La justice administrative vient de confirmer la révocation d’un fonctionnaire qui avait injurié sur Facebook l’adjoint au maire de la ville dans laquelle il travaillait. Une décision qui permet de rappeler que les agents publics peuvent – tout comme les salariés – être mis à la porte du fait de leur comportement sur les réseaux sociaux, dès lors que celui-ci présente un certain degré de gravité.
Employé depuis 1990 par la mairie de Montargis (en tant qu’éducateur sportif), Monsieux X est révoqué en février 2014 par arrêté municipal. Son tort ? Avoir publié quelques mois plus tôt un commentaire un peu trop salé sur la page Facebook publique de l’entreprise « Mazet Confiseur », gérée par le premier adjoint de la commune... Il faut dire que l’agent n’en était pas à son coup d’essai, plusieurs sanctions disciplinaires lui ayant été infligées – dont une mise à pied – en raison de son attitude d'opposition à l'autorité et des propos qu'il pouvait tenir en public.
Pour faire annuler cet arrêté, Monsieur X clamait que la révocation prononcée à son encontre était « manifestement disproportionnée par rapport à la gravité de la faute commise », ou bien encore que le constat d'huissier réalisé à la demande de l’employeur n'avait « pas été réalisé dans des conditions permettant de lui accorder une valeur probante ». Le tribunal administratif d’Orléans et la cour administrative d’appel de Nantes n’ont toutefois pas suivi ses arguments.
Un manquement au devoir de réserve du fonctionnaire
Dans un arrêt rendu le 21 janvier dernier, consultable notamment sur Legalis, les juges de seconde instance retiennent « qu'ainsi que l'a estimé le conseil de discipline, lors de sa séance du 19 décembre 2013, les propos litigieux sont injurieux et insultants et portent atteinte à la réputation d'un élu de la commune, dans laquelle Monsieur X est employé, et révèlent un manquement à son devoir de réserve ». Ils « justifiaient » en ce sens une sanction disciplinaire, qui s’est révélée aux yeux de la justice parfaitement « proportionnée ».
La cour relève en effet « que si l'intéressé a adressé des excuses au premier adjoint, il n'a cependant manifesté aucun regret devant le conseil de discipline en tentant au contraire de justifier ce qui l'avait poussé à cette démarche ». En outre, Monsieur X, « compte tenu de son ancienneté et de ses fonctions, ne pouvait se prévaloir d'un total anonymat parmi les usagers de la commune ». Les rappels adressés à l’agent communal – et notamment ce courrier de novembre 2010, dans lequel le maire de Montargis lui rappelait « qu'en qualité d'agent public, il était soumis à une obligation de réserve qui imposait d'éviter, même en dehors de son service, toute manifestation d'opinion et les comportements de nature à porter atteinte à l'autorité territoriale » – ont également pesé...
Quant au constat d’huissier, dont les captures d’écran laissaient entendre que 13 144 personnes avaient très précisément consulté la page Facebook de la société « Mazet Confiseur », la cour d’appel a jugé que « la circonstance que le commentaire publié par Monsieur X n'aurait pas nécessairement été vu par l'ensemble des personnes ayant consulté le site de la société est sans incidence sur la légalité de la décision contestée, qui se fonde sur le caractère injurieux des propos et non sur leur mode de diffusion ».
Commentaires (50)
Pour conserver l’anonymat c’est cool les monsieur x. Pour se souvenir des arrêts par contre… En fac de droit apprendre les arrêts importants depuis cette modif ça doit être embêtant lol fini les duvigneres etc..
Bon ! Ça c’est fait ! J’attends la missive….
Braisé ou saignants?
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Si mes collègues fonctionnaires se faisaient virer lorsqu’ils ont des propos insultants, en une semaine, je deviens chef du service avec personne sous mes ordres
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Haaa le fameux devoir de réserve, habile bâillon apposé aux fonctionnaires…
À partir du moment où c’est un propos argumenté et non-injurieux *, il ne devrait pas pouvoir s’appliquer ce fumeux devoir de réserve.
On prive toute une partie de la population de sa liberté d’expression, ça me paraît aberrant et excessif.
*: ce qui ne semble pas être le cas ici
Une décision qui permet de rappeler que les agents publics peuvent –
tout comme les salariés – être mis à la porte du fait de leur
comportement sur les réseaux sociaux
Un salarié est-il aussi tenu par un devoir de réserve ?
Jamais vu de telle clause dans un contrat ou un règlement intérieur…
car c’est toujours moi qui commande,
c’est toujours moi qui obéis,
faut d’la discipline dans une bande …
Bon, j’vais payer mes royalties à l’aut’ alcolo maint’ant…
plus compliqué à prouver
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un fonctionnaire de viré, ça fait toujours ça en moins !
La réduction est en marche.
Le budget de l’état est sauvé maintenant, non ?
Bizarre de sortir le devoir de réserve pour des injures.
Ah mince j’aurais dû lire avant de répondre :-)
Personnellement je n’ai aucune compassion pour les abrutis qui se répandent sur FB et qui viennent ensuite chialer quand ça leur cause des problèmes…
Quand t’as quelque chose à dire à quelqu’un que tu connais et côtoies régulièrement tu lui dit à lui, tu vas pas l’insulter sur un réseau social en te croyant protégé par un pseudo anonymat.
Bref, sûrement pas une grosse perte pour la commune en question ce type…
Bien fait pour sa gueule. Fallait pas utiliser FB.
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C’est dans le code du travail.
Et c’est là qu’on voit que la légistique se perd, puisque c’était déjà dans le code civil depuis 200 ans.
Y’a un moment, ça n’est que de la sélection naturelle… Faut même pas chercher une explication. Le type il enfonce la porte de la maison dans laquelle il veut ensuite s’abriter parce qu’il a fait une bêtise.
Une preuve de plus que le “numérique” détruit de l’emploi
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Ça s’applique pas pour les footeux par contre.
Logique comme décision … est ce que je dis que mon patron est un
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Pas possible : j’y ais pas de de compte
La médiocrité dans toute sa splendeur :
“même en dehors de son service, toute manifestation d’opinion et les comportements de nature à porter atteinte à l’autorité territoriale ”
Donc le mec n’a plus le droit d’avoir SA PROPRE opinion … en dehors dans sa vie privée !
On nous aurait menti ? c’est la dictature de la pensée alors ….
si, je confirme.
les contrats des sans couilles !
Faudra juste à ré-apprendre à relever la tête mes cocos !
…sauf si ceux qui le manipule sont .. placés beaucoup plus haut !
..ce qui est la cas.
Contrairement à ce qu’on peut lire un peu partout (y compris ici), le statut du fonctionnaire est très contraignant, et ça ne date pas d’hier.