Retour du Royaume-Uni dans les programmes de recherche européens Copernicus et Horizon Europe
L’Horizon se dégage
Le 08 septembre 2023 à 06h38
4 min
Sciences et espace
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La Commission européenne a annoncé avoir conclu un accord avec le Royaume-Uni au sujet de sa réintégration dans ces deux programmes. Les Britanniques ne reviennent par contre pas sur les recherches autour du nucléaire.
Depuis que le Brexit est effectif, la participation du Royaume-Uni aux divers programmes européens de recherche est un sujet délicat. Le pays avait quitté Horizon Europe (concernant toutes les disciplines de recherche) et Copernicus (programme d'observation de la Terre, de surveillance de l'espace et de suivi des objets en orbite de l’Union européenne) suite à sa sortie de l'Union européenne.
Les accords sur le Brexit prévoyaient pourtant la participation des Britanniques à ces programmes, mais les frictions entre les deux parties sur la question de l'Irlande du Nord avaient bloqué leur concrétisation. Jusqu’à présent, les scientifiques dépendant d’une institution britannique bénéficiaient d’un « régime transitoire ». Mais pour qu’ils puissent bénéficier d’un financement de l’UE, un accord devait être en place.
Un accord sur les cordons de la bourse
« Dans la pratique, cela signifie que, dans la plupart des cas, les entités britanniques ont pu poursuivre leur coopération au sein des consortiums de recherche d’Horizon Europe, mais en obtenant leur financement d’autres sources », explique la Commission européenne.
Finalement, l'Union européenne et le Royaume-Uni ont pu trouver un terrain d'entente, notamment (et surtout) financier. La Commission européenne précise que « toutes les dispositions essentielles de l’accord de commerce et de coopération, tel qu’il a été convenu en 2020, restent applicables ».
Le financement des programmes étant pluriannuel, le budget prévoyait une participation britannique entre 2021 et 2023 alors que les chercheurs et chercheuses du pays ne pouvaient pas accéder aux appels à projets. Le Royaume-Uni a obtenu un rabais et ses contributions financières débuteront le 1er janvier 2024.
Selon Euractiv, sa participation au projet Copernicus s'élèvera à « 154 millions d’euros par an, soit 616 millions d’euros jusqu’en 2027 ». La Commission estime, elle, « globalement que le Royaume-Uni devra verser une contribution annuelle moyenne de près de 2,6 milliards d'euros pour participer à la fois à Horizon Europe et à la composante Copernicus du programme spatial ».
« J'ai écouté la communauté scientifique ici. Ils ont dit qu'une association à Horizon était une priorité. Et c'est ce que j'ai obtenu », a déclaré le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, selon Les Echos.
Le Royaume-Uni et les « actions sensibles » d’Horizon
Les chercheurs et chercheuses britanniques vont donc pouvoir, dès 2024, accéder aux financements issus de ces programmes, si leurs projets sont sélectionnés. Tous ? Pas forcément à cause de certaines « actions sensibles » d’Horizon Europe.
Dans la foire aux questions, des exceptions sont précisées : « pour les actions liées aux actifs, intérêts, autonomie ou sécurité stratégiques de l’Union, le programme de travail peut prévoir que la participation est limitée aux entités juridiques établies uniquement dans les États membres de l’UE, aux entités juridiques établies dans certains pays associés ou dans d’autres pays tiers en plus des États membres ». Les Britanniques seront considérés comme un pays tiers lorsqu’il s’agira d’évaluer l’accès aux participants en dehors de l’UE pour les programmes « sensibles ».
Le Royaume-Uni ne revient pas sur le nucléaire
Quoi qu’il en soit, il ne s’agit pour le moment « que » d’un accord politique qui doit maintenant être approuvé par les États membres, et ensuite présenté au « Conseil avant d'être formellement adopté au sein du comité spécialisé UE-Royaume-Uni chargé de la participation aux programmes de l'Union ».
La Commission précise que « le Royaume-Uni a décidé de ne pas poursuivre son association à Euratom et à Fusion4Energy/ITER ». La cause serait, selon nos voisins outre manche, l’impossibilité de récupérer le temps perdu sur le nucléaire.
Retour du Royaume-Uni dans les programmes de recherche européens Copernicus et Horizon Europe
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Commentaires (36)
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Abonnez-vousLe 08/09/2023 à 06h44
Mauvais signal. Esperons que les membres n’approuvent pas.
Le 08/09/2023 à 07h29
Le début du Breakin ?
Le 08/09/2023 à 07h48
C’est quoi le “Breakin” ?
Ça veut dire que le RU abandonne cette technologie et qu’ils se résignent à la dépendance aux autres pour la construction de nouvelles centrales ?
Si on arrive à faire de la fusion d’ici quelques dizaines d’années, ils risquent de le payer cher, leur choix de dépendence…
Le 08/09/2023 à 08h19
C’est le début du rétropédalage sur le brexit peut être.
Il faut se rappeler qu’avant le brexit, le royaume uni était le second plus grand bénéficiaire du programme horizon (en valeur).
Le 08/09/2023 à 07h43
Autant sur l’environnement, je trouve pas ça déconnant (tout le monde est concerné donc si on peut mutualiser les moyens) mais ça doit pas se faire avec des faveurs qu’on accorderait aux britanniques.
Ils sont parti d’eux-mêmes, aucune raison de leur faire une fleur.
Le 08/09/2023 à 08h11
Vu le sort de Areva et Alstom (et l’état d’EDF en perfusion permanente), je pense que le sujet du nucléaire (civil et militaire) n’est plus du ressort de la France (quel autre État de l’UE dispose d’une industrie nucléaire?).
Le 08/09/2023 à 08h24
Quelques explications supplémentaires sont souhaitées.
Le 08/09/2023 à 08h27
La citation est incorrecte. Je n’ai pas écrit cela.
Le 08/09/2023 à 08h33
Je voulais dire que la France est un peu “hors course” dans le domaine du nucléaire, depuis quelques années en tout cas.
Le 08/09/2023 à 09h07
T’enflamme pas, Horizon Europe, ce n’est pas spécifiquement l’UE. Parmi les participants, tu as la Tunisie ou Israel, donc on ne peut pas vraiment dire que participer à Horizon Europe soit une sorte de “retour” dans l’UE.
Le 08/09/2023 à 09h12
On paye le traumatisme de Tchernobyle et le lobbying de Green Peace (entre autres).
Après, on n’est pas si à la traîne que ça : les EPR sont livrés en Chine (même s’il y a des problèmes) donc c’est que c’est pas si nul, et on a ITER sur notre territoire.
Le 08/09/2023 à 10h22
Celui de Finlande marche à peu près. Actuellement 3900 MW (4400 MW installés) de nucléaire (Ydinvoima), l’ https://www.fingrid.fi/online
Le 09/09/2023 à 07h59
La Chine vas construire des dizaines de réacteurs classiques. Le rapport coût complexité rendement n’est peut être pas si folichon que ça pour l’EPR.
Le 11/09/2023 à 08h00
l’EPR, il est mort… Parce que ça été un peu n’importe quoi, niveau design, en autre à cause des allemands et leur double enceintes (pour recharger le réacteur en fonctionnement, l’EDF arrête le réacteur lui…, une seule enceinte).
Et pour montrer l’absurdité totale de l’EPR v1.0 :
L’EPR2 nécessite 250 types de canalisations au lieu de 400 pour l’EPR, 571 vannes au lieu de 13 300 vannes pour l’EPR et 100 types de portes au lieu de 1 700 pour l’EPR.
(Wikipédia)
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1700 types de portes différentes !!
13 300 types de vannes !!
Le 12/09/2023 à 09h54
Merci pour ce comparatif que je trouve assez éloquent :)
Le 12/09/2023 à 11h26
Attention, EPR2 n’existe que sur le papier pour l’instant. A mon avis, ce ne sera que lorsque le premier EPR2 sera effectivement opérationnel qu’on pourra comparer les 2 solutions.
Le 12/09/2023 à 11h51
Mais je pense que ca va le faire beaucoup beaucoup mieux, et aussi non plus conçu par Siemens … Un seul capitaine à bord… et il est Franco-Français maintenant.
En plus le retour de (très mauvaise) d’expérience avec l’EPR de Flamanville est énorme et sera surement bien digéré et la leçon retenue…
Car ce coup ci, plus le droit à l’erreur ou c’est retour au Moyen-Age…
Le 08/09/2023 à 11h00
Areva. L’histoire d’une descente aux enfers - Ouest France 26/02/2016
EDF prêt à acheter à GE la branche nucléaire de l’ex-Alstom - La Tribune 22/09/2021
Entre Areva et ses mauvais choix industriels qu’EDF est obligé d’acheter et Alstom énergie vendu à General Electric qui le remet en vente et qu’EDF est obligé d’acheter. Tout ça sous quelques milliards de fonds publics réinjectés par l’État-actionnaire. Je veux bien critiquer Greenpeace et applaudir la centrale nucléaire en Finlande construite par EDF, mais on peut remercier le contribuable français pour sa docilité et son implication sans égale dans ce projet industriel hasardeux.
Le 08/09/2023 à 12h40
Les coûts de production de l’énergie nuc n’ont quasiment pas bougés depuis 30 ans, par contre, grâce à l’organisation européenne du marché de l’électricité et l’incapacité des politiques français de dire qu’ils ont déconné, les consommateurs voient leurs factures exploser… et pendant que des intermédiaires, qui ne produisent rien, s’en mettent plein les poches….
Bref, remercions les Français de s’être laissés spoliés…. tout cela est d’une tristesse
Le 08/09/2023 à 13h38
C’est lamentable, mais c’est pas lié à la technologie en elle-même.
Et on est pas mauvais dans cette technologie, justement. Et là s’arrêtait mon propos.
Mais je suis d’accord qu’il y a beaucoup à dire à propos de la filière nucléaire française.
Le 08/09/2023 à 14h59
Je suis complétement d’accord, la techno en elle même n’a rien à voir là dedans, même s’il y a eu perte de savoir faire et bureaucratisation de la construction qui fait qu’il y a eu une dérive budgétaire pour EDF sur les EPR…
Le 08/09/2023 à 15h15
C’est un beau projet que la France est incapable de mener seule, entre les industriels qui n’ont pas les moyens de réaliser des projets et qui se lancent quand même, et l’Etat français qui rêvent (ou qui rêvait) d’être encore numéro 1 mondial du nucléaire.
Perso, j’ai une certitude : la France seule n’est plus dans la course (ou alors il faut un programme de centrales nucléaires avec une visibilité sur 10 ans de développement, ce que l’Etat français n’est pas prêt à faire). Je pose une question : y a-t-il d’autres Etats européens qui font du nucléaire ou qui souhaitent s’associer à la France et à EDF (puisque l’Etat français a centralisé ce qui reste de sa filière nucléaire dans le groupe EDF) ?
Le 09/09/2023 à 14h34
https://www.tf1info.fr/sciences-et-innovation/fusion-nucleaire-record-de-production-au-royaume-uni-avec-l-espoir-d-une-energie-plus-propre-2210446.html
Le 09/09/2023 à 21h19
Qu’appelles tu classique ? Les CPR1000 chinois et les EPR sont tous des PWR. La seule différence est la puissance car les chinois contrairement à nous n’ont pas la folie des grandeurs.
Concernant ta phrase conjugée au futur: les réacteurs en question sont déjà en cours de construction voir en exploitation.
Le 10/09/2023 à 05h19
J’avais mal interprété un article de Sud Ouest.
Je suis allé vérifié et tu as raison, merci :)
Le 10/09/2023 à 11h31
Les chinois n’ont pas la folie des grandeurs ?? Le barrage de Jinping ? Les projets de maîtriser la météo ? Son contrôle et l’évaluation sociale de chaque habitants ? Ses ambitions militaires sur la mer de Chine et au-delà ? Ses cartes officielles qui intègrent hostilement des territoires des pays voisins (territoires de la Russie, de l’Inde ou de Taïwan).
Si elle construit des centrales nucléaires à taille raisonnable, c’est qu’elle est juste en monté en compétence des sciences de l’atome. Elle n’hésitera pas à passer à une échelle supérieure quand elle le pourra (avis personnel et non sourcé du coup).
Le 09/09/2023 à 22h46
La France peut parfaitement rester dans la course. Il s’agit juste d’arrêter de participer à un marché européen de l’énergie qui n’a aucun sens et d’arrêter d’imposer à EDF de vendre à perte son énergie pour créer artificiellement de la concurrence.
Nous sommes le fournisseur d’électricité de l’Europe mais nos politiques ont tout fait pour que nous n’en tirions pas les bénéfices.
L’Allemagne n’aurait jamais abandonné le nucléaire si nous n’avions pas pu les fournir en énergie.
Et le paradoxe c’est qu’ils l’ont fait pour l’écologie et on rouvert les centrales à charbon dans la foulée.
Le 10/09/2023 à 05h34
Avant la crise ukrainienne, non (il y a eu remplacement de vieilles centrales très très polluantes par des nouvelles “seulement” très polluantes, ce qui a contribué à entretenir cette contre-vérité) :
Mais :
Source
Le 10/09/2023 à 12h30
Pas sur le nucléaire en tout cas et c’est précisément l’information que je donnais.
Nulle doute que les Chinois n’hésiteraient pas si cela valait la peine mais le problème est que, selon eux et en cohérence avec le reste du monde, dépasser 1000 MW n’est pas forcément intéressant car:
Les Chinois ont, de fait construit un seul EPR contre trois AP1000 américains. Leur choix de puissance unitaire est assez clair et ne reflète pas selon moi un manque de compétences.
Le 11/09/2023 à 08h10
.
Bien pour ca que les Russes ont des lignes à très très haute tension, même si bon, le record, il est juste à coté, au Kazakhstan à 1,15 millions de volts mais j’imagine que c’est les Russes qui ont construit les lignes électriques.
Le 11/09/2023 à 08h25
Vannes. Pas types de vannes
Pour le coup, 571 vannes ca me parait vraiment peu
Le 11/09/2023 à 22h56
Alors là, je dis « Chapeau bas l’artiste ». Bien vu et mea culpa. Lecteur très attentionné.
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En effet la version originale Wikipédia est :
“The EPR2 requires 250 types of pipes instead of 400 for the EPR, 571 valves instead of 13,300 valves for the EPR, and 100 types of doors instead of 1700 in the EPR.”
(Ça doit être un Fat Finger comme ils disent les traders…) Mon finger …
Bon, aussi ça m’avait quand même traversé l’esprit une seconde que 13 300 références différentes de vannes, pour les designers, ça aurait été l’enfer, mais après tout, c’est de l’industrie nucléaire.
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Par contre, n’empêche que pour les portes, ce sont apparemment 1 700 types de portes différentes!! Et là, ça laisse perplexe… très très perplexe… Les Français et les Allemands ont à peu près le même gabarit…(pas du ricain @ BMI > 35… ).
Et on ne va pas déménager le réacteur ou tout autre gros composant en cours d’exploitation de la centrale ?
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Comprend pas…
Le 11/09/2023 à 13h40
Quand on transporte très loin en courant alternatif, on finit par obtenir des ondes stationnaires à cause de ka désadaptation de ligne et il faut passer en courant continu et cela ne fonctionne qu’en lien point à point. C’est la raison pour laquelle on évite.
La hausse de la tension, c’est pour limiter les pertes en ligne ou économiser sur la section des conducteurs, au choix.
Le 11/09/2023 à 23h08
Je vois qu’il y quelqu’un qui connait le sujet ! Et bien le ka désadaptation, j’avais jamais entendu parlé.
Je réagissais à ton post en voyant “Canada”, ça m’a rappelé des vieux vieux souvenirs de mes 6 mois à Poly Montréal en Département Génie Electrique, dont un cours intitulé “Ecoulement de Puissance” (avec un prof chinois de Hong Kong d’ailleurs…et un accent Chinois en Français comme dans les films… bref).
Evidemment le cas Hydro Quebec était cité constamment en cours (1000km - 2000km entre barrages au Nord et consommateurs). Y’en a des sub-stations en chemin.
Le 11/09/2023 à 23h15
Oui malheureusement pour le transport d’énergie électrique, le LK-99 du mois dernier, c’était juste que… du flan…
Le 14/09/2023 à 17h03
On l’a été, c’est donc faisable. La problématique est avant tout de poser des priorités. La Corée (du Sud évidemment, pas les nouilles dont les trains n’avancent pas faute de voie ferrée entretenue) a pu développer une industrie de pointe dans bcp de domaines (semi conducteurs, batteries, centrales nucléaires, armement notamment MBT) tout en étant un peu moins peuplée que la France et bcp plus petite.