Le régulateur américain des télécoms, la FCC, a parlé : le bridage de débit que pratique Netflix sur certains réseaux mobiles n'est pas une question de neutralité. Des opérateurs avaient saisi la commission sur le sujet, estimant que cette décision du service les desservait et était un obstacle à l'ouverture du réseau.
La FCC, la commission américaine en charge des télécoms, n'enquêtera pas sur les pratiques de Netflix sur mobile, a-t-elle annoncé jeudi 31 mars. La semaine dernière, le service de vidéo à la demande avait admis limiter volontairement le débit de ses vidéos à 600 Kb/s sur certains réseaux mobiles, partout dans le monde. L'objectif officiel : limiter la consommation de données mobiles de ses utilisateurs, pour leur propre bien. Une option permettant de la désactiver est promise pour mai.
Le texte sur la neutralité ne s'applique pas à Netflix
Contactée, l'entreprise confirme pratiquer cette limitation en France, même si elle ne dit pas sur quels réseaux. De son côté, Bouygues Telecom nous affirme ne pas être concerné par ce bridage, quand ses principaux concurrents n'ont pas encore souhaité réponde à nos questions ce sujet
Cette décision unilatérale et cachée n'avait pas plu aux opérateurs américains, dont certains avaient été directement accusés par les utilisateurs de brider Netflix sur leurs réseaux mobiles. Pour eux, la FCC devait enquêter sur le comportement de Netflix, qui violerait la neutralité du Net. Cela alors que Netflix est l'un des principaux promoteurs de ce principe, qu'il utilise comme arme de communication face aux géants des télécoms.
Pour la FCC, le comportement de Netflix est donc hors du champ de « l'Internet ouvert », l'entreprise n'étant pas un opérateur télécom. Son président, Tom Wheeler, s'est même refusé à donner son avis sur l'action du service de vidéo à la demande. L'association de consommateurs Consumer Action est, elle, bien plus directe : l'action de Netflix trompe les utilisateurs, en leur cachant un choix qui n'est pas obligatoirement à leur avantage.
La neutralité du Net, toujours à géométrie variable
Pour les opérateurs américains, cette limitation volontaire de Netflix viole la neutralité du Net. L'association américaine du câble avait donc demandé une enquête à la FCC, en vertu du texte sur l'Internet ouvert adopté l'an dernier. Un texte que ces mêmes opérateurs comptent attaquer en justice et dont ils contestent chaque mesure, notamment sur la vie privée.
Dans les deux cas, l'argument des groupes télécoms est qu'ils sont un simple maillon de la « chaine » Internet, au même titre que les fournisseurs de service. En clair, ils ne doivent pas subir de régulation différente de celle des services. Une vision régulièrement battue en brèche par la FCC, qui estime au contraire que les opérateurs ont une position unique dans le réseau et doivent être régulés de près.
Reste tout de même qu'on se trouve dans une situation où les services, dont Netflix, sont « hors juridiction », ce qui peut être perçu comme un trou dans la raquette de la régulation. En France, l'ARCEP se penche sérieusement sur le traitement des plateformes, même si elles sont aujourd'hui hors de son champ de sanction. Tout juste le gendarme peut-il intervenir pour des règlements de différends avec des opérateurs.
Que ce soit par Netflix ou par les opérateurs, la neutralité du Net a surtout la définition qui arrange celui qui en parle. Netflix le voit comme un moyen d'inciter les opérateurs à lui fournir des conditions avantageuses pour recevoir ses massifs flux de données... Quand les opérateurs tentent de s'en servir comme arme pour dénoncer les choix non-concertés des services.
Commentaires (18)
#1
l’arroseur arrosé " />
#2
Pourtant la solution me semble simple : un petit popup de Netflix a la première detection d’un accès mobile, “Voulez vous régler le debit blablablabla reseau mobile blablabla quota data blablabla” et une interface de gestion de ce paramètre.
#3
#4
Dans le monde économique du numérique, la Neutralité du Net correspond surtout à celle des autres. C’est un peu comme l’échec de Bouygues dans son rachat d’une partie d’Orange : c’est un partenaire dans l’affaire qui lui a savonné la planche, l’échec n’est pas dû à sa propre exigence insatisfaite par l’Etat.
#5
C’est pourtant simple :
Si c’est Netflix qui limite le débit sur tel ou tel réseau, ce n’est pas un souci de neutralité du net, c’est juste un problème vis à vis de leur client.
Si c’est le réseau qui bride netflix, dans ce cas oui, souci de neutralité …
#6
#7
#8
#9
Les opérateurs sont surtout déçus de ne pas avoir l’opportunité de taper davantage dans le portefeuille du client via un dépassement du quota.
Il est plus prudent pour NetFlix de mettre en basse qualité par défaut.
J’imagine bien que sinon ils seraient pris un procès pour causé des surfacturation d’abonnement téléphonique, surtout aux USA où ils sont bien prompts à dégainer des class actions.
#10
#11
De même, je n’ai jamais vu une icône permettant de choisir la qualité de la vidéo…
#12
#13
#14
Voici une bonne vidéo qui parle des moyens de changer les options.
 http://www.digitaltrends.com/home-theater/getting-hd-netflix/
La qualité dépend de beaucoup de param et la politique de Netflix est d’être le plus simple possible pour les utilisateurs. Ils peuvent surement faire simple et transparent.
#15
Pourtant, sur mobile (Zenfone2, à jour), quand je suis sur la 4G, j’ai bien une icône en haut à droite.
En cliquant dessus, j’ai une fenêtre “Economiseur de données mobiles” qui me permet de limiter la qualité de la vidéo.
Bon, ça ne part pas dans le technique (on ne peut pas choisir la résolution exacte), mais ça permet de limiter la consommation de la bande passante.
Impossible de faire une capture d’écran, Netflix bloque la fonctionnalité. :/
#16
#17
#18
Oui, un problème de neutralité vis à vis des clients, mais pas de neutralité du net ;)
Si un e-commerçant ne remettait volontairement au transporteur ses colis avec une semaine de retard selon le transporteur, c’est bien un souci du commerçant, pas du transporteur … Les clients se feraient livrer avec une semaine de retard mais le transport en lui même n’est pas impliqué là dedans …
Ce ne serait pas la même chose si le transporteur mettait volontairement de côté les paquets du commerçant de côté pendant une semaine …