Connexion
Abonnez-vous

Le salarié qui tweete quatre fois par jour n’est pas fautif

Sauf pour les community managers ?

Le salarié qui tweete quatre fois par jour n’est pas fautif

Le 03 mars 2016 à 08h30

La cour d’appel de Chambéry a jugé la semaine dernière que le fait de publier quotidiennement quatre tweets depuis son lieu de travail – à raison d’une minute environ par message – ne constituait pas une faute susceptible de licenciement.

Avec le développement d’Internet et des smartphones, il est devenu très tentant pour le salarié de consulter les réseaux sociaux pendant son temps de travail – voire d’aller jusqu’à publier discrètement quelques tweets... Mais que risque-t-on ? Si les juridictions françaises se sont jusqu’ici beaucoup penchées sur le cas de Facebook, qui a pour particularité d’être généralement considéré – en fonction du paramétrage des comptes – comme un espace privé, rares sont les magistrats à avoir examiné une affaire traitant de l’usage de Twitter, dont les messages sont publics par défaut.

Au travers d’un arrêt cité par le juriste Benoît Tabaka, la cour d’appel de Chambéry a toutefois été amenée à se prononcer le 25 février dernier sur un litige impliquant le site de micro-blogging. Dans cette affaire, un directeur web analytics avait été licencié pour faute grave après que son employeur a découvert la publication de 1 336 tweets (sur une période d’un an et demi), et ce pour le compte d’une société tierce dont le salarié était actionnaire...

Aux yeux du chef d’entreprise, ce manquement à l’obligation de loyauté de Monsieur X justifiait « à lui seul » la mise à la porte du salarié sans préavis ni indemnité de licenciement, le temps passé sur le réseau social représentant selon lui « plusieurs dizaines d'heures de travail ».

1 336 tweets sur un an et demi, soit un peu moins de 4 tweets par jour travaillé

Les magistrats de Chambéry n’ont cependant pas eu la même analyse... Ils ont commencé par dégainer leur calculatrice : « Nonobstant l'absence d'horaire d'envoi des tweets il apparaît, à supposer dans une estimation particulièrement large que chaque envoi ait requis un temps de 1 minute, que l'envoi de l'ensemble des 1 336 messages correspond en moyenne à moins de 4 minutes par jour au cours des semaines où Monsieur X travaillait 5 jours (...), et ce en tenant compte des congés du salarié ».

Or, pour la cour d’appel, le fait d’avoir « pu consacrer un temps aussi limité à l'envoi de tweets non professionnels, y compris à des horaires communément retenus comme travaillés (...) ne peut être retenu comme fautif ». La juridiction souligne au passage que l’employeur ne démontre même pas que les tweets ont été publiés pendant le temps de travail du salarié (son contrat de travail ne précisait pas ses horaires).

Le fin mot de l’histoire ? Comme toujours dans ce genre d’affaire, tout dépend si le salarié a abusé de son droit, « même au temps et au lieu de travail, au respect de l'intimité de sa vie privée » (ce qui peut se matérialiser par du surf « perso »)... Ce qui n’était pas le cas ici aux yeux des juges. Ceux-ci ont néanmoins estimé que le licenciement reposait sur une « cause réelle et sérieuse », d’autres reproches – considérés quant à eux comme parfaitement fondés – ayant été formulés à l’encontre de Monsieur X. Ce dernier a néanmoins obtenu plus de 17 000 euros d’indemnités diverses, notamment au titre de la compensation de préavis.

Commentaires (36)

Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.

Abonnez-vous
votre avatar

l’accusé été un directeur, celui ci n’a donc pas d’horaire fixe. Pour moi, tant qu’il fait le travail demandé (il peut travailler plus longtemps si il s’accorde des pauses plus longue) il n’est pas fautif. Un cadre travaille toujours plus que son contrat donc bon … il peut bien écrire 4 tweet par jour ><

votre avatar

Tout à fait mais ici l’employeur veut clairement se débarasser de lui (pour un motif que l’on ignore), et tout pretexte est bon …

“Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage.”

votre avatar

À 4.5/jr par contre, attention. <img data-src=" />



La plupart des indemnités sont de toute manière dues quelque soit la faute.

votre avatar

Oui enfin le mec ne twittait pas pour le plaisir mais pour le compte d’une autre entreprise.

Il utilise son temps de travail pour le compte d’un autre, l’affaire va au dela de l’utilisation de twitter.

votre avatar

Je devrais faire gaffe à montcuq, j’en suis à 4 posts nextINpact par jour :o

votre avatar



r, pour la cour d’appel, le fait d’avoir « pu consacrer un temps aussi limité à l’envoi de tweets non professionnels, y compris à des horaires communément retenus comme travaillés (…) ne peut être retenu comme fautif ».





“Bonjour cour d’appel, je suis le projet de #LoiTravail. On excuse beaucoup trop les salariés quand ils se conduisent mal. Et si on changeait les règles ?”



<img data-src=" />

votre avatar

veille technologique

votre avatar

Le changement c’est maintenant, moi je dis on devrait plafonner les indemnités de licenciement à quelques mois en fonction de l’ancienneté. Votez El Khomri.

votre avatar

et si le salarié en question est un(e) ministre ? <img data-src=" />



Parce que certain(e)s postaient plus de 4 tweets par jour …











&nbsp;

ok elle a été virée …<img data-src=" />

votre avatar

Ah mais comme disait mon idiote de prof de management : “ Quand tu est absent, que tu fais autre chose, que tu prend une pause ou que tu travaille moins que ce que tu pourrai, tu ne produit pas ou pas assez et donc tu ne mérite pas ton salaire.”

Je me souviens plus de la formulation exact, mais elle était très à cheval là dessus. Et t’as toujours des abrutis, comme c’est mathématique, (tu produit pas, donc tu ne devrait pas gagner ce que tu n’a pas produit) pour applaudir en cadence.

Sauf que nous, on est dans l’informatique, ma bonne dame, pas dans l’atelier, on est pas payé à la pièce, merci.

votre avatar

Cet article me conforte sur mon avis bien tranché de la futur loi “travail”. les patrons pourront s’en donner à cœur joie… Un licenciement pour faute grave pour 4 tweets quotidien!!! Mes enfants connaitront l’esclavage 148 ans après son abolition :(

votre avatar







taralafifi a écrit :



Y’a vraiment des employeurs qui vont compter le nombre de tweet et calculer les minutes de travail perdues ? <img data-src=" />





Moi ce que je vois surtout c’est qu’il à très bien pu utiliser des outils permettant de twitter automatiquement à des heures définies à l’avance sans qu’il n’ait eu besoin de le faire lui-même pendant ses heures de travail, mon patron par exemple utilise ce genre d’outil :).


votre avatar

” 1 336 tweets (…)&nbsp;pour le compte d’une société tierce dont le salarié était actionnaire…”





Je pense que c’est plus cette partie là qui est reprochée au salarié plutôt que le fait qu’il passe un peu de temps sur tweeter. Apparemment il “travaillait” pour quelqu’un d’autre pendant ce temps là.&nbsp;Il n’y a clairement pas de quoi motiver un licenciement mais c’est sanctionnable.

votre avatar

Hello,



En fait, le mec étant probablement cadre et pas très contraint par des horaires mais plus par des atteintes d’objectifs, je ne crois pas que cette histoire de temps soit autre chose qu’un écran de fumée.

&nbsp;

En fait, c’est la loyauté qu’il lui est reproché je pense, car ça a foutu les boules à x de voir que l’employé tweetait pour y. N’ayant rien prévu dans le contrat de travail pour ça, il le chatouille pour “du temps passé”, mais c’est bien de loyauté dont il s’agit amha…

votre avatar







Bashy a écrit :



Cela dépend s’il est en forfait jour (ce qui est mon cas et tu as raison pour ce cas uniquement) ou heure (dans le cas du forfait horaire, cela peut-être en heure/an ou heure/semaine il me semble)





Effectivement, tu as raison. La nuance mérite d’être soulignée <img data-src=" />


votre avatar

Ouf je pourrais continuer mes tweet clash avec les Taxis les Mercredi <img data-src=" /> (enfin s’ils me bloquent pas tous !) <img data-src=" />

votre avatar







wanou2 a écrit :



Ceux-ci ont néanmoins estimé que le licenciement reposait sur une « cause réelle et sérieuse », d’autres reproches – considérés quant à eux comme parfaitement fondés – ayant été formulés à l’encontre de Monsieur X.







Oui, j’ai bien lu. C’est pour ça que je dis que c’est un prétexte.


votre avatar

Si ce n’est pas inscrit dans son contrat de travail, rien ne lui interdisait de le faire.

votre avatar

  • combien de posts sur Facebook? + Snapchat? Et sur G+ ? <img data-src=" />

votre avatar

Il est interdit de fait d’utiliser la propriété de son employeur pour son autre emploi. Et ca m’étonnerait beaucoup qu’on soit autorisé à travailler pour une autre boite pendant les heures de travail de la première (sauf rtt par exemple).

votre avatar

Exact, c’est surtout là que le bat blesse.

votre avatar

Si l’entreprise n’est pas concurrente de la sienne, en quoi ca change ?

votre avatar

Y’a vraiment des employeurs qui vont compter le nombre de tweet et calculer les minutes de travail perdues ?&nbsp;<img data-src=" />

votre avatar







jaffalibre a écrit :



Si l’entreprise n’est pas concurrente de la sienne, en quoi ca change ?





Tu veux dire que je peux demander au service marketing d’une société tierce de bosser pour moi et c’est l’autre patron qui paye ? cool <img data-src=" />



Bien sur ici j’exagère le trait, mais l’idée est là.


votre avatar

Y’en a qui prétextent ça pour virer ? C’est fou quand même tous les moyens sont bons ! Le travail c’est pas une prison, on a une drôle de mentalité en France à ce sujet !

votre avatar







Obidoub a écrit :



Oui enfin le mec ne twittait pas pour le plaisir mais pour le compte d’une autre entreprise.

Il utilise son temps de travail pour le compte d’un autre, l’affaire va au dela de l’utilisation de twitter.



Ouais mais bon, c’est un cadre et il a des objectifs, des missions, … Si le boulot est fait, il peut préparer son apéro du soir, surfer sur NXi, ou bien twitter pour une autre boite dont il a des intérêts … Quel est le manque à gagner pour l’employeur ? D’ailleurs pour un cadre, il n’y a pas de notion de temps de travail …


votre avatar







Vachalay a écrit :



“Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage.”



Alors que



Quand on veut noyer le poisson, on dit qu’il est terroriste.


votre avatar

j’approuve ce que tu dis, un cadre payé au forfait jour ne compte pas ces heures de travail. C’est à lui de gérer son temps de travail comme il l’entend (toujours dans l’optique d’accomplir ces objectifs). QUelqu’un qui arrive à 9h et part à 15h mais qui fait son boulot pour moi ca n’a rien de choquant (ou il est balèze ou son entreprise lui donne pas assez de boulot).

votre avatar







Vachalay a écrit :



Ouais mais bon, c’est un cadre et il a des objectifs, des missions, … Si le boulot est fait, il peut préparer son apéro du soir, surfer sur NXi, ou bien twitter pour une autre boite dont il a des intérêts … Quel est le manque à gagner pour l’employeur ? D’ailleurs pour un cadre, il n’y a pas de notion de temps de travail …





Cela dépend s’il est en forfait jour (ce qui est mon cas et tu as raison pour ce cas uniquement) ou heure (dans le cas du forfait horaire, cela peut-être en heure/an ou heure/semaine il me semble)


votre avatar

Si ce n’est pas interdit par son contrat, on ne peut pas lui reprocher. Mon contrat de travail m’autorise explicitement à travailler pour d’autres boites. Si les heures ne sont pas indiquées, il peut tout-à-fait travailler pour plusieurs client dans la même journée.

Il reste juste la question de l’utilisation du matériel de X pour travailler pour Y, mais apparemment on ne le lui a pas reproché, donc ce n’est pas un souci pour son employeur.

votre avatar

Euuuh et on fait quoi pour les gens qui prennent des pauses clopes X fois par jour ?

votre avatar

et ceux qui prennent du temps hors pause pour aller au WC ? faute grave =&gt; hop on peux les virer ^^ (ironique)

votre avatar







audrik a écrit :



Euuuh et on fait quoi pour les gens qui prennent des pauses clopes X fois par jour ?





On supprime la loi Evin pour qu’ils puissent fumer dans les bureaux <img data-src=" />


votre avatar

Et on rappelle que c’est 4 minutes, et qu’il aurait très bien pu faire ça sur le trône pendant la pause n°2. S’il est balaise, il fait ça à une main à l’urinoir… quand ce n’est qu’un n°1.

C’est même quelque chose de faisable pendant la pause déjeuner, depuis son propre téléphone, donc voilà, pas de quoi fouetter un tweet!&nbsp;

votre avatar

Et puis … quesqu’on fout tous à écrire ici pendant le temps de travail <img data-src=" />

votre avatar







Dr.Wily a écrit :



Y’en a qui prétextent ça pour virer ? C’est fou quand même tous les moyens sont bons ! Le travail c’est pas une prison, on a une drôle de mentalité en France à ce sujet !



&nbsp;

Ceux-ci ont néanmoins estimé que le licenciement reposait sur une «&nbsp;cause réelle et sérieuse&nbsp;», d’autres reproches – considérés quant à eux comme parfaitement fondés – ayant été formulés à l’encontre de Monsieur X.


Le salarié qui tweete quatre fois par jour n’est pas fautif

  • 1 336 tweets sur un an et demi, soit un peu moins de 4 tweets par jour travaillé

Fermer