Guillaume Poupard, le directeur général de la très sérieuse Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) a déclaré ce matin à l’Assemblée nationale qu’il n’était « pas en faveur du vote électronique ». S'appuyant sur ses propos, un député a décidé de demander au gouvernement d’interdire les machines à voter pour les prochaines élections.
Si François Fillon a promis de généraliser le vote électronique, rappelons que son usage est aujourd’hui assez limité. S’agissant du vote par Internet, il est uniquement proposé aux Français de l’étranger (sur la base du volontariat), et pour quelques scrutins seulement. En 2017, cette faculté leur sera ainsi offerte pour les législatives, mais pas pour la présidentielle. Quant aux machines à voter, officiellement autorisées depuis la fin des années 60, seules quelques communes continuent de les utiliser, suite à l’adoption d’un moratoire, courant 2007.
Poupard favorable à une extension du moratoire sur les machines à voter
Interrogé lors d’une audition par le député socialiste Sébastien Pietrasanta, Guillaume Poupard a eu du mal à cacher sa réticence face à ces dispositifs. Le numéro un de l’ANSSI s’est tout d’abord dit « très en faveur » d’une « extension » du moratoire concernant les machines à voter. Sachant qu’aucune nouvelle commune ne peut aujourd’hui rejoindre la cinquantaine de villes qui font encore de la résistance, on imagine que cette nouvelle étape se traduirait par un abandon de ces appareils électroniques.
« Ces machines ont le défaut d'être assez différentes les unes des autres, elles sont difficiles à aller évaluer une par une... Il faut peut-être même simplement se reposer la question de l'intérêt de ces machines, mais là c'est un avis un peu personnel », a déclaré ce spécialiste de la cryptographie.
Les bulletins traditionnels jugés plus rassurants que le vote par Internet
Même son de cloche au sujet du vote par Internet : « En toute franchise, je ne suis pas en faveur du vote électronique, parce qu'aujourd'hui quand on met en regard les capacités de sécurisation que l'on a – même en faisant beaucoup d'efforts, même avec des gens très sérieux – et le niveau des attaquants potentiels (...), on a du mal à totalement rassurer. »
Tout en affirmant que les cybermenaces ne devaient pas être « tétanisantes », Guillaume Poupard a plaidé en faveur du système traditionnel. « De fait, ce processus encore très concret, avec des bulletins, des enveloppes... Ça, c'est de nature à me rassurer. »
Le directeur général de l’ANSSI, qui figure d’ailleurs dans le « bureau du vote électronique pour les élections des Français établis hors de France », a rapidement été entendu par Sébastien Pietrasanta. Dans un tweet, l’élu a « solennellement » demandé au ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, « d’interdire les machines à voter » pour les prochaines élections.
Suite à l audition @ANSSI_FR, je demande solennellement @BrunoLeRoux d interdire les machines à voter pour élections 2017. #cyberattaques
— PIETRASANTA (@S_PIETRASANTA) 18 janvier 2017
Sur ce dossier, le bilan de la majorité suscite cependant des critiques régulières, le PS ayant pris position en 2007 pour un abandon des machines à voter, avant de renoncer à les interdire coup sur coup sous le mandat de François Hollande (voir par exemple cet exemple, ou celui-là).
Commentaires (30)
#1
j’aime ce mec. " />
#2
Anéfé rejeté
Sinon de toute façon ça ne sera pas pris en compte, comme toujours, on n’écoute jamais les experts du domaine dans ce pays, on préfère demander l’avis aux copains
#3
ben sur le vote électronique, j’ai du mal à comprendre comment on arrive à avoir un moratoire depuis maintenant 10 ans, et ne rien en faire.
ça dépasse totalement la logique la plus élémentaire:
ça fait 10 ans qu’on est sur les deux tableaux: il est interdit sauf dans 60 communes.
pourquoi ça ne bouge pas? y’a forcément une raison qui fait que le PS voulait l’interdire puis est revenu sur sa décision…
#4
#5
#6
Zut, d’ici à ce que la Hadopi soit rentable… " />
#7
Dans un tweet, l’élu a « solennellement » demandé au ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, « d’interdire les machines à voter » pour les prochaines élections.
Demander « solennellement » par twitter, décidément je dois commencer à devenir un vieux con, mais je ne m’y fais pas ! " />
#8
#9
#10
😅😅
#11
#12
Merde on fait parti de ces 60 communes! (Le Havre)
#13
" />
Faux !!!
les citoyens élisent des politiques. On a donc les politiques que l’on mérite !!
#14
#15
C’est marrant comme ils font tous bloc contre le vote électronique… ils ont peur qu’il y est plus de gens a voter… mais pour eux bien sur ..?
#16
+1
On dirait Trump qui base toutes ses déclarations sur des tweets… Je comprend vraiment pas " />
#17
#18
vous n’avez RIEN compris aux problèmes du vote électronique.
Pour en savoir plus, consulter la page d’un chercheur en info membre d’un labo CNRS (articles de vulgarisation en bas de la page)
#19
Ouai et ? Crois tu que les politiques se soient réellement renseignés sur le sujet ? Avaliser le vote électronique c’est aussi augmenter le nombre d’inscrits et la facilité de vote, donc potentiellement renverser l’actuel système de vote avec ses habitués.
Le vote électronique, outre le défit technique qu’il pose, c’est comme donner le droit de vote aux femmes. Tout d’un coup il y a plus d’électeurs et cela change la donne de qui peut être élu ou pas.
L’enjeu n’est pas technique il est politique… une fois de plus.
#20
J’ai pas dit que notre système d’élection est le meilleur.
Quand on voit que nous devons pour les présidentiels choisir au deuxième tour un parmi deux et qu’une grosse partie de la population ne vote pas….
Je ne parle que du cas français pas des autres pays, de même je ne parle que des présidentiels mais de tous nos élus.
Quand on voit que le maire fraudeur d’Hénin Beaumont s’est représenté aux élections à sa sortie de prison et qu’il avait obtenu 5-10% du suffrage…. Les gens sont vraiment trop cons…
#21
N’empêche. Dire qu’on a les élus qu’on mérite est loin de la réalité.
En dehors des problèmes de paradoxes (Condorcet) que notre mode de scrutin présente, les bases même de l’expression démocratique sont biaisée. Choix faiblissime entre des programmes similaires élaborés par des types qui viennent du même milieu et se forment dans les mêmes écoles, médias largement possédés par quelques barons qui diffusent leur message, débats tronqués, irresponsabilité des gouvernants qui font des promesses et n’ont aucun compte à rendre… Quel choix réel avons nous ?
Quand on a à choisir entre peste et choléra, il n’y a qu’un résultat : on est malade. L’a-t-on mérité ?
PS. Le maire d’Henin-Beaumont… Qui avait-il en face ?
#22
#23
Ça dépend, certains ne votent pas par conviction comme tu le précises. Mais d’autres ne votent pas parce qu’ils ne peuvent pas ou ne veulent pas se déplacer. C’est loin d’être marginal comme population.
#24
#25
Le vote électronique, même par internet, n’augmente pas la participation.
#26
#27
C’est rassurant de voir qu’il reste des personnes sensées dans ce pays.
Même si elles ne sont plus légions.
#28
Il faudra suivre ce qui est en cours d’expérimentation en Suisse :http://www.toolinux.com/Vote-electronique-open-source-en
#29
#30