Copie privée : Imation échoue à faire condamner Copie France pour recel de contrefaçon
100 000 euros en moins
Le 01 mars 2018 à 15h19
4 min
Droit
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Le fabricant de supports vierges avait attaqué la société Copie France, collecteur de la redevance copie privée au profit des ayants droit. Il l’accusait de recel de contrefaçon. La justice a finalement considéré son recours prescrit et l’a condamné à 100 000 euros pour constitution abusive de partie civile.
Le 4 janvier 2013, Imation attaquait Copie France pour recel de contrefaçon. Le célèbre fabricant (rebaptisé depuis GlassBridge Enterprises) avait la conviction que la société chargée de la perception de la redevance Copie Privée savait qu’une partie des flux prélevés s’appuyait sur des contrefaçons.
Pour comprendre cette mécanique, il faut se souvenir que la redevance est calculée à partir d’études d’usages. Pour faire simple, un panel de personnes est sondé pour jauger leurs pratiques de copies. Plus elles affirment réaliser des duplications d’œuvres protégées (films, musiques, séries, etc.), plus la Commission copie privée, où les ayants droit occupent une place de choix, est en capacité de voter des taux plus importants.
Ces taux sont ensuite appliqués sur les produits importés ou fabriqués en France, et reportés d’une manière ou d’une autre sur le consommateur final.
L'iPod et les sources illicites
Comment Imation a pu se pressentir l’existence d’un recel de contrefaçon ? Simple. Dans un échange en Commission copie privée, le 16 janvier 2007, Thierry Desurmont, figure importante de la SACEM, affirmait sans nuance que, pour le barème frappant les iPod, « on sait très bien que moins de 3 % des contenus qui y sont copiés provient d’une source licite ».
Il enfonçait plus profondément le clou : « Nous n’aurions évidemment pas fixé les rémunérations [Copie privée, ndlr] telles que celles que nous avons fixées si on avait exclu ce qui est copié sur les iPod en provenance du Peer to peer ».
En clair, la quasi-totalité de la redevance Copie privée sur les lecteurs musicaux d’Apple avait été aspirée puis redistribuée grâce aux copies illicites provenant du P2P.
Extrait des comptes rendus de la Commission copie privée
100 000 euros pour abus de constitution de partie civile
En 2008, le Conseil d’État avait mis un coup d’arrêt à ce drôle de mélange en exigeant que les études d’usages, celles qui servent donc à déterminer les taux, ne tiennent compte que des seules copies licites. Il avait cependant reporté dans le temps sa décision d’annulation d’un barème de la commission, ce qui évita aux sociétés de gestion collective de rembourser les trop-perçus durant des années.
En clair, pour Imation, prélever des sommes sur un flux qu’on sait illicite (en particulier au titre des frais de gestion), est le recel d’un délit, les téléchargements illicites. Après un premier échec en juillet 2014 devant le tribunal correctionnel de Paris, la cour d’appel de Paris a déclaré prescrite son action le 1er décembre 2016, et même condamné le demandeur à 100 000 euros pour abus de constitution de partie civile.
La question des sources illicites était connue depuis longtemps
La chambre criminelle de la Cour de cassation a confirmé cette analyse. Le 16 janvier 2018, elle a considéré que les juges du fond avaient bien établi la prescription des faits. Imation avait certes allégué que les produits de ce recel s’étaient déportés année après année dans la comptabilité de Copie France, mais sans être suffisamment convaincante. Sa demande introduite le 4 janvier 2013 était donc trop tardive, le délai de prescription de cette infraction continue ayant été consommé depuis peu.
Pour les magistrats de cassation, la cour d’appel a ainsi pu condamner l’entreprise sans rougir à 100 000 euros pour procédure abusive sachant « la question de la prise en compte ou non des copies illicites était connue depuis quasiment la création de la commission copie privée, seule chargée de fixer la base taxable, et qu'un arrêt du Conseil d'État avait censuré cette prise en compte dès juillet 2008 ». En d’autres termes, « la délivrance de la citation à la date du 4 janvier 2013 caractérisant la mauvaise foi de la société Imation Europe BV ».
Copie privée : Imation échoue à faire condamner Copie France pour recel de contrefaçon
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L'iPod et les sources illicites
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100 000 euros pour abus de constitution de partie civile
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La question des sources illicites était connue depuis longtemps
Commentaires (29)
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Abonnez-vousLe 01/03/2018 à 15h26
Pour comprendre cette mécanique, il faut se souvenir que la redevance est calculée à partir d’études d’usages. Pour faire simple, un panel de personnes est sondé pour jauger leurs pratiques de copies. Plus elles affirment réaliser des duplications d’œuvres protégées (films, musiques, séries, etc.), plus la Commission copie privée, où les ayants droit occupent une place de choix, est en capacité de voter des taux plus importants.
Il suffirait que tout le monde réponde qu’il ne fait aucune copie privée de quoique ce soit pour ne plus avoir de taxe ? " />
Il faut prévenir les futur sondés !
Le 01/03/2018 à 15h29
cette commission bricolage et racket " />
Le 01/03/2018 à 15h30
J’aimerais bien avoir un petit article différent de toute les autres presses… Par exemple avec un ipod de 200go ça coute combien pour le remplir légalement ?
Le 01/03/2018 à 15h35
étrange, la prescription pour un délit étant de 6 ans, ils sont donc dans les clous, ils avaient jusque juillet 2014 pour entamer une action, ils l’on fait en janvier 2013….
Le 01/03/2018 à 15h42
je ne sais pas quelle est la durée réelle de la prescription, mais je crois qu’on peut faire confiance aux juristes de la Cour de Cassation pour le connaître parfaitement. S’ils disent que l’action est prescrite, c’est qu’elle l’est. Ce qui est un peu triste, ça nous prive d’un jugement de fond potentiellement… saignant.
Le 01/03/2018 à 15h44
Le 01/03/2018 à 15h47
Le 01/03/2018 à 15h48
Quelle mafia cette Copie France…
Des prélèvement selon les sondages, des hausses à cause de compression plus élevée des fichiers…
C’est n’importe quoi… Ils récupèrent du fric juste parce qu’on a le droit de copier des fichiers sur un stockage différent…
Sans même savoir si cela va être fait…
Qu’on taxe les CD/DVD et autres et qu’on arrête avec cette blague…
Le 01/03/2018 à 15h53
Le 01/03/2018 à 16h01
Le 01/03/2018 à 16h11
Le 01/03/2018 à 16h38
Quand la justice protège les receleurs… " />
Le 01/03/2018 à 16h59
Être en infraction de manière continue et suffisamment longue peut parfois permettre d’échapper à la justice, semble-t-il.
Ceci étant la cerise sur le digestif à base de champagne : “ce qui évita aux sociétés de gestion collective de rembourser les trop-perçus durant des années”.
C’est juste génial, absolument génial.
Le 01/03/2018 à 17h14
En fait, la prescription de l’action publique était à l’époque de 3 ans. Ce n’est que depuis février 2017 que les délais furent doublés pour les crimes et délits.
De plus, comme le relève Marc, en matière d’infraction continue, le point de départ de la prescription remonte au premier jour de cessation de l’infraction. Soit, ici trois anneés révolues à compter de l’arrêt du CE de juillet 2008. (1er janvier 2012).
Ces deux éléments changent la donne.
Car, depuis février 2011 , la société importatrice des supports décide, unilatéralement, de ne plus payer la RCP. Aussi, pour les Hauts magistrats, Imation décide de se “faire justice elle-même”, en refusant de payer, même après la prescription triennale.
C’est cette attitude qui lui vaut d’être condamnée, en “procédant de façon téméraire, [elle] a abusé de son droit d’agir en justice”.
L’avant dernier considérant de l’arrêt de cassation est limpide : “ délivrance de la citation à la date du 4 janvier 2013 caractérisant la mauvaise foi de la société Imation Europe BV ; que les juges ajoutent, que cette mauvaise foi est confortée par l’absence de versement par celle-ci depuis 2011, des sommes dues au titre de la rémunération copie privée “
Le 01/03/2018 à 17h28
Le 01/03/2018 à 17h52
Le 01/03/2018 à 17h53
Wtf, des mp3 192 kbps. J’ai jamais vu ça sur mes sources illégaux, j’ai que du 320 ou sinon au dessus avec d’autre format.
Le 01/03/2018 à 21h14
Le 01/03/2018 à 21h19
Le 02/03/2018 à 08h39
Il n’y a même pas eu de nouveaux sondages, ils ont argumenté qu’avec les taux de compression actuels ça compensait la partie illégale… (comme si les taux de compression avaient permis de gagner 90% de place, et que la qualité des fichiers n’avait absolument pas augmentée…)
Le 02/03/2018 à 08h41
Le 02/03/2018 à 09h38
Le 02/03/2018 à 09h39
Le 02/03/2018 à 11h23
Le 02/03/2018 à 11h45
Fais appel à Hadopi 2.0, ils ont un formulaire pour ça " />
Le 02/03/2018 à 12h05
L’état a mis en place une structure qui par sa composition et son fonctionnement, ne peut qu’aboutir à des barèmes biaisés. Il a, indirectement, une part de responsabilité.
Le 02/03/2018 à 12h27
Le 02/03/2018 à 12h30
Si tu veux, mais je maintiens que sa phrase n’avait pas de sens.
L’État ici est plutôt neutre.
Le 05/03/2018 à 16h04