Télécoms : l’électrochoc du régulateur britannique sur la concurrence
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Le 25 février 2016 à 17h03
6 min
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Le régulateur britannique des télécoms, l'Ofcom, propose une séparation de l'opérateur historique : d'un côté la partie réseau, de l'autre le fournisseur d'accès. Le but, accélérer le déploiement du très haut débit et intensifier la concurrence. Un observatoire de la qualité de service et une nouvelle carte de couverture sont aussi prévus.
Le régulateur britannique des télécoms, l'Ofcom, présente les résultats préliminaires de sa revue stratégique, entamée début 2015. Les premières mesures annoncées aujourd'hui sont « une réforme fondamentale » du marché, selon l'Ofcom, avec une emphase sur la concurrence et le service au consommateur. Parmi les pistes les plus radicales, le gendarme pourrait décider de séparer l'opérateur historique British Telecom (BT) en deux, pour garantir un accès équitable au réseau à tous les fournisseurs d'accès.
Certaines de ces mesures concernent donc « spécifiquement Openreach, la branche de BT qui maintient le plus large réseau téléphonique et haut débit du Royaume-Uni pour les opérateurs concurrents ». Elle a été créé en 2006 pour fournir une meilleure concurrence sur le marché télécoms, avec l'obligation de traiter tous ses clients de la même manière. Le problème est pourtant loin d'être réglé, au point que certaines communautés décident de déployer elles-mêmes la fibre en campagne.
Une nouvelle stratégie pour le très haut débit
L'idée est donc de faciliter le travail des concurrents de BT. Le régulateur veut favoriser le déploiement de nouveaux réseaux très haut débit en câble et fibre optique, comme alternative aux déploiements prévus par BT, en partie en cuivre. « Soutenir l'investissement par les opérateurs rivaux réduira la dépendance du pays sur Openreach, et augmentera la pression concurrentielle sur ses réseaux » estime le gendarme.
Pour cela, Openreach devra ouvrir ses poteaux et fourreaux aux concurrents de BT pour qu'ils y passent leurs câbles. De même, le groupe devra fournir des données précises sur son génie civil, pour établir « une carte numérique » du Royaume-Uni.
Le gendarme compte aussi rehausser les obligations d'Openreach, entre autres sur la vitesse d'ouverture de ligne et de réparation du réseau. En cas de problème avec une ligne, les particuliers et entreprises pourront d'ailleurs recevoir une compensation automatique (comme un remboursement), au lieu de devoir les réclamer à l'opérateur lui-même.
Séparer Openreach du reste de BT
Le plus grand changement concernerait tout de même Openreach lui-même. Même si cette branche de BT a l'obligation de traiter équitablement les opérateurs, « la revue de l'Ofcom montre qu'Openreach est toujours incité à prendre des décisions en faveur de BT plutôt que de ses concurrents ». Le point le plus critique est la gouvernance, toujours entre les mains de BT, qui prend lui-même les décisions stratégiques et décide des investissements réalisés par Openreach. Des décisions sur lesquelles les concurrents ne seraient pas assez écoutés.
L'Ofcom a donc une solution simple : revoir la gouvernance d'Openreach, pour une plus grande indépendance de ses décisions budgétaires et stratégiques. Elles devront être prises en concertation avec les autres acteurs du marché. De même, le régulateur promet une plus grande transparence dans l'allocation des ressources entre Openreach et le reste du groupe BT.
Le gendarme doit présenter des mesures concrètes à la fin de l'année. Les actifs d'Openreach devront au moins être séparés hermétiquement de ceux du reste du groupe. Dans le pire des cas, prévient l'Ofcom, elle pourrait demander une séparation structurelle entre BT et Openreach. En France, cela correspondrait à une séparation d'Orange en deux parties : opérateur de réseau (physique) et fournisseur d'accès, comme l'étaient SNCF et RFF dans le ferroviaire.
C'est un soulagement pour BT, la séparation structurelle étant l'une des pistes privilégiées jusqu'ici. « L'Ofcom a aujourd'hui expliqué pourquoi séparer BT ne mènerait pas à un meilleur service ou à plus d'investissement et que la séparation structurelle serait une solution de dernier recours. Nous faisons bon accueil à ces commentaires » estime BT dans sa réponse. Le groupe estime qu'Openreach subit déjà une régulation très forte et affirme avoir accepté certaines nouvelles contraintes. Pour l'entreprise, il vaudrait mieux amender le cadre actuel que d'en recréer un nouveau.
Une meilleure couverture et plus d'informations
« Nous allons travailler avec le gouvernement pour fournir le nouveau droit universel à l'Internet haut débit rapide et abordable pour tous les foyers et toutes les entreprises du Royaume-Uni » promet entre outre le régulateur. Elle compte notamment faciliter le changement d'opérateur. Comme en France, où deux opérateurs ont été épinglés sur leur couverture des zones rurales, la question est sensible au Royaume-Uni.
Des mesures de la qualité de service seront aussi introduites, avec comparaison des performances des opérateurs dans chaque domaine. Pour mémoire, le régulateur français, l'ARCEP, publie chaque trimestre un observatoire de la qualité de service, à partir des chiffres fournis par les entreprises. Le régulateur promet aussi une meilleure information sur la couverture, entre autres en ajoutant l'Internet fixe à sa carte publiée l'an dernier.
La concurrence sur la fibre en France
En France, la question de la concurrence se pose également, avant tout sur la fibre. Alors qu'elle est majoritairement commercialisée dans les zones (très) denses, l'avantage commercial revient à Orange, qui comptait un million de clients en janvier, alors que l'ensemble du marché n'en comptait que 1,25 million au trimestre précédent. L'une des raisons est le manque de choix des consommateurs, dont 40 % n'ont accès qu'à un seul fournisseur d'accès en fibre optique.
D'autres questions se posent, comme l'arrivée des fournisseurs d'accès nationaux sur les réseaux d'initiative publique, qui déploient la fibre dans les zones rurales. Selon les collectivités, les FAI rechigneraient à venir sur ces RIP, parfois pour des raisons purement commerciales. Elles comptent d'ailleurs peser dans l'arbitrage sur le rachat de Bouygues Telecom par Orange, pour imposer l'arrivée de ces offres sur les RIP, voire que les FAI coinvestissent dans les réseaux.
Télécoms : l’électrochoc du régulateur britannique sur la concurrence
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Une nouvelle stratégie pour le très haut débit
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Séparer Openreach du reste de BT
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Une meilleure couverture et plus d'informations
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La concurrence sur la fibre en France
Commentaires (45)
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Abonnez-vousLe 26/02/2016 à 07h03
Le 26/02/2016 à 07h13
Opposer le covoiturage et le rail n’a pas de sens selon moi : ce sont 2 moyens de déplacement complémentaires ou alternatifs.
Le 26/02/2016 à 07h14
C’est ce qui s’est passé avec EDF et ErDF ou encore GDF et GrDF en France. C’est une bonne chose pour s’ouvrir à la concurrence. Nationaliser le réseau, c’est aussi s’assurer qu’il soit déployé et maintenu pour tout le monde et pas seulement pour les endroits les plus rentables.
Le 26/02/2016 à 07h25
Bonjour,
Serions-nous plus frileux que les Britanniques ? A quand une opération de ce type en France ?
Le 26/02/2016 à 07h51
Si seulement ça pouvait apporter ne serait-ce qu’un mètre de FTTH au Royaume uni ^^ Parcequ’en l’état c’est du VDSL et du DOCSIS, et rien d’autre. Tu parles de “fibre optique !”
Meme la 4G ils la vendent sous terminologie “fibre fast access” pour mieux tromper le client.
Le 26/02/2016 à 07h55
Sans passer par une nationalisation du réseau - il y a plusieurs solutions moins radicales que la propriété par l’Etat - l’indispensable est la séparation des structures juridiques gestionnaires du réseau “collectif” vis-à-vis du réseau et des services placés en situation de concurrence.
C’est transparent, ça met tout le monde d’accord sans faux débat. Et quand il y a débat, les discussions sont publiques et argumentées.
Le 26/02/2016 à 08h11
La séparation des réseaux et des services est une recommandation faites par des commissaires européens, il y a bien deux ans (aujourd’hui les sociétés commerciales possède les roseaux et nous infligent les sévices). La recommandation est que les états devaient reprendre la gestion des réseaux et des sociétés commerciales y vendre des services (ex. : autoroutes et stations services). Les réseaux sont tous les tuyaux et les supports pour se déplacer (eau, gaz, ondes, routes…)
Le 26/02/2016 à 09h00
Le 26/02/2016 à 09h08
Le 26/02/2016 à 09h12
Le 26/02/2016 à 09h21
A mon avis tu ne sais pas lire… Il a parlé de TER et intercités, nullement de RER ou métro.
Le 26/02/2016 à 09h43
Dans la mesure où chez nous le seul opérateur qui déploie de manière sérieuse la FTTH est Orange, ca serait dommage de le torpiller.
Le 26/02/2016 à 09h52
Ben l’état étant actionnaire d’Orange, j’suis pas sûr qu’il soit dans l’intérêt des politiques de séparer les 2 activités, vu la mainmise d’Orange sur le marché…
Le 26/02/2016 à 10h48
Le 26/02/2016 à 10h52
Oui et non, un transilien est un TER mais un TER n’est pas forcément un transilien. En fait je suppose qu’il voulait dire que hors IDF, les “petits” trains ont vocation à disparaitre à cause du covoiturage (si j’ai bien compris)
Le 26/02/2016 à 11h14
La différence entre BT et Orange, c’est que BT a été contraint de créer une filiale en 2005 (Openreach) pour gérer le réseau boucle locale en cuivre (accès équitable à tous les opérateurs qui souhaitent utiliser la boucle locale non-soumise à concurrence). Alors qu’Orange SA gère sa boucle locale et ses activités concurrentielles de manière intégrée dans une seule et même structure.
Le 26/02/2016 à 12h33
(En réponse à Antwan - Je me suis planté en créant ce post - sur le fait qu’au Royaume-Uni on n’ait que de la FTTC)
Certes il n’y a pas encore la FTTH (quoiqu’il me semble qu’ils commencent à la déployer à Londres), mais leur VDSL est en FTTC, contrairement à la France ou c’est directement depuis le nœud de raccordement, ce qui fait qu’on arrive beaucoup plus facilement à des débits élevés ici (quand c’est dispo, parce que quand la ligne n’a pas de cabinet, ben pas de VDSL…).
Après, pour le DOCSIS, je suis d’accord, mais ça reste de la FTTC, donc si la poche n’est pas trop congestionnée (comme c’est le cas dans mon quartier), le 150 Mb/s de Virgin Média dépote bien (même si ce n’est que du 12 Mb/s en voie montante).
L’un dans l’autre, l’idée est d’avoir une espèce de situation hybride avant de finir le déploiement de la fibre avec la FTTH, et je trouve que c’est un planning plutôt astucieux. En attendant, la FTTC reste quand même fichtrement plus rapide que du bon vieil ADSL (même en annexe M)!
Le 26/02/2016 à 16h50
aïe !
Le 26/02/2016 à 19h41
Le 25/02/2016 à 19h11
Rff n’employait que des cadres , l’entretien était sous traité auprès de SNCF infra…
SNCF réseau est né de la fusion de rff et SNCF infra, on devrait gagner en efficacité…
Le 25/02/2016 à 19h11
Rff n’employait que des cadres , l’entretien était sous traité auprès de SNCF infra…
SNCF réseau est né de la fusion de rff et SNCF infra, on devrait gagner en efficacité…
Le 25/02/2016 à 19h34
Le 25/02/2016 à 19h57
Le 25/02/2016 à 20h00
Le 25/02/2016 à 20h12
Le 25/02/2016 à 20h34
Dis-ça à Alphabet inc. (Californie)
Le 25/02/2016 à 21h28
Le 25/02/2016 à 21h36
Le 25/02/2016 à 22h02
Ce qui est on ne peut plus logique (comme sncf réseau)
Le 25/02/2016 à 22h56
Le 26/02/2016 à 00h03
C’est sûr que dans notre république socialiste ça ne pourrait pas arriver, il y a tant de connivance et de corruption entre dirigeants des grandes sociétés et nos dirigeants, leur préoccupation commune est d’arnaquer le peuple.
Le 26/02/2016 à 00h12
a la place de faire a l époque wanadoo et france telecom
il aurais du separe une entreprise sur le reseau et l autre entreprise sur les abonnement
comme fait la sncf
et edf ( tient il y a baucoup de panne sait edf que sait les telecom
Le 26/02/2016 à 05h59
tout ceci est bien vrai. un marché libre résout tous les problèmes et rend les gens enfin heureux.
Le 26/02/2016 à 06h27
Le 26/02/2016 à 06h53
Ce n’est pas un problème de marché libre ou de services administrés non-marchands. C’est un problème de contrôles et d’exercice de contre-pouvoirs.
Les rapports de Transparency International et de Anticor sont très instructifs. On peut aussi voir ce qu’en dit Amnesty international.
Le 25/02/2016 à 17h08
Ha vi tout le monde sur le meme réseau, cool pour le GCHQ^^
Un cable pour les gouverne tous… .
Le 25/02/2016 à 17h51
ben cela ferait du bien aux réseaux Français “orange juge et partie ” mais bon on peut rêvé .
Le 25/02/2016 à 17h52
Ca ne me déplairait pas qu’on coupe Orange en 2 aussi et qu’on re-nationalise la partie boucle locale cuivre & fibre… comme ca aurait du être fait a l’époque.
Apres tout, ca devrait être comme les rues et les routes, ne pas appartenir a des sociétés privées et être pris en charge par nos impôts.
Le 25/02/2016 à 17h55
Le 25/02/2016 à 18h16
Le 25/02/2016 à 18h28
Il pourrait pas avoir 4 opérateurs. Dans ta logique,on aurait le retour de France Télécom pour la partie cuivre et fibre. Ce Ft vendrait des capacités à Orange, Free et SFR. Si ce FT recupererait également la partie câble de SFR.Drahi ira pleurer.
Le 25/02/2016 à 18h30
Ils sont comme en France, ils ont que le mot concurrence à la bouche alors que c’est exactement l’inverse qui se passe quand on découpe un opérateur historique : de l’économie dirigée.
Le 25/02/2016 à 18h52
comme le sont aujourd’hui SNCF et RFF dans le ferroviaire : ils sont pas revenu en arrière sur cela?
Le 25/02/2016 à 19h01
Effectivement, c’est corrigé. Merci. " /> En fait la SNCF contient deux entités aujourd’hui : SNCF Réseau (réseau) et SNCF Mobilités (service) depuis début 2015.
Le 25/02/2016 à 19h04
http://www.sncf-reseau.fr/fr
Ca s’appelle SNCF Réseau, ex-RFF.