Microsoft veut une convention de Genève du numérique, pour protéger les internautes

Microsoft veut une convention de Genève du numérique, pour protéger les internautes

Microsoft a dit « Pouce ! »

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Guénaël Pépin

Publié dansDroit

15/02/2017
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Microsoft veut une convention de Genève du numérique, pour protéger les internautes

Microsoft propose la création d'une nouvelle « convention de Genève », qui protège les entreprises privées, infrastructures et limite la prolifération du cyberarmement. L'entreprise se place en bouclier des intérêts des internautes, trois ans après le scandale de la surveillance de la NSA.

Les géants du numérique prennent peu à peu leur place dans le débat politique. Dans un billet de blog, le directeur juridique de Microsoft, Brad Smith, demande aux États d'adopter une convention de Genève du numérique. « L'heure est venue d'appeler les gouvernements du monde à implémenter des règles internationales pour protéger les civils sur Internet », écrit-il. Une manière de répliquer le texte de 1949, avec des règles contraignantes pour tous les signataires.

Une multiplication des attaques

Pourquoi maintenant ? L'entreprise constate une prolifération d'attaques venues d'États sur l'an dernier. Elle prend pour premier exemple celle de Sony en 2014, attribuée à la Corée du Nord, et le vol de secrets industriels en 2015. Le groupe ne se risque tout de même pas à citer d'autres noms, l'attribution étant une activité hasardeuse. Surtout quand certaines des attaques les plus importantes, comme Stuxnet, remonteraient directement aux États-Unis eux-mêmes.

« Nous nous trouvons soudainement dans un monde où rien ne semble hors de portée des attaques étatiques » déclare Brad Smith. Il évoque un risque de plus en plus grand de voir les capacités logicielles utilisées à des fins militaires, avec des investissements croissants.

Rappelons que l'agence de sécurité informatique française (l'ANSSI) peut, depuis la loi de programmation militaire (LPM) de 2013, contrôler la défense d'une infrastructure vitale. Du côté de l'armée, l'un des principaux arguments était que, jusqu'alors, la Défense ne pouvait pas remonter le fil des attaques qu'elle subissait. Les capacités de surveillance, notamment offensive, ont ensuite été largement renforcées par la loi Renseignement.

Des civils « en première ligne »

Microsoft affirme que les cibles de ces guerres numériques sont surtout la propriété de civils, comme les câbles sous-marins, serveurs, ordinateurs ou les smartphones. Les emails seraient même au centre de la bataille actuelle de la cybersécurité, avant tout via le phishing.

En parlant pour le secteur, Microsoft se félicite des avancées des sociétés dans la protection des emails des internautes. Des services comme Gmail fournissant régulièrement des alertes sur les « tentatives de piratage » de comptes par un État, même si les détails manquent très souvent à l'appel.

Il est donc temps de lancer cet appel aux gouvernements, affirme Brad Smith. Il met en avant les deux dernières années de conception de normes. En juillet 2015 marquait ainsi l'adoption de recommandations de sécurité pour les États, par les experts de 20 gouvernements. L'un des principes est de ne pas utiliser d'attaque informatique pour endommager les infrastructures d'un autre pays.

Rappelons qu'en 2013, Barack Obama et Xi Jinping avaient discuté en tête à tête des attaques dont les deux pays s'accusaient mutuellement... Après l'intrusion au long cours dans le réseau de la société de défense américaine Qinetiq. En 2015, les deux pays s'étaient mis d'accord sur l'interdiction de soutenir le vol informatique de propriété intellectuelle.

Mettre le secteur privé hors de portée des États

En fait, Microsoft présente les acteurs privés comme les grands défenseurs des intérêts des internautes, car chargés de leur protection au quotidien. Une position qu'il aurait été difficile de tenir il y a encore trois ans, au moment des révélations d'Edward Snowden sur la surveillance de la NSA. Depuis, les groupes américains multiplient les actions contre les « abus » des autorités dans l'accès aux données des internautes, notamment chez Microsoft.

Désormais, le directeur juridique du groupe de Redmond demande une défense sans équivoque du secteur privé, des infrastructures critiques et l'interdiction du vol de propriété intellectuelle par les gouvernements. Selon la société, les gouvernements devraient également assister le secteur privé dans la protection numérique.

Les États devront également déclarer les vulnérabilités aux entreprises plutôt que de les conserver. Le développement du cyberarmement doit être encadré, notamment par un engagement à la non-prolifération, quand les attaques informatiques doivent être limitées autant que possible.

Une organisation internationale pour identifier les attaques

Microsoft demande la constitution d'une organisation indépendante, regroupant acteurs publics et privés. « Cette organisation devrait être constituée d'experts techniques des gouvernements, du secteur privé, d'universités et de la société civile. Cela avec la capacité d'examiner des attaques et partager les preuves qu'une attaque vient d'un État particulier » écrit le géant du Net.

La proposition, qui se veut inclusive, est dans la droite lignée du modèle consensuel promu par les Etats-Unis. Ce mélange était même l'une des conditions pour l'émancipation de l'ICANN, qui gère les ressources du Net, intervenue en octobre dernier. Avec un tel plan, Microsoft se met au centre du débat, sans pouvoir être accusé de tirer la couverture à lui.

En contrepartie, les entreprises du secteur devront « construire une Suisse numérique ». « Le secteur technologique agit comme première ligne face aux attaques d'États sur Internet » rappelle encore le groupe, qui demande à l'industrie de prendre des mesures claires sur la défense des internautes et des infrastructures. Parmi celles-ci figure la diffusion des correctifs logiciels pour tous, l'adoption de pratiques communes en matière de divulgation de failles et le soutien des efforts internationaux de défense. Rien qui ne diverge des bonnes pratiques actuelles, en somme.

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Écrit par Guénaël Pépin

Tiens, en parlant de ça :

Un mélange entre une réunion d’Anonymous et de tête d’ampoules, pour le meilleur et le pire

652e édition des LIDD : Liens Intelligents Du Dimanche

Et bonne nuit les petits

00:04 Next 8
dessin de Flock

#Flock distribue des mandales tous azimuts

13:40 Flock 14
Un Sébastien transformé en lapin par Flock pour imiter le Quoi de neuf Docteur des Looney Tunes

Quoi de neuf à la rédac’ #11 et résumé de la semaine

11:47 Next 40

Sommaire de l'article

Introduction

Une multiplication des attaques

Des civils « en première ligne »

Mettre le secteur privé hors de portée des États

Une organisation internationale pour identifier les attaques

Un mélange entre une réunion d’Anonymous et de tête d’ampoules, pour le meilleur et le pire

652e édition des LIDD : Liens Intelligents Du Dimanche

Next 8
dessin de Flock

#Flock distribue des mandales tous azimuts

Flock 14
Un Sébastien transformé en lapin par Flock pour imiter le Quoi de neuf Docteur des Looney Tunes

Quoi de neuf à la rédac’ #11 et résumé de la semaine

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next n'a pas de brief le week-end

Le Brief ne travaille pas le week-end.
C'est dur, mais c'est comme ça.
Allez donc dans une forêt lointaine,
Éloignez-vous de ce clavier pour une fois !

Commentaires (25)


maestro321
Le 15/02/2017 à 15h14


En 2015, les deux pays s’étaient mis d’accord sur l’interdiction de soutenir le vol informatique de propriété intellectuelle.

C’est le cœur du problème.
La mise en avant des “civils” n’est qu’un écran de fumée.
L’idée ici c’est de faire payer les états (donc les civils) pour qu’ils mettent en place une “police” qui sera au final au service des grandes entreprises du secteur (pour protéger leur fameuse propriété intellectuelle).

Le reste n’est que blabla. Le cyberespionage n’étant qu’une extension de la pratique vieille comme le monde de l’espionnage (qu’aucune démocratie/dictature/royaume ne pratique officiellement… sauf quand c’est pour la bonne cause…)


uzak
Le 15/02/2017 à 15h18

En fait, Microsoft présente les acteurs privés comme les grands défenseurs des intérêts des internautes, car chargés de leur protection au quotidien.
Mouhahaha.

Ah pardon, il est sérieux ??


DahoodG4
Le 15/02/2017 à 15h21

C’est l’hopital qui se fout de la charité.

Perso je considère que déployer en masse une maj qui va s’installer de force sur tous les windows 10 online, peut etre assimilé à une cyber-attaque planétaire.


uzak
Le 15/02/2017 à 15h21

Ce qui n’est pas dit dans l’article, c’est qu’en contrepartie, les GAFAM s’engagent à ne pas faire d’optimisation fiscale et à payer leurs impôts dans les pays où ils ont leurs activités.
Tout ça parce qu’ils reconnaissent bien volontiers que leur demande a un coût, et ce serait injuste de faire porter ce coût à la société.


jackjack2
Le 15/02/2017 à 15h59






DahoodG4 a écrit :

C’est l’hopital qui se fout de la charité.



  Perso je considère que déployer en masse une maj qui va s'installer de force sur tous les windows 10 online, peut etre assimilé à une cyber-attaque planétaire.






  Et Windows 10 a été installé de force sur ces ordinateurs? ![:roll:](https://cdn2.nextinpact.com/smileys/icon_rolleyes.gif)  
Tu as raison, c'est l'hôpital qui se fout de la charité.


Ricard
Le 15/02/2017 à 16h08






jackjack2 a écrit :

Et Windows 10 a été installé de force sur ces ordinateurs?&nbsp;<img data-src=" />



  Tu as raison, c'est l'hôpital qui se fout de la charité.




Il parle des mises à jour de Windows 10, qui est déjà installé. <img data-src=" />



jackjack2
Le 15/02/2017 à 16h13






Ricard a écrit :

Il parle des mises à jour de Windows 10, qui est déjà installé. <img data-src=" />


Pourqu’il soit mis à jour il faut que le CLUF ait été accepté



Gilbert_Gosseyn Abonné
Le 15/02/2017 à 16h15

Question : ils veulent protéger les gens de Microsoft ? :p


matroska
Le 15/02/2017 à 16h18

Make America Spy Again.

<img data-src=" />


Arcy Abonné
Le 15/02/2017 à 16h57

Euh … ouais ? xD

Comme la boite de dialogue WU qui te proposait de MàJ vers W10 maintenant ou plus tard <img data-src=" />


Ricard
Le 15/02/2017 à 16h57






jackjack2 a écrit :

Pourqu’il soit mis à jour il faut que le CLUF ait été accepté


Ca n’en fait pas moins un malware. <img data-src=" />



Ricard
Le 15/02/2017 à 16h59






Arcy a écrit :

Euh … ouais ? xD

Comme la boite de dialogue WU qui te proposait de MàJ vers W10 maintenant ou plus tard <img data-src=" />


Ou mme Michu qui achête un PC d’occaz’, elle sait même pas ce qu’est un CLUF, ne l’a pas lu et se farcie le bouzin quand-même…



DahoodG4
Le 15/02/2017 à 17h19

Hum, renseigne toi un peu, ca serait bien.
Mme Michu pourrait te le dire.


DahoodG4
Le 15/02/2017 à 17h21

Le CLUF n’empéchait pas de se faire bouffer 10Go sur son SSD, donc effectivement c’est plus du piratage, juste un braquage de mon SSD, autant pour moi.


ThomasBrz
Le 15/02/2017 à 17h22

Oui mais si elle achète un pc d’occas, elle doit se renseigner sur les produits a l’intérieur et le cluf


numerid Abonné
Le 15/02/2017 à 17h58

Vous me rassurez (si je puis dire). J’ai cru un moment que c’était de l’altruisme.


ndjpoye
Le 15/02/2017 à 21h30

Ca a le mérite de commencer à poser la question.


Mimmo D.DN
Le 15/02/2017 à 22h24

La vachte, kan même,&nbsp; je me demande s’ils s’entraînent avant leurs discours, histoire de maîtriser les tics et les rires nerveux.
&nbsp;Une Suisse numérique… Et nous, nous serons les banquiers…


anonyme_751eb151a3e6ce065481d43bf0d18298
Le 15/02/2017 à 22h54

En gros, c’est une convention de Genève pour que le code source n’aille pas se réfugier ailleurs…






uzak a écrit :

Ce qui n’est pas dit dans l’article, c’est qu’en contrepartie, les GAFAM s’engagent à ne pas faire d’optimisation fiscale et à payer leurs impôts dans les pays où ils ont leurs activités.
Tout ça parce qu’ils reconnaissent bien volontiers que leur demande a un coût, et ce serait injuste de faire porter ce coût à la société.


Source ?

J’ai lu un peu en diagonale, mais je n’ai pas eu l’impression que le billet de MS en parlait.



alain_du_lac Abonné
Le 16/02/2017 à 06h18

Comme toujours, dès que Microsoft lance une action qui semble légitime, on ne recueille que des crachats sur le forum de Next Impact. Je croyais les Impactiens un peu plus intelligents que les intervenants sur CLUBIC, mais je me suis sans doute trompé.
C’est dommage, car les articles de Next INpact sont rédigés par des journalistes sérieux et compétents, et ce serait bien que le forum soit à la hauteur du contenu des articles.
On peut toujours rêver … <img data-src=" />


mango
Le 16/02/2017 à 07h48






DahoodG4 a écrit :

C’est l’hopital qui se fout de la charité.

Perso je considère que déployer en masse une maj qui va s’installer de force sur tous les windows 10 online, peut etre assimilé à une cyber-attaque planétaire.


Oui et non! C’est le difficile choix à faire pour éviter la fragmentation de l’OS (comme avec android) et l’amélioration de la sécurité.
Pour ma part, il est difficile de cerner les raisons d’utiliser “xp” plutôt que “Linux” nettement mieux lotis sur la sécurité…



uzak
Le 16/02/2017 à 09h00

Ben non, c’est pas vrai, évidemment.


WereWindle
Le 16/02/2017 à 09h05






uzak a écrit :

Ben non, c’est pas vrai, évidemment.


on lance une pétition pour avoir un smiley <img data-src=" /> mais avec sarcasme écrit à la place ?
Je trouve que c’est un manque sérieux



Mimmo D.DN
Le 16/02/2017 à 09h22






alain_du_lac a écrit :

Comme toujours, dès que Microsoft lance une action qui semble légitime, on ne recueille que des crachats sur le forum de Next Impact. Je croyais les Impactiens un peu plus intelligents que les intervenants sur CLUBIC, mais je me suis sans doute trompé.
C’est dommage, car les articles de Next INpact sont rédigés par des journalistes sérieux et compétents, et ce serait bien que le forum soit à la hauteur du contenu des articles.
On peut toujours rêver … <img data-src=" />


On est d’accord, les articles sur nIx sont rédactés par des journalistes qui maîtrisent les sujets et les suivent de manière globale… (vi, vi, ma copine me dit aussi que je suis top pour cirer ses bottes).

Après estimer les “polémiques” que cela suscite vs crachats me semble quelque peu osé, connaissant l’histoire et les pratiques de ces (cette) firmes d’assez près, je peux te dire que les considérations de cette entreprise comme pour toutes celles du même ordre ne s’expriment que si elles ont un intérêt derrière… Ce sera dans les cht’it détails <img data-src=" />



anonyme_751eb151a3e6ce065481d43bf0d18298
Le 16/02/2017 à 11h07






uzak a écrit :

Ben non, c’est pas vrai, évidemment.


Va falloir que j’envoie mon détecteur de sarcasme au SAV, apparemment, il est cassé.