GNOME 42 : transition vers GTK4, libadwaita finalisée et modernisation de l’interface
Plus majeure que majeure
Le 25 février 2022 à 17h07
9 min
Logiciel
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La bêta de GNOME 42 est disponible depuis quelques jours. Nous vous proposons de plonger dans ses améliorations. Nombreuses, elles concernent autant l'interface que la mécanique interne.
La bêta de GNOME 42 est suffisamment stable et étoffée pour faire le tour de ses apports principaux. Si nous en parlons, c’est qu’en dépit d’un numéro de version qui peut sembler anodin après la rupture qu’a été GNOME 40, cette mouture 42 comporte non seulement un très grand nombre de nouveautés, mais certaines sont en plus majeures, dont une grosse poussée vers GTK4.
Au fil des découvertes, on s'aperçoit rapidement que le programme de GNOME 42 est plus complet que la version 40. On se risquerait même à dire qu'il s'agit de GNOME 40 tel qu'il aurait dû sortir, avec une hausse manifeste de la cohérence, grâce à la nouvelle bibliothèque libadwaita.
Thème sombre pour tout le système
L’un des premiers apports visibles est le thème sombre à l’échelle du système. Ce qui signifie, dans les réglages d’Apparence des paramètres, un choix entre un thème clair et un thème sombre. On parle bien sûr du thème par défaut fourni avec GNOME.
Lorsque l’on clique sur « Sombre », l’intégralité de l’environnement bascule dans les nouvelles teintes. C’est du moins l’objectif affiché, car si vous testez la bêta, vous vous rendrez compte que seule une partie des applications est compatible actuellement. Il faut en effet que le reste des applications transite vers la bibliothèque libadwaita, dont nous reparlerons plus tard.
Les applications sensibles au contexte comme Fichiers, Text Editor ou encore Moniteur système sont déjà toutes à jour, de même que la boutique Logiciels. D’autres, comme la Calculatrice, Agenda, Contacts, Météo ou même Firefox restent en thème clair pour l’instant. À moins bien sûr qu’elles disposent de leur propre réglage sombre. On note au passage le changement d’icônes pour les dossiers, désormais bleues avec un léger dégradé vers le blanc.
Le thème rejaillit sur de nombreux autres éléments dans tout l’environnement, notamment sur tous les « pop over », qui apparaissent quand on clique par exemple sur l’heure ou sur les contrôles en haut à droite. Les cadres sont un peu petits, ont perdu le petit triangle qui les reliaient à la barre des menus et affichent un contraste plus prononcé. On note, bien sûr, les coins arrondis qui sont également une marque de la bibliothèque libadwaita.
On remarque globalement une tendance très nette dans de nombreux systèmes. La plupart ont maintenant des cadres aux coins arrondis, des thèmes sombres ou encore des zones de sélection elles aussi plus rondes et n’étant plus reliées aux bords.
La transition vers GTK4
« Tapie dans l’ombre », la nouvelle bibliothèque libadwaita est un élément crucial de GNOME 42. Elle était déjà en travaux dans la version 41, mais elle est maintenant prête à servir. C’est à d’ailleurs à elle que l’on doit les nouveaux éléments graphiques standards de l’interface. Elle est notamment responsable des coins arrondis et de la prise en charge du thème sombre. Les applications vont devoir s’y référer pour en tirer toute la substantifique moelle.
La bibliothèque libadwaita 1.0 est l’occasion pour l’équipe de GNOME de migrer toutes les applications internes. Or, libadwaita fonctionne uniquement pour celles développées en GTK4, fournissant une occasion de remanier celles qui étaient encore en GTK3+. C’est notamment le cas de Fichiers, qui y gagne en cohérence avec le reste des applications, de même que Polices, Music ou encore Météo.
Il n’est pas simple de dresser une liste complète de ce qu’apporte la bibliothèque, à moins de plonger dans sa documentation touffue. Néanmoins, la plupart des éléments visuels de GNOME 42 y font appel, comme les boutons plats, les panneaux drop-down, les animations ou encore les petits panneaux de notifications.
Il n’est pas toujours simple de savoir quand un élément a fini son voyage vers GTK4. C’est le cas par exemple des Paramètres. Tout le panneau a transité, ce qui impliquait une réécriture plus ou moins massive de ses plus de 30 modules. On pourrait dire que c’est le signe d’une transition réussie : tout paraît exactement à la même place qu’avant, mais on aperçoit les petits changements au fur et à mesure, comme s’ils avaient toujours été là.
De très nombreuses autres améliorations un peu partout
On trouve par exemple le nouvel outil Capture d’écran, qui fait exactement ce qu’il annonce. Il s’agit d’un projet qui avait été introduit durant le Google Summer of Code 2021. La fenêtre est très simple, avec trois boutons : plein écran, fenêtre et sélection. Après quoi, comme sous Windows 10 et 11, un cadre apparaît pour montrer le résultat et demander si on souhaite l’envoyer dans le presse-papier ou l’enregistrer au format PNG. Dommage cependant que l’on ne puisse pas (encore ?) sélectionner l’un par défaut et répéter la manœuvre.
On remarque également que le vénérable Gedit est remplacé par Text Editor. Développé à partir de zéro, le nouveau venu affiche une interface nettement plus moderne, tout en contenant bon nombre de fonctions. Par exemple, il suit le thème global, mais dispose d’une teinte supplémentaire pour le fond de page. On peut définir le nombre de lignes, la marge de droite, le type d’indentation, le retour à la ligne automatique, la vérification orthographique, activer un mode surlignage, changer la police, afficher une grille…
GNOME 42 comporte aussi des améliorations plus discrètes, mais pas moins pratiques. Par exemple, Fichiers propose une nouvelle fenêtre pour renommer un document, avec une présélection complète du nom.
Autre amélioration discrète, et qui ne sera pas repérée par tout le monde : Mutter est maintenant capable d’envoyer des évènements d’entrée à la fréquence de l’appareil aux applications. Cela signifie qu’une application qui en a besoin n’a plus à se contenter des 60 images par seconde et peut garder le rythme des évènements envoyés par un périphérique, comme une souris.
Voici une liste non-exhaustive d’autres améliorations :
- Desktop dispose d’une méthode asynchrone pour le rendu des miniatures, par exemple sur le bureau ou dans Fichiers
- Glib contient une nouvelle API pour le déplacement asynchrone de données
- Une flopée de fonds d’écran, dont un nouveau par défaut, disponible aussi en version sombre
- Epiphany intègre des versions mises à jour de PDF.js et readability.js
- Calls permet aux fournisseurs SIP de prendre en charge les URI « tel » et permet l’ajout de contacts depuis l’historique des appels
- GJS intègre les améliorations de SpiderMonkey 91
- Le composant Bluetooth permet enfin de remonter des informations sur la batterie pour les périphériques compatibles
Une version sans doute plus marquante que GNOME 40
La mouture 40 introduisait une cassure dans les habitudes en tablant sur une organisation nettement plus horizontale qu’auparavant, surtout dans les espaces de travail. Les changements dans la version 42 sont plus massifs.
D’abord sur un plan esthétique, puisque la quasi-totalité de l’interface est retouchée d’une manière ou d’une autre. Personne ne devrait être bouleversé par la nouvelle interface, puisque l’ergonomie est inchangée. L’ensemble est simplement modernisé, plus harmonieux et en phase avec les canons du moment. Ce qui ne plaira pas à tout le monde.
Ensuite – et surtout – par une tranche invisible dans les changements, plus techniques. La migration vers GTK4 est maintenant presque terminée, la bibliothèque libadwaita est finalisée et de nombreuses corrections et optimisations ont été faites, notamment sur le support de Wayland.
Mais c’est presque un classique maintenant, puisque la transition vers le serveur graphique est une opération longue, de nombreuses applications n’étant pas encore prêtes. Le travail continuera progressivement, les systèmes et environnements adaptant le terrain au fur et à mesure que les applications y basculeront. Le serveur X.org n’est pas près de disparaître.
Tester GNOME 42
Le moyen présenté comme le plus « simple » de tester GNOME 42 est de récupérer l’image ISO de GNOME OS depuis le site officiel. Cependant, cette solution n’est réellement efficace que si vous disposez déjà d’une distribution Linux avec GNOME avec Boxes pour y créer une machine virtuelle. Dans notre cas, des tests avec VMware Workstation, VirtualBox ou même Hyper-V se sont soldés par des échecs.
Si vous souhaitez tester facilement ces nouveautés, mieux vaut s’orienter vers la branche de développement d’une distribution en rolling release, telle que la branche Rawhide de Fedora Silverblue. La dernière version a été compilée le 22 février et fonctionne correctement. En tout cas assez pour tester les nouveautés de GNOME 42.
Si tout se passe bien, la Release Candidate devrait être disponible le 5 mars 2022. Il s’agira alors du « code freeze » : seules des corrections auront lieu. La mouture finale est attendue pour le 23 mars, si aucun bug bloquant n’est détecté entre temps. Les distributions utilisant GNOME, comme Ubuntu 22.04 et Fedora 36, devraient embarquer cette nouvelle version.
GNOME 42 : transition vers GTK4, libadwaita finalisée et modernisation de l’interface
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Commentaires (17)
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Abonnez-vousLe 25/02/2022 à 19h39
Merci pour cette présentation intéressante. Mais, je resterai néanmoins sous KDE Plasma que je trouve bien plus ergonomique.
Le 25/02/2022 à 20h26
Je n’ai vu aucune référence à H2G2, soit je suis passé à côté (or, honte à moi), soit c’est presque décevant…
Le 25/02/2022 à 21h37
Ce qui m’embête, moi le vieux grincheux, c’est que plus on avance, plus il y a de la perte de place.
Depuis gnome 3, les barres de titres sont grosses, les boutons sont gros, tout est gros. Les animations partout, les transitions lentes de bureaux virtuelles, … tout ca c’est jolie au début, mais quand on bosse avec au quotidien, c’est lourd, on perd en productivité.
Bon après, pas de panique, il y a plein du window manager sous Linux, mais voilà, je n’ai pas fait la transition vers gnome 3 et j’ai switché sur Mate (fork de gnome 2) il y a déjà bien des années.
My 2cts
edit: ps: merci pour l’article très clair.
Le 27/02/2022 à 08h01
L’idée est d’avoir une plus grande résolution pour “compenser” les objets ne sont pas plus gros, mais bien mieux défini, peut-être ton prochain écran devrait être un UHD ?
Mais je suis d’accord avec toi je ne comprends pas qu’il n’y ait pas d’option pour mettre le zoom à moins de 100% pour “rattraper l’affichage” sur les écrans pas très bien définis. Je viens de vérifier (sous KDE) l’échelle va de 100% à 300%
Le 25/02/2022 à 21h57
A tester. Ça fait tellement longtemps que j’ai changé pour Cinnamon. Depuis la V3 en fait et les incohérences de fonctionnement.
KDE j’ai jamais réussi à m’habituer. C’est la patte graphique de QT qui me gêne .
J’adore Linux
Le 25/02/2022 à 22h18
Le problème du theme sombre est surement lié à fedora rawhide, toutes les applications que j’ai testé sur GNOMEOS sont bien sombres.
D’ailleurs, GNOMEOS fonctionne aussi très bien avec kvm.
Merci pour l’article.
Le 26/02/2022 à 07h48
Pareil, perso je suis sur Cinnamon.
Il y a des éléments de GNOME qui sont pas mal (la fenêtre settings notamment) et il s’adapte bien au mobile quand je le vois sur mon PinePhone via Phosh (même si certaines fenêtres sont encore trop desktop mode). Mais je n’arrive jamais à me faire à l’ergonomie générale.
Personnellement il me faut une information disponible immédiatement, pas cachée dans un coin de l’écran.
Le 26/02/2022 à 12h47
On trouve par exemple le nouvel outil Capture d’écran, qui fait exactement ce qu’il annonce. Il s’agit d’un projet qui avait été introduit durant le Google Summer of Code 2021. La fenêtre est très simple, avec trois boutons : plein écran, fenêtre et sélection. Après quoi, comme sous Windows 10 et 11, un cadre apparaît pour montrer le résultat et demander si on souhaite l’envoyer dans le presse-papier ou l’enregistrer au format PNG. Dommage cependant que l’on ne puisse pas (encore ?) sélectionner l’un par défaut et répéter la manœuvre.
Pour moi, le plus intéressant concernant l’outil Capture d’écran, c’est la fonction d’enregistrement d’une vidéo. J’avais fait cette demande au niveau de KDE/Spectacle il y a des années, mais on m’avait rétorqué que ce n’était pas l’objet d’un tel logiciel. Marrant que Gnome adopte cette fonctionnalité avant KDE :)
Le 26/02/2022 à 12h58
Les applis internes de GNOME ont quasiment toutes fait la transition. Le problème concernera plutôt de vieilles applications GTK+ 2 ou 3.
Maintenant, la bonne nouvelle, c’est qu’il s’agit d’une norme Freedesktop qui n’est pas propre à GNOME et qu’avec le temps, toutes les applications devraient en tirer parti, que ce soit des applications KDE, elementaryOS (qui semblent déjà ok, leur équipe ayant co-développé la fonctionnalité) ou autre.
Le 26/02/2022 à 14h04
Dans le même genre, il y a Peek qui est pas mal aussi pour enregistrer en GIF ou en vidéo une zone.
Le 26/02/2022 à 17h52
GNOME est la preuve que la communauté du libre peut faire mieux qu’Apple en UI/UX. Ils font du super travail.
Le 28/02/2022 à 01h36
Sans remettre en question ce que tu dis, il faut tout de même être conscient que la plupart des contributeurs de GNOME, comme de Linux d’ailleurs, sont payés par de gros acteurs comme RedHat, et que leurs missions sur GNOME sont comprises dans leur temps de travail.
Ce n’est pas une mauvaise chose, mais il faut faire attention à ne pas mettre dans le même panier des projets comme GNOME et des projets effectivement plus communautaires qui n’ont pas les ressources à mettre en UX/UI.
Cela n’enlève rien au travail fait cela dit. Et on est vraiment gâtés d’avoir deux DE majeurs de grande qualité qui ne font que s’améliorer année après année.
Le 28/02/2022 à 08h53
Ayant des corps flottants dans les yeux, un thème sombre compétant devient un élément principal d’accessibilité
Le 28/02/2022 à 10h20
+12
Ça craint ce truc :(
Le 28/02/2022 à 12h25
Pas seulement 2 DE.
XFCE, Mate ou encore Cinnamon sont tout aussi agréables à utiliser au quotidien, sans parler des LXDE, Budgie, etc.
Le 28/02/2022 à 20h39
Il a dit DE majeurs
Le 01/03/2022 à 22h47
Oui, d’où mon commentaire : on peut considérer les premiers cités comme “majeurs”