AMD pourrait se payer Xilinx
Le 09 octobre 2020 à 08h32
2 min
Économie
Si le constructeur annonce des produits de plus en plus performants et attractifs, notamment les prochains Ryzen 5000, il sait qu'il a un problème face à Intel et NVIDIA : il ne dispose pas d'un écosystème complet.
Il ne propose en effet que des CPU et GPU – là où Intel est presque capable d'équiper un serveur complet – et mise sur différents types d'accélérateurs, au point de proposer sa OneAPI pour accompagner le mouvement, et faciliter le travail des développeurs.
De son côté, NVIDIA rattrape son retard, lui aussi avec des acquisitions comme Cumulus Network et Mellanox récemment et ARM pour l'assister dans sa bataille contre les CPU x86. Bref, AMD ne pouvait plus rester les bras croisés comme c'était le cas ces dernières années.
Quand nous rencontrions les responsables de l'entreprise, ils se contentaient en général de botter en touche en évoquant un écosystème ouvert de partenaires qui travaillent autour de ses EPYC et Radeon dans les serveurs, comme seule réponse.
Ils semblent avoir pris la mesure de ce qui les attend à moyen terme et auraient décidé de jeter leur dévolu sur Xilinx, dont AMD est proche ces dernières années. C'est en tout cas ce que croit savoir le Wall Street Journal qui évoque un deal à 30 milliards de dollars.
Le géant américain du FPGA est actuellement capitalisé à 25 milliards de dollars, AMD à quatre fois plus. Si accord il y a, il pourrait être annoncé dès la semaine prochaine. De quoi permettre à la société de se diversifier, même si les secteurs où elle est absente resteront nombreux, notamment le réseau ou encore le stockage. La prochaine étape ?
Pour rappel, Intel avait racheté Altera en 2015 pour entrer dans le secteur du FPGA. La transaction (en cash) s'était conclue à l'époque pour 16,7 milliards de dollars.
Le 09 octobre 2020 à 08h32
Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 09/10/2020 à 08h53
#1
30 milliards, ce qui fait un taux d’endettement d’environs 33% en se basant sur la capitalisation actuelle d’AMD. Ca devrait passer auprès de la banque
Comment ça c’est pas un crédit immo ?
Le 09/10/2020 à 10h19
#2
3 géants intégrés du semiconducteur de pointe Intel, Amd et NVIDIA, tous trois américains, sans oublier Qualcomm. De l’autre côté les chinois qui rattrapent leur retard avec une politique de recherche de long terme qui commence à aboutir. Les Russes développent aussi un programme.
Et nous les européens, et nous les français en particulier, que faisons nous ? Ca vaudrait peut être le coup de mettre 10 à 15 milliard d’Euro en recherche sur le sujet et de securiser des productions exclusives pour la défense et le secteur public afin de créer de premiers débouchés et avoir dans 10-15 ans une industrie de pointe sur ce sujet non ? On pourrait le faire sur du quantum computing d’ailleurs.
Le 09/10/2020 à 12h26
#2.1
Si c’était si simple…
On est pas foutu de faire un Cloud Européen donc il ne faut pas trop en demander à mon avis.
Plus particulièrement en France, ou on est bon qu’à se plaindre.
Je préfère malgré tout la France, même si elle doit dépendre d’autres, qu’un gouvernement Russe ou Chinois.
Et 15 Milliards, tu les sors d’ou ? C’est un chiffre au hasard ? Pourquoi pas 2 milliards ? Pourquoi pas 50 ?
Le 09/10/2020 à 10h22
#3
C’est ce genre de politique qui a permis à la France de devenir (ou de rester surtout dans les ruines de 1945) une puissance économique de premier rang mondial, avant qu’hayek et les chicago boyz du néolibéralisme viennent tout foutre par terre pour des intérêts financiers bien identifiables.
Le 09/10/2020 à 10h26
#4
bof. Il faudrait mieux booster ceux qui existe déjà (ST, Philips, Infineon, … + toutes les petites boites) au lieu de faire des plan type cloud souverain…
Le 09/10/2020 à 10h45
#4.1
Ils sont trop petit pour lutter à ce niveau.
Le contre modèle cloud souverain serait de dire : “bonjour STmicro, on vous donne de l’argent via un marché et vous nous faites un Ryzen ++ pour 2025”. Cela ne marche pas.
Vu le retard, une structure publique doté de 15 milliards quelque chose d’Euros devrait faire toute la recherche fondamentale en collaborant avec STMicro et les autres, et mettre ses brevets et savoir faire à disposition gratuite des fondeurs français, puis developper une structure hybride (modèle Huawei, ZTE par exemple) qui commercialisera les puces comme Intel ou AMD le ferait. Une coopération avec les fondeurs doit eviter les uns et les autres de courrir le meme lièvre.
Le 09/10/2020 à 10h49
#5
Ne me dites pas que Pechiney, Technip, Framatom n’ont pas marché dans les années 1960 ? Ne me dites pas que les Huawei et ZTE ne fonctionnent pas, tout comme les Keiretsu japonaises (Mitsubishi, Toshiba etc) et les Chaebol coréennes (Hyundai, Samsung etc).
Ce modèle permet de faire du catchup et de devenir une puissance industrielle à condition de créer des marchés réservés au début.
Le 09/10/2020 à 10h59
#6
Le seul moyen de renforcer cela aurait été de faire un Airbus/EADS, mais ça aurait voulu dire lacher plusieurs centaines de miliards, en utilisant l’ensemble des forces, ARM compris.
On aurait eu un groupe européen allant de l’électronique grand publique aux semi-conducteur
Le 09/10/2020 à 11h04
#7
Laisser arm partir dans la besace de l’américain NVIDIA est une enorme erreur. Sa vente au Vision Fund nippo-saoudien (Masayoshi Son, Softbank et fonds saoudiens) a été la première erreure et là s’en est qu’une conséquence : ses investissements comme Uber ou Wework sont des puits sans fond alors il doit vendre des actifs rentable : arm et des parts d’Alibaba). Si on élisait de vrais Stratèges, on pourrait faire pression sur la Commission pour obtenir un changement de doctrine en droit de la concurrence et forcer Vestager a dire non au rachat et empêcher le rachat par Nvidia puis récupérer arm afin de l’intégrer dans un modèle industriel à construire.
Tout est possible même sans arm, à condition d’y mettre les moyens, d’avoir une visée stratégique précise et de faire en sorte que la recherche publique soit massivement financée et bien organisé. A l’inverse de la catastrophe actuelle.
Le 09/10/2020 à 11h37
#8
Il y a aussi Broadcom et d’autres….
Le 09/10/2020 à 12h44
#9
Il y a deja des collaborations entre le CEA/LETI/Minatec (recherche fondamentale) et STMicro (Industrie). C est sur qu un bon coup de boost aux budgets pourrait faire du bien.
Par contre il faut voir que les marches adresses par ST sont completement differents de ceux vises par AMD, Intel et Nvidia. Les concurrents directs sont Qualcom, Broadcom, Mediatek, NXP etc
Le 09/10/2020 à 12h54
#9.1
Oui, c’est pour cela que j’ai répondu à la personne qui parlait de confier des moyens à des acteurs comme ST Micro, que cela n’était peut être pas la bonne piste car ST Micro tout seul était trop petit et que leur domaine de compétence ne correspondait pas totalement.
D’où l’intérêt de construire quelque chose d’hybride qui est à la fois une émanation publique qui finance massivement la recherche et moteur d’une coordination avec les acteurs privés qui peuvent en tirer les brevets, les savoir faire et apporter leurs compétences ainsi que leurs visions du marché.
Le 09/10/2020 à 12h48
#10
Justement, on est pas bon à se plaindre, on est orphelin du modèle français : économie mixte publique/privé avec forte participation d’un Etat stratège qui planifie les grandes orientations et infrastructures et accompagne les entreprises, en les forçant à se regrouper si jugé nécessaire.
A ce point de vue là, j’oserai dire que d’une certaine manière, la France a peut être plus d’atomes crochus avec le modèle de développement économique mis en place en chine dès la décennies 1980 jusqu’à aujourd’hui que du modèle libéral américain, tout du moins pour ce qui est de la structuration de l’industrie et la place de l’Etat dans les grandes orientations.
Or, on suit la piste inverse.
(P.S. Je parle du modèle économique, pas du modèle politique, nuance).
Pour ce qui est du financement, il y a la piste proposée par Gaël Giraud qui est intéressante en annulant la part de la dette française rachetée par la BCE depuis le grand mouvement de rachat de titres des années 2012-2020.
On peut très bien développer d’autres sources de financement, et je pense qu’il faudrait retrouver la liberté d’action de la Banque de France pour justement financer ces investissements, de paire avec la stratégie de transformation écologique qui est une absolue nécessité.
Pourquoi 15 Milliards, pour donner un chiffre comme un ordre de grandeur et ne pas dire que des clopinettes suffisent.
Le 09/10/2020 à 17h39
#10.1
Déjà si il y a besoin de mec sortie de l’ENA pour organiser c’est qu’il y a un problème d’entreprenariat de base en europe. Ce sont des cultures basés sur le fait de prendre le moins de risques possible et de faire des crédits pour acheter un appart en attendant de crever.
Partant de là, il n’y a rien à faire le problème est la population et la culture.
Le 09/10/2020 à 19h12
#10.1.1
Non, choisir parmis les entrepreneurs et les ingénieurs (entre autre) et leurs entreprises celles qui ont un intérêt stratégique et faire bénéficier leurs entreprises de toute une architecture (recherche public de pointe, coopération industriel, soutien, renseignement économique, etc) leur permettant de devenir des poids lourds sur la scène économique mondiale.
Les énarques dont tu parles, ce sont eux qui ont poussés localement et amplifiés ces politiques de privatisation en sachant ce qu’ils pourraient en tirer financièrement directement ou indirectement.
Les entrepreneurs tout seul et le marché tout seul ça ne marche pas. L’Etat avec des responsables incompétents ou corrompus ça ne marche pas.
il faut un mix des deux, un Etat stratège et qui est là pour soutenir les projets intensifs en capital, et des personnes dont des entrepreneurs compétents et autres ingénieurs pour mener ces projets.
Le 09/10/2020 à 13h21
#11
Le fait est qu’on s’est saboté et qu’on a laissé passé les trains, trop content de privatiser, de libéraliser à tout crin, sous la pression de l’agenda décidé à Bruxelles (indirectement à la maison blanche, ne soyons pas naïf) et l’intérêt bien compris d’une nouvelle caste de barons sortis de certaines écoles trop content de pouvoir jouer aux grands patrons avec le soutien de l’Etat en bouée de secours.
Alcatel, France Télécom, ST Micro, Airbus, EADS, coordonné éventuellement avec Nokia ou encore Ericsson, ça n’aurait pas pu damer le pion à Qualcomm et Broadcom par exemple ?
Arm n’aurait-il pas eu avantage à avoir directement ou indirectement plusieurs Etats européens à son actionnariat, elle qui est une entreprise britannique mais pas seulement.
N’aurait-on pas pu racheter AMD lors de ses périodes de vache maigre, ou le faire pour sa partie Global Foundries ?
N’aurait-on pas pu prendre stratégiquement des parts à hauteur de 10% au moins justement chez Intel, AMD, Nvidia ou Qualcomm pour s’assurer de projets communs de transfert de savoir faire ou des coopérations stratégiques ?
Ce sont des pistes que je donne, mais c’est le contraire de l’impuissance et du sabordement idéologique.
Le 09/10/2020 à 14h11
#11.1
Houla, ça présuppose que l’UE soit un espace de politiques et d’intérêts communs. Ce n’est qu’un marché commun.
Le 09/10/2020 à 14h13
#11.1.1
Il est bien possible de créer des coopérations multilatérales par exemple avec la Finlande et la Suède et leurs entreprises respectives et quelques pays y ayant intérêt.
Arianespace et l’ESA ne sont pas des projets “communautaires” mais bien multilatéraux.
Servons-nous des avantages du marché commun et montons notre politique industrielle, nous verrons bien avec le temps qui nous suit et qui a des intérêts contraires.
Pour les blocages inscrits dans les traités, il ne faut pas hésiter de monter une stratégie d’emmerdement maximum comme a bien su le faire De Gaulle. Parmi les blocages à lever pourrait être un chantage en faveur d’une réforme des traités organisant des règles différentes permettant la mise en place de politiques plus interventionnistes et un certain degré de protectionnisme, tout du moins vis à vis de l’extérieur du marché unique.
La France peut bloquer la machine, faire exploser l’Euro donc elle a un moyen de chantage et de pression importante pour obtenir ce qu’elle veut.
Le 10/10/2020 à 21h26
#12
avant de passer chez softbank puis nvidia, ARM était anglais (UK).
Avec le brexit, c est de toute façons hors de l UE: la commission UE a alors moins de poids.
Je relisais hier à propos de l’épopée du Concorde, collaboration France-UK de A à Z.
Pas sûr qu un tel projet soit encore possible en 2020.
Le 10/10/2020 à 23h33
#12.1
A voir, mais c’est sûr qu’avec un dirigeant français qui se satisfait de conditions dures pour un accord UK-UE ou qui appuie où ça fait mal sur la question irlandaise afin de garder la frontière ouverte, toutes coopération de moyen terme semble compromise avec un gouvernement Tories.