[Interview] Formats ouverts au sein de l’Éducation nationale : un « combat d’arrière-garde »
Entretien avec le Directeur du numérique pour l'éducation
Le 07 mars 2016 à 17h00
8 min
Droit
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À l’occasion de notre entretien avec Mathieu Jeandron, le Directeur du numérique pour l’éducation, nous avons pu revenir sur le contesté accord de « partenariat » conclu entre Microsoft et le ministère de l’Éducation nationale. Cela nous a permis d'évoquer également la question de l’interopérabilité et des logiciels libres.
Signée le 30 novembre dernier, quelques jours après que le numéro un de la firme américaine ait signé un chèque de 13 millions d’euros au profit du premier employeur de France, la convention liant le géant du logiciel propriétaire et la Rue de Grenelle fait l’objet d’une demande de recours gracieux depuis le 29 janvier.
Le collectif EduNathon – Conseil national du logiciel libre, associations La mouette et Ploss-RA... – estime en effet que ce partenariat aurait dû être considéré comme un marché public, soumis dès lors aux règles de vigueur en matière de mise en concurrence (pour en savoir plus, voir notre article).
Une polémique qui survient à quelques mois de l’appel lancé en faveur de l’interopérabilité au sein de l’Éducation nationale, repris en substance lors de la consultation relative au projet de loi numérique.
Le ministère de l’Education va-t-il accéder à la demande gracieuse de ces associations qui contestent votre « partenariat » avec Microsoft ?
On est en train d'examiner ce recours. Je ne peux pas en dire beaucoup plus à ce stade sur la décision qu'on va prendre, tout simplement parce qu'elle n'est pas encore prise. On étudie les arguments qui sont exposés, même si sur le fond on les conteste. Il faut qu'on s'assure qu'effectivement, juridiquement, la forme retenue est correcte.
Mais quand on dit que le fait de suivre des expérimentations avec Microsoft induit ou peut induire un choix de Microsoft par l'académie, ce n'est pas vrai puisque les expérimentations vont se faire à des endroits où ça a déjà été choisi. On va dans des collèges où il y a déjà du Microsoft, et on va regarder et suivre au niveau du ministère ce qui est fait par la collectivité avec tel ou tel acteur.
Que répondez-vous à ceux qui parlent de « partenariat indigne », de « collusion d’intérêts » ?
Il n'y a pas de collusion d'intérêts ! On est amenés à travailler avec tout un tas d'industriels, et on travaillera avec tous ceux qui ont envie de travailler au profit de l'éducation des enfants. On n'a pas du tout de parti pris pour l'un ou pour l'autre. On travaille volontiers avec des grands acteurs comme avec de plus petits acteurs. Non, il n'y a pas de collusion d'intérêts, notre porte est ouverte. D'ailleurs, on est souvent en contact avec tout ou partie des sociétés ou associations qui ont fait le recours.
Après, j’entends les préoccupations de neutralité, bien sûr. Peut-être qu'on a pêché par manque d'explications. Pour renforcer la transparence sur ces sujets-là, nous sommes en train de mettre en place un dispositif pour que l'ensemble des industriels qui ont envie de travailler avec nous sachent à quoi s'en tenir. Il y aura donc une sorte de charte d'engagement des industriels. Évidemment, cette charte devra s'appliquer à Microsoft comme à tous les autres, autour des sujets qui sont soulevés : protection des données des élèves, neutralité, etc.
N’y a-t-il pas un danger pour les enfants ? Tout le monde sait que quelqu’un qui prend l’habitude d’utiliser certaines solutions va avoir tendance à y être dépendante par la suite...
Si, bien sûr... On n'est absolument pas dupes de cet aspect-là. C'est pour ça que l'appel à projets ne fait référence à aucun système d'exploitation par exemple. Quand on regarde ce qui a été fourni pour les collèges préfigurateurs, on voit d’ailleurs que les systèmes Microsoft ne sont pas dominants [par rapport à Android et Apple, ndlr].
Naturellement, on est attentifs à ce que l'ensemble de l'environnement ne soit pas verrouillé. C'est pour ça qu'on va mettre en place la charte dont je vous ai parlé. Mais il y a aussi tout le travail autour de la gestion des données importantes des élèves. Nous n’avons pas l'intention de confier l’identité numérique des élèves à un tiers (que ce soit Microsoft, X ou Y). Ce sont des sujets contrôlés par les informaticiens internes de ma direction et avec lesquels les fournisseurs de services devront s'articuler.
On a bien sûr besoin de briques technologiques, mais derrière, c'est nous qui maîtrisons la question de l'identité. Microsoft est un fournisseur, technologiquement bien connu – mais un fournisseur comme un autre.
Quelles suites ont été données à l'appel en faveur de l’utilisation de formats ouverts au sein de l’Éducation nationale ?
Le sujet est pour moi un peu décalé par rapport à la réalité de nos préoccupations. J'ai envie de dire que c'est un peu un combat d'arrière-garde, parce que l'interopérabilité entre les formats est quasiment de fait. Bien sûr, il faut continuer à progresser. On essaie d'être attentifs, dans nos publications, à mettre plutôt du PDF pour des documents figés, des fichiers CSV quand on fait de l'Open Data, etc. Mais ça va être de moins en moins le sujet : aujourd'hui, qu'on prenne un « .doc » ou un « .odf », les deux peuvent s'ouvrir sans difficulté avec des logiciels gratuits. Après, il peut rester marginalement quelques pratiques problématiques...
Nous, notre préoccupation, c'est beaucoup plus la liberté de travailler par rapport aux ressources numériques, la maîtrise des données des élèves, de leur identité numérique, la portabilité d'un fournisseur de services à un autre. C'est-à-dire que demain, un élève qui aura l'habitude de travailler avec un fournisseur de services numériques à l'issue de son année de travail, comment fera-t-il pour les retrouver ultérieurement ?
#EcoleNumerique Et si on arrêtait avec le "vilain google" ou le "méchant apple", pour se concentrer sur des services numériques originaux ?
— Mathieu Jeandron (@JeandronMathieu) 7 mai 2015
Ce qui est important, c’est que les choix de mise à disposition ne soient pas discriminants ou n'obligent pas les élèves à acquérir tel ou tel matériel par rapport à tel ou tel autre. Mon sujet, ce sont les applications mobiles : je ne voudrais pas qu'il y ait un fournisseur qui dise qu'il ne fournit que sur l'App Store par exemple. Ça, ce serait un vrai problème...
Nous nous sommes de ce fait assurés dans notre appel d'offres relatif aux ressources numériques que tout soit disponible sur l'ensemble des systèmes et que le choix des élèves, des parents ou des collectivités, ne soit donc pas contrarié par un problème de format d'appli.
Quand vous voyez que les parlementaires hésitent à imposer la priorité aux formats ouverts et aux logiciels libres au sein de l'administration, qu'est-ce que ça vous inspire ?
Je me réfère à la circulaire Ayrault de septembre 2012, qui explicite tout un tas de domaines dans lesquels le logiciel libre est une bonne solution et a vocation à être privilégié – ou en tout cas où le sujet doit être interrogé de façon systématique à chaque fois que ces cas-là se présentent.
Après, à nouveau, aujourd'hui, on est dans une situation qui est un peu particulière : il y a un certain nombre d'environnements qui ont été fabriqués et qui sont basés sur des logiciels libres, et qui pourtant sont extrêmement contraignants et posent potentiellement des questions en matière de privacy, de protection des données, etc.
Pour moi, on achète de moins en moins du logiciel pour prendre de plus en plus de services en ligne. Donc l’interrogation se décale progressivement : il y a toujours la question du logiciel, mais à un moment il faut se dire que ce n'est pas le logiciel qu'on veut, c'est le service ! Le logiciel aura beau être open source, si le service derrière est opéré avec des conditions d'utilisation ou d'exploitation des données qui ne sont pas les bonnes...
Pour caricaturer, on pourrait se demander qui de Microsoft One Drive et Google Drive a le plus de composants libres ? J'ai envie de dire qu’on s'en fout... Ce n'est pas le sujet ! Le sujet c'est : est-ce qu'il est opportun, est-ce qu'on a la maîtrise des données, est-ce qu'on a la portabilité des données si l'on va chez l'un ou chez l'autre ? Est-ce qu'il n'y a pas une alternative française, hébergée en France par rapport à ça ?
Tout ça n’empêche pas le ministère de l'Éducation nationale de rester très investi dans le logiciel libre. On est, au niveau interministériel, un des ministères qui participent le plus aux travaux de la DINSIC sur le sujet. En matière de ressources numériques, on a besoin de logiciels destinés à être mis à la disposition des élèves (par exemple des logiciels de mathématiques, pour des tracés, des représentations graphiques...).
Et là, c'est vrai que le modèle « logiciel libre » est vraiment pertinent parce que ça nous évite d'avoir à gérer des licences, des droits d'usage... On est évidemment intéressés par le modèle open source, mais avec ce regard de se dire au fond que le sujet n'est pas forcément toujours autour de ça...
Merci Mathieu Jeandron.
[Interview] Formats ouverts au sein de l’Éducation nationale : un « combat d’arrière-garde »
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Le ministère de l’Education va-t-il accéder à la demande gracieuse de ces associations qui contestent votre « partenariat » avec Microsoft ?
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Que répondez-vous à ceux qui parlent de « partenariat indigne », de « collusion d’intérêts » ?
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N’y a-t-il pas un danger pour les enfants ? Tout le monde sait que quelqu’un qui prend l’habitude d’utiliser certaines solutions va avoir tendance à y être dépendante par la suite...
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Quelles suites ont été données à l'appel en faveur de l’utilisation de formats ouverts au sein de l’Éducation nationale ?
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Quand vous voyez que les parlementaires hésitent à imposer la priorité aux formats ouverts et aux logiciels libres au sein de l'administration, qu'est-ce que ça vous inspire ?
Commentaires (36)
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Abonnez-vousLe 08/03/2016 à 10h45
Justement, dans le sujet en question (le cloud), le logiciel libre est à mon avis un enjeux, puisqu’il propose des solutions pertinentes, comme Owncloud par exemple.
En l’occurence, dans les questions que se pose le type, il y a très nettement un a priori, qui exclut tout un pan de l’informatique : la solution est forcément sous-traité, forcément un grand groupe. Dans ces conditions effectivement la question du logiciel qui est derrière est un peu annexe. Mais les logiciels libres obligent à réfléchir à deux autres axes, fondamentaux :
– développement interne, comme c’est fait dans les universités par ex. Et là, le logiciel libre est intéressant, puisqu’il permet d’avoir des solutions performantes bien maîtrisés, et à coût intéressant.
– l’apport à la société : Si nos impôts servent à financer du logiciels libres, alors il y a un apport indirect pour toute la société. Imaginons que le ministère se lance dans un truc interne, basé sur Owncloud. Les développements qu’il va y apporter peut profiter à tous.
Il me semble que ces deux points sont fondamentaux d’un point de vue sociétal, et son intimement lié au logiciel libre, or ce type zappe dès le départ cette réflexion.
Le 08/03/2016 à 15h38
Le 08/03/2016 à 16h07
Le 08/03/2016 à 16h09
Ah, bien vu pour les exemples de libre fermé " />, j’avoue que je n’avais pas pensé à la freebox et Ubuntu.
Encore que la freebox on pourrait arguer qu’il n’y a pas l’aspect “appropriation de données utilisateur”.
Ubuntu effectivement est un bon exemple de dérive. " />
Sur le point de Microsoft, c’est probablement juste un gros préjugé, mais tant que mes données ne sont pas dans un format complètement standard, ouvert et interopérable (pas juste théoriquement : je parle d’un format pour lequel moi utilisateur lambda je peux trouver en max 1h un outil gratuit ou pas trop cher permettant de convertir / extraire mes données vers un autre format standard) je ne considère pas “avoir le contrôle de mes données”.
Plus le fait que j’ai toujours en travers de la gorge le lobby infâme de MS pour faire “standardiser” son format à l’arrache, j’admets.
Sur le point de “il n’y a pas de société crédible”, j’ai envie de dire, laisse moi 6 mois et on en reparle ! " />
Plus sérieusement, tu ne le vois peut-être pas car jamais eu l’occasion de te pencher sur la question, mais contrairement à ce que tu crois il existe des sociétés, en France, qui se sont spécialisées dans ce type d’accompagnement (je parle pas de Red Hat and co mais bien boîtes pur France). Sans parler des grosses boîtes d’intégration logicielle qui, par la force des choses, ont également développé des équipes dédiées à ce type de conseil en solutions libres.
Je m’abstiendrai cependant de toute pub directe pour l’une ou l’autre de ces boîtes pour plein de raisons. " />
Le 08/03/2016 à 21h30
Le 08/03/2016 à 22h02
Ouais.
Moi, j’aimerais bien que mon Linux ne soit pas vu comme une offense au STSI (Service des Techniques et Systèmes d’Information), et que télécharger Libreoffice cesse d’être considéré par le même STSI comme un acte illégal (si, si : le téléchargement de l’installeur de LO est systématiquement bloqué sur le dernier paquet quand on est connecté à Renater sur une machine de l’administration centrale…).
Il y a donc deux discours : celui, bien lisse, que vous pouvez lire dans l’interview, et la réalité par derrière qui est farouchement opposée à l’usage de tout logiciel susceptible de menacer le monopole de la société irlandaise qui fournit 99,99% des systèmes d’exploitation…
Le 09/03/2016 à 08h29
Au fait, (presque) personne ne s’interroge sur le financement direct de certaines opérations comme le Café Pédagogique et le Forum des enseignants innovants par Microsoft. Histoire de bien fidéliser le public enseignant pour s’assurer qu’il n’ira pas brouter ailleurs …
Le 09/03/2016 à 14h56
Le 09/03/2016 à 16h43
À nouveau, je me refuse à dévoiler toute information (en tout cas en espace public), mais détrompe-toi, il y a un engouement de pas mal d’administrations pour des solutions libres, et un écosystème de prestataires qui monte en puissance derrière.
Simplement le côté B2B fait que tous ces projets sont assez peu visibles, donc on a l’impression que le marché est inexistant aussi bien dans le public que dans le privé. Mais il est bel et bien là. :)
Le 07/03/2016 à 17h21
N’y a-t-il pas un danger pour les enfants ? Tout le monde sait que quelqu’un qui prend l’habitude d’utiliser certaines solutions va avoir tendance à y être dépendante par la suite…
Les enfants sont justement ceux qui sont le plus apte a passer d’un écosystème a un autre (Windows, Mac OS, Android, iOS etc). Cette question est très mal posée.
Le 07/03/2016 à 17h25
Argh NXI a perdu mon commentaire…
Bon, tant pis, la flemme de tout retaper… " />
On va résumer ça en une phrase : “exercice de com plus ou moins réussi mais l’interviewé semble esquiver, consciemment ou non, les enjeux fondamentaux du choix du libre”.
Le 07/03/2016 à 17h32
En tout cas, fait plaisir de voir que certains ne continuent plus de confondre dans les ministères, “logiciel libre” et “open source”.
Le 07/03/2016 à 17h33
Ce type a-t-il une quelconque compétence dans le domaine ? Au vu de l’interview j’aurais tendance à dire non, mais bon sait-on jamais… Il confond un paquet de choses et les mélanges allégrement dans un gloubi-boulga de langue de bois et de vide argumentatif différents concepts pour en atténuer la portée…
Le 07/03/2016 à 17h34
Les grands patrons du net sont fortement opposés au numérique dans les écoles de leurs enfants.
On va sans arrêt apprendre des choses obsolètes aux enfants , il y a des connaissances plus fondamentales qu’apprendre “le numérique”..
Le 07/03/2016 à 17h36
On est en train d’examiner ce recours. Je ne peux pas en dire beaucoup
plus à ce stade sur la décision qu’on va prendre, tout simplement parce
qu’elle n’est pas encore prise. On étudie les arguments qui sont
exposés, même si sur le fond on les conteste.
Dans ce cas pourquoi traîner à prendre une décision ? S’ils contestent les arguments du collectif EduNathon, il faut aller au contencieux, je ne vois pas d’autre solution, ils ne vont pas leur donner raison et refaire un apel d’offres sous d’autres conditions.
Le 07/03/2016 à 17h39
Je ne me rends peut-être pas bien compte des cas d’utilisation auxquels il fait référence, mais certaines phrases m’inquiètent un peu :
“Ce qui est important, c’est que les choix de mise à disposition ne
soient pas discriminants ou n’obligent pas les élèves à acquérir tel ou
tel matériel par rapport à tel ou tel autre. Mon sujet, ce sont les
applications mobiles : je ne voudrais pas qu’il y ait un fournisseur qui
dise qu’il ne fournit que sur l’App Store par exemple. Ça, ce serait un
vrai problème…”
pour moi le vrai problème c’est de demander aux élèves d’acquérir du matériel, et encore plus des smartphones ou des tablettes !
“Pour caricaturer, on pourrait se demander qui de Microsoft One Drive et
Google Drive a le plus de composants libres ? J’ai envie de dire qu’on
s’en fout…”
Effectivement, si on parle de service le problème c’est le fournisseur, mais on ne peut pas envisager que le fournisseur ce soit l’éducation nationale ?? Ça m’enchante vraiment moyen de filer n’importe quelle donnée correspondant à un gamin à un fournisseur de service, qu’il s’agisse de Microsoft, Google ou même d’une TPE de 3 glandus qui proposent des serveurs dans le Larzac alimentés à l’énergie éolienne. L’école n’a pas à vendre (voire à donner) un accès aux données des élèves à qui que ce soit. Les universités arrivent, avec plus ou moins de succès mais dans l’ensemble ça fonctionne, à fournir pas mal de services auto-hébergés : du mail, des agendas, de l’espace de stockage, des espaces de travail… Alors on est certes sur une autre échelle en termes d’effectifs, mais aussi de moyens, ça devrait pouvoir fonctionner au niveau de l’éducation nationale.
Alors vu comme ça, oui, savoir si l’EN montre aux élèves des logiciels commerciaux pour les conditionner à les utiliser plus tard c’est totalement secondaire quand on peut envisager que tous les documents qu’elle peut leur faire créer seront peut-être lisible par une entreprise qui n’a rien à voir avec l’État responsable de leur éducation.
Le 07/03/2016 à 18h08
Laissez tomber ! C’est mort les formats ouverts et les logiciels libres… " />
Avec les remises tarifaires sur leurs licences Office, les abonnements Campus-multi-établissements à presque “gratuit”, Office 365 et cie, ils ont presque gagné la partie par chez nous :
y’a grosse tempête en haut lieu pour passer toute notre infra en Office 365… " />
" /> :gandalf:
Le 07/03/2016 à 18h22
C’est sûr que quand t’enfuis dos à la bataille, tous les combats sont d’arrière garde.
N’y a-t-il pas un danger pour les enfants ? Tout le monde sait que quelqu’un qui prend l’habitude d’utiliser certaines solutions va avoir tendance à y être dépendante par la suite…
Si, bien sûr… On n’est absolument pas dupes de cet aspect-là. C’est pour ça que l’appel à projets ne fait référence à aucun système d’exploitation par exemple. Quand on regarde ce qui a été fourni pour les collèges préfigurateurs, on voit d’ailleurs que les systèmes Microsoft ne sont pas dominants [par rapport à Android et Apple, ndlr]. Naturellement, on est attentifs à ce que l’ensemble de l’environnement ne soit pas verrouillé.
Putain de comique. Parce que l’Android de Google (qui n’est pas l’AOSP) et iOS/Mac OS par Apple, c’est pas aussi fermé que Windows par Microsoft?
Le 07/03/2016 à 19h37
Non, ça l’est encore plus " />
Le 07/03/2016 à 20h20
Faut voir les conditions,et dans le temps. Ils auront la gueule de bois quand, bien captifs, Microsoft décidera d’augmenter les tarifs et que… leurs fichiers seront dehors.
Le 07/03/2016 à 20h27
“Aujourd’hui, qu’on prenne un « .doc » ou un « .odf », les deux peuvent s’ouvrir sans difficulté avec des logiciels gratuits.”
Libre, pas gratuit. Imposteur !
Le 07/03/2016 à 20h28
Semble pas trop !
Exemples odf est différent de doc et les formats odf, recommandés par la DISIC, ne sont pas forcément ouverts par toutes les suites bureautique mêmes actuelles (par exemple MSOffice pour Mac, sauf erreur) et le format doc est mort depuis près de deux ans maintenant.
On ne va parler du reste, de Microsoft qui, gentiment, ajuste sûrement ses couteaux pour bien ferrer le gros poisson une fois pris et le faire payer.
Le 07/03/2016 à 20h31
Ah oui c’est super le cloud. L’autre fois j’ai vu un prof qui a été obligé de saisir des notes sur un service cloud de google. Quand le gars a souligner à sa hiérarchie que c’était des renseignements privés qu’on offrait sur un plateau au géant américain, la réponse à été - je cite de mémoire - que “les notes des élèves ne sont pas des secrets d’état” !
En clair : les élèves sont des “produits”. Rien à foutre de la confidentialité de leurs données ! Jolie mentalité qui semble tout à fait rejoindre celle de ce monsieur, lequel ne recherche que le “service” et la facilité à tout prix, et tant pis pour les impératifs de sécurité et de souveraineté. Demain la photo de nos gosses, et leurs dossiers scolaire et médical complets sur le net - ce ne sont pas des secrets d’état non plus !
De toute évidence, il ignore également que le PDF n’est plus un format ouvert - adobe s’amusant rajouter des fonctionnalités non documentées.
On va pas perdre de temps avec les charlots : ce type n’est pas le patron, mais bien un sous-fifre défendant de toute évidence sa carrière et sa retraite. Les décisions sont au sommet de la pyramide, et j’ai beau recompté les scores des gouvernements successifs, de droite comme de gauche, 0 + 0, ça fait toujours 0.
Les anglais ont passé leur administration sous LibreOffice. En France, on continue de nous soutenir que cela est impossible. Notre pays continue de briller par son manque total de courage, pour ne pas dire sa lâcheté et sa collaboration passive à des intérêts étrangers. Et ce n’est pas les révélations fracassantes de M. Asselineau qui prouveront le contraire.
Le 07/03/2016 à 20h37
Le 07/03/2016 à 21h05
Je vois bien un prof en milieu d’après-midi dire « Ouvrez le fichier Histoire102» Et certains élèves (voire une majorité) répondre « On peut pas! On n’a plus de batterie M’sieur! » " /> Toutça parce que les élèves vont jouer avec leur engin toute la journée.
Le 07/03/2016 à 21h26
Le 07/03/2016 à 21h27
Le 07/03/2016 à 21h56
Et c’est quand même - heureusement - de plus en plus le cas (voir même TBI pour les mieux dotés).
Le 07/03/2016 à 22h40
Le 08/03/2016 à 05h13
Quand on est un secrétariat de direction à qui on demande de travailler sur des statistiques académiques pour hier, que le fichier est en OOXML et qu’on a que LibreOffice pour faire les modifications, on est en plein dans les problèmes d’interopérabilité.
Avec la pression de la direction et celle du ministère pour renvoyer vite et dans le même format.
Parler des problèmes d’interopérabilité comme d’un combat d’arrière garde est méprisant pour les gens qui les rencontrent au quotidien.
Renoncer sans combattre est lâche.
Nier l’existence du combat l’est plus encore.
Je suis fort triste de voire de tels problèmes de gouvernance en filigrane.
Le 08/03/2016 à 07h28
Je ne sais pas où tu achètes tes cartables en plaqué or, mais d’une lorsque l’on apprend à son gosse à prendre soin des choses, un cartable ne se change pas tous les ans et de deux, ce n’est pas 200 euros mais moitié moins. Maintenant, c’est sur que si tu veux spiderman dessus…
Et l’école est là pour t’apprendre les bases, lecture, écriture et calcul, plus de la culture général, histoire, géographie et sciences.
Le reste, c’est du piniolage de député dans un bureau. Les mecs qui ont créé toutes les techno d’aujourd’hui, web, mail, etc. n’avaient jamais touché un PC de leur enfance. C’est donc que ce n’est pas une nécessité pour devenir une brutasse en informatique.
Quant aux problème des livres, il suffirait de les laisser en classe et problème réglé.
Le 08/03/2016 à 08h46
J’ai l’impression de ne pas avoir lu la même interview que toi (et que certains autres commentateurs, ici).
L’interviewé met justement l’accent sur le fait qu’aujourd’hui, le critère « logiciel libre » n’est plus tellement un critère discriminant. Un android contient beaucoup de logiciels libres, mais est une plateforme fermée et absolument pas respectueuse de la vie privée.
Quand je lis des phrases comme « Ce qui est important, c’est que les choix de mise à disposition ne soient pas discriminants ou n’obligent pas les élèves à acquérir tel ou tel matériel par rapport à tel ou tel autre. Mon sujet, ce sont les applications mobiles : je ne voudrais pas qu’il y ait un fournisseur qui dise qu’il ne fournit que sur l’App Store par exemple. Ça, ce serait un vrai problème… », je me dis que oui, il a compris quel est l’enjeu réel aujourd’hui.
Alors bien sûr, on peut aussi faire de l’auto-hébergé avec des LLs, et tout faire en interne. On peut aussi faire son propre datacenter, le cloud souverain, parce qu’ovh c’est pas libre çaymal. Mais tout ça a un coût, un risque (le cloud souverain, un grand succès), bref ça s’étudie.
Ça ne change rien au fait que l’accord avec Microsoft a été conclu trop vite dans des conditions douteuses. Mais tout n’est pas blanc ou noir.
Le 08/03/2016 à 08h57
Libre ne veut pas dire gratuit. Et gratuit ne veut pas dire libre.
Là il a dit gratuit. Qui te dit qu’il parlait des logiciels libres ?
Le 08/03/2016 à 09h23
Juste pour info, dans l’éducation supérieurs et la recherche, pratiquement toutes les universités, écoles et labo de recherche réfléchissent au sujet du cloud. De nombreuses universités ou école ont ou mettent en place Owncloud en interne par exemple.
Donc quand le gus cite Microsoft OneDrive ou Google Drive, sans même penser qu’il existe autre chose, et juste après dire que le logiciel libre c’est mort, qu’il faut faire gaffe aux données, c’est purement politique :
Ce type préfère simplement donner plein d’argent et de données aux multinationales américaines, basées fiscalement en Irlande, plutôt que de d’embaucher des services internes, sans évasion fiscale.
Au final qui coûte cher à la société ? Où sont les enjeux ? Il me semble que justement le logiciel libre est bien au cœur de ce sujet.
Le 08/03/2016 à 09h47
Je reprends sa phrase, complète :
Pour caricaturer, on pourrait se demander qui de Microsoft One Drive et Google Drive a le plus de composants libres ? J’ai envie de dire qu’on s’en fout… Ce n’est pas le sujet ! Le sujet c’est : est-ce qu’il est opportun, est-ce qu’on a la maîtrise des données, est-ce qu’on a la portabilité des données si l’on va chez l’un ou chez l’autre ? Est-ce qu’il n’y a pas une alternative française, hébergée en France par rapport à ça ?
J’ai franchement l’impression que certains ici ont une lecture très déformée par leurs aprioris.
Le logiciel libre est un moyen de répondre aux enjeux — qui sont, coût (court et long terme), souveraineté, contrôle des données. En faire un enjeu en soi n’est pas forcément très pertinent, d’autant que logiciel libre n’implique pas nécessairement service ouvert et respectueux de l’utilisateur.
Le 08/03/2016 à 10h17
Ouais, m’enfin…
Il y a suffisamment de solutions existantes sous licence libre pour en trouver une qui soit également au carré sur les valeurs portées par le libre, à savoir format de données standard et ouvert.
D’ailleurs si tu as des exemples de logiciels LIBRES (pas OPEN SOURCE) qui soient fermés et irrespectueux de l’utilisateur, je veux bien des exemples pour ma culture générale.
À côté de ça, Microsoft et Google, la question ne se pose même pas : que ce soit en termes de code fonctionnel, de format de données ou de droit applicable, on est bien sûr qu’on ne maîtrise rien : licence propriétaire et boîte américaine. " />
Puisque tu cites OVH dans un post précédent, sache que pour ma part ce serait précisément une piste intéressante à suivre (de lui confier au moins la partie hébergement) : boîte française (donc à qui le gouvernement peut plus facilement imposer des conditions drastiques sur la fourniture du service) dont la compétence est éprouvée mondialement (donc qui a les épaules nécessaires pour devenir un partenaire essentiel).