La guerre fait rage entre Conforama et la Fnac pour reprendre Darty. Conforama a relevé son offre mercredi soir, suivi par la Fnac jeudi matin, avant que les deux groupes ne fassent encore monter les enchères jusqu'à 1,09 milliard d'euros. Rien n'est pourtant joué et les syndicats ont décidé de donner leur avis.

Ce n'est plus un secret depuis plusieurs semaines : la Fnac et Conforama ont déposé des offres afin de racheter Darty. Le début officiel de cette histoire remonte au mois de septembre lorsque la Fnac faisait part de son intention de croquer son concurrent. Après des négociations sur les conditions, un accord de principe était finalement trouvé en novembre. Mais la situation en était restée là jusqu'au mois de mars lorsqu'un nouveau joueur est entré dans la danse : Conforama (groupe Steinhoff).

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Darty qui avait initialement l'intention de recommander l'offre de la Fnac changeait alors son fusil d'épaule pour finalement préférer celle de Conforama à 125 pennies par action (soit une valorisation d'environ 865 millions d'euros) « en l'absence d'une offre plus élevée »... ce qui laissait donc la porte ouverte à une surenchère de la part de la Fnac.

Après quelques semaines relativement calmes, la situation s'est emballée en fin de semaine dernière avec un enchainement d'offres et de contre-offres de la part de la Fnac et de Conforama :

• 20 avril : offre de Conforama à 138 pennies par action 
• 21 avril : offre de la Fnac à 145 pennies par action 
• 21avril : offre de Conforama à 150 pennies par action 
• 21 avril : offre de la Fnac à 153 pennies par action
• 21 avril : offre de Conforama à 160 pennies par action

La dernière proposition de Conforama valorise ainsi Darty à près de 1,09 milliard d'euros, contre 865 millions au mois de mars. De son côté, la Fnac a décidé de ne pas (encore ?) surenchérir et annonce qu'elle prend note de la troisième surenchère de Conforama. Elle ajoute qu'elle « étudie actuellement sa position et recommande vivement aux actionnaires de Darty de ne prendre aucune décision concernant leurs actions », mais sans donner plus de détails pour le moment.

Actuellement, il semble donc bien difficile de savoir qui remportera la mise auprès des actionnaires de Darty, d'autant que les deux groupes proposent maintenant du cash pour racheter Darty. Dans tous les cas, cela a eu un effet bénéfique sur le cours de l'action de Darty qui a également grimpé de plus de 15 % en fin de semaine dernière.

Les syndicats « rejettent clairement le rapprochement souhaité par la Fnac »

La préférence pourrait se jouer ailleurs, notamment du côté des syndicats qui ont un avis bien tranché sur la question. Au-delà de la question de la valorisation, six organisations syndicales (CAT, CFE-CGC, CGT, CFGT, CFTC et FO) ont publié une lettre commune où elles mettent en avant deux points concernant l'offre de la Fnac. D'un côté, « le surendettement des deux enseignes Fnac – Darty [fait] porter un risque lourd sur la capacité de remboursement de la dette » et de l'autre, « les "synergies annoncées" devant conduire à une économie de 135 millions d'euros, ne pourront se faire sans une réduction dramatique de la masse salariale. Plus de 3000 salariés pourraient être impactés par la perte de leur emploi, et une quinzaine de magasins parisiens concernés par la décision de l’Autorité de la concurrence ».

Bref, « l’ensemble du personnel Darty, toutes catégories confondues, ainsi que l’ensemble des organisations syndicales qui les représentent rejettent clairement le rapprochement souhaité par la Fnac » annoncent en bloc les organisations syndicales, en ajoutant que cela ne « pourra aboutir qu’à un fiasco total sur l’emploi des 2 enseignes ». A contrario, l'offre de Conforama serait « plus en phase avec les attentes du personnel » et permettrait « d'assurer l'avenir » de Darty.

Dans tous les cas, rien n'est joué pour le moment. Il faudra probablement attendre une éventuelle riposte de la Fnac pour en savoir plus sur les intentions des uns et des autres.