Aux États-Unis, la FCC définit le très haut débit à 100/20 Mbs/s, qu’en est-il en France ?
Technique et politique
Dans un communiqué, la Federal Communications Commission américaine vient de relever les valeurs planchers du haut débit. Derrière ce qui peut paraître comme une simple évolution des recommandations se cachent divers intérêts. En France et en Europe, on observe une stagnation des définitions pour le haut débit et le très haut débit.
Le 15 mars à 10h48
7 min
Internet
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C’est la première fois, depuis janvier 2015, que la FCC relève la définition qu’elle donnait au haut débit. Il y a plus de neuf ans, l’agence américaine tablait ainsi sur 25 Mb/s en téléchargement et 3 Mb/s en téléversement.
Dans son communiqué, la Commission annonce que ces valeurs sont désormais de 100 Mb/s en téléchargement et 20 Mb/s en téléversement. Elle s’explique s’être basée « sur les normes actuellement utilisées dans de nombreux programmes fédéraux et étatiques » et avoir tenu compte des « habitudes d'utilisation des consommateurs et ce qui est réellement disponible auprès des fournisseurs d'accès à l'internet et commercialisé par ces derniers ».
La FCC veut donner un coup de fouet aux déploiements sur le territoire. Elle juge en effet que « les capacités de télécommunications avancées ne sont pas déployées de manière raisonnable et opportune ». Elle dit avoir pris en compte, pour cette conclusion, le nombre total d’américains, de personnes dans les zones rurales et n’ayant pas accès à ces capacités, et de la lenteur du déploiement pour combler les écarts.
Objectif à long terme : 1 Gb/s et 500 Mb/s
La Commission pointe également les données présentes dans la Broadband Data Collection, qui suit notamment de près les déploiements sur le territoire états-unien.
On apprend ainsi que les connexions fixes haut débit ne sont pas disponibles pour environ 24 millions d’Américains, « dont près de 28 % dans les zones rurales et plus de 23 % dans les réserves indiennes ». La population actuelle des États-uniens est d’approximativement 330 millions de personnes.
La FCC évoque aussi le cas de la 5G, dont les vitesses minimales de 35 et 9 Mb/s n’ont pas encore été déployées pour 9 % des Américains. Ce chiffre grimpe à 36 % en zone rurale et plus de 20 % dans les réserves indiennes.
En se basant sur les dernières définitions des seuils, la FCC fait le bilan : 45 millions de personnes n’ont accès ni au haut débit ni à la 5G.
Elle dévoile également un nouvel objectif : un haut débit fixe à 1 Gb/s en téléchargement et 500 Mb/s en upload. Il s’agit cependant d’un « objectif collectif vers lequel tendre », la Commission parlant seulement de « long terme », sans donner la moindre date.
Bon, et ça change quoi ?
Ce n’est pas parce que la FCC revoit sa définition du haut débit qu’un grand chambardement va suivre aux États-Unis. Cette évolution est en partie symbolique et ne change rien dans l’immédiat.
Toutefois, les fournisseurs d’accès et l’ensemble des acteurs concernés sont prévenus. Maintenant que la Commission a relevé ses valeurs planchers, les offres proposées vont être examinées en tenant compte de ces valeurs. D’ici un certain temps, la FCC pourrait par exemple décider que la couverture et la vitesse moyenne ne progressent pas assez vite et agir en conséquence, avec un train de nouvelles règlementations.
Ce changement recouvre également une réalité politique.
La Federal Communications Commission est présidée depuis 2021 par Jessica Rosenworcel, prenant la suite du controversé Ajit Pai, qui avait mis fin à la neutralité du net en décembre 2017. Ancienne procureure, elle est membre du parti démocrate.
Rosenworcel avait proposé ce relèvement des valeurs plancher en juillet 2022. À cette époque cependant, la mesure n’avait pas été adoptée, le vote du conseil s’étant soldé par un match nul : 2 - 2. La faute à un siège vacant, que le président Joe Biden avait tenté de combler l’année dernière par l’avocate Gigi Sohn, cofondatrice de Public Knowledge et membre du conseil d’administration de l’Electronic Frontier Foundation. Celle-ci avait retiré sa candidature face à une vive opposition.
La situation s’est débloquée en septembre dernier, quand la deuxième candidate proposée par Joe Biden, Anna Gomez, a été acceptée. Elle a permis de faire pencher la balance par 3 voix contre 2.
En France et en Europe, une stagnation de la définition
Qu’en est-il en France ? La question mérite d’autant plus d’être posée que les dernières années ont été particulièrement riches en déploiement de fibre optique. Pas seulement en France d’ailleurs, mais dans l’ensemble des pays de l’OCDE. La Corée, le Japon, l'Islande et l'Espagne sont de loin en tête, avec un taux de pénétration de plus de 80 %. La France est cinquième du classement, avec 51,4 % fin 2022.
Pourtant, lorsque l’on se penche sur les définitions par l’Arcep, on observe un décalage. Le haut débit est ainsi une connexion dont la vitesse de téléchargement est inférieur à 30 Mb/s. Le seuil minimum est généralement de 512 kbits/s, vestige des connexions RTC à quelques dizaines de kb/s. Depuis peu, on parle de « bon haut débit » lorsque le téléchargement se situe entre 8 et 30 Mb/s, tandis que le très haut débit (ou THD) suppose une vitesse d’au moins 30 Mb/s.
En 2012, on est passé de 50 à… 30 Mb/s
Malgré un plan France THD donnant des résultats concrets depuis plusieurs années, la définition de l’Arcep est pourtant passée d’au moins 50 Mb/s à 30 Mb/s fin 2012. « Afin de se conformer aux seuils fixés par la Commission Européenne dans le cadre de son agenda pour l’Europe à l’horizon 2020, l’ARCEP modifie la définition du très haut débit. Désormais, sont comptés comme des abonnements très haut débit les accès à internet dont le débit crête descendant est supérieur ou égal à 30 Mbit/s », pouvait alors lire dans le rapport de l’agence.
Le moins que l’on puisse dire est que la situation a grandement évolué depuis. On peut se poser légitiment la question d’une évolution des définitions, qui ne tiennent d’ailleurs pas compte du débit montant.
À l’heure où l’on trouve à présent plusieurs centaines de Mb/s minimum chez les fournisseurs d'accès et jusqu’à du 8 Gb/s symétrique en FTTH chez Free et SFR, le temps est peut-être venu. Que vous soyez en 4G, en xDSL, en câble (terminaison coaxiale) ou en fibre optique à plusieurs Gb/s, c’est du très haut débit. Pourtant, les débits montants, descendants et la latence sont bien différents.
Le sujet est remonté jusque dans les plus hautes sphères. Lors de ses vœux fin 2022, Jean-Noël Barrot (alors ministre délégué chargé du Numérique) expliquait que le gouvernement « envisageait » un seuil minimal de 30 Mb/s pour le service universel, comme le rapporte la Banque des territoires.
La fibre est pour rappel en train de prendre la place du cuivre sur ce point (elle vise à couvrir 100 % du territoire), le 30 Mb/s pourrait donc être largement plus ambitieux. Mais la France n’est pas seule et doit composer avec les volontés européennes, comme on a pu le voir avec l’indice de durabilité.
Nous avons demandé à l’Arcep si une refonte de la notion de « très haut débit » était prévue (avec un débit plus élevé, un minimum sur l’upload, la latence, la technologie utilisées…).
Aux États-Unis, la FCC définit le très haut débit à 100/20 Mbs/s, qu’en est-il en France ?
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Objectif à long terme : 1 Gb/s et 500 Mb/s
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Bon, et ça change quoi ?
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Ce changement recouvre également une réalité politique.
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En France et en Europe, une stagnation de la définition
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En 2012, on est passé de 50 à… 30 Mb/s
Commentaires (22)
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Abonnez-vousModifié le 15/03/2024 à 11h23
Le 15/03/2024 à 12h28
Pour moi aujourd'hui en dessous de 100Mb on est en bas débit, en haut débit jusqu'à 8Gb et très haut débit au delà. On a qu'à créer la nomenclature très bas débit pour les zones blanches...
Le 15/03/2024 à 13h31
Le 18/03/2024 à 00h47
Je pense qu'il est plus pertinent de regarder les usages. Qu'est-ce qu'on peut faire avec une connexion 512kbps ? 5Mbps ? 10Mbps ? 30Mbps, 100Mbps, 1Gbps, 8Gbps ?
Le 18/03/2024 à 15h36
Le haut débit de l'adsl, c'était par rapport au V92 (56K) ou au RNIS (64/128K) sur les lignes RTC, c'est tout, maintenant on est 25 ans plus tard et ça n'existe plus et dans quelques mois, les offres à moins de 1 Gbit/s n'existeront plus tellement c'est hors sujet techniquement, déjà que entre xgs-pon et pon, c'est juste un port d'olt qui change, bientôt les OLT n'auront que des ports xgs-pon ou epon, plus personne ne voudra fabriquer des cartes PON qui ne servent à rien, tout comme plus personne ne fabriquera de circuits pour le wifi 6 dans 3 ans, seul le wifi 7 sera dans les produits neufs.
Modifié le 15/03/2024 à 12h52
Je suis d'accord avec la dernière phrase de l'article. Je pense que, sans parler de débit garanti, la notion de « très haut débit » doit être plus réaliste et considérer d'autres paramètres que uniquement le débit de crête qui n'est qu'un argument publicitaire in fine.
Le 15/03/2024 à 13h38
Modifié le 15/03/2024 à 16h42
Autrement dit, la fibre FTTH est très stable et ce serait bien de qualifier cette stabilité qui est quand même variable selon la zone géographique, l'opérateur d'infrastructure, l'offre commerciale dimensionnée par le FAI. Il n'y a pas que le débit théorique maximum estimé par le FAI.
Le 15/03/2024 à 13h45
Si on prend le problème du côté technique. C'est bien plus facile de filer un très bon débit non garantie à tous le monde quand tu mutualises avec des dizaines de milliers d'autres abonnés.
Même si les opérateurs garantissaient leurs offres "grand public". La garantie ne peut pas aller au delà des infrastructures de l'opérateur. C'est impossible de garantir un debit le grand n'Internet.
Et pour finir, il faut bien comprendre qu'une garantie sur du grand public, c'est uniquement du contractuel. Ça permet juste de définir une pénalité en cas de débit garantie non atteint. Autant dire qu'en dehors de cas spécifique comme à l'époque où Free sous-dimenssionait volontairement ses peering avec Google, ça risque d'être très difficile à prouver. Et même en cas de gain de cause, un remboursement au prorata temporis du temps où le débit max n'était pas atteint?
Le 15/03/2024 à 18h13
Modifié le 15/03/2024 à 13h55
Pour ce qui est de la différence entre la théorie et la pratique, ça va dépendre d'où on regarde. Le meilleur qualificatif et débit seront affichés sur la fiche de l'offre, mais ensuite au moment de la souscription, en fixe on est souvent informé du débit réel estimé avant de valider la commande, et pour ma part ça a toujours été plutôt juste. Les cartes de l'ARCEP tiennent aussi compte de ça pour le qualificatif utilisé. Par contre en 5G/4G en effet c'est le flou total, mais comme l'a dit brupala, la 5G/4G ne devrait pas être qualifié d'offre fixe mais doit rester une solution de secours en attendant du fixe.
Modifié le 15/03/2024 à 16h54
À part ça, « solution de secours » je ne vois pas ce que ça désigne. Ca n'a pas l'air d'être un terme utilisé par les autorités publiques et les FAI. D'ailleurs, la 5G est sensée être une connexion très stable (à terme, en tout cas) et là encore, la qualifier uniquement par un débit max théorique est un peu dommage.
Modifié le 15/03/2024 à 20h42
Quand il n'y a que de la 4G de dispo quelque part, c'est une zone blanche pour l'accès Internet (un terme mieux connu des autorités publiques). Quant à la 5G c'est pareil, elle va peut-être plus vite mais elle a les mêmes défauts que la 4G.
Le 16/03/2024 à 23h05
Un blu-ray en vitesse 1 c'est 36 mbs.
Du GPon c'est 2.5 gbs partagés au maximum par 64 prises, soit 39 mbs. Même en charge maximale théorique, improbable en pratique, toutes les prises peuvent streamer un blu-ray.
Et en streaming les débits, même en 4K, sont bien inférieurs. Donc le streaming ça passe à l'aise sur le brin final GPon.
Donc si certains usages sont difficiles en dessous d'un certain seuil, ou que des ralentissements soient perceptibles, je ne mettrais pas le streaming en premier.
Le 16/03/2024 à 10h37
100mbp-20mbp indiqué semble bien un minimum acceptable, en dessous on n'est clairement pas dans du haut débit.
Le 15/03/2024 à 16h42
Dans les faits, ça devient tellement rapide que même le minimum en offres ftth commercial ça convient (300mbps) alors que la majorité des gens utilisent Netflix a 5mbps.
Dans les faits, je ne suis pas contre d’aller toujours plus haut et c’est bien. Même si ça révèle en général plus de marketing que d’un réel intérêt.
Si on arrive un jour à avoir du 1gb/s en entrée de gamme partout, ce serait cool et plus confortable, mais il ne faut pas oublier qu’en général le facteur limitant est le wifi, surtout sur les offres bas de gamme:
Exemple: une Freebox révolution vendue 30€/mois en 1gb/s sera probablement aussi voir moins rapide que Sosh en wifi, en gardant le wifi de la box (se que font la plupart des users).
Pour moi du THD c’est au delà de 100 mbps. Et le 30 mbps avait du être choisi pour pouvoir inclure les box 4g et le satellite j’imagine. Et en 2013 quand la 4g avait été lancée on était loin d’avoir la couverture et les débits d’aujourd’hui (mention spéciale à free qui avait certaines antennes 4g reliées à internet avec de l’adsl, on captait bien mais ça ramait à mort).
Le 15/03/2024 à 18h10
Le FTTH à 128K ça n'existe pas, heureusement, c'était le débit de 2 canaux B RNIS.
une connexion ftth standard, c'est 1 Gbit/s descendant, typiquement en GPON chez tous les opérateurs.
Si un jour, XGS-pon se généralise, pas impossible, les 8 Gbit/s symétriques seront l'offre standard, c'est possible dans les années proches, bien que personne n'ait de quoi l'utiliser, mais c'est tellment peu de saut technologique, que le débit d'accès sera tout sauf le facteur bloquant, après, le wifi 7 va exploser aussi dans les 3 ans, ce sera aussi une étape stable pour un bon moment.
Le 16/03/2024 à 08h37
Le truc c’est que ça date d’il y a tellement longtemps que je ne retrouve plus d’articles.
Le 18/03/2024 à 00h56
Modifié le 16/03/2024 à 10h42
Le 20/03/2024 à 15h40
D’après mes derniers tests c’était compliqué d’avoir plus de 300 mbps… et sur internet les tests de la révolution datent du wifi N quand elle est sortie… j’étais resté sur ma propre expérience.
Le 23/03/2024 à 20h23
je viens de lancer fast et nperf je mesure ~390mbps réel.