Les biens communs numériques, pilier de la souveraineté européenne ?
Le 21 juin 2022 à 08h14
2 min
Internet
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Dix-huit acteurs des biens communs numériques viennent de co-signer une lettre ouverte intitulée « Pour que les communs numériques deviennent un pilier de la souveraineté numérique européenne ». Il est rappelé que « les communs numériques désignent les ressources numériques gérées comme des communs, ce qui signifie qu'elles sont produites et gérées par une communauté. Et quand on parle de communs, la question de la gouvernance est aussi importante que celle de la ressource ».
Elle déplore que le cadre juridique et les régulations d'internet soient actuellement insuffisantes et ne permettent pas de garantir « un Internet diversifié, non monopolistique et non privatisé ». Les acteurs alertent l'Union européenne : « Nous ne pouvons pas accepter de définir l'espace numérique comme un lieu où seules les dynamiques du capital et de la privatisation règnent » :
« Avec la domination croissante des plateformes commerciales comme Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, etc, l'Internet s'est éloigné de sa vision originelle d'un domaine public en se privatisant, en collectant les données personnelles de ses utilisateurs et en les poussant à consommer toujours plus à travers la publicité ciblée. »
À l'occasion de l'Assemblée numérique de Toulouse des 21 et 22 juin, ils saluent l'initiative lancée par les gouvernements français et européens relative au développement des communs numériques en Europe et constatent que « notre prochain grand défi est de faire comprendre à l'ensemble de l'écosystème qu'Internet ne doit plus être considéré comme un espace hostile présent uniquement pour fragiliser les États et leurs citoyens ».
Ils voudraient dès lors améliorer le cadre juridique en prenant « réellement en considération les communs numériques dans les régulations et ce, dès les phases de réflexion des gouvernements et des législateurs ».
Ils appellent à « soutenir l'infrastructure existante des communs numériques », y compris par la mise en place d'un système de financement européen, et la structuration d'un écosystème européen de l'industrie numérique, la création d'un fonds de soutien aux logiciels libres, plateformes coopératives et autres communs numériques, et la structuration de partenariats publics-communs numériques.
Parmi les signataires figurent Clever Cloud, Framasoft, Open Food Facts, OpenStreetMap et Wikimédia France .
Le 21 juin 2022 à 08h14
Commentaires (32)
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Abonnez-vousLe 21/06/2022 à 08h20
J’ai un peu de mal à associer les « communs » avec la souveraineté. Ça me semble antinomique.
Le 21/06/2022 à 10h03
Je pense que c’est en opposition à la centralisation massive des ressources numériques qui finit quasiment toujours aux US (GAFAM+NATU)…
Le 21/06/2022 à 09h19
Le drapeau qui illustre la news me semble mal choisi.
-> Il aurait fallu choisir comme image d’illustration le drapeau européen !!!
Le 21/06/2022 à 10h20
Bref, ils veulent que l’Europe construise pour eux une plateforme gratuite et pérenne… le tout payé par nos impôts et administré par eux.
Attention, risque de “dissonance cognitive”:
Le 21/06/2022 à 11h24
Je suis très favorable à ce que les services “winner takes all” (donc les monopoles) soient publiques (et donc financés en partie ou totalement par les impôts/taxes).
(Annuaire de recherche, market place, réseau social, mail, OS, hébergement vidéo*, …)
*Pour l’hébergement vidéo ce serait plus compliqué à cause du volume de données. Donc peut être plus un système à la peertube avec des acteurs privés qui pourraient offrir un service d’hébergement et le publique qui se limiterait à l’indexation.
Les offres privées pourraient rester en place, mais selon des règles interopérabilité (possibilité de communiquer entre différents réseaux sociaux, …). L’utilisateur ne serait donc pas coincé dans l’offre gouvernementale (pour éviter les dérives autoritaires).
Histoire qu’on arrête d’être une colonie des USA.
Le 21/06/2022 à 11h40
Quand je vois une bonne partie de leurs arguments, ils se positionnent un peu comme les conservateurs du Louvre ou de la Bibliothèque Nationale, mais version contenus numériques. Et quand je vois la liste des signataires, je comprend l’idée.
Du coup, que les états participent à faire tourner leurs services et permettre aux utilisateurs finaux de se reposer dessus au lieu de dépendre des versions GAFAM concurrentes (et de ce que ça implique en inter-dépendances) est une logique qui se tient. (je pense a OSM/Google Maps)
D’un autre coté, ça peut finir façon redevance télé publique que beaucoup payent en râlant…
Note : je suis conscient du caractère incomplet et potentiellement trollogène de cette comparaison, veuillez d’avance m’en excuser.
Le 21/06/2022 à 11h52
Un bon minitel européen quoi
Le 21/06/2022 à 14h00
En quoi ce serait un minitel si les acteurs privés sont autorisés (sous condition d’interopérabilité) ?
Disons que je ne fais pas partie de ceux qui croient que dans des situations de monopole les administrations fonctionnent moins bien et moins cher que le privé.
Dans le cas des réseaux sociaux par exemple, je pense que l’investissement est plus concentré dans la captation de l’utilisateur pour lui vendre des pubs que dans l’infrastructure.
Si on ne stocke plus les données personnelles (sens large de l’idée) et qu’on a plus besoin de vendre de l’espace publicitaire je pense que mettre en place un réseau social est facile.
Après ça ne me gêne pas si on se limite à forcer une base d’interopérabilité entre les acteurs privés pour essayer d’avoir un système un peu concurrentiel.
Le 21/06/2022 à 11h59
public… donc une administration ? avec des fonctionnaires ? avec des budgets au rabais et des décisions unilatérales pour satisfaire des objectifs politiques ?
Bref la célèbre recette pour in fiasco.
Désolé mais les états européens ont tous prouvé leur incompétence en matière de gestion des nouvelles technologies, et particulier internet.
Bordel, ils n’ont même pas réussi à préserver les entreprises privées européennes du secteur. Elles ont toutes été démantelées et vendues. Même notre glorieux chef d’état a annoncé vouloir créer des licornes… et pas des géants !
La seule chose qui me semble réaliste, c’est de faire marché public au niveau européen et donc de choisir le meilleur acteur privé qui remplisse le cahier des charges. Et même là, je ne suis pas vraiment confiant.
Le 21/06/2022 à 12h28
Les signataires ne sont pas particulièrement nombreux, il y a des fondations opensource et des entreprises ultraspécialisées. (toujours les mêmes lol)
Tempête dans un verre d’eau, même si l’idée de fond est intéressante, ça nécessite un tel changement de mentalité…
Le 21/06/2022 à 14h34
Dans votre vision vous enlevez toute la valeur de ses boîtes (qu’on les aime ou pas). Ce n’est pas à l’état de gérer des réseaux sociaux ni d’en créer. Cette interopérabilité que vous voulez n’a pas de sens. Autant pour des services (web services de l’État, fichiers mis a disposition) ou de format de fichiers gérés par n’importe quelle application je suis d’accord. Autant qu’exiger que mes données clients à la SNCF puissent être importées chez un concurrent ne fait pas sens…
Le 21/06/2022 à 14h52
Ben vu que la seule valeur principale des boites c’est la captation du consommateur, pas certain que ce soit dans notre intérêt de les conserver (de mémoire un gouvernement est censé servir le peuple pas les entreprises).
Mais je vais essayer de donner des exemples pour mieux faire comprendre l’idée d’interopérabilité (qui ne vient pas de moi au passage).
Si je fais un poste tweet il ne sera visible que sur twitter. Du coup il faut que les utilisateurs aient l’app twitter ou aient voir sur le site (qui force l’enregistrement, même si c’est possible de le contourner).
Dans mon idée, quelqu’un sur facebook pourrait s’abonner à mon fil twitter et recevoir le message sur son mur.
On pourrait faire l’inverse, mais twitter n’affichant que 255 caractères il couperait le contenu en trop.
De plus je crois que facebook permet de limiter le partage, donc uniquement ceux qui ont le droit pourraient voir le message.
Mais si j’ai un compte twitter je pourrai interagir avec ceux qui ont un compte facebook et inversement.
Le tout serait régit par un standard (c’est assez simple quand c’est du texte). Les utilisateurs choisiraient la plateforme en fonction de son ergonomie pour envoyer et lire un contenu, mais plus pour l’audience qui serait captée.
Ça limiterait l’idée du winner takes all et ouvrirait la concurrence. L’utilisateur pourrait même devenir un client et non plus un produit (on pourrait même auto héberger ses messages).
C’est plus compliqué dans certains cas, mais je pense que c’est largement faisable (mais oui, ça risque de faire du mal aux acteurs présents, ce qui ne me dérange pas du tout).
Le 21/06/2022 à 15h13
Votre système marche si les gens travaillent pour la gloire et gratuitement. Comment vous payez les serveurs et les différentes ressources ?
Le 21/06/2022 à 15h27
Pas pour rien que je proposais de le faire financer par le publique (à l’époque on disait que facebook c’était 10€ / an / utilisateur).
Mais on peut imaginer qu’on pourrait faire payer les émetteurs pour que leur message soit stocké (hérésie !), c’est pour ça que je parlais de transformer les utilisateurs en clients.
(bon en vrai je suis juste entrain de proposer l’internet …)
Le 21/06/2022 à 15h04
Pour l’instant c’est, par exemple, l’État français qui s’est servi de la structure de Framasoft sans bourse déliée… Et ils savent que ça coûte de l’argent vu que ces structures paient leur propre hébergement.
C’est bien mal connaître un certain nombre de signataires que de proférer ce genre de propos.
Le 21/06/2022 à 15h45
Faut se mettre à la page. Désormais le gouvernement (enfin Le Maire) veut des décacornes (10 avant 2030).
Avec la crise et la fin de l’argent gratuit, pas sûr que “les gens” soient toujours prêts à confier leur argent à des beaux parleurs sans aucun business plan.
Va falloir renouveler les buzzwords : crypto, nft, fintech ça fait plus rêver ; metavers ça a pas l’air de prendre.
Le 21/06/2022 à 18h31
On a lu la même news.
Moi je lis qu’ils veulent “la mise en place d’un système de financement européen” et “la création d’un fonds de soutien aux logiciels libre”.
Je me suis trompé ??
Le 21/06/2022 à 20h49
Ah oui, gros projet de “pilier de la souveraineté” que de vouloir lire des tweets dans FB, soupoudré de “yaka” et de “césimple”.
Bon du coup, imaginons ton exemple :
Si on continue sur cet exemple où tout doit finir par être standardisé et sous main-mise étatique, par quel biais la concurrence est stimulée ? Par un simple skin de l’UX ?
Du coup, niveau composants stratégique de la souveraineté, tu vas aussi demander de pouvoir commenter les actualités NXi via le site du Figaro au nom de l’“interopérabilité” ? Pareil, Youtube paie la bande passante et le stockage mais tu veux regarder sur Dailymotion ? Microsoft déploie une quelconque innovation sur ses OS et ça te plait bien, du coup Apple doit l’implémenter sur ses systèmes pour que tu puisses la consommer comme tu l’entends ?
Pour voir cette notion d’interopérabilité dans un contexte pro sur la partie cybersécurité, c’est toujours génial de voir les clients se monter des stacks de sécurité avec des composants de fournisseurs différents pourtant tous “intéropérables”. Ça donne des sortes de frankenstein, avec la plupart des systèmes qui récupère des informations de la manière la plus simple possible, avec chaque système qui recalcule les données, et chaque système veut pousser son intelligence dans les autres.
Bref, un bordel sans nom.
Et pourtant, c’est conçu pour.
Le 22/06/2022 à 12h31
Avant toute chose, vu qu’on m’a déjà dit que j’avais du mal à me faire comprendre : https://framablog.org/2019/06/12/cest-quoi-linteroperabilite-et-pourquoi-est-ce-beau-et-bien/
Maintenant, un mur de texte —————————————————————————————-
(rétrospectivement je ne devrai pas dire mon idée)
Le message n’est pas dupliqué, si il est modéré sur la plateforme de l’hébergeur original (FB) il ne devrait plus apparaitre sur ceux qui le reprennent (twitter).
Ben non, le filtre sur les contenu pourraient justement être une marque de différenciation. Tant que les contenus de toute origine compatibles sont soumis au même filtre.
Premièrement par ce que je n’ai aucune idée de comment ils fonctionnent. Mais si VK est similaire (messages textuels plus ou moins long) il bénéficiera aussi de cette interopérabilité.
Pour TikTok :
Interface utilisateur, possibilités d’envoi de contenu (texte, images, vidéo, …).
Actuellement la concurrence est principalement sur la quantité d’utilisateurs. Les acteurs sont les parmi les premiers a être arrivés sur le marché (Meta, Google, Twitter).
Dès qu’un concurrent se crée il est racheté, sauf si il est “protégé” par un état (Russie / Chine).
Le contenu de ces sites ne vient pas des commentaires mais de l’article. Soit tu n’as rien compris soit je m’exprime très mal.
(oui oui, je me répète)
Mon sentiment principal c’est que pour les réseaux sociaux il faudrait séparer l’activité d’hébergeur et d’affichage du contenu.
Je n’ai pas parlé d’interopérabilité entre les OS, même si je pense qu’on est tous d’accord pour que les fichiers puissent être échangés entre OS sans trop de soucis comme c’est le cas actuellement.
Ça pourrait être intéressant de mettre des lois en place pour éviter qu’un constructeur ne puisse exclure l’installation d’un OS sur son matos. (machines Apple et Android par exemple).
(Pour la partie souveraineté je pense que l’Europe devrait entretenir un OS libre et l’utiliser à la place de windows dans les écoles et administrations. Je pense qu’une version mobile devrait également être disponible. C’est un sujet différent cependant).
On peut aussi rester une colonie numérique des USA et se faire racheter tout ce qui pourrait faire concurrence à leurs géants.
Le 21/06/2022 à 21h22
“souveraineté européenne” ça ne veut rien dire, voire on est dans l’oxymore, je lis ça dans vos magazines aussi, vous ne mettez jamais de guillemets pour inviter au recul concernant l’absurdité de l’expression mais comment quelque chose qui est une vue de l’esprit, une idéologie hors-sol, une tentative de sécession du pouvoir oligarchique contre les peuples, pourrait avoir une souveraineté ? De même qu’un missile ne fait pas de chirurgie, les technocrates illégitimes de pays frontaliers ne font pas un peuple.
Le 22/06/2022 à 06h48
Ben si. Et par la même occasion être supprimées (réellement) des BDDs de la SNCF si c’est mon choix.
Le 23/06/2022 à 16h34
Et c’est déjà prévu par la Loi pour une République Numérique (“Lemaire” de 2016).
C’est la portabilité des données, avec la même logique quand on demande la portabilité de son numéro de téléphone.
L’interopérabilité c’est autre chose, mais tout aussi utile.
Le 23/06/2022 à 18h01
On est d’accord, c’est @the_frogkiller qui me semble en décalage.
Le 22/06/2022 à 11h15
A ce compte là il vaudrait mieux avoir une gigantesque BDD commune à toutes les entreprises …
Le 22/06/2022 à 12h48
Non. Quand je cesse d’être client d’une entreprise, elle n’a plus besoin de mes données.
Quand je change de crèmerie, c’est plus faciles si les échanges des données sont font entre systèmes interopérables. Comme la portabilité du numéro si je change d’opérateur.
Le 23/06/2022 à 22h42
Je pense que vous n’avez jamais mis les mains dans un gros SI. Vouloir que toutes vos données puissent passer d’un SI à l’autre est juste un non sens. Chaque entreprise gère ses données clients en fonction de ses propres besoins et d’un certain historique aussi. Pourquoi on devrait imposer à la banque X d’importer tout l’historique des transactions et des relations avec ses conseillers clients par exemple dans la banque Y?
Et pour info quand on fait de la portabilité de numéro c’est un nombre très limité et précis d’informations qui sont transférés. Rien a voir avec un extract de plusieurs BDDs
Le 24/06/2022 à 06h19
Mort de rire. Depuis plus de 25 ans que je bosse dans l’IT, le plus petit SI dans lequel j’ai mis les mains, c’est celui de PSA.
Ca tombe bien, c’est de ça dont on parle.
Si je décide de changer de fournisseur pour un service, mon nouveau fournisseur n’a besoin que d’un nombre réduit d’informations, mais il faut pour faciliter ce transfert que ce soit dans un format interopérable.
Si je change de fournisseur d’électricité, mon nouveau fournisseur n’a absolument pas besoin d’une extraction de plusieurs BDDs de l’ancien.
Le 24/06/2022 à 06h36
Pas tout à fait les propos parlaient de l’ensemble des données. Le cas d’usage évoqué est je suis sur FB et je veux tout migré sur un autre RS . Relisez les propos de misocar
Le 24/06/2022 à 06h40
Et donc la nouvelle plate-forme de RS sur laquelle je veux migrer n’a besoin que d’infos me concernant, en aucun cas une extraction de la base comptable ou l’intégralité des données récoltées par mon utilisation ou les publications de mes contacts.
Le 24/06/2022 à 08h28
1 c’est ce que je dit
2 c’est ce qu’aimerais misocar. Je n’ai rien contre quelques données que l’on puisse passer de l’un à l’autre mais certainement pas tout
Le 24/06/2022 à 08h32
C’est toi qui parle d’extract de plusieurs BDDs
Le 24/06/2022 à 10h28
Bah si l’idée est de transférer TOUTES les données d’un client il est plus que probable que ses données soient réparties entre plusieurs applications et donc BDDs….