droit
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On rembobine la bande jusqu’en septembre 2023, quand Ursula von der Leyen annonçait l’ouverture d’une enquête sur les voitures électriques chinoises. Elle affirmait que « notre industrie solaire avait pâti des pratiques commerciales déloyales de la Chine », et ne voulait donc pas que l’histoire se répète.
Les griefs de la Commission, des ajustements sur les taxes
En juin 2024, la Commission européenne était arrivée à la conclusion provisoire que « les chaînes de valeur des véhicules électriques en Chine bénéficient de subventions déloyales ». Les griefs étaient nombreux, aussi bien sur la fourniture de matières premières à des tarifs « plus que préférentiels ». Elle dévoilait au passage les taux des droits d’importation, allant de 17,4 à 38,1 %.
En août, la Commission présentait ses « conclusions définitives » et ajustait légèrement les taux des droits d’importation, après une première mise à jour au mois de juillet. La différence est assez faible avec quelques points de plus ou de moins au maximum.
Tesla avait demandé à bénéficier d’un taux personnalisé comme l’y autorise la Commission européenne. Il était alors fixé à 9 %. La Commission ajoutait qu’elle avait pris « la décision de ne pas percevoir rétroactivement des droits compensateurs », alors que le doute planait encore.
L’Europe valide « des droits compensateurs définitifs » pour cinq ans
Ce 29 octobre, Bruxelles annonce avoir bouclé son « enquête antisubventions en imposant des droits compensateurs définitifs sur les importations de véhicules électriques à batterie en provenance de Chine pour une période de cinq ans ».
Voici les taux définitivement validés pour les producteurs-exportateurs chinois :
- BYD : 17,0 %
- Geely : 18,8 %
- SAIC : 35,3 %
- Tesla : 7,8 %
- Autres fabricants ayant coopéré : 20,7 %
- Les autres fabricants : 35,3 %
Comme nous l’avions déjà expliqué, ces « droits compensateurs » viennent s’ajouter « aux droits d’importation ordinaires de 10 % prélevés sur les importations de véhicules électriques à batterie » qui sont déjà en place. Ils entreront en vigueur le jour suivant la publication au Journal officiel, qui devrait être faite dès aujourd’hui.
En octobre 2023, Thierry Breton rappelait que les droits de douane étaient de 27,5 % aux États-Unis pour ces mêmes voitures. Cet été, plusieurs fabricants avaient déjà annoncé qu’ils absorberaient la taxe, notamment BYD, Geely et NIO.
C’est aussi le cas de MG (SAIC Motor) qui « dispose d’un stock important en Europe, en particulier de la MG4, et s’attend à maintenir les prix actuels jusqu’en novembre ». De plus, « les principaux marchés européens de MG, le Royaume-Uni et la Norvège, ne sont pas membres de l’Union européenne ».
La Chine en appelle à l’Organisation mondiale du commerce
De son côté, Pékin avait déjà fait part de son mécontentement il y a un an. Elle se disait « très insatisfaite » et affirmait que l’enquête de l’Union européenne ne se conformait pas aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). La bonne ambiance continue, comme l’affirme un porte-parole du ministère chinois du Commerce dans un communiqué repris par Lapresse :
« La Chine n’approuve pas et n’accepte pas cette décision. Elle a intenté une action dans le cadre du mécanisme de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) […] La Chine continuera à prendre toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder avec fermeté les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises »
Selon l’exécutif européen, la part de marché des voitures électriques chinoises est passée de moins de 2 % en 2020 à plus de 14 % au deuxième trimestre 2024.
« Nous restons ouverts à une solution alternative »
La Commission ne ferme pas la porte aux négociations : « L’Union européenne et la Chine continuent de s’efforcer de trouver d’autres solutions, compatibles avec les règles de l’OMC, qui permettraient de résoudre efficacement les problèmes recensés par l’enquête », ajoute-t-elle. Elle précise également être « disposée à négocier des engagements de prix avec les exportateurs individuels », comme c’est le cas avec Tesla, à la demande du fabricant.
Valdis Dombrovskis (vice-président exécutif et commissaire au commerce) confirme : « nous restons ouverts à une solution alternative qui serait efficace pour résoudre les problèmes identifiés et compatible avec les règles de l’OMC ». Selon l’AFP, Valdis Dombrovskis aurait dialogué avec le ministre chinois du Commerce Wang Wentao jusqu’au dernier moment afin de trouver un accord.
« Les deux parties sont toutefois convenues de continuer les consultations : les surtaxes pourraient être supprimées si un accord était trouvé sur d’autres moyens pour compenser le préjudice identifié par l’enquête européenne », ajoutent nos confrères.
Un projet qui ne fait pas l’unanimité en France, et en Europe
Au sein de l’Union européenne, ce projet ne faisait pas l’unanimité, loin de là. L'Allemagne, la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie et Malte) « avaient voté contre le projet de taxes de la Commission, échouant à rassembler la majorité nécessaire pour le rejeter », précise l’AFP (via France24). Dix États membres étaient pour ces droits d’importation (dont la France, l'Italie et la Pologne) et douze se sont abstenus, notamment l'Espagne et la Suède.
En France, le ministre français de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Antoine Armand, s’est félicité pour cette adoption : « L'Union européenne prend une décision cruciale pour la protection et la défense de nos intérêts commerciaux, à l'heure où notre industrie automobile a plus que jamais besoin de notre soutien ».
La Chine n’a pas attendu cette ultime étape de l’Europe pour contre-attaquer. De vastes enquêtes antidumping ont été lancées sur des industries bien ciblées : le porc, les produits laitiers, les eaux-de-vie à base de vin importés d'Europe.
C’est notamment le cas du Cognac, dont l'interprofession « s'est plainte d'être "abandonnée", estimant que sa filière était "sacrifiée" dans un conflit commercial qui ne la concerne pas », rappellent nos confrères de l’AFP.
L’Europe entérine ses taxes sur les voitures électriques, la Chine « n’accepte pas »
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Les griefs de la Commission, des ajustements sur les taxes
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L’Europe valide « des droits compensateurs définitifs » pour cinq ans
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La Chine en appelle à l’Organisation mondiale du commerce
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« Nous restons ouverts à une solution alternative »
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Un projet qui ne fait pas l’unanimité en France, et en Europe
Commentaires (31)
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Abonnez-vousLe 30/10/2024 à 10h29
Le 30/10/2024 à 12h00
Le 30/10/2024 à 16h29
A très gros traits, en europe l'industrie automobile finie d'être détruite, tout nos médoc viennent d'ailleurs, pas vraiment de géants informatique/électronique.... Le coté industriel est moribond, à qqes trop rares exceptions près.
Il nous reste l'artisanat de luxe, mais vu que la Chine est le premier acheteur (peut être en attendant l'Inde), c'est pas vraiment une bonne nouvelle de ce coté, et l'agriculture mais pareil beaucoup de concurrence.
On forme de très bon ingénieurs ou scientifiques qui vont bosser ailleurs par manque de moyen.
Une des rare chose de bien est dernièrement l'attention portée à la vie privée.
Je le redis c'est à très gros traits, heureusement qu'il y a énormément d'autres choses qui ont pu faire un peu de bien dans plusieurs domaines.
Donc là ce qui va se passer (et se passe déjà) c'est que les Chinois vont construire/récupérer les usines de ceux qui auraient pu les concurrencer dans les pays où la main d’œuvre est pas chère si les conditions d'une concurrence s'était posée, et faire l'assemblage de produits qui seront conçu chez eux.
C'est ce qui se passe depuis longtemps dans le secteur "du manger" (j'ai pas le terme) où les usines françaises utilisent des produits qui ont assez souvent fait un tour à l'étranger. Même des animaux nées en france, engraissé à l'étranger et qui reviennent limite pré-adolescent pour se faire tuer et préparer en france, pour avoir le macaron produit français.
Pour résumer, on sera l'atelier de la Chine ! Et les clients béats des US.
Bref, par un mix de lois sans réflexions guidées trop souvent vers une recherche de profit à court terme et sans réflexion sur la durée on se livre à ceux qui ont soit plus de moyens, soit plus de réflexions pour s'en servir. Alors que l'europe pourrait être un géant (on a tout !!!) on se tire en continue des balles dans le pied par égocentrisme, naïveté, et une certaine soumission.
Le 30/10/2024 à 21h26
Modifié le 30/10/2024 à 12h21
Un autre angle d'attaque pourrait être la capacité de véhicules de plus en plus connectés... y compris au PCC? Là encore les USA ont pris la mesure du pb de voir des bagnoles chinoises en capacité de cartographier et video-surveiller leurs sites sensibles au quotidien via les employés qui y travaillent les ayant acheté.
Chez nous on n'interdit même pas les micros connectés 24/7 (d'Amazon et Google en particulier) aux domiciles de politiques/fonctionnaires traitant de sujets sensibles, voir aux employés de boites bossant (souvent de chez eux plusieurs jours/semaine) pour la défense...
Il y a un moment, il faut réagir et vis à vis de la Chine (mais aussi des USA) on est très loin de l'enjeu.
Le 30/10/2024 à 11h35
Modifié le 30/10/2024 à 14h57
Puis la Chine qui en appelle à l'OMC, c'est croquignolesque
Le 30/10/2024 à 17h35
Une belle partie de ping-pong en devenir.
Le 30/10/2024 à 14h01
Mais bon j'ai presque envie de dire je m'en ballec je l'ai déjà mon VE Chinois dans mon garage et j'en suis pleinement satisfait
Le 30/10/2024 à 14h28
Développer notre capacité a faire des batteries nous même me parait le minimum...
Le 30/10/2024 à 15h06
2035 on a dit ?... mouai.... Avez-vous vu le brevet de moteur 6 temps de Porsche ?
Le 30/10/2024 à 16h38
Et oui, incroyable ce moteur, par contre je suis plus dubitatif sur le carburant synthétique (a part pour les riches qui se serviront de leurs voitures de sport), il y a encore énormément de problèmes à résoudre pour le produire sans que ça consomme trop d'énergie, c'est un peu le même soucis pour l'hydrogène.
Modifié le 31/10/2024 à 11h22
Modifié le 31/10/2024 à 13h37
NB: d'autant plus ridicule quand on sait que les subventions sur les voitures electriques, panneaux solaire, éoliennes n'étant pas lié à un lieu de production (ie : France/Europe), la seule chose que ça finance, c'est la Chine/USA, qui justement font du protectionisme/Dumping qui font qu'ils seront toujours moins cher qu'un concurrent local...
Le 30/10/2024 à 16h06
Le 31/10/2024 à 00h28
Le 31/10/2024 à 13h45
Nb : C'est idem pour tout d'ailleurs, le cloud par exemple, il est interdit dans les contrats d'indiquer une préférence nationale par les règles UE, donc tu empêches par la Loi toute concurrence de voir le jour, car un acteur a "besoin" d'un cadre et d'un financement garanti pour se développer face a des concurrents déjà en place...
Si Alibaba et autres mastodonte de l'IT ont pu voir le jour en Chine, c'est parce que la Chine a interdit à AWS/Azure et autres Google de s'y installer, tout simplement.
Modifié le 31/10/2024 à 14h02
Modifié le 31/10/2024 à 16h48
Au moindre problèmes tu te retrouves le bec dans l'eau comme un idiot (exemple récent : Les médicament, en cas de crise, c'est chacun pour soi).
Tu auras beau avoir toutes les meilleures usines et brevets sur des batteries, au moindre problème, la Chine va juste t'interdire l'accès aux ressources et boom, fini...
C'est pareil sur le militaire, avec les techno Américaines, si pour X ou Y raison tu t'engeule avec (et ça peut aller vite), tes avions/bateaux/Porte-avions se retrouvent cloué au sol et tu es comme un con a leur merci.
A la limite il faudrait le faire avec une vraie stratégie de recyclage (ie: pour finir en autonomie sur 50-80% des ressources primaires), mais ça couterait beaucoup plus cher (cout de production+++) donc c'est IMPOSSIBLE sans protectionnisme important.
Je suis complètement pour un protectionnisme "à la Suisse" comme sur leur agriculture : Tant qu'ils ont de la production -> Tu ne peux pas acheter ailleurs, une fois ton stock national écoulé, tu peux acheter à l'étranger. L'Etat protège donc et maintien un minimum de production nationale qu'il juge suffisant sur les produits indispensables.
Le 31/10/2024 à 00h32
Tant mieux pour toi si tu es content de ta voiture, mais sache que son prix n’incluait pas la protection sociale des travailleurs qui l’ont conçue, ni le respect des normes environnementales, ni même le coût réel de la voiture. Oui, en quelques sortes la Chine t’a fait cadeau d’une partie de ta voiture. Perso les cadeaux quand ça vient pas de mes amis proche et que c’est fait sans raison apparente, je me pose la question de l’intention réelle.
Le 31/10/2024 à 07h48
Avec toujours les mêmes arguments moisis : "j'ai cotisé, je fais ce que je veux" (ben non, pas assez cotisé, puisque les caisses sont en déficit), "le moteur purtech, bla, bla..." (j'ai une C3 produite à Poissy 78 ; ils m'ont changé gratuitement la courroie, et ça roule).
Sans parler des 10% d'abattement sur les retraites : quel gouvernement aura le courage de le supprimer (je suis prêt à y renoncer sans problème) ?
Modifié le 31/10/2024 à 09h29
Et surtout quand on sait que leurs retraites, non, ils n'ont pas épargné pour, ils ont versé une partie de leur salaire pour les retraités de l'époque et maintenant ce sont les actifs actuels, avec leur job qui leurs versent une partie de leur salaire pour leur retraite.
Si les actifs finissent tous ou en grande partie au chômage car les usines Renault ou Peugeot auront fermées, et bien plus de cotisations qui vont tomber dans la poche de ces retraités.
.
Le 01/11/2024 à 12h07
Ce bloc est tellement conçu à l'économie que même la dernière version, celle où la courroie est pourtant remplacée par une chaine, et dont le nom à changé (mais c'est toujours le meme), est elle aussi vouée à s'autodétruire car les problèmes de conception ne se résument pas à cette seule courroie qui baigne dans l'huile au lieu d'être séche.
Le 01/11/2024 à 13h07
Le 02/11/2024 à 13h22
Quand aux conditions sociales c'est drôle de lire ça quand en France nos gouvernements successifs sont plutôt en train de les démonter 😅 , alors que justement en Chine ça progresse beaucoup plus vite.
Après si tu crois que la Chine m'a fait un cadeau grand bien t'en fasse. Moi ce que je vois c'est surtout que les marques occidentales gonfle grandement leur prix pour de la qualité douteuse et que j'ai au contraire payé mon véhicule à un prix que j'estime juste pour la gamme.
Le 30/10/2024 à 14h09
Le 30/10/2024 à 16h41
Le 01/11/2024 à 08h27
Et donc un véhicule (sans être 4x4) ne se trainant pas au ras du sol (chemins sans asphalte avec quelques ornières ) avec 4 places (adulte) coffre 500 litres et une vraie autonomie de 500 km (avec les phares et le chauffage)
Le 01/11/2024 à 09h52
Ca n’a rien à voir avec l’écologie ou Paris, mais je conçois que ce soit difficilement compréhensible quand le quotidien c’est voiture ou crève.
Le 31/10/2024 à 08h43
Si la Chine souhaite que l'on taxe moins leurs produits, il faudrait qu'il subventionne moins leurs entreprises. Ils n'ont pas d'économiste.
Modifié le 31/10/2024 à 09h20
(27 Septembre 2024)
Source: KYODO NEWS
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