Le Sénat se penche sur l’interdiction des portables à l’école
Le crime du mobile
Le 03 juillet 2018 à 09h47
5 min
Droit
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Le Sénat examinera demain, en commission de la culture, la proposition de loi relative à l’interdiction du portable à l’école et au collège. Les parlementaires pourraient vider le texte d’une partie de sa substance en renvoyant au règlement intérieur de chaque établissement le soin de fixer de nombreuses règles, notamment sur la confiscation.
Après avoir été adopté début juin par l’Assemblée nationale, la proposition de loi portée par la majorité arrive désormais au Palais du Luxembourg. Le temps presse, puisque le ministre de l’Éducation nationale avait promis que les téléphones seraient effectivement prohibés au collège dès la rentrée 2018.
La Haute assemblée entend toutefois apporter son grain de sel, comme en attestent les amendements déposés par le rapporteur, Stéphane Piednoir (LR).
Vers une extension aux lycées ?
Pour mémoire, la proposition de loi renverse l’équilibre posé en 2010 par le législateur. À ce jour, l'utilisation du téléphone portable est interdite « durant toute activité d'enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur ».
L’idée est que désormais, l’usage des mobiles, tablettes et autres appareils connectés soit prohibé « par défaut » dans les établissements scolaires, hormis pour les « usages pédagogiques ». Il reviendra ainsi à chaque école maternelle, primaire et aux collèges de définir, au travers de leur règlement intérieur, d’éventuelles dérogations (utilisation uniquement dans la cour de récréation par exemple).
L’exception de principe pour l’utilisation en classe a toutefois fait sourciller Stéphane Piednoir. L’élu propose ainsi de faire disparaitre cette « précision inutile », afin qu’il revienne à chaque établissement d’autoriser – ou non – l’usage du portable (ou des tablettes, etc.) en classe.
Autre modification portée par le rapporteur : étendre la proposition de loi aux lycées. Ceux-ci resteraient toutefois sur un modèle d’autorisation de principe, contrairement aux écoles et collèges. Stéphane Piednoir souhaite simplement que chaque lycée puisse expressément choisir, au travers de son règlement intérieur, d’interdire les téléphones et autres appareils connectés. Ce qui reviendrait à graver dans le marbre les pratiques actuelles.
Le rapporteur privilégie les renvois au règlement intérieur
Concernant la possibilité de confiscation des appareils utilisés en violation de l’interdiction, principale nouveauté introduite lors des débats au Palais Bourbon, le rapporteur propose d’en revoir profondément les modalités de mise en œuvre.
Tel que voté par les députés, le texte prévoit que tout « membre de l’équipe de direction » ou « personnel enseignant » puisse saisir un téléphone. Celui-ci devra être restitué « au plus tard » lorsque l’élève « quitte[ra] l’établissement à la fin des activités d’enseignement de la journée », aux parents ou, à défaut, au jeune lui-même.
Stéphane Piednoir adhère visiblement au principe, mais estime qu’il convient – là aussi – de laisser le soin à chaque établissement de déterminer « les modalités de la confiscation de l’appareil et de sa restitution », toujours par le biais de son règlement intérieur.
Le parlementaire propose néanmoins d’inscrire dans la loi que toute personne « exerçant des fonctions de direction, d’enseignement » mais aussi « d’éducation ou de surveillance » puisse saisir un téléphone. Cela reviendrait notamment à élargir le dispositif « aux CPE, aux ATSEM et aux assistants d'éducation », explique Stéphane Piednoir.
Des amendements pour limiter l’exposition aux écrans
Parmi les rares amendements déposés par les sénateurs, on notera ceux de Colette Mélot (Les Indépendants) visant à limiter l’exposition des élèves aux écrans. La parlementaire souhaite d’une part qu’il n’y ait « aucune exposition » à des fins pédagogiques avant trois ans, trente minutes maximum entre trois et six ans, puis jusqu’à deux heures de six à douze ans.
« Les écrans sont devenus la première occupation des enfants et adolescents, se justifie l’élue. Scientifiques et professionnels ont alerté les parents et les pouvoirs publics sur les effets néfastes pour la santé et le développement de l'enfant de la surexposition aux écrans : retard de l'acquisition du langage, trouble de l'attention, désorientation du regard, troubles relationnels, troubles du sommeil et myopie. »
Afin d’éviter des atteintes de la rétine et « une perturbation de l'horloge biologique », Colette Mélot voudrait d’autre part que tous les appareils utilisés à l’école soient obligatoirement « équipés d'un filtre à lumière bleue », émise par « la plupart des écrans ».
Les débats auront lieu demain matin, à partir de 9 h. Le texte sera ensuite examiné en séance publique le 16 juillet.
Le gouvernement ayant enclenché la procédure accélérée, députés et sénateurs se réuniront en vue d’un compromis (en commission mixte paritaire). Faute d’accord, l’adoption définitive de cette proposition de loi d’ici la rentrée pourrait être hautement compromise.
Le Sénat se penche sur l’interdiction des portables à l’école
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Vers une extension aux lycées ?
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Le rapporteur privilégie les renvois au règlement intérieur
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Des amendements pour limiter l’exposition aux écrans
Commentaires (28)
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Abonnez-vousLe 03/07/2018 à 10h01
Bien du courage aux enseignants/CPE & co lors des saisies..
A Marseille, dans certains colleges, ca va finir en baston generale, crevage de pneus et plus si affinité.
Le 03/07/2018 à 10h11
Je pense que c’est une mesure purement politique et, comme d’habitude, d’un autre temps…
Je pense qu’il serait plus intéressant et pertinent d’intégrer l’utilisation des portable dans le cursus scolaire pour apprendre aux collégiens à en limiter, en améliorer la pertinence de l’usage…
Mais bon, comme on a des “élites” à la mentalité d’il y a deux siècles aux manettes…
Le 03/07/2018 à 10h21
Le 03/07/2018 à 10h25
Les dignes héritiers des moines copistes…
Sinon pour le reste : oui (+1) à l’éducation à l’usage des terminaux E/S modernes, y compris dans la thématique de sa dimension(potentiellement) addictive. Mais il faudrait construire une démarche, matérialiser un programme, former les enseignants, y consacrer du temps scolaire (etc.).
Ça coûte moins cher d’interdire. " />
Le 03/07/2018 à 10h28
Le 03/07/2018 à 10h34
Le 03/07/2018 à 10h47
C’est moi, où ils sont en train de faire une loi qui précise que tout dépend du réglement intérieur des établissements (ce qui est donc déjà le cas) ?
Le 03/07/2018 à 11h41
“Afin d’éviter des atteintes de la rétine et « une perturbation de l’horloge biologique », Colette Mélot voudrait d’autre part que tous les appareils utilisés à l’école soient obligatoirement « équipés d’un filtre à lumière bleue », émise par « la plupart des écrans ».”
Bon. Stop. En journée, c’est complètement inutile.
Puis bon la lumière bleue n’est pas nocive pour la santé. Personne ne se plaint du soleil ou de la lune " />
Le 03/07/2018 à 13h13
Le 03/07/2018 à 14h00
Le 03/07/2018 à 14h11
Ce n’est déjà pas légal dans un collège.
Le 03/07/2018 à 14h15
Le 03/07/2018 à 14h58
Le 03/07/2018 à 15h13
Le 03/07/2018 à 15h22
Si c’est une question de sécurité publique (l’usage du tel en voiture), alors c’est une loi qui impose l’équipement BT de tous les véhicules automobiles (ainsi que, éventuellement, une norme de désactivation automatique de l’accès/usage pour le terminal mobile lui-même) qu’il faut faire. On l’a bien fait en son temps pour des trucs à la con (troisième feu de position/stop arrière, éthylotest (brièvement), etc.).
Non ?
Le 03/07/2018 à 15h34
L’un n’empeche pas l’autre.
De toute facon ca ne sera pas applicable aux anciennes voitures, donc faut bien une loi pour ces cas-la.
Et quid des passagers ? interdiction de tel aussi dans la voiture ? Pas viable comme solution, la desactivation.
De plus le probleme n’est pas ‘que’ le fait de tenir le tel, pas mal d’etudes ont prouvé que pour un conducteur, le fait de telephoner a qq’un (qui n’est donc pas dans l’habitacle) va provoquer une perte d’attention, ne serait-ce que si un danger ou une situation de mise en danger arrive, les passager arretent de parler instinctivement, alors que le correspondant continue a raconter sa vie.
Le BT n’est qu’un pis-aller qui permet d’avoir ses mains sur le volant, mais en aucun cas, permet de conduire en securité tout en telephonant.
Donc au lieu de trouver des solutions ‘de contournement’, il vaut mieux pousser a faire changer les mauvaises habitudes, donc arret du vehicule, et dans le cas de l’article, attente d’etre en recreation…
Dans le cas contraire, taper ou ca fait mal.
Le 03/07/2018 à 15h46
Cool, mais ça va faire pas mal de choses à interdire si c’est l’inattention du conducteur qui est visée : les panneaux publicitaires (chic !), les jeunes et belles femmes en jupe courte et décolleté prononcé au bord de la route (pas chic), les enfants en bas âge, les clopes, etc. etc.
Le 03/07/2018 à 15h49
Le 03/07/2018 à 18h08
Afin d’éviter des atteintes de la rétine et « une perturbation de l’horloge biologique », Colette Mélot voudrait d’autre part que tous les appareils utilisés à l’école soient obligatoirement « équipés d’un filtre à lumière bleue », émise par « la plupart des écrans ».
Quelqu’un a expliqué à cette sénatrice que la lumière blanche est composée de lumière bleue, et que les téléphones, tablettes, ordinateurs, ou encore les écrans disposent de la possibilité de réduire cette composante dans leur paramétrage ?
Par ailleurs, existe-t-il la moindre étude démontrant un quelconque effet néfaste de la lumière bleue ? Des UV, soit, mais la lumière visible ? J’ai l’impression qu’il s’agit d’une légende urbaine à base de l’incompréhension de supposées études. Y a-t-il une quelconque base scientifique à cette psychose ? Un consensus scientifique ?
Le 03/07/2018 à 18h38
Le 04/07/2018 à 08h55
En ce qui me concerne j’utilise F.Lux sur pc pour préserver mes yeux. le bleu est plus agressif et le limiter en soirée permet d’éviter d’avoir les yeux Ki piquent (l’effet yeux secs).
Possible en tant que telle que par le fait que l’image soit plus douce, il y ait un gain pour dormir.
Le 04/07/2018 à 10h01
Je n’ai pas trop mesuré pour le sommeil, mais il est sûr que diminuer la lumière bleue (c’est maintenant une fonction native dans la plupart des systèmes d’exploitation) fatigue moins l’œil. Ça a été particulièrement net pour moi au bout de quelques semaines où j’ai dû faire énormément d’écran. En fin de journée, yeux secs, difficulté à faire la netteté, début de maux de tête. En passant en “éclairage nocturne”, ça s’est estompé en quelques minutes (et j’ai pu travaillé encore plus tard " />). Maintenant, je le laisse en permanence, pour la bureautique. Il me semble que ça a été démontré, par ailleurs, mais je n’ai pas de source comme ça de butte en blanc.
De là à en faire un argument pour fliquer davantage les élèves…
Le 04/07/2018 à 11h21
“Le Sénat examinera demain, en commission de la culture, la proposition de loi relative à l’interdiction du portable à l’école et au collège”
Au Sénat, il n’y a pas de commission éducation ou enseignement qui pourrait traiter cette question ?
Sur le fond, faut-il vraiment une loi pour ça ? Pourquoi ne pas faire confiance aux établissements scolaires, aux enseignants, à tout le personnel éducatif ?
Jamais on ne sortira de cette législativite aigüe ?
Le 05/07/2018 à 09h18
Le 05/07/2018 à 10h42
C’est pas plutôt dans les prisons qu’ils devraient les interdire ???…
Le 08/07/2018 à 06h26
Le 08/07/2018 à 12h31
Le jour où les crétins de parents comprendront que l’informatique est une arme, ils arrêteront peut-être d’armer leurs enfants ?
Le 09/07/2018 à 12h44
“Les sénateurs ont voté en commission l’interdiction du téléphone portable dans les lycées,
en commission de la culture et de l’éducation, dans le cadre de la
proposition adoptée par les députés l’interdisant uniquement dans les
écoles et collèges. Le texte adopté par la commission de la culture et de l’éducation sera débattu en séance le 16 juillet.”
https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/telephones-portables-le-senat-e…