[MàJ] Stephan Ramoin : « Gandi reste indépendant au sein du groupe Your.Online »

Gestion et Attribution des Noms de Domaine sur Internet

[MàJ] Stephan Ramoin : « Gandi reste indépendant au sein du groupe Your.Online »

[MàJ] Stephan Ramoin : « Gandi reste indépendant au sein du groupe Your.Online »

Abonnez-vous pour tout dévorer et ne rien manquer.

Déjà abonné ? Se connecter

Abonnez-vous

À la suite de la fusion entre Gandi et le groupe néerlandais Your.Online, entretien avec Stephan Ramoin, désormais président du conseil stratégique de Your.Online, et Arnaud Franquinet, directeur des opérations de Gandi.

Gandi changera-t-il, maintenant que le registrar et hébergeur a été intégré à Your.Online ? Dans un premier article, Next INpact faisait état d’une fusion-acquisition de Gandi avec la holding néerlandaise Your.online (anciennement Total Webhosting Solutions, TWS), comme indiqué dans le communiqué commun aux deux entreprises, mais uniquement publié (pour le moment ?) sur le site de Your.Online.

Pour en savoir plus sur les effets de cette nouvelle étape entrepreneuriale, nous avons échangé avec Stephan Ramoin, ex-PDG de Gandi désormais président non exécutif du conseil stratégique de Your.Online, et Arnaud Franquinet, directeur des opérations chez Gandi.

Cette fusion-acquisition est « un projet d’entrepreneurs »

Parmi les inquiétudes dont nous faisions état, certaines sont suscitées par l’opération financière elle-même, qui peut sembler heurter les valeurs citoyennes, alternatives, voire libertaires longtemps promues par l’acteur emblématique du web français qu’est Gandi. D’autres le sont par les commentaires négatifs visibles en ligne au sujet des services rendus par d’autres marques européennes depuis qu’elles ont été acquises par Your.Online.

Mais Stephan Ramoin, comme Arnaud Franquinet, se veulent rassurants. Le premier insiste, la fusion « n’est qu’une technicalité juridique : Gandi reste indépendant au sein du groupe Your.Online. Tout le management a réinvesti dans Gandi », « massivement », même, selon un de ses tweets. Sans dévoiler de montant, le dirigeant estime que cela démontre combien « le développement de Gandi et de Your.Online est un projet d’entrepreneurs. S’ils n’y croyaient pas, ils ne réinvestiraient pas ».

Avec cette nouvelle étape, Gandi a du pain sur la planche. Parmi les projets à venir, Stephan Ramoin évoque le fait de reprendre tous les noms de domaine du groupe, « puisque nous allons passer d’un coup de la vingtième à la septième place en termes de taille de registrar ». Il prévoit aussi le développement des activités corporate de la société aux Pays-Bas, et, certainement, « le rachat d’autres entreprises pour étoffer les services de Gandi ».

Idéal libertaire et opérations financières

En 1999, Gandi a été fondée par Pierre Beyssac, David Nahmias, Laurent Chemla et Valentin Lacambre comme une entreprise alternative et, rapidement, est devenue un « symbole de l’Internet libertaire en France », selon les Échos. Rançon du succès, deux de ses co-fondateurs ont bientôt estimé « illégitimes » les profits dégagés par la vente de noms de domaine (à prix cassés par rapport à ceux des autres registrars de l’époque) – au tournant des années 2000, Laurent Chemla a ainsi publié dans Le Monde une tribune qu’il introduisait par l’affirmation « Je suis un voleur ».

Les deux autres étant partisans d’une gestion d’entreprise plus classique, les divergences de vision sont bientôt devenues irréconciliables. Les quatre fondateurs ont donc trouvé repreneur, en 2005, en la personne de Stephan Ramoin. Dans les années précédentes, ce diplômé de marketing et de management avait participé à créer le département hébergement et enregistrement de noms de domaines chez Lycos France.

Convaincu par le « modèle éthique et visionnaire » de Gandi, comme il en parlait à l’époque au Journal du Net (JDN), Stephan Ramoin s’est allié le concours d’Eirik Petterson et Joe White pour monter un dossier de rachat. Les deux hommes sont devenus, respectivement, directeur technique et directeur des opérations de Gandi jusqu’en 2010.

Pour conclure l’acquisition du registrar, qui s’est finalement élevée à 13,35 millions d’euros (environ 17 millions d’euros aujourd’hui), Stéphane Ramoin s’est aussi tourné vers Warren Stephens, fondateur du fonds américain Stephens Inc. (un family-office, comme le fonds Strikwerda Investments qui pilote Your.Online).

Dès son arrivée, l’entrepreneur s’est donc lancé sans être actionnaire majoritaire. « Si j’avais l’argent je l’aurais été, mais je ne l’ai pas. Donc, si on regarde l’actionnaire majoritaire, Gandi a été américain pendant quinze ans, il est redevenu français il y a trois ans [avec l’entrée de Montefiore Investments, ndlr] et il est désormais néerlandais. Mais c’est une technicalité juridique, dans les faits, c’est moi qui en étais le patron. »

Les craintes sur les rachats, du déjà-vu pour Gandi

Si l’on est remontés jusqu’aux débuts de Gandi, c’est qu’en 2005, déjà, le montage financier permettant la reprise de l’entreprise avait suscité des inquiétudes. « Il y a eu une vraie levée de bouclier » se rappelle Stephan Ramoin, jusqu’à la publication d’une pétition de protestation contre le rachat de Gandi, à l’initiative d’Olivier Meunier. Le document avait recueilli 1287 signatures.

Un an plus tard, le même Olivier Meunier était embauché. « Aujourd’hui, il est directeur du développement de Gandi, note Stéphan Ramoin. C’est donc bien que ceux qui ont eu peur à l’époque se sont rendu compte que ça allait ». Depuis, Gandi a lancé son service d’hébergement, sa solution d’e-mail, l'offre « Gandi Corporate Services » dédiée aux professionnels puis, comme le reste du marché, des offres cloud.

Appuyons sur avance rapide jusqu’aux deux dernières années. Comme prévu à l’entrée de Montefiore Investments et de M80 à son capital, Gandi a réalisé une acquisition externe (celle de Captain Domain) mais les autres tentatives de croissance externe n’ont « pas été un grand succès », aux dires de Stephan Ramoin. Là-dessus, le contexte économique « est devenu difficile, que ce soit à cause de la pandémie, de la guerre en Ukraine » ou des concentrations en cours dans le secteur.

Pendant deux ans, l’entrepreneur s’est donc mis en quête d’un partenaire. « J’ai regardé beaucoup d’entreprises, j’ai cherché des profils qui soient complémentaires… depuis le début, je réfléchis à long terme, ça n’a pas changé. » Il justifie d’ailleurs son choix d’investisseurs en family-office, « parce que ceux-ci travaillent à plus long terme que les fonds d’investissement classique ».

Grimper dans le top 10 des registraires à l’échelle mondiale

Le patron de Gandi le répète : l’opération conclue avec Your.Online « est une décision très industrielle. Ça n’est pas un rachat, c’est une alliance, un échange de compétences. » Gandi apporte son expertise en termes de gestion de noms de domaine, de certificats SSL, de services aux entreprises et ses implantations en France, au Luxembourg, à Taïwan et San Francisco. Your.Online apporte ses compétences en hébergement web, ses implantations aux Pays-Bas, en Espagne, au Royaume-Uni et sa force financière.

« En rejoignant ce groupe, en associant leurs forces et notre expertise en termes de nom de domaine, on grimpe directement dans le top 10 des registrars à l’échelle mondiale, ça aussi, c'était un argument, ça nous rendra plus forts dans les négociations avec les registres. » Mais pour ce qui est des activités, le directeur des opérations Arnaud Franquinet le dit aussi : « on garde notre nom, on garde notre autonomie ».

Sur la question du maintien de la qualité des produits, Stephan Ramoin balaie : « tout le monde peut comprendre que racheter un projet pour ensuite tout casser, ça n’a pas de sens. Ce n’est pas l’accord que nous avons conclu avec Your.Online. » De son côté, Arnaud Franquinet précise : « Gandi restera engagé dans sa politique client, c’est l’un des éléments qui nous faisait nous démarquer par rapport aux autres ». Rejoindre un groupe comme Your.Online, ajoute-t-il, cela peut rendre Gandi « encore plus fort sur la qualité des services ».

« La même équipe » continue de diriger Gandi, sans Stephan Ramoin

Pour ce qui est de l’organisation interne, Stephan Ramoin abandonne ses fonctions exécutives « par choix personnel, indique-t-il sur Twitter et auprès de Next INpact, notamment à cause d’un Covid long dont je n’arrive pas à me défaire ». Pour le reste, Arnaud Franquinet explique : « on s’était déjà répartis les tâches de direction générale en un comité directeur resserré, c’est la même équipe qui continue de diriger ».

Interrogé sur l’opportunité de communiquer auprès des clients de Gandi, Stephan Ramoin répond « nous avons fait un communiqué » : celui publié par Your.Online est effectivement un texte commun. Quant à la possibilité « d’envoyer un mail aux 400 000 clients, je n’en vois pas vraiment l’intérêt : nous ne l’avons pas fait quand Montefiore Investments est monté au capital et ça n’a pas posé de problème ».

Comme le souligne un internaute, la communication est pourtant clé pour parer aux éventuelles inquiétudes, surtout quand l’acheteur est inconnu du public. Pour la défense de Gandi, soulignons néanmoins qu'o2switch, racheté par Your.Online en 2022, ne semble pas avoir communiqué sur ses propres évolutions capitalistiques auprès de ses clients (nous avons contacté les dirigeants des deux entités, qui n’ont pas répondu à l’heure de publier ces lignes). 

 Nexylan se dit satisfait de son intégration à Your.Online

Le fondateur de Nexylan Gaëtan Allart explique de son côté avoir prévenu ses clients le jour de l’officialisation du rachat de son entreprise par Your.Online, « mais nous sommes un peu différents, nous proposons de l’hébergement infogéré, ce qui signifie que nous avons moins de clients qu’un Gandi, mais sur des ampleurs bien plus larges ». Un peu plus d’un an après l’intégration de Nexylan dans le groupe néerlandais, celui-ci se déclare satisfait : « tout le monde reste relativement indépendant, et la plupart des responsables de marques restent des fondateurs »

Il se félicite, notamment, de la culture d’entrepreneurs que cultive Your.Online – un élément présent aussi dans le discours de Stephan Ramoin –, ainsi que de l’attention que la holding est en train de développer pour les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Commentaires (18)


Merci d’avoir organise cet entretien !


*Pendant deux ans, puis YOLO.


“Mais Stephan Ramoin, comme Arnaud Franquinet, se veulent rassurants. Le premier insiste, la fusion « n’est qu’une technicalité juridique : Gandi reste indépendant au sein du groupe Your.Online.”



Sauf que puisqu’il s’agit d’une fusion-acquisition, la totalité des décisions peut désormais être prise par TWS, à commencer par un changement de direction. C’est très différent de la montée en capital d’un actionnaire existant.


Merci pour article,



C’est un peu rassurant. Mais entre ce qu’on dit et ce que l’on fait ou ce que l’on peut faire il y a très souvent un gouffre.



On verra bien.



Cqoicebordel a dit:


*Pendant deux ans, puis YOLO.




C’est un peu lourd ces procès d’intention, non ? :( L’historique de Gandi parle pour lui-même, rien que ça, ça devrait rassurer.


idem, je suis chez eux depuis l’ouverture des .fr aux particuliers, j’y reste en confiance.


On a le droit d’en douter quand même. Tu as raison que l’historique de Gandi parle en leur faveur.



Le truc c’est que les boites « sympa et reglo » qui se font racheter, qui fusionnent ou qui lèvent des fonds et qui deviennent ensuite des mini corporations sans âme, c’est malheureusement plus la forme que l’exception.



La nouvelle structure actionnariale n’hésitera pas à jeter l’âme de Gandi à la poubelle (avec les gens qui la représentent s’il le faut) du moment que ça a un impact positif sur la rentabilité.



Penser que ça ne se passera pas comme ça parce que « Gandi ils sont différents », c’est se faire beaucoup d’illusions à mon avis. Des boites « différentes » qui se font déshumaniser par leurs nouveaux actionnaires, ça arrive tous les jours. La seule différence c’est qu’ici le grand public connaissait la boîte.



D’ailleurs le fait que le nom de Gandi disparaît en dit beaucoup : la nouvelle structure n’a pas du tout l’intention de s’appuyer ni sur la marque, ni sur son historique.



Je souhaite avoir tort, ne serait-ce que pour les employés. Mais j’ai vu ce scénario tellement de fois que j’ai peu d’espoir. Surtout que je suis incapable de citer un seul cas de boîte qui n’a pas perdu son « âme » dans ce genre d’opération.


jpaul

On a le droit d’en douter quand même. Tu as raison que l’historique de Gandi parle en leur faveur.



Le truc c’est que les boites « sympa et reglo » qui se font racheter, qui fusionnent ou qui lèvent des fonds et qui deviennent ensuite des mini corporations sans âme, c’est malheureusement plus la forme que l’exception.



La nouvelle structure actionnariale n’hésitera pas à jeter l’âme de Gandi à la poubelle (avec les gens qui la représentent s’il le faut) du moment que ça a un impact positif sur la rentabilité.



Penser que ça ne se passera pas comme ça parce que « Gandi ils sont différents », c’est se faire beaucoup d’illusions à mon avis. Des boites « différentes » qui se font déshumaniser par leurs nouveaux actionnaires, ça arrive tous les jours. La seule différence c’est qu’ici le grand public connaissait la boîte.



D’ailleurs le fait que le nom de Gandi disparaît en dit beaucoup : la nouvelle structure n’a pas du tout l’intention de s’appuyer ni sur la marque, ni sur son historique.



Je souhaite avoir tort, ne serait-ce que pour les employés. Mais j’ai vu ce scénario tellement de fois que j’ai peu d’espoir. Surtout que je suis incapable de citer un seul cas de boîte qui n’a pas perdu son « âme » dans ce genre d’opération.


J’aurais pas mieux dit.

Ce n’est absolument pas un procès d’intention. Je suis convaincu que les intentions sont bonnes, aujourd’hui.
Mais les pressions pour être de plus en plus rentable, éternellement, c’est le lot commun de ces boîtes rachetées.



Bref, je leurs souhaite le meilleur du monde, mais je n’ai malheureusement que peu d’espoir à long terme.


Gandi qui a des problèmes d’indépendance, c’est fort ironique.


ça aurait fait un excellent sous-titre :-)



jpaul a dit:


D’ailleurs le fait que le nom de Gandi disparaît en dit beaucoup : la nouvelle structure n’a pas du tout l’intention de s’appuyer ni sur la marque, ni sur son historique.




De ce que je comprend, Grandi appartient désormais au groupe Your.online mais ne disparaît pas.
your.online appartient d’ailleurs à Grandi.



Pour le reste je suis d’accord.



jpaul a dit:


On a le droit d’en douter quand même. Tu as raison que l’historique de Gandi parle en leur faveur.



La nouvelle structure actionnariale n’hésitera pas à jeter l’âme de Gandi à la poubelle (avec les gens qui la représentent s’il le faut) du moment que ça a un impact positif sur la rentabilité.



Surtout que je suis incapable de citer un seul cas de boîte qui n’a pas perdu son « âme » dans ce genre d’opération.




On a le droit d’en douter, mais tu en connais une : nous depuis 18 ans. Pourquoi cela se passerait il mal maintenant ? ;)



NXI hier: Gandi.net a été rachetée par l’investisseur néerlandais Strikwerda Investments, propriétaire de l’hébergeur Total Webhosting Solutions (TWS). Les deux entités de services numériques fusionnent et TWS opère désormais sous le nom de Your.Online



NXI ajd: Gandi reste indépendant au sein du groupe Your.Online




Par quelle magie juridique on peut être indépendant du groupe auquel on appartient ?
Ah, un début d’explication ici:




la fusion « n’est qu’une technicalité juridique : Gandi reste indépendant au sein du groupe Your.Online. Tout le management a réinvesti dans Gandi




Une technicalité juridique qui justement signifie qu’on n’est plus indépendant.
Bizarre. Ah, une autre piste:




« tout le monde reste relativement indépendant, et la plupart des responsables de marques restent des fondateurs ».




Bref, Une indépendance toute relative. :D


C’est le même discours dans tous les rachats et sur un temps plus ou moins long (mais toujours plus court qu’on ne le croit) l’acheteur finit quasiment toujours pas reprendre le contrôle de son bien, ce qui est normal.



La pirouette sur la non-communication aux clients en est un prélude.


Qui est your.online ?
Sauf erreur je ne vois aucune mention légale, aucune adresse de siège social, aucun numéro de tva. Rien. Pas d’entrée dans wikipedia (du moins pour Fr). Rien.
Mais qui sont ces gens ? Qui est actionnaire ?
Nous savons juste que c’est hollandais. Perso, je trouve que cela craint.


J’ai quelques noms de domaine chez Gandi, jamais eu de soucis avec eux; donc si les augmentations de tarif sont substantielles, ce sera l’occasion de chercher d’autres registrar…


« Gandi reste indépendant au sein du groupe Your.Online »



Cette phrase c’est une technicité de communication.


Fermer