4 000 lycéens et « près de 1 000 lycéennes » participent au 2ᵉ défi « Passe ton hack d’abord »
Com' cyber
Le 25 janvier à 09h07
7 min
Sécurité
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Du 22 janvier au 9 février 2024, 4 000 lycéens et « près de 1 000 lycéennes » vont s'immerger dans le rôle de « hackers » en participant à la seconde édition du challenge « Passe ton hack d'abord ». L’inscription et la participation sont gratuites, mais les inscriptions closes depuis le 7 janvier.
21 épreuves : OSINT, cryptographie, stéganographie, réseaux…
Le challenge prend la forme d’un « capture the flag » (CTF) et se déroule sur une plateforme créée pour l’occasion. Les équipes sont invitées à réussir 21 épreuves pour récupérer les « flag » (une chaine de caractères secrète, par exemple « @FLAG {tf&fv£TK_EF} ») associés à chacune d’entre elles et marquer le plus de points.
Avec une difficulté croissante, ces épreuves portent sur la programmation, la recherche en source ouverte (OSINT), la cryptologie, la stéganographie, l’analyse de réseaux, etc., avec des « épreuves inédites » telles que le décryptage d'un message de type Enigma, le piratage d'un mot de passe, la rédaction de code en langage Python et la vérification de la sécurité d'un site internet.
Un concours national, pensé pour « un public lycéen »
Après une première expérimentation réussie en Île-de-France en 2023 (dans les académies de Créteil, Paris et Versailles), le challenge s’élargit en outre en 2024 à l’ensemble du territoire français. « Les épreuves ont été spécifiquement étudiées pour être résolues principalement par un public lycéen, certaines ont cependant un niveau de difficulté plus élevé afin de départager les élèves », précisent les organisateurs.
Cette année, ce sont ainsi près de 350 établissements et 1 180 équipes (voir la carte) de lycéens ou d’étudiants, de deux à six élèves chacune (des équipes de cinq sont recommandées), qui se sont lancées dans cette aventure, dont 189 équipes de 2ᵈᵉ, 339 équipes de 1ʳᵉ, 405 équipes de terminale et 247 équipes de BTS en lien avec les métiers du numérique, de la cybersécurité ou des sciences de l’ingénieur.
Les lauréats se verront récompenser par un abonnement de six mois à la plateforme SEELA (plateforme de formation cybersécurité en ligne – parcours certifiant), dédiée aux défis d'experts en cybersécurité offensive et défensive, ainsi que divers goodies. Une remise des prix aura lieu au Campus Cyber.
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Installer un datacenter en plein désert, « ça surchauffe »
Le challenge est organisé par le Commandement de la cyberdéfense (COMCYBER) en collaboration avec la Direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO, dirigée par Édouard Geffray, ex-secrétaire général de la CNIL) du ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.
Le COMCYBER vient de créer un compte Instagram dédié qui, cherchant à promouvoir ses métiers, avance que ses 4 000 « cybercombattants » peuvent être amenés à intervenir « dans le monde entier ». L'un d'entre-eux raconte ainsi comment il s'est retrouvé à devoir installer un datacenter en plein désert, « dans une chaleur de dingue, complètement étouffante » : « sauf qu'un serveur branché, ça chauffe, et un serveur branché sous une tente, ça surchauffe », détaillant comment, grâce aux clims', il tenta d'éviter que la machine « se mette en PLS », afin de « pouvoir appuyer l'opération ».
Il a par ailleurs mis en ligne sur YouTube une playlist consacrée au challenge 2023. « Nous manquons de jeunes femmes, qui s’autocensurent dans le numérique », regrettait l'an passé le général Bonnemaison, à la tête du COMCYBER.
Le pourcentage de lycéennes est en baisse
Intégré au Plan interministériel « Toutes et tous égaux », le challenge vise à sensibiliser les élèves à la sécurité numérique, et promouvoir les métiers de la tech', « souvent perçus comme un domaine masculin auprès des lycéennes », précise le ministère de l'Éducation.
Aymeric Bonnemaison se félicitait que la première édition de « Passe ton hack d’abord » avait réussi à attirer plus de 200 lycéennes, soit 22 % des 900 lycéens participants. Cette année, avec « près de 1 000 lycéennes » sur un total de 5 000 participants, le taux de participation des lycéennes est de « près de » 20 % seulement, en légère baisse donc par rapport à l’année dernière.
Les organisateurs précisent qu’il était « demandé aux équipes pédagogiques de veiller à assurer si possible une mixité des équipes », mais le problème se situe en amont : peu de filles sont présentes dans les filières informatiques et numériques, difficile de ce fait de s’approcher d’une parité.
Le problème de mixité est structurel
Le Centre Hubertine Auclert, organisme pour l’égalité femmes-hommes associé de la Région Île-de-France, a publié en 2022 une étude sur « les freins à l'accès des filles aux filières informatiques et numériques ».
Le verdict est sans appel : « les filles restent très minoritaires dans ces filières scientifiques, victimes de stéréotypes et représentations largement intériorisées, de celles et ceux qui entravent insidieusement les aspirations et censurent les ambitions ».
L’étude du Centre révélait « que le lycée n’est pas seulement le reflet des inégalités construites antérieurement, il est aussi un lieu de production et d’amplification des inégalités d’accès à certains secteurs et certaines professions, notamment dans les filières scientifiques, informatiques et numériques ».
« Le taux de féminisation actuel de 16,1 % reste insuffisant »
Un rapport parlementaire consacré aux « défis de la cyberdéfense » relève de son côté que les filières d’étude en informatique « comptent moins de 14 % de femmes et 6 % en cyber », et que la France « ne compte aujourd’hui que 27 % de femmes dans les métiers de l’informatique et 11 % dans le cyber ».
Au ministère des Armées, « le taux de féminisation actuel de 16,1 % reste insuffisant », souligne le rapport. D'autant qu'à titre de comparaison, « les femmes représentent dans le monde 50 % des informaticiens et 25 % des salariés dans le domaine de la cybersécurité ».
Le ministère des Armées, en quête des potentiels et convaincu de la nécessité de mieux attirer les femmes dans les métiers du cyber, mène ainsi des actions « très en amont au cours de la scolarité (collèges, lycées) » afin de promouvoir les filières scientifiques et numériques.
Pour ce faire, outre les actions de communication institutionnelle, le ministère s’appuie depuis 2018 sur le réseau Combattantes@Numérique, la communauté des professionnelles du numérique du ministère des Armées. Mais également, depuis 2021, sur les Cadettes de la Cyber, en accompagnant des jeunes femmes « via un parrainage de haut niveau, en leur donnant accès à des formations complémentaires, et à un accompagnement à l’insertion dans la vie professionnelle ».
D’autres axes sont en cours d’étude dans le cadre du Plan Égalité professionnelle entre les femmes et les hommes du ministère, précise le rapport :
- la lutte contre les stéréotypes et préjugés culturels, qui véhiculent une image masculine de la cyberdéfense (image du « geek » ou du « hacker ») ;
- la mise en valeur de modèles féminins, pour inciter les jeunes filles et jeunes femmes à poursuivre des carrières dans ce domaine ;
- la dénonciation des préjugés inconscients, même dans les organismes qui recherchent activement des femmes mais peuvent les désavantager involontairement en termes de promotion, de rémunération et d’accès aux fonctions d’encadrement ;
- et l’évolution d’une culture de travail parfois intimidante pour les femmes.
4 000 lycéens et « près de 1 000 lycéennes » participent au 2ᵉ défi « Passe ton hack d’abord »
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Le pourcentage de lycéennes est en baisse
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Le problème de mixité est structurel
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« Le taux de féminisation actuel de 16,1 % reste insuffisant »
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Abonnez-vousLe 25/01/2024 à 10h05
Le 25/01/2024 à 10h48
Le 25/01/2024 à 13h31
On se marrait plus en droit :p
Modifié le 25/01/2024 à 11h05
Ca fait bien des années qu'on nous place des Geeks féminins dans les films, livres, séries... Je me suis fait encore la réflexion dans la Série Berlin (un navet au passage) qui avait pour Geek, une femme, ou encore qui vient de sortir sur Netflix, En plein vol (encore une fois, beau casting, mais film à fuir), ou le "hacker" du groupe est aussi une femme. Il y en à la pelle des exemples comme ca. Je ne parle pas des campagnes "publicitaires" sur le sujet, ou c'est la même chose.
En lisant cette phrase "le taux de féminisation actuel de 16,1 % reste insuffisant", je me demandais à partir à combien ce serait jugé "suffisant" ?
Est-ce qu'on se donne autant de mal pour faire des hommes infirmiers, esthéticien, assistant maternel ? Alors bien sûr, ce serait bien que cela s'équilibre. Mais peut être que la problématique est ailleurs...
Le 25/01/2024 à 11h33
Le 25/01/2024 à 11h57
Modifié le 25/01/2024 à 14h14
Aujourd'hui, on estime la mixité quand l'equilibre h/f atteint des taux entre 40% et 60% chacun. Si on atteint le tiers pour l'un des deux c'est déjà énorme. Chez Orange, le taux des cadres féminins est de 33% et le taux de femmes dans les métiers technique/numérique de 21% (objectif 2025: 35%, 25%). Comme dit dans plusieurs articles Next, l'enjeu est non seulement d'attirer les femmes vers les carrières scientifiques, mais surtout pérenniser ces carrières féminines.
Pour ce qui est des personnages "geeks" dans la fiction, je ne suis pas certain que ça valorise les professions techniques/numérique. Par ailleurs, le personnage de la geekette est souvent dévalorisé et sexualisé par rapport au geek astucieux qu'on veut dans son équipe.
Modifié le 25/01/2024 à 15h41
J'ai bien compris les enjeux, mais comme je le disais, je n'aime pas ces notions de quotas. Je suis pour l'égalité totale sur les rémunérations homme/femme mais qu'on laisse le choix à chacun de ce qu'il veut faire de sa vie, sans qu'à l'embauche, on prenne soit un homme soit une femme en fonction d'un quota au détriment des compétences.
Comme pour n'importe qu'elle bon enseignant sait le faire, pour attirer un élève, il faut l'intéresser, il faut juste rendre ces métiers intéressants en les faisant découvrir très tôt.
Pour ce qui est du Geek, je n'en suis pas certains non plus que ca aide, homme ou femme, c'est toujours loin de la réalité et caricatural, mais bon, tout comme les infirmières dans les séries par exemple ;)
Modifié le 26/01/2024 à 09h14
C'est plus des questions de bonnes pratiques pro qui permettent l'interchangeabilité dans les équipes qu'une volonté d'aider les femmes.
Et c'est aussi parce que 100% des entreprises ont peur que leurs informaticiens ne deviennent un jour combatifs. Et là aussi la présence féminine rassure, il y aura peu de solidarités, aucune capacité au blocage et au rapport de force et les salaires resteront globalement bas tant qu'on valorisera les individus par des compliments et "le sens de l'action"...
Là encore on est sur des motivations qui n'ont rien à voir avec l'émancipation des femmes, la lutte contre le sexisme ou une politique à visée égalitaire de la part des recruteurs.
Et c'est pour toutes ces questions que le management supérieur se fiche éperdument d'avoir des boulangères aux fourneaux ou des infirmiers ou des instits hommes, les questions des rapports de force économiques et sociaux dans ces corps de métier ne se posent pas du tout dans le même cadre que pour l'informatique et la sécurité.
Le 26/01/2024 à 10h31
Le 26/01/2024 à 11h36
Et aussi cette affirmation "Et c'est aussi parce que 100% des entreprises ont peur que leurs informaticiens ne deviennent un jour combatifs.", ah ?
Modifié le 16/05/2024 à 10h04
Globalement une entreprise avec une culture monobloc et des groupes sociaux homogènes a une meilleure performance sauf... en innovation et niveau salaires. D'où (l'innovation) l'accent mis par les entreprises de la tech et certains gouvernements (Norvège par ex.) pour féminiser le domaine.
C'est une sujet vaste et protéiforme ou s’entremêlent des notions de management, d'image des entreprises et des questions de comment on mesure les performances économiques etc. ça va être compliqué à résumer dans un commentaire de quelques lignes et je ne connais pas de source faisant une synthèse du sujet. Il y a plusieurs ressources sur cairn qui en causent que j'ai pu lire ces dernières décennies si tu veux commencer par des travaux universitaires. Des trucs comme ça remontent dans google...
Modifié le 16/05/2024 à 09h56
https://www.imf.org/fr/Blogs/Articles/2018/11/28/blog-economic-gains-from-gender-inclusion-even-greater-than-you-thought
C'est plus ou moins une tarte à la crème des DRH de la tech sinon, limite c'est acquis comme sujet.
Modifié le 26/01/2024 à 16h11
Mon commentaire visait juste à replacer le sujet centrale : l'égalité h/f, c'est-à-dire une forme de mixité sur des postes de conception et des postes de décision. Mais ce serait très bien que la mixité existe aussi sur des métiers précaires masculins et sur des métiers masculins dont tu as cité des exemples (un pain travaillé par une femme ou par un homme reste un pain).
Ces amalgames mixité/égalité et ces préjugés sur l'incompétence, le désintérêt supposés des femmes pour le numérique, c'est vraiment dommage et surtout complètement arbitraire.
Le 27/01/2024 à 16h45
Sur une classe de BTS de 20, il y en avait 1. Sur une classe de master de 70, il y en avait 4-5.
Il y a clairement un manque d'attrait du secteur par les femmes. Maintenant, il est probable qu'il subisse un effet du type "syndrome de l'imposteur", doublé d'une peur d'isolation au sein d'un milieu principalement masculin.
Et comme les hommes sont souvent dépeints comme des êtres lubriques et violents, ça ne m'étonne pas que les "non-mâles" (histoire de sortir de la dichotomie hommes/femmes) ne soient pas très attiré(e)s par ce milieu.
Modifié le 25/01/2024 à 11h27
https://twitter.com/OpexNews/status/1750412780652392498
Modifié le 26/01/2024 à 09h12
Je serai très curieux de savoir d'où vient ce chiffre qui me semble totalement saugrenu juste en considérant les photos des équipes informatiques des entreprises du monde... Dans quasi aucun pays à part possiblement la Corée (et peut être la Jordanie) il n'y a même de parité.
Le 26/01/2024 à 11h33