La CNIL met en demeure l’application « Gossip, les potins anonymes »
Mais tout cela ne nous regarde pas...
Le 14 octobre 2016 à 14h14
4 min
Droit
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La société en charge de l’application « Gossip, les potins anonymes » vient de se faire sévèrement taper sur les doigts par la CNIL. L’autorité administrative estime qu’elle porte des « atteintes graves à la vie privée » des personnes, tout en reposant sur un dispositif de collecte de données parfois illicite.
C’est « par voie de presse » que la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) fut amenée à se pencher sur cette application − on pourra lire à cet égard cet article du Monde datant de juin 2015. Disponible alors depuis quelques semaines sur smartphones sous iOS ou Android, Gossip donne rapidement des sueurs froides aux personnels de l’éducation nationale ainsi qu’aux parents d’élèves.
Et pour cause. Le programme « permet à ses utilisateurs de mettre en ligne anonymement un ou plusieurs contenus (rumeurs, photos, vidéos) portant sur une personne faisant partie de son « Réseau », c’est-à-dire de la liste de ses contacts, explique la CNIL. Les « gossips » sont ainsi associés à un numéro de téléphone (fixe ou mobile) présent dans le répertoire téléphonique de l’utilisateur ou renseigné parmi les données de l’un de ses contacts sur Facebook. »
Le principe : lancer un ragot, qui peut éventuellement être « prouvé » par la suite à l’appui d’une photo ou d’une vidéo. « Tous les utilisateurs de l’application ayant la personne ciblée par la rumeur dans leur carnet de contacts ou dans leurs contacts Facebook sont destinataires du « gossip », sans connaître son émetteur » poursuit la Commission.
« Pédophile », « violeur », « inceste »...
On devine rapidement les dérives d’un tel outil... « Untel, professeur au lycée de (...) est un pédophile », « X aurait attrapé le VIH en abusant d’une jeune fille en sortant de boîte », « Y vient de faire une fausse couche », etc. Les exemples de rumeurs rapportés par la CNIL ne sont guère reluisants.
Même si W.M.G, la société française derrière cette application, a expliqué à l’autorité administrative indépendante qu’il était possible de demander la désactivation de ces fameux « gossips », la gardienne des données personnelles souligne de son côté que chaque utilisateur de l’application a la possibilité de les « propager en son nom propre sur des réseaux sociaux, par MMS ou par courriel ». Autrement dit, elles ont vocation à se répandre comme un trainée de poudre...
Atteintes graves à la vie privée, souvent sur des mineurs
Pour la CNIL, les choses sont claires. Gossip « démultiplie l’atteinte portée à la vie privée des personnes visées par les commérages en permettant une diffusion la plus large possible de ces contenus, auprès d’un nombre de personne indéterminé et pour une durée illimitée ». De tels faits constituent à ses yeux un manquement à l’article 1er de la loi Informatique et Libertés, en vertu duquel l’informatique « ne doit porter atteinte ni à l'identité humaine, ni aux droits de l'homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques ».
Sur un plan un peu plus technique, la CNIL considère que W.M.G contrevient à la législation relative aux données personnelles dans la mesure où elle ne recueille à aucun moment le consentement des personnes visées par les gossips (mais n’ayant pas installé l’application) quant à l’utilisation de leur numéro de téléphone.
Un mois pour rentrer dans le rang
« Au regard du nombre d’utilisateurs de cette application (téléchargée 637 816 fois au 5 juin 2016) et de l’âge des personnes qui peuvent être concernées par les « gossips » (personnes mineures) », l’autorité administrative indépendante a décidé d’adresser une mise en demeure publique à l’encontre de W.M.G.
Pour l’instant, la société se voit simplement invitée à « ne pas mettre en œuvre de traitement de données à caractère personnel portant atteinte à la vie privée et aux libertés individuelles des personnes concernées » par son application. Elle est également priée de ne plus traiter de données personnelles sans base légale. Le tout sous un délai d’un mois.
Passé ce laps de temps, l’institution pourra alors ouvrir une véritable procédure de sanction – tout du moins si les responsables de Gossip ne sont pas rentrés dans le rang d'ici là. La CNIL a dans tous les cas effectué un signalement auprès du procureur de la République, lequel pourra « procéder à des investigations complémentaires » en vue d’éventuelles poursuites judiciaires.
La CNIL met en demeure l’application « Gossip, les potins anonymes »
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« Pédophile », « violeur », « inceste »...
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Atteintes graves à la vie privée, souvent sur des mineurs
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Un mois pour rentrer dans le rang
Commentaires (31)
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Abonnez-vousLe 14/10/2016 à 14h21
Le 14/10/2016 à 14h26
je ne vois pas la différence entre Gossip et les commentaires de NXI " />
Le 14/10/2016 à 14h29
Trop gros le troll, ça passera pas même un vendredi.
Le 14/10/2016 à 14h32
Le sous-titre … maintenant j’ai ca dans la tete pour tout le reste de la journee
Le 14/10/2016 à 14h34
les gens qui participent à la diffusion de ces potins arrivent encore à se regarder dans une glace ??
Le 14/10/2016 à 14h37
Le 14/10/2016 à 14h40
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euh non on veut pas " />
Le 14/10/2016 à 14h44
Le 14/10/2016 à 15h06
Je sais pas si les pires sont les gens qui utilisent cette application ou ceux qui la fournissent. Au pif, je suppose qu’il y a de la pub et ils se font de l’argent avec. Dans tous les cas ça reste vraiment consternant.
Le 14/10/2016 à 15h27
Je comprend même pas qu’on peux réfléchir et publier de telle application sans se rendre compte des méchants retour flammes qu’on va se prendre dans la face..
Le 14/10/2016 à 15h45
Probablement que tu es trop honnête, droit et a des valeurs éthiques et morales pour comprendre… on est plus que 2 dans ce cas. Hélas, l’éditeur et le public destinataire ne partage pas nos valeurs…
Le 14/10/2016 à 16h16
Je pense que la majorité des ados ne se rendent pas compte de l’impact que peuvent avoir la diffusion de ce genre de rumeurs. C’est un peu comme la mise à l’écart du binoclard, du boutonneux, ou du trop fort en maths au collège… (ou pire, les trois à la fois). Totalement guidé par une nécessité d’être cool aux yeux des copains, donc très con, mais pas nécessairement fait avec une mauvaise intention.
Pour les adultes qui l’utilisent (ou qui la conçoivent) il y a effectivement des questions à se poser.
Le 14/10/2016 à 16h31
En ce vendredi soir, je ne résiste pas, à vous communiquer les propos que tenait sa fondatrice, en juin 2015, auprès d’Europe 1 . Ils se dégustent lentement :
“J’ai été moi-même choquée par l’utilisation de mon application, par la perversion des utilisateurs, par les propos diffamatoires. Je n’ai pas attendu que les médias s’en mêlent pour mettre pour l’application en veille”.
[i][…] ”[/i]J’ai créé une liste de mots ou quoi qu’il arrive, c’est automatique, le
message est radié. J’ai également créé un signalement où la personne
qui écrit est radiée de l’application au bout de cinq signalements. L’application est interdite au moins de 16 ans, grâce au filtre iTunes de Apple. Sauf que la plupart du temps, les jeunes utilisent le compte et la carte bleue de leurs parents”[…]“J’interdis mon frère et ma sœur d’être sur l’application”.
[…] “J’ai soulevé un réel problème c’est le cyber-harcèlement. Mais je suis contre le cyber-harcèlement”[…]“Ce n’est pas l’idée qui n’est pas bonne, mais la façon dont les utilisateurs utilisent l’application”.
Rarement, le cynisme aura atteint un tel niveau. Tout autre commentaire serait superfétatoire.Dun point de vue juridique, la Cnil après avoir effectué une analyse minutieuse des fondements légaux qui permettaient une dispense de consentement des personnes objet de ces rumeurs, conclue par ces mots : “
La société ne peut dès lors se prévaloir d’aucune base légale [autre que le recueil du consentement] pour la mise en oeuvre de son traitement de données à caractère personnel.” Dès lors, la promesse de ce service qui consistait “à démocratiser les potins de façon totalement anonyme ” risque d’être vaine. Doucement, la Cnil force ce service à abandonner ses activités, ou, à tout le moins, à en restreindre la physionomie (ie. consentir au fait d’être l’objet d’un ragot).
Le 14/10/2016 à 16h57
J’espère que le procureur va poursuivre, c’est trop énorme pour que les créateurs de cette application s’en sortent avec une simple remontrance de la CNIL.
Le 14/10/2016 à 17h02
C’estr comme si les fondateurs de The Pirate Bay se disait surpris de l’utilisation de leur outils pour mettre à disposition des fichiers illégalement.
Le 14/10/2016 à 17h09
Le 14/10/2016 à 17h12
Je vais faire un GROS parallèle mais … Gossip, c’est un peu le Telegram de l’EI mais pour propager de la merde, non (propagation, anonymat, …) ?
Et quand je parle de merde, c’est pas de la pub mais plutôt des saloperies (à mon sens, 90% fausses) sur des personnes qui ont rien demandé ?
Je fais que demander, j’ai pas l’application (et de ce que j’ai lu, je risque pas de l’installer).
Pour parler de ce que je pense, un “potin” est ni-plus ni-moins une connerie de commérage qu’on se raconte quand on est plus fasciné par la vie des autres que par la sienne (OMG, que leurs âmes doivent se faire chier …).
Le 14/10/2016 à 18h20
Iam - Petit Frère
Le 14/10/2016 à 18h44
Faut être un peu débile, voir irresponsable pour se réveiller un matin et avoir eu cette idée d’application.
Le 14/10/2016 à 19h08
de nos jours on fait des applications pour tout et n’importe quoi, alors pourquoi pas une application pour faire des blagues potaches à ses contacts ?
Le 14/10/2016 à 19h10
Le 14/10/2016 à 19h10
Le 14/10/2016 à 19h22
Dans l’article de Le Monde dont le lien est dans l’article de Next inpact (1er paragraphe), il est écrit :
Le 14/10/2016 à 19h36
Ça me rappel les vieux hoax du web “1.0” qui ont dissociés les crédules (alias les concons) du reste:
Ils avaient réussi a pointer ce problème et forcer certains a adopter un regard critique: la petite Noémie qui avait besoin d’une perfusion et/ou d’un don (faites tourner SVP), des chatons enfermés dans des bocaux , les montages photos a base de playboy….
Les “créateurs” de l’époque avait déjà fait le tour : le viral, le trash et le cul!
Alors bon, si cette génération soit disant “2.0” arrivent a gober des ragots sur leur voisin avec une appli dont-ils ne savent rien ça leur fait bien une vingtaine d’années de retard.
Il y a un adjectif plus ou moins péjoratif pour un tel retard mais nul doute que leurs parents maîtrisent le sujet et arriveront a leur faire comprendre avant qu’on leur colle une étiquette en société…ou pas!
Le 15/10/2016 à 06h38
Et n’oublie pas notre très généreux ami nigérien qui promet une part de sa fortune si tu l’aides à retourner au pouvoir.
Le 15/10/2016 à 09h50
Cette application Gossip me fait penser aux photos de paparazzi publiées dans Voici ou Ici Paris : une photo équivoque ou compromettante associée à une affirmation spectaculaire souvent exagérée ou totalement fausse.
sauf que Gossip concerne n’importe qui.
Le 15/10/2016 à 10h36
Non, pas du tout.
Télegram, Signal & Co chiffrent les communications. Par exemple, Hilary Clinton et son équipe de campagne l’utilisent pour éviter de se faire espionner (les problèmes de courriel, Hilary connaît). Signal met en avant la sécurité des communications liées aux affaires pour se vendre.
Bref un outil qui peut être bien ou mal utilisé et assez neutre à la base.
Mais une application dont le principe est de faire du comèrage son fond de commerce. J’ai du mal à lui trouver un usage intrasèquement bénéfique, même pour des adultes de plus de 18 ans.
Le 15/10/2016 à 12h57
“WMG” pour “Wild Mass Guessing” ?
Le 18/10/2016 à 10h04
Bordel, Je suis aller sur gossip.fr par simple curiosité… ce ramasse merde total de tout ce qui peu se faire de pire en émission TV / peoples sur un seul site, j’étais pas prêt pour un tel regroupement.
Le 14/10/2016 à 14h19
ça me rappelle vaguement une série américaine, mais laquelle? " />
Le 14/10/2016 à 14h19
on vit vraiment une époque formidable " />