Pilote automatique : Tesla dévoile l’Autopilot 8.0 et rappelle que le risque zéro n’existe pas
KITT n'a qu'à bien se tenir
Le 12 septembre 2016 à 14h30
10 min
Sciences et espace
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Tesla vient de dévoiler la mise à jour 8.0 de son pilote automatique. Il place le radar au centre du système de détection et exploitera une base de données des obstacles détectés par ses voitures. L'accident mortel de la Model S a été évoqué et de nouvelles protections mises en place.
Avec du retard sur le calendrier initial (probablement en partie à cause de l'explosion de la fusée Falcon 9), Tesla vient de publier les détails de la mise à jour 8.0 de son Autopilot. Comme prévu, celle-ci met largement en avant le radar, qui est disponible sur toutes les voitures Tesla depuis octobre 2014 précise la société.
Le radar va devenir les « yeux » du pilotage automatique de Tesla
Le radar n'était auparavant considéré que comme un « capteur supplémentaire » qui venait s'ajouter à la caméra, aux capteurs ultrasons, au GPS et au système de traitement et de détection de l'image. « Après une mûre réflexion, nous pensons qu'il peut maintenant être utilisé comme un capteur de contrôle primaire, sans nécessiter une confirmation de la caméra pour la reconnaissance d'images » explique le constructeur. Une approche « contre-intuitive » selon le fabricant qui s'explique en détail sur le sujet.
Il indique en effet que si le radar passe facilement à travers la poussière, la pluie ou la neige, tout ce qui est métallique se comporte comme un miroir en renvoyant le signal. Le radar peut certes voir des personnes, mais elles apparaissent comme étant partiellement transparentes. De plus, des matériaux comme le bois ou le plastique sont aussi transparents que du verre pour le radar.
Une technologie qui peut poser des problèmes de faux positifs
Ce n'est pas le seul « problème » du radar pour l'utilisation que veut en faire Tesla. Si les surfaces métalliques sont parfaitement repérées par le radar, le signal peut être déformé suivant la forme de l'objet. Un exemple : « Avec son fond concave orienté dans votre direction, une canette de soda jetée sur la route peut sembler être un grand et dangereux obstacle, mais vous n'auriez certainement pas envie d'appuyer sur les freins pour l'éviter ». Or, si le radar la voit comme étant bien plus grande que ce qu'elle n'est vraiment, la voiture pourrait freiner inutilement.
Bref, cette technologie propose une vision bien différente de celle d'une caméra, et le plus grand défi selon Tesla est d'arriver à éviter les faux positifs. Des freinages intempestifs et surtout inutiles pourraient avoir des conséquences fâcheuses, notamment pour les conducteurs qui vous suivent et qui peuvent être surpris par la manœuvre.
Les pistes de Tesla pour les éradiquer
Afin de contourner ces problèmes, Tesla met en avant trois points. Tout d'abord, avec la mise à jour 8.0, son radar est capable de fournir des informations bien plus détaillées qu'avant, et ce, avec la même partie matérielle. Ensuite, la voiture assemble les « images » du radar (qui sont capturées tous les dixièmes de seconde) pour créer une carte en 3D du monde autour de la voiture, ce qui lui permet de mieux détecter les objets en mouvement, les éléments statiques du décor, les faux positifs, etc.
Le troisième point est certainement le plus compliqué explique le fabricant. Il s'agit des panneaux de signalisation placés en hauteur et des ponts, des éléments de la route qui ressemblent à des objets immobiles qui risquent d'entrer en collision avec la voiture. « La précision des données de navigation du GPS n'est pas suffisante pour savoir si la voiture va passer sous l'objet ou non » et, quand c'est le cas, il est certainement trop tard pour effectuer un freinage d'urgence...
Tesla va construire une base de données avec une liste blanche des « obstacles »
Pour cela, Tesla va monter une gigantesque base de données. « Dans un premier temps, la flotte de véhicules ne prendra aucune mesure, sauf pour noter la position des panneaux routiers, des ponts et des autres objets immobiles ». Les données seront ensuite envoyées sur les serveurs de la société, avec des indications sur le comportement du conducteur : a-t-il ou non freiné lorsqu'il est passé à proximité ?
Si plusieurs voitures passent sans encombre un objet détecté par le radar (que ce soit avec le pilotage automatique activé ou non), il sera alors ajouté dans une liste blanche et ignoré lors des prochains passages (de n'importe quelle Tesla avec le pilotage automatique activé). Il faudra voir comment réagira le véhicule si un camion se retrouve en travers de la route, juste sous un pont par exemple.
Quoi qu'il en soit, la situation sur le terrain n'étant jamais toujours noire ou blanche, la voiture adaptera sa vitesse en fonction des détections de son radar et des données déjà recueillies. Elle réduira par exemple doucement sa vitesse en cas de doute. « Cela ne permet pas toujours d'éviter une collision, mais la vitesse d'impact sera considérablement réduite au point qu'il n'y ait que peu de chances que des blessures graves arrivent aux occupants du véhicule ».
Dans tous les cas, que l'obstacle « soit grand, métallique ou dense, nous sommes convaincus que le radar de la voiture sera en mesure de le détecter et de freiner » a expliqué Elon Musk lors d'une conférence de presse dont la retranscription est disponible chez nos confrères d'Electrek. Lors d'une session de questions/réponses, il ajoute qu'un élan devrait être identifié par le radar, mais pas une biche par exemple.
Elon Musk rappelle que le risque zéro n'existe pas
Il ajoute que la détection des obstacles par le radar sera effective avec le pilote automatique activé ou non, afin de renforcer la sécurité. Dans ce dernier cas, la voiture n'interviendra qu'au dernier moment par un freinage d'urgence, car elle ne peut pas deviner si le conducteur effectuera ou non une manœuvre pour éviter l'obstacle détecté. Elon Musk tient néanmoins à souligner un point important durant sa conférence : « cela ne signifie pas que la sécurité est parfaite. La sécurité parfaite est un objectif vraiment impossible. Il s'agit d'améliorer la probabilité de la sécurité ».
Il est d'ailleurs rejoint par le régulateur américain sur ce point. Pour Mark R. Rosekind, administrateur de la NHTSA (National Highway Traffic Safety Administration), on « ne peut pas attendre que [les voitures autonomes] soient parfaites » et on doit « être prêts à envisager toutes les solutions permettant de sauver des vies ».
Retour sur l'accident mortel de la Tesla Model S
Tous ces changements semblent pointer dans une direction : l'accident de la Tesla Model S avec le pilotage automatique activé. Pour rappel, la voiture était passée sous un camion qui traversait la route perpendiculairement. « La hauteur de caisse de la remorque combinée à son positionnement sur la route et à des conditions extrêmement rares au moment de l'impact, ont conduit la Model S à passer sous la remorque, avec un impact entre le bas de la remorque et le pare-brise de la voiture » expliquait alors Tesla.
Deux pistes ont été évoquées pour expliquer le fait que les freins n'aient pas été actionnés par la voiture : elle n'a pas détecté le camion ou bien elle l'a classé à tort comme un élément de la route (pont, signalisation, etc.). Elon Musk avait d'ailleurs expliqué que le radar ne tenait à l'époque pas compte de ce genre d'éléments afin d'éviter de freiner inutilement. Désormais, Tesla devrait donc bien plus s'appuyer sur son radar afin d'éviter que sa caméra ne passe à côté de ce genre d'obstacle.
Interrogé sur le cas de cette voiture durant la conférence, Elon Musk explique qu'il pense que l'accident aurait pu être évité : « je crois qu'il est très probable que le pilote automatique aurait vu un gros objet de métal et aurait freiné ».
Près de 200 petites améliorations, le pilote automatique plus strict avec les chauffeurs
La version 8.0 du logiciel de pilotage automatique de Tesla apporte d'autres changements, comme la possibilité de sortir de l'autoroute si le clignotant est activé. La version 8.1 permettra de faire de même si le GPS est en marche, aux États-Unis uniquement pour le moment.
La gestion des changements automatiques de voie a été améliorée et le freinage automatique va venir aider l'utilisateur en cas d'urgence. Le radar est capable d'analyser le comportement des deux véhicules de devant afin d'améliorer la vitesse de réaction de la voiture si besoin. Près de 200 autres petits ajustements sont également de la partie, mais ils ne méritent pas spécialement d'être détaillés selon Tesla.
Le fabricant automobile profite aussi de cette mise à jour pour être plus strict envers les utilisateurs qui ne respectent pas les consignes d'utilisation du pilotage automatique. Pour rappel, cette fonctionnalité est encore en « bêta » et nécessite que le conducteur garder les mains sur le volant.
Désormais, en cas d'avertissements répétés et ignorés (3 fois en une heure selon Elon Musk), la fonction Autosteer (assistance au maintien de cap) sera désactivée et le conducteur ne pourra pas la remettre en marche avant de s'être arrêté.
Une fonction bêta qui n'en est pas vraiment une selon Elon Musk
Le PDG de Tesla est d'ailleurs revenu sur la dénomination « bêta » de son pilote automatique. « Ce n'est pas vraiment une bêta » explique-t-il, mais si cette fonctionnalité est décrite comme telle, c'est que « vous êtes plus susceptibles d'y faire attention » lorsque vous l'activez. « C'est dans le but de vraiment diminuer la complaisance des gens que nous l'appelons « bêta » et non pas parce qu'elle l'est » ajoute Elon Musk.
Pour ce dernier, le but est donc d'empêcher certains utilisateurs (ceux qui sont généralement à l'aise avec la technologie), de couper l'alarme de manière automatique, sans même y réfléchir. Cela peut parfois grimper jusqu'à 10 alarmes par heure. Il s'agit clairement d'une protection qui vise les nombreux conducteurs que l'on peut voir se laisser emmener par leur voiture, sans toucher au volant. « Nous voulons vraiment éviter cette situation », conclut Elon Musk. Si le cas de l'accident de la Model S n'est pas directement évoqué ici, il en est tout de même en filigrane.
La mise à jour arrivera pour tout le monde d'ici une ou deux semaines
La mise à jour 8.0 du logiciel de pilotage automatique devrait arriver d'ici une ou deux semaines selon Elon Musk. Elle sera proposée à l'ensemble des clients de la société qui ont activé cette fonctionnalité payante pour rappel, que ce soit avant ou après la hausse de tarif, comme cela nous avait été confirmé par un porte-parole du fabricant en France.
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Commentaires (25)
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Abonnez-vousLe 14/09/2016 à 12h05
Elle doit faire un saut périlleux avant.
Le 12/09/2016 à 14h58
D’après les tweets de E. Musk à ce sujet, ils utilisent un mode très spécifique du radar à un tel point qu’ils ont du bosser avec les ingé du fabricant pour étudier la faisabilité.
Mais je connais pas les détails et Musk n’en a pas donné non plus…
Le 12/09/2016 à 15h08
” « Ce n’est pas vraiment une bêta » explique-t-il, mais si cette fonctionnalité est décrite comme telle” En même temps une bêta initialement est censé être un produit très proche de la RC… Il y a un glissement qui tend à faire passer des alpha test pour des beta tests mais les betas tests sont censé être un produit quadi fionie, au niveau d’une RC.
Le 12/09/2016 à 15h15
Salut,
Je suis un peu étonné, ils utilisent quoi comme radar ?. Sur les véhicules aujourd’hui un radar d’ACC (autonomous cruise control) ne pile pas devant une canette… fusse-t-elle de bière !! " />
Le 12/09/2016 à 16h00
Dommage, car hormis la mauvaise presse pour Tesla, une nouvelle branche de sélection naturelle s’ouvrait au monde …
Le 12/09/2016 à 16h16
je me positionne dans le camp des gens qui attendent ça avec impatience…
mais l’article me fait plus peur qu’autre chose au total
Le 12/09/2016 à 16h26
Pareil.
Ignorer un obstacle détecté par le radar au prétexte que d’autres véhicules déjà passés par là (sur la base d’un GPS précis au mieux à quelques dizaines de mètres) avaient aussi détecté un obstacle mais avaient pu foncer sans encombre…
Le 12/09/2016 à 16h37
Ce glissement est en fait conditionné par la distance totale parcourue de l’ensemble des utilisateurs de l’Autopilot.
En gros, le soft sortira de sa phase béta plus ou moins automatiquement (et à grands renforts de communication :) )
Le 12/09/2016 à 17h46
Dommage que les Tesla soient si chères. Je me serait bien laissé tenté. mais plus de 100K€ une voiture, ça fait mal.
Le 12/09/2016 à 18h57
La model 3 sera vendue autour de 35 000$ …Le prix officiel pour la france (avec subventions & co) n’est pas encore connu, mais on est loin des 100K ^^
Et même la model S peut être achetée à partir de 74K€
Le 12/09/2016 à 19h29
Si je m’achète une Tesla c’est pas pour prendre le premier prix. La model 3 ne m’intéresse pas , je vise au minimum une Model S ou une model X en 75D.
Le 12/09/2016 à 19h40
Perso, si je peux avoir la conduite automatique dans 50% des cas où je prend ma voiture, une model 3 me “suffit” " />
J’ai pas “besoin” des portes papillon & filtre “bio weapon” " />
Le 12/09/2016 à 20h07
Là où je roule, il y a des rôdeurs partout. Les options sont intéressantes du moment que le radar peut être reprogrammé/patché.
Le 12/09/2016 à 20h35
Perso, si je peux laisser la voiture bosser sur l’autoroute ou dans les bouchons sur le periph, je serait déjà heureux " />" />" />" />
Le 12/09/2016 à 20h49
Le 12/09/2016 à 21h54
Ce qui me dérange dans ce discours c’est qu’on voit apparaître une prise de position sur la calibration du modèle.
Tesla déclare ouvertement qu’ils cherchent à minimiser les faux positifs.
Dans modèle de décision, il y’a forcement un choix à faire, car si un modèle parfait n’existe pas alors pour un même taux d’erreur, il y’a un équilibre à déterminer entre le taux de faux positif et le taux de faux négatifs.
Parfois le choix est simple. Par exemple une alarme incendie : il vaut mieux qu’elle se déclenche si il n’y pas de feu plutôt qu’elle reste silencieuse quand ça crame.
Dans le cas de Tesla minimiser les faux positif revient à ce que la voiture soit passive lorsque la situation devient ambiguë, pour ne pas que la voiture soit en faute et que la faute soit porté par l’attention du conducteur.
Imaginez les conséquence pour Tesla si quelqu’un (qui n’est même pas forcement dans la voiture) se fait tuer à cause d’une mauvaise décision de la voiture.
Du coup ce n’est pas un choix objectif, c’est un choix qui défend un intérêt privé.
C’est un débat qui devrait être public et transparent, et la justice devra être prête lorsque cela arrivera, car cela arrivera, c’est juste une question de temps.
Le 13/09/2016 à 01h57
Tu lèves là le problème désormais connu pour tous les constructeurs qui visent les voitures autonomes, totalement autonomes: qui sera responsable dans les accidents? Le constructeur de la voiture? Le développeur du soft ? Celui des capteurs ou des puces qui traitent les signaux ? (Tesla a perdu un partenaire à cause de ça d’ailleurs: Mobileye si je ne me trompe pas)
… ou le piéton/l’arbre qui a traversé sans regarder ?
C’était probablement une question sociale même pas imaginée quand on rêvait des voitures volantes automatiques il y a quelques dizaines d’années ^_^
Le 13/09/2016 à 05h31
Article intéressant ! Qu’est-ce que ca change de clu… Et leur titre a la con pour attirer des clics, ca aurait donné: incroyable vous n’en reviendrez pas comment tesla trompe les obstacles avec une nouvelle intelligence artificielle….
Le 13/09/2016 à 05h32
à voir comment Tesla se prépare à faire sa propre assurance, j’ai l’impression qu’il n’y a que nous qui voyons ça comme un problème " />
Et volvo est allé encore plus loin :http://www.autoblog.com/2015/10/07/volvo-accept-liability-self-driving-car-crash…
Le 13/09/2016 à 08h28
Ouais donc il y a un pilote automatique mais il ne différencie pas une canette d’un camion, c’est juste un régulateur de vitesse quoi. comme quoi l’humain est peut être imparfait, mais la voiture automatisé l’est encore plus.
Le 13/09/2016 à 08h48
Le 13/09/2016 à 08h54
C’est aussi pour ça que les constructeurs considères l’usage de multiples capteurs pour “compenser” leur défauts … caméra + radar + Lidar
En attendant que ces technologies soient intégrés, completement, il faut faire des concessions.
Le 13/09/2016 à 09h13
Tu as plus d’informations là dessus (sur comment ça marche)? car je ne pense pas que leur système soit parfait non plus.
Le 13/09/2016 à 11h54
Comment “voir un gros objet métallique”, s’il n’est qu’un miroir d’un ciel dégagé de tout obstacle ?
Le 13/09/2016 à 12h54
il réfléchira les ondes (radio/lumière), mais que je sache, il sera visible au Sonar.
Apres la question reste : quelle est la portée du Sonar .. et si une feuille qui se colle sur le sonar, est ce que la voiture doit faire un freinage d’urgence …