Le CNNum propose d’aider Gérard Collomb à mieux équilibrer sécurité et liberté
Un coup de main, ou une baffe ?
Le 07 juillet 2017 à 07h01
4 min
Droit
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Dans une lettre rendue publique ce matin, le Conseil national du numérique dresse une sorte d’inventaire de ses inquiétudes quant aux différentes propositions portées en ce début de quinquennat.
S’il ne s’était pas privé de faire des commentaires publics, le CNNum n’avait pas été particulièrement bruyant ces dernières semaines. L’accélération des propositions sécuritaires, consacrée par le camp d’Emmanuel Macron, le contraint de s’armer d’un porte-voix plus volumineux. À l’attention de Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, cette commission consultative adresse une lettre ouverte pour « proposer une collaboration utile sur la question du délicat équilibre entre libertés et sécurité ». Une manière feutrée de dire que cette main tendue est d’une nécessité absolue.
La question du chiffrement dans le plan franco-britannique
Dans ce courrier, il met en exergue plusieurs sujets d’inquiétudes. Le chiffrement d’abord et avant tout. Le plan May-Macron plébiscite, on le sait, un accès aux contenus chiffrés « dans des conditions qui préservent la confidentialité des correspondances, afin que [les] messageries ne puissent pas être l’outil des terroristes ou des criminels ».
Le CNNum annonce d’ailleurs qu’il rendra un avis plus circonstancié sur le sujet, mais déjà, il accable : « toute tentative visant à limiter l’accès [au chiffrement] pour le grand public reviendrait à en accorder le monopole aux organisations criminelles qui sauront en abuser ». Et pour cause : « Une limitation du chiffrement aboutirait à un affaiblissement dommageable de la sécurité sur l’ensemble des réseaux. Par ailleurs, de telles mesures auraient une efficacité toute relative sur l’infime minorité d’utilisateurs ciblés ».
Le numérique, un coupable trop idéal selon le CNNum
Plus globalement, le CNNum se dit préoccupé de la trajectoire sécuritaire constatée ces dernières années. « Dans le discours politique [le numérique et les réseaux d’échange] apparaissent bien souvent comme des « coupables idéaux ». Ainsi servent-ils généralement de terrain d’expérimentation pour le déploiement dans le droit commun des instruments sécuritaires, l’opinion publique s’accommodant plus facilement d’une surveillance en ligne globalement considérée comme moins intrusive ». De son point de vue, la responsabilité du numérique est au contraire « beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît et le contact humain reste un déclencheur majeur du processus de radicalisation ».
Dans une sorte de panorama, il épingle comme plusieurs organisations de la société civile dont le Syndicat de la magistature, la mise à l’écart du juge judiciaire et l’avènement d’une ère du soupçon dans le projet de loi sur la sécurité publique. Autre mise à l’index, le sempiternel fichier biométrique sur les titres électroniques sécurisés (TES) unifiant en une base, l’ensemble des cartes nationales d’identité et des passeports. « Les conclusions de l’audit mené par l’ANSSI et la DINSIC nous apparaissent en outre incompatibles avec une généralisation à la hâte du système TES, compte tenu des réserves importantes exprimées par la mission ».
Si les choses sont dites, les propos du CNNum ont presque l’épaisseur d’une feuille de papier-bible tant l’Intérieur a décidé d’avancer au bulldozer sur le sujet… Mais peu importe, dans son rôle, le Conseil suggère d’ « ouvrir une réflexion publique et globale sur l’identité à l’heure du numérique » notamment quant aux « impacts profonds sur notre société d’une généralisation des procédures d’authentification pour accéder à tout service - public ou privé, en France ou à l’étranger ».
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La question du chiffrement dans le plan franco-britannique
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Le numérique, un coupable trop idéal selon le CNNum
Commentaires (11)
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Abonnez-vousLe 07/07/2017 à 11h17
Ce qui est rassurant, c’est qu’une loi sans force de loi ne s’appliquera pas.
Ce qui est inquiétant, c’est que la France élaborera des lois toujours plus sécuritaires dans les années à venir sans que rien ne change… jusqu’à ce qu’un opportuniste dans une fonction régalienne quelconque se donne les moyens d’appliquer quelques-unes de ces lois pour son ambition personnelle (mais là, je m’égare, ça n’arrivera jamais… je l’espère en tout cas…).
Le 07/07/2017 à 13h23
Ce genre d’avis est très utile pour le gouvernement, sinon, avec quoi pourra t’il se torcher le … ?
Le 07/07/2017 à 07h17
Quitte à ne jamais suivre leurs avis autant fermer ces structures consultatives, ça fera des économies…
Le 07/07/2017 à 07h22
C’est malheureux mais oui en effet, quand bien même les structures comme l’ANSSI ou le CNNUM semblent dire des choses cohérentes dans le domaine, elles ont tellement peu de poids qu’on se demande bien l’utilité à force :(
Le 07/07/2017 à 07h30
Le 07/07/2017 à 07h33
L’utilité d’une instance consultative est de dire les choses. Et que son avis soit rendu public permet aux décideurs de l’État et aux décideurs “Société civile” d’en prendre acte. D’ailleurs, il paraît que “le Peuple” est celui qui décide de prime abord dans la Constitution.
Le 07/07/2017 à 08h33
Le 07/07/2017 à 08h39
+8000
Le 07/07/2017 à 10h40
De son point de vue, la responsabilité du numérique est au contraire « beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît et le contact humain reste un déclencheur majeur du processus de radicalisation ».
Source ?
Le doigt mouillé ? La conviction profonde ?
Sachant qu’en l’occurence il n’est pas uniquement question que de radicalisation mais aussi de passage à l’acte.
Un point est sur: la question est complexe et le numérique n’est qu’un outil parmi d’autres. Mais certains semblent le nier.
Le 07/07/2017 à 10h50
C’est juste un rééquilibrage : à force de les considérer comme tous pourris, ils nous considèrent comme tous dangereux, pouvant remettre en cause leurs avantages et ceux de leurs copains.
Le 07/07/2017 à 11h09
Cette phrase vient surtout répondre à l’amalgame simpliste souvent prononcé qui consiste à prétendre que internet est un nid à terroristes ou un outil de préparation d’actes terroristes.
Encore une fois, on voudrait mettre un gendarme derrière chaque individu. Un attentat ne se prévoit pas et ne se prévoira jamais. On pourrait déclarer l’état de siège que ça n’y changerai rien.