Numérique soutenable : l’Arcep détaille la consommation des box, décodeurs et répéteurs
C'est dans la boite
Pour la troisième année consécutive, l’Arcep publie les résultats de son enquête annuelle « Pour un numérique soutenable ». Cette année – qui présente les résultats de 2022 – ouvre notamment ses portes aux box et décodeurs TV, que nous traitons dans cette première partie. Dans la seconde, nous parlerons des téléphones mobiles et des centres de données.
Le 28 mars à 16h22
9 min
Hardware
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Le rapport est vite devenu un rendez-vous incontournable pour faire le point sur la consommation du numérique. C’est d’autant plus vrai que chaque nouvelle édition intègre de nouvelles mesures et permet d’avoir une vue de synthèse plus précise de ce qui est consommé par le secteur des télécommunications.
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La troisième édition était attendu de pied ferme, car le rapport inclut pour la première fois des informations sur la consommation d’équipements grand public comme les fameuses box internet, ainsi que les répéteurs Wi-Fi et les décodeurs TV.
Avant de plonger dans le détail de l’enquête, rappelons que son périmètre s’étend pour l’instant aux émissions directes (scope 1) et indirectes (scope 2). Dans le premier cas, on parle d’émissions générées directement par les entreprises pour leur activité : carburant pour les véhicules, gaz pour le chauffage, fioul, etc. Dans le second, il s’agit des émissions entrainées par leur consommation d’électricité.
Un scope 3 doit arriver plus tard. Complexe, il comptabilisera un autre type d’émissions indirectes : celles issues de sources n’appartenant pas ou non contrôlées par les entreprises. Par exemple, les émissions en lien avec les biens et services nécessaires à son activité, ou encore avec l’utilisation faite des produits et services qu’elle commercialise.
Pour ces deux scopes, les mesures ont été faites chez les quatre principaux opérateurs de communications, les opérateurs de centres de données dont le chiffre d’affaires est supérieur à 10 millions d’euros hors taxes. Ainsi que les fabricants de téléphones mobiles, téléviseurs, écrans d’ordinateurs, tablettes et ordinateurs portables, ayant en France un chiffre d’affaires annuel supérieur à 10 millions d’euros hors taxes.
Une consommation légèrement en hausse chez les opérateurs
Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires a récemment annoncé que les émissions de gaz à effet de serre avaient baissé de 2,7 % en France en 2022. Dans ce chiffre global, les émissions des principaux opérateurs télécoms ont augmenté de 2 %, de 373 000 à 382 000 tonnes équivalent CO₂.
Pour l’Arcep, ce constat est « normal » : après une grosse accalmie en 2020, les émissions sont à la hausse depuis, portées par les usages. La part des émissions indirectes a pris largement le pas sur les directes, pratiquement deux tiers pour un tiers (246 000 tonnes contre 137 000 tonnes). L’Agence indique que ces émissions proviennent des réseaux fixes et mobiles, des centres de données, flottes de véhicules, locaux commerciaux et bâtiments administratifs.
Ces chiffres ne sont pas surprenants. C’est ce que l’on peut attendre d’entreprises développant des efforts environnementaux sur ses habitudes, mais dont la consommation des produits et services augmente constamment.
La part du fixe continue de baisser
Autre contraste sans grande surprise : la consommation énergétique des réseaux mobiles augmente et celle des réseaux fixes baisse. Comme on peut le voir dans le graphique ci-dessus, la part de la collecte et des cœurs de réseau est pratiquement stable dans le temps.
Les boucles locales fixes voient leur part diminuer d’année en année, perdant 0,1 TWh à chaque fois. Pour l’Arcep, et comme on pouvait s’en douter, c’est le résultat direct de la transition du réseau cuivre à la fibre, cette dernière présentant une consommation divisée par quatre environ : moins de 10 kWh par abonnement en moyenne, contre 34 kWh pour le cuivre. En 2020, les chiffres étaient les mêmes ; la consommation de la fibre ne change donc pas avec le temps et la charge des réseaux.
Celle des boucles locales mobiles, en revanche, a augmenté significativement en 2022. À 2,6 TWh, c’est un bond de 0,3 TWh, là où 2021 affichait une augmentation de 0,1 TWh. Ce qui fait dire à l’Arcep que les réseaux mobiles ont consommé en 2022 3,5 fois plus que les réseaux fixes. Le nombre d’abonnés au mobile étant beaucoup plus important, cela ramène la consommation moyenne par abonnement mobile à 34 kWh, contre 22 kWh pour un abonnement fixe (moyenne fibre et cuivre).
Dans l’ensemble, la consommation énergétique des réseaux fixes et mobiles a atteint 4,1 TWh en 2022. La hausse annuelle est comprise entre 5 et 10 %, sauf en 2021 ou elle n’était que de 2 % à cause (ou grâce) au Covid.
La grande entrée des box
Avec la consommation des box et de certains autres équipements, on entre dans un tout nouveau pan de l’enquête. L’Arcep dit avoir collecté les mesures de 38 modèles de box, 23 décodeurs TV et 8 répéteurs Wi-Fi. La méthode de calcul de la consommation et de la puissance est la suivante :
Pour ces 69 équipements, la consommation a atteint 3,3 TWh en 2022. Un chiffre conséquent, que l’Arcep prend bien soin de mettre en exergue, puisqu’il représente plus du quadruple de la consommation des boucles locales fixes sur la même année.
Il existe cependant d’énormes disparités au sein de chaque catégorie. Pour les box par exemple fixes et mobiles (les box 4G/5G sont comptabilisées dans les abonnements fixes), l’Arcep évoque une fourchette allant de 3,6 à 25 W. De manière peut être contre-intuitive, les box qui demandent le moins d’énergie sont celles dévolues aux 4G et 5G fixes, avec des moyennes respectivement de 3,8 et 8,4 W.
Concernant les réseaux fixes, la moyenne s’établit à 8,5 W, aussi bien pour les modèles xDSL que les FttH avec terminaison fibre intégrée (ONT). Quand cette dernière est externe, la moyenne passe à 11,4 W. De manière très logique, les box demandant le plus de puissance sont celles intégrant un disque dur intégré : de 15,8 à 25 W, avec une moyenne de 19,4 W.
Rappel intéressant de l’Arcep : 95 % de cette puissance est invariable. Elle ne dépend donc pas de la quantité de données que l’on est en train de télécharger. Sur une moyenne de 9,9 W, le trafic ne représente que 0,2 W. La puissance de la box est de 7,6 W en moyenne quand elle n’est pas sollicitée, à laquelle s’ajoute le Wi-Fi pour 1,9 W. Les 0,2 W restants sont utilisés par la connexion des équipements.
L’Arcep note également une baisse dans l’utilisation des box reconditionnées et recyclées. Pour ces dernières, les pièces sont alors utilisées dans d’autres usages. En 2022, leur utilisation combinée a enregistré une chute de 13 %, alors que 2021 avait présenté un grand bond de 25 %. Selon le régulateur, cette évolution s'explique surtout par des actions des quatre opérateurs visant à remplacer de vieux modèles par des récents.
Du côté des décodeurs TV et des répéteurs Wi-Fi
La situation est encore plus contrastée pour les décodeurs TV, dont la puissance peut aller de 2,3 à 17,7 W. Ici aussi, elle est nettement plus importante sur les modèles embarquant un disque dur. En revanche, l’Arcep a pu établir des moyennes pour les décodeurs en fonction de leur génération. Les modèles sortis entre 2010 et 2015 sont à 8,7 W en moyenne, ceux sortis entre 2018 et 2019 à 5 W, et les plus récents 3,9 W. Il y a donc une progression nette des efforts dans ce domaine.
L’Agence ajoute cependant qu’un renouvellement systématique des vieux équipements par de plus récents serait contre-productif, leur fabrication ayant un impact important. C’est le vieux problème du curseur entre gains réalisés sur la consommation directe et les pertes sur la consommation indirecte : « Les gains liés à la meilleure performance énergétique d’un équipement neuf peuvent donc être inférieurs à ceux liés à l’allongement de la durée totale d’utilisation d’équipements moins performants ».
Ajoutons que ces mesures correspondent aux équipements en fonctionnement actif. Lors de la veille, les résultats sont autres et montrent une nouvelle fois les progrès réalisés dans ce domaine. Ainsi, un décodeur HD acheté entre 2006 et 2015 peut grimper jusqu’à 15,4 W en veille, avec une moyenne de 7,4 W. Sur modèle 4K récent (à partir de 2020), ce chiffre est de 4,2 W pour le modèle le plus gourmand, avec une moyenne de 2,5 W.
L’Arcep note que l’efficacité de la veille varie fortement d’un décodeur à un autre. Un mode de veille profonde est en outre souvent présent, mais nécessite une action, car non activée par défaut. Ce mode consomme beaucoup moins d’énergie que la veille classique, mais nécessite un démarrage plus long. En dépit des progrès réalisés, un appareil éteint aura toujours le bénéfice de ne rien consommer. Cependant, la veille permet d’accéder rapidement à son équipement et d’assurer notamment les mises à jour en période d’inutilisation.
En ce qui concerne les répéteurs Wi-Fi, la situation est plus vite résumée. Sur les huit modèles examinés, la moyenne s’établit à 4,7 W pour les modèles Wi-Fi 5 et 5,4 W pour les équipements Wi-Fi 6. Elle s’élève à 7,9 W pour les équipements les plus gourmands. Dans tous les cas, elle n’évolue que très peu en fonction de la demande. Par exemple, la lecture d’une vidéo en haute définition sur un terminal connecté n’a entrainé qu’une hausse de 0,3 W.
Numérique soutenable : l’Arcep détaille la consommation des box, décodeurs et répéteurs
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Une consommation légèrement en hausse chez les opérateurs
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La part du fixe continue de baisser
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La grande entrée des box
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Du côté des décodeurs TV et des répéteurs Wi-Fi
Commentaires (21)
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Abonnez-vousLe 28/03/2024 à 16h40
Le 28/03/2024 à 17h08
Le 29/03/2024 à 09h42
http://www.gersnumerique.fr/harmonisation-des-reseaux/architecture-et-terminologie-du-reseau.html
Le 28/03/2024 à 17h29
Après, 10W, c'est pas grand chose. Bien sûr, c'est H24 soit 240Wh/j, soit 87kWh / an. C'est aussi 6 min de chauffe de trop par jour d'un chauffe-eau, d'une plaque de cuisson, 12 min d'un radiateur ou d'une cafetière... C'est 1/3 de la conso d'un aquarium chauffé à 20°, c'est même pas 2h de jeu sur console (TV) par jour pour le foyer...
Bref, si on doit économiser sur la box, c'est qu'on est PARFAIT ailleurs.
Le 28/03/2024 à 18h06
Par contre je m'inscris en faux sur la fin de ton commentaire : quand on est au pied du mur on doit agir sur tous les tableaux.
Et justement comme ce travail a été fait il est dommage (incompréhensible) que les modèles et opérateurs ne soient pas clairement désignés afin de permettre à chacun de faire son choix éclairé et ainsi que ce type de rapport ait une vraie utilité.
Le 29/03/2024 à 07h28
Perso j'ai toujours éteint la partie TV (pour être clair, elle est dans le carton :) ), et j'ai parfois choisi de payer un peu plus pour avoir un modèle économique en veille (TV Sony : mode veille = 0,17W)
5W, c'est ce que consomme mon four micro-onde pour afficher l'heure, comme mon four ou ma cafetière -> j'ai plus intérêt à débrancher ceux-ci (ce que je fais)
Ceci dit, j'ai une mini 4k et je doute qu'elle soit dans les 5w par défaut vu sa chauffe...
Le 29/03/2024 à 10h39
Mais en général les box de free étaient des cas d’école des box qui consomment le plus.
Un peu mieux avec la pop ~9w qui fait aussi bien qu’une Freebox v5.
Par contre la delta, révolution, mini 4k ou encore l’ultra, on est facile dans les 15-20W.
Le 28/03/2024 à 18h53
Le 28/03/2024 à 21h38
Ensuite, je suppose que l'ARCEP utilise ce subterfuge lexical pour ne pas faire de tests de consommation électrique. Parce que entre la puissance d'un appareil et sa consommation dans le temps, il peut y avoir des variations (notamment entre la veille éventuelle et la période de fonctionnement). C'est important surtout si on doit comparer les consommations entre appareils.
Le 28/03/2024 à 19h47
Ça existe toujours ?
Le 29/03/2024 à 02h41
J'ai fait une revue de TOUTES les veilles de mes appareils, ou des consommations indirectes (affichage multiples de l'heure, LEDs inutilement allumées etc). Bref, en marche + box + ONT + Domotique + HiFi en veille ... j'ai abaissé la consommation "plancher" à 1.3 kWh/jour. Ca n'a rien changé à mon confort d'utilisation.
D'ailleurs, étant utilisateur de domotique, pour l'instant, avec HomeAssistant, impossible de prévoir des scénarios coupant le WiFi de la box SFR6. Dommage, car avec une box orange, on peut le faire et j'ai constaté une belle baisse de température interne de la box (-8°C) wifi coupé, et une légère hausse de la tension d'alimentation, ce qui traduit une moindre consommation (ces deux données sont récupérées par Home Assistant). A défaut, le Wifi est donc coupé la nuit par plage, mais bon, le top, ce serait une coupure automatique du genre "quand on va se coucher et qu'il est assez tard"... jusqu'à "ce que qq'un se lève ou qu'il est assez tôt"... avec un mode "absence" (ces trois infos étant déjà dans des variables de HA, donc il suffit juste de piloter la veille du WiFi)
Le 28/03/2024 à 20h10
Enfin je note quand même que si les opérateurs renouvelaient davantage le parc box, on aurait une économie d'énergie bien supérieure (plus d'ONT, meilleure optimisation...). En revanche sur l'empreinte carbone ça serait évidemment pas mieux de produire de nouvelles box pour gagner 4W.
Le 29/03/2024 à 02h43
Le 29/03/2024 à 10h07
Chez moi la conso de tous ces engins doivent représenter (à la pelle) 25kWh … sur un an !
Ça va soulager la centrale de Golfech !
Admettons que l'on coupe tout donc, entre 23h et 6 h, c'est quoi l'économie ???
Peut-être faut-il regarder côté des data-centers et surtout des offres d'espace dans le «cloud», si cela est utile (et devenu nécessaire) aux entreprises, les particuliers ont-ils vraiment besoin de ces infrastructures ? Oui car certains constructeurs d'ordinateurs, de tablettes fournissent des appareils avec un espace de stockage minuscule intégré à leur matos (l'augmentation de l'espace stockage ou RAM étant hors de prix) ; d'avoir des données dans le «cloud» c'est très IN ! Ça permet de partager avec… soi-même des n'importe quoi, qui pourrait simplement être mis en sécurité dans une ou plusieurs sauvegardes.
… Soyons sympa avec les acteurs du super «cloud» la sauvegarde de votre carnet d'adresse (par exemple) leur donnent la possibilité d'inonder de pub vos relations, de revendre ces adresses…
Combien consomme, en 1 an, votre téraOctet chez Apple ou chez OVH (de chez nous) comparé à une clé USB (contenant un SSD) que vous pouvez avoir dans votre poche ou dans un coffre à la banque.
Le 29/03/2024 à 11h01
Donc Wifi obligatoire pour cette petite box, elle ne peut pas s'en passer! Elle reçoit les ordres d'ouverture fermeture, y compris ceux programmés à heure fixe, depuis le serveur dans le cloud!
C'est juste totalement ridicule. N'importe quelle puce actuelle de microcontrolleur ou presque a une base d'horloge et pourrait s'occuper de déclencher les évènement à heure fixe (sans compter qu'on a largement le stockage actuellement pour programmer ou stocker les heures "d'aube" annuelles).
Mais non, si je veux utiliser cette centrale pour programmer l'ouverture/fermeture (ce qui économise beaucoup d'énergie de chauffage en hiver), il faut qu'il y ait un Wifi en permanence, un serveur dans le cloud, et que je la programme via une appli de tel...
Totalement overkill. Vous ouvrez une noix à la hache vous?
Modifié le 29/03/2024 à 22h12
Sinon tout à fait d'accord avec le reste de ton commentaire.
Le 29/03/2024 à 10h42
Je me suis demandé si ça valait plus le coût de mettre un programmateur de prise électrique mais:
Box éteinte, l’opérateur « crois « qu’il y a un souci sur le réseau et peut proposer de prendre un rdv d’assistance inutile,
Le programmateur en prix et consommation de resource paraît supérieur au prix de la consommation de la box la nuit.
Donc j’éteins le wifi de 0h à 6h mais je sais que ça ne sert pas à grand chose.
Le piège serait aussi de laisser allumé téléphones et ils basculeront en 4g/5g: la autant laisser le wifi activé car autrement la Conso du réseau mobile et des appareils en données mobiles est bien plus grande !
Le 29/03/2024 à 10h44
Ensuite on éteint la tv complément et ça ne consomme rien, et ça allume le chrome cast quand il faut.
Ça fonctionne pareil avec les tv avec en natif android tv ou similaire.
Le 30/03/2024 à 07h52
Mais on vient au sujet commercial : à quoi sert la box opérateur finalement ? Pour le direct des chaînes nationales, le hertzien fonctionne souvent (selon la zone géographique). Pour le replay et la vod, la majorité des chaînes et fournisseurs supportent le Chromecast.
On en arrive à la raison d'être de la box...
Modifié le 30/03/2024 à 10h50
Après je vois pas de souci avec la box TV quand elle est séparée de la box Internet, on peut toujours l'allumer que quand on l'utilise. Et ceux qu'elle n'intéresse pas peuvent, sur certaines offres, refuser qu'on la leur fournisse tout en conservant la possibilité d'accéder aux mêmes contenus sur PC (ou autre terminal) si besoin ponctuel.
Le 06/04/2024 à 10h54