Pourquoi la justice a condamné l’usage de la reconnaissance faciale par la police galloise
Mauvais œil ?
Le 12 août 2020 à 14h32
8 min
Droit
Droit
Au terme d’un arrêt de 59 pages, la cour d’appel de Londres a jugé illicite le déploiement des caméras de reconnaissance faciale par la police galloise. Elle ne dénonce pas le principe même de cette technologie, mais le manque d’encadrement de cette expérience.
Outre-Manche, l’usage de la reconnaissance faciale par la police du Pays de Galles était une première. La solution AFR, pour Automated Facial Recognition, consiste à comparer à la volée des images de personnes dans la rue avec des bases de données gérées par les autorités locales.
Le 4 septembre 2019, un tribunal rejetait la procédure lancée par un certain Edwards Bridges. Ce militant des droits civiques, soutenu par l’ONG Liberty, était convaincu de son incompatibilité avec la Convention européenne des droits de l’Homme en particulier son article 8 relatif à la protection de la vie privée.
Dans cette première décision, l’AFR était décrite avec un luxe de détail sur chacune de ses étapes : acquisition d’images, détection des visages, extraction de leurs caractéristiques puis comparaison avec une base de surveillance.
Cette base intègre les personnes recherchées sous mandat, les évadés, les personnes soupçonnées d'avoir commis un crime, celles déclarées disparues, celles dont la présence à un événement suscite une inquiétude particulière, d’autres encore qui pourraient être utiles aux fins de renseignement, et enfin les personnes vulnérables.
En tout, entre 400 et 800 noms y figurent.La procédure s’achève avec un score de similitudes. S’il dépasse un seuil (paramétrable), un opérateur prend la main pour vérifier la correspondance effective entre le visage et sa photo. Le cas échéant, des agents locaux sont dépêchés et s’en suivent alors interrogatoires, fouilles voire arrestations.
500 000 visages traités par des yeux électroniques
Dans le déluge de chiffres, le dispositif a été testé une cinquantaine de fois entre mai 2017 et avril 2019 durant des évènements publics considérés comme importants. À chaque fois, les caméras ont été placées sur des véhicules ou des poteaux, en capacité de traiter jusqu’à 50 visages par seconde via le logiciel propriétaire NeoFace Watch, développé par Nec
Selon les chiffres évalués par la justice, 500 000 visages ont été traités entre ces dates. En une écrasante majorité, ces personnes ne présentaient aucun intérêt, aux yeux des autorités. Les données biométriques furent supprimées immédiatement mais les images systématiquement conservées 31 jours, délai en vigueur outre-Manche.
Les individus étaient alertés de la présence de ces caméras biométriques sur Facebook et Twitter, mais également par des affiches de tailles A2 sur les voitures équipées et dans un rayon de 100 m.
Les atteintes à la vie privée selon la CEDH
L’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme pose que « toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale », le texte admet des ingérences d'une autorité publique pour autant qu’elle soit :
- prévue par la loi (et)
- qu'elle constitue une mesure qui, dans une société démocratique, est nécessaire à la sécurité nationale, à la sûreté publique, au bien-être économique du pays, à la défense de l'ordre et à la prévention des infractions pénales, à la protection de la santé ou de la morale, ou à la protection des droits et libertés d'autrui.
C’est sur cette base que la première juridiction avait considéré l’immixtion de ces yeux électroniques justifiée. Ce qu’a contesté l’appelant.
« Nous sommes conscients que la police utilise depuis longtemps des techniques pour recueillir des informations sans aucun doute conformément à la loi, ont relevé les juges d’appel. Par exemple, ils ont le pouvoir d’observer ce qu'ils voient dans un lieu public, de consigner ces informations et les conserver dans leurs fichiers. Tout comme l'œil humain peut observer une personne dans un lieu public, la police a le pouvoir de prendre des photos de personnes ».
Néanmoins, l’analogie n’est plus possible avec les caméras biométriques : voilà un traitement qui va concerner un grand nombre de personnes, touchant à des données biométriques intimement liées à chacune d’elles, concernant des individus dont la grande majorité ne présentera aucun intérêt pénal. C’est de là que la cour a « tiqué » sur plusieurs points du dispositif.
Un pouvoir discrétionnaire trop important
Les traitements permettent en effet d’identifier des personnes « pour lesquelles des renseignements sont nécessaires », un critère particulièrement vague et offrant une justification trop généreuse aux captations.
Surtout, l’arrêt dénonce « un pouvoir discrétionnaire trop important est laissé actuellement aux agents de police », peu en phase avec le texte de l’article 8. Cette discrétion porte aussi bien sur le « qui », à savoir les personnes pouvant être inscrite sur la base de données de référence, mais également le « où », critère permettant de déterminer où la technologie en question peut être déployée. Des « défaillances fondamentales », selon les juges.
BAME, femmes… Le risque de biais
Un autre point, dont l’analyse d’impact a été trop avare de détails, concerne le risque de biais de ce système. « Des preuves scientifiques existent selon lesquelles les logiciels de reconnaissance faciale peuvent être biaisés et créer un plus grand risque de fausses identifications dans le cas de personnes d'origine noire, asiatique et d'autres minorités ethniques [BAME, pour Black, Asian, and minority ethnic, ndlr], ainsi que dans le cas des femmes ». Dans l’arrêt, il a spécialement été reproché à la police locale de n’avoir jamais cherché à savoir si ce logiciel couplé à ces caméras était ou non victime de tels partis pris.
Une décision saluée, une décision relativisée
L’association Liberty a salué cette victoire, réclamant l’arrêt du déploiement de ces « technologies dangereuses ». Pour son avocate, Megal Goulding, « il est temps que le gouvernement reconnaisse les graves dangers de cette technologie intrusive. La reconnaissance faciale est une menace pour notre liberté- elle doit être interdite ». Sauf que l’arrêt n’a pas condamné en elle-même la reconnaissance faciale, mais davantage les conditions de sa mise en œuvre ou plus précisément son manque d'encadrement.
C'est en ce sens qu'il faut lire la réaction des autorités. « Il n'y a rien dans l’arrêt de la cour d'appel qui mine fondamentalement l'utilisation de la reconnaissance faciale pour protéger le public. La décision ne fera que renforcer le travail qui est déjà en cours pour garantir que les politiques opérationnelles mises en place peuvent résister à une contestation judiciaire et à un examen public rigoureux » a commenté Jeremy Vaughan, en charge de la reconnaissance faciale au sein des unités de police.
Il a indiqué au passage que la reconnaissance faciale en temps réel a abouti à l'arrestation de 61 personnes pour des infractions telles que le vol et la violence, durant différents grands événements sportifs et publics à Cardiff et Swansea. 61 cas sur 500 000 visages passés à la moulinette du logiciel.
En France, l’appel de la CNIL
En France, le sujet de la reconnaissance faciale est l’objet de toutes les attentions. Des parlementaires déposent régulièrement des propositions de loi pour ouvrir les vannes et coupler ces caméras afin de détecter la présence de fichés S dans une foule déterminée.
En septembre 2018, la CNIL appelait « d’urgence à un débat démocratique » sur le sujet des caméras vidéo, réclament l’intervention du législateur et du gouvernement. Sur la reconnaissance faciale en particulier, elle a souligné haut et fort que cette technologie « ne peut légalement être utilisée, même à titre expérimental, si elle ne repose pas sur un impératif particulier d’assurer un haut niveau de fiabilité de l’authentification ou de l’identification des personnes concernées et sans démonstration de l’inadéquation d’autres moyens de sécurisation moins intrusifs ». Un point qui avait valu un carton rouge à deux lycées du sud de la France, tenté par ce versant sécuritaire.
Pourquoi la justice a condamné l’usage de la reconnaissance faciale par la police galloise
-
500 000 visages traités par des yeux électroniques
-
Les atteintes à la vie privée selon la CEDH
-
Un pouvoir discrétionnaire trop important
-
BAME, femmes… Le risque de biais
-
Une décision saluée, une décision relativisée
-
En France, l’appel de la CNIL
Commentaires (32)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 12/08/2020 à 15h59
“Il a indiqué au passage que la reconnaissance faciale en temps réel a abouti à l’arrestation de 61 personnes pour des infractions telles que le vol et la violence, durant différents grands événements sportifs et publics à Cardiff et Swansea.”
Argument idiot, lors des “grands événements sportifs et publics” la police est présente physiquement sur place, donc ça prouve plutôt que la police est devenue incompétente sur les infractions qui se passe juste sous son nez: pourquoi n’a-t-elle pas agit PENDANT les violences pour aider les gens?
Le 12/08/2020 à 16h33
Mouais, mais en tout cas ça n’empêchera pas Londres de continuer ses programmes de reconnaissance faciale et de battre même les grosses villes chinoises en nombres de caméra.
Le 12/08/2020 à 18h06
Du coup ils auront plus de mal pour retrouver Xavier Dupont de Ligonnès?
Le 12/08/2020 à 19h08
C’était en Écosse que l’on croyait l’avoir retrouvé.
Le 12/08/2020 à 19h29
Ca reste le RU (enfin, pour l’instant).
Le 12/08/2020 à 21h18
L’ascenseur émotionnel du truc…
Le titre annonce un espoir d’avoir enfin une vraie victoire européenne contre la reconnaissance faciale et on découvre un arrêt qui, au mieux, n’aura aucun effet et, au pire, va participer à l’acceptation de ces captations “intelligentes”.
On dirait la “victoire” de lQdN contre la Hadopi. Ils se réjouissaient de la “victoire” qui ne va finalement avoir aucune incidence sur la fin de vie de l’institution :(
Le 13/08/2020 à 12h43
L’article ne précise pas si les faits de violence ont été réalisés au même moment. On pourrait très bien retrouver avec la reco faciale quelqu’un qui a été violent le week-end d’avant (dans ces événements sportifs, on retrouve souvent les mêmes personnes d’un jour à l’autre).
Tout-à-fait d’accord. Cela ne fait que repousser un peu le jour où cette techno sera assez répandue et acceptée par la population, pour ne plus pouvoir revenir en arrière. Il suffira de modifier un texte législatif pour dire “regardez, on vous a écouté, désormais on a mis des quelques gardes-fous” et pouvoir la déployer massivement. C’est la même chose qu’en France pour le fichier TAJ, où il suffira de dire “nécessité absolue” pour qu’on ne puisse plus contester son existence.
Le 13/08/2020 à 06h54
tu réfléchis un peu ? quand t’es au sol au millieu de millieu de personnes, tu n’as jamais une vue d’ensemble. Et le temps d’arriver sur le lieu d’une agression à travers la foule, l’agresseur peur avoir largement le temps de s’échaper. Grace aux caméras l’identification de ces agresseurs et l’orientation des forces de l’ordre peut etre grandement facilitée. Et ils peuvent interpeler les personnes après coup quand les conditions sont plus favorables.
Le 13/08/2020 à 09h12
Tu devrais étendre ton spectre de lecture toi aussi. Chiffres a l’appui on a la preuve depuis des années que la surveillance de masse est à peu de choses près inutile (d’un point de vue sécuritaire en tout cas, électoralement parlant c’est une autre histoire…). Un lien parmi tant d’autres.
Le 13/08/2020 à 06h57
Aucune victoire, dans les conditions actuelles cette techno sera adoptée tôt ou tard.
Le 13/08/2020 à 07h40
on peut être “pour/contre”…mais on y viendra* !
(ps. : perso. je suis contre…pour ‘pleins-d’choses’, mais bon….
Le 13/08/2020 à 08h13
par exemple :*
« Des preuves scientifiques existent selon lesquelles les logiciels de reconnaissance faciale peuvent être biaisés et créer un plus grand risque de fausses identifications …*
Le 13/08/2020 à 07h28
Rien ne dit que les violences ont eu lieu au moment des événements. Ca peut être une personne recherchée pour violence sur un stade, identifiée aux abords de ce même stade juste pile le jour du match.
Le 13/08/2020 à 11h42
« BAME, femmes… Le risque de biais »
L’un des nombreux problèmes que pose la trop grande homogénéité du secteur informatique (culturelle, sociale, ethnique, biologique, etc.).
Le 13/08/2020 à 13h09
Pardonnez moi, vous parlez tous de victoire contre ces caméras dans un lieu public, pour votre vie privée. J’ai du mal à comprendre, vous pensez que l’agent de police en a quelque chose à faire que vous alliez boire un coup avec votre maîtresse plutôt qu’avec votre femme ?
Ou alors vous demandez la liberté de pouvoir commettre des infractions et délits sans être inquiété, dans ce cas c’est autre chose.
Si vous pouvez m’expliquer un peu les arguments du contre. En toute amitié.
Le 13/08/2020 à 13h41
Avec ton commentaire la seule chose que j’ai compris c’est “je comprend pas, on a rien à cacher”…
Auquel cas je t’invite à fouiller tous les liens ici : https://jenairienacacher.fr/
EDIT : après une mise à jour j’ai l’impression que les liens dans les commentaires cassent la mise en forme ! c.f. ce commentaire et celui de Jarodd juste au dessus.
Le 13/08/2020 à 13h50
Je pense que l’agent de police est remplacé par des caméras et que c’est un vrai problème.
Surtout si le traitement des images est fait par une IA “auto-apprenante”, si elle décide ce qui doit s’afficher sur l’écran de l’agent de police, si elle incorpore des données biométriques comme la reconnaissance faciale, et le tout sans aucune autorisation légale.
Bien entendu, comme le dit DanLo, jenairienacacher.fr est une excellente mine d’informations si tu penses que la vie privée n’est utile qu’aux criminels ;)
Le 13/08/2020 à 14h24
Les arguments sont dans l’article. Même en ne lisant que les inter-titres, on les trouve :
Ce que je comprend pas, c’est comment tu fais cette relation “je ne veux pas de la reco faciale = je veux commettre des infractions”.
La personne qui a initié cette procédure a été “scanné” deux fois par ces caméras. Ensuite son visage est comparé à une base de données de photos de personnes “à risque”. En sachant qu’il y a d’énormes biais, comment ne pas voir le danger de cette technologie ?
Il ne s’agit pas de savoir ce qu’un agent de police peut voir qu’on va boire un coup avec noter maîtresse, c’est un programme qui va te comparer avec une liste de personnes sous surveillance, pas un humain. Et s’il y a une erreur, tu finiras quand même en garde à vue.
De plus, je revendique le droit d’aller
tirerboire un coup avec ma maitresse sans pour autant être filmé. Il ne s’agit pourtant pas d’une infraction ou d’un acte violent, mais du simple respect de ma vie privée. Comment en est-on arrivé au point d’accepter d’être sans arrêt sous surveillance ainsi ? La lecture de 1984 devrait être obligatoire pour acquérir ses droits de citoyen.Le 13/08/2020 à 14h04
Le 13/08/2020 à 14h08
De 2 choses l’une : soit carbier est en vacances, soit il a fondu…
Le 13/08/2020 à 14h34
Trop tard pour éditer…
J’ajoute que d’après le Monde, citant une étude de l’université de Cardiff : « entre juin 2017 et mars 2018, plus de 70 % des identifications réalisées par le système étaient en fait des erreurs ».
Le 14/08/2020 à 09h00
Je ne suis pas trop etonné
J’ai par hasard une connaissance qui justement bosse à Cardiff au centre opérationnel des caméras de la ville
Son boulot est de surveiller les écrans et d’envoyer des patrouilles de flics quand elle constate un vol,une agression, un accident, ou whatever.
Elle me disait que si cela aide beaucoup à diminuer ces méfaits, et qu’elle voyait des trucs inimaginables , par contre ils étaient quasi incapables de reconnaitre les visages après coup.
Si l’humain n’y arrive pas même en prenant son temps , je doute que des systèmes automatiques le puissent .
C’est pas une série américaine
Le 13/08/2020 à 14h37
Il y en a, des choses, qui devraient être obligatoires pour acquérir des droits de citoyen, si l’on va par là ;)
Que penser des gens qui disent “je ne m’intéresse pas du tout à la politique mais je fais mon devoir de citoyen et je vais voter” ? Doit-on les rayer des listes électorales ou les déchoir de leur nationalité ? :p
Pardon pour le HS… Promis, j’arrête ici !
Le 14/08/2020 à 08h03
Merci pour vos messages.
Vous parlez de remplacement de l’agent par la machine. Vous avez loupé une phrase essentielle je crois : “S’il dépasse un seuil (paramétrable), un opérateur prend la main pour vérifier la correspondance effective entre le visage et sa photo.”
Au lieu d’avoir un pauvre gus qui jette un coup d’oeil entre 2 parties de belotte, vous avez un outil qui matche des potentiels criminels, et qui les soumet à l’agent. Donc à part traiter plus de monde, quel est le soucis ? Vous estimez que lorsque le logiciel propose une personne, l’agent va déclencher l’alerte à chaque fois sans vérifier ?
J’ai parcouru votre lien. Dès le début ça commence très fort ! Et ensuite parler de la déclaration des juifs à partir de 36… Cela va loin.
Si j’ai bien compris, vous vous préparez à l’apparition d’un régime autoritaire ? Vous êtes des survivalistes en réalité ? Je force grossièrement le trait.
Et ensuite Jarodd tu “revendique le droit d’aller boire un coup avec ma maitresse sans pour autant être filmé.”
Encore une fois je comprends pas, tu crois que le logiciel ou l’agent va poster une story instagram en disant “regardez Jarodd il est infidèle !” ?
Pour résumer, ce qui me fait le plus sourire dans tout ça c’est que vous avez peur des dérives de la reco faciale, vous voulez garder votre vie privée, mais…
vous avez tous votre portable avec vous, votre carte fidélité dans vos magasins préférés, vos comptes sur vos réseaux sociaux, votre carte bleue qui vous sert pour tous vos achats, et le mieux….. Votre compte ici avec vos messages montrant que vous voulez votre vie privée !
Quitte à aller dans une idée faites le à fond les amis, coupez tout :)
Le 14/08/2020 à 08h18
J’ai l’impression que ce que revendique surtout le site mis en avant (et donc par extensions ceux qui l’ont posté ici) c’est le droit à choisir ce qu’ils considèrent comme public ou privé.
Si pour eux les messages qu’ils partagent sur NextInpact sont dans leur catégorie public mais le fait d’aller boire un verre c’est dans leur catégorie privé c’est leur choix. Et ce choix ni plus acceptable ni moins qu’un autre.
Personnellement, les caméras en elles mêmes ne me dérangent pas dans l’espace public, j’estime justement que vu que je fais usage d’un espace public j’ai des devoirs envers celui-ci et que les caméras permettent dans une certaine mesure que ces devoirs soient respectés.
Qu’un agent humain me voit jouer à pokemon go dans la rue par ses moniteurs je m’en fous allègrement aussi en revanche ce qui me gênerait, c’est de me faire fusiller parce que 4% (quand on regarde les taux d’erreurs des IA, j’exagère à peine) de mon visage ressemble à celui d’une personne recherchée.
Je pense qu’on peut trouver un juste milieux entre le besoin de surveillance de l’espace public (car j’estime qu’il en faut) et la parano orwellienne mais le fait est que c’est justement en combattant certains automatismes déviants que l’ont peut conserver cet équilibre.
Le 14/08/2020 à 09h01
Homme de paille
Et un autre
De plus, en admettant qu’on ait tout ce que tu imagines : c’est un choix d’avoir un smartphone. C’est un choix d’avoir une carte de fidélité. Si on fait ces choix, c’est qu’on y trouve son compte. Et si on trouve que ça va trop loin, on peut reprendre un 3310, on peut résilier la carte de fidélité.
Mais où est notre choix dans la reco faciale ? Où donne-t-on son accord pour être filmé et comparé à une liste de personnes suspectes ? Si on ne veut pas être filmé (c’est possible d’avoir cette opinion, ou on est forcément un potentiel terroriste ?), on peut faire quoi ? L’actu présente justement les excès qu’on retrouve à chaque fois qu’un tel procédé est mis en place.
Et quels sont les avantages de ce système ? Plein d’études ont montré que les caméras déplaçaient les crimes en dehors de leurs champs de vision. Donc la solution est de mettre 1 caméra tous les 10 mètres, pour ne laisser aucun angle mort ?
Tu as le droit de vouloir vivre à Londres en Océanie (moi aussi je sais faire des sophismes :) ), mais nous avons le droit de défendre notre vie privée. Sur le terrain de la reco faciales, comme celui du flicage des services en ligne, bancaires, ou marketeux.
En fait tu ne réponds pas sur les arguments qu’on te présente : les biais racistes, l’énorme taux d’erreur… Tout cela tu l’éludes, et préfères répondre à côté, en te faisant des films sur les autres aspects de la vie privée, sans vraiment savoir si c’est vrai ou pas.
Le 14/08/2020 à 09h01
Tu ne fais qu’un procès d’intention généralisé en disant ça. Ça n’a pas sa place dans le débat.
Comme l’à dit mon VDD, le fait est que l’on veut avoir le choix de ce qui relève dans notre vie du caractère public ou privé. Une caméra dans la rue m’impose une partie de ce choix… ou va à l’encontre de ma liberté de circuler dans le cas contraire, si je suis forcé d’éviter les lieux filmés pour ne pas être suivi de la sorte.
Par ailleurs, ce n’est normalement pas à nous de justifier du pourquoi on devrait retirer ces caméras mais plutôt à ceux qui en veulent de justifier de leur intérêt.
Le fait est (comme je l’ai sourcé précédemment) que la pertinence (en terme d’efficacité) de ces caméras est plus que discutable, d’autant plus au regard de leur coût et de tous les problèmes qu’elles causent en terme de vie privée et d’ouverture de la fenêtre d’overton sur toutes les technologies de suivi, fichage et j’en passe (et après on se moque de la Chine alors qu’on se dirige vers le même modèle à petit feu…). Donc jusqu’à preuve du contraire, l’usage massif de caméras n’est pas pertinent voire néfaste au long terme.
Le 14/08/2020 à 13h05
Reconnaissance faciale : le chef de la police de Detroit admet un taux d’erreur de 96 %
y-en a, encore, qui persiste, malgré ça ???
Le 14/08/2020 à 13h07
J’me sens bien sur NXI, Tudieu.
On n’est pas tous d’accord entre nous et, a priori, il semble que Nui débarque du passé dans les discussions au sujet du droit à la vie privée (censément garanti par la déclaration des droits de l’Homme. J’suis pas certain que c’était pour protéger les délinquants mais davantage pour protéger un peuple de ses dirigeants - alors pourtant qu’ils ne leur tiraient pas encore dessus à la grenade à l’époque), soit asticote volontairement un petit peu, mais le tout se fait d’un ton bonhomme et courtois et c’est très agréable.
L’idée de base - toutes autres considérations mises à part - c’est qu’aucune loi n’autorise ni n’encadre la reconnaissance faciale, y compris à titre expérimental.
Je ne rentre pas dans les raisons du pourquoi, mes estimés VDD l’ayant déjà fait, mais partant de là, tout ce qu’on voit passer sur la reconnaissance faciale est illégal et doit donc être absolument stoppé rapidement.
S’il y a effectivement une certaine frénésie dans les levées de boucliers, c’est qu’il suffit qu’on laisse passer un seul de ces trucs pour que tous s’engouffrent dans la brèche car il y a énormément de thunes en jeu. On l’a vu pdt le confinement : énormément d’entreprises, voire des administrations, ont commandé des caméras thermiques en pagaille, à la grande joie des profiteurs de guerre (ce n’est pas mon analogie, c’est celle du gouvernement).
Et pour revenir à la question de base : toutes les études ont prouvé qu’investir dans les outils technologiques de surveillance plutôt que dans les moyens humains coûtait non-seulement plus cher, mais pour une efficacité moindre.
Mieux vaut un policier qui passe dans la rue trois fois dans la journée que 17 cameras dans ladite rue.
Le 15/08/2020 à 09h41
L’usage des caméras thermiques mains libres est proscrit. Le classement s’opérant par usages, on tombe ici dans la catégorie des armes de guerre.
Par extension, la vidéo surveillance thermique relève donc des armes de guerre au sens de la loi. L’usage du mot guerre n’est pas inapproprié, en effet.
Le 17/08/2020 à 12h07
certes
uniquement les cartes “manuelles”, aucune carte de fidélité informatisée, pardon, numérique (dsl, j’ai du mal avec les mots-clés du vocabulaire à la mode et des petits génies du marketing et de la propagande)
aucun facebook, twitter, … Facebook et Twitter sont bloqués chez moi par un serveur DNS résolveur, installé à cet effet d’ailleurs.
le commerçant ne sait pas qui je suis, mais certes la banque connait tout de mes achats hors Paypal et paiement en espèces parce que ça m’arrive encore
Absolument, la vie privée de personnes qui utilisent des pseudos.
Merci pour le conseil particulièrement éclairé
Le 17/08/2020 à 17h42
Bien éclairé avec linky.