Mission Lescure : les indépendants esquissent l’avenir de la Hadopi
L'arsenal anti-streaming voulu par Aurélie Filippetti
Le 29 octobre 2012 à 16h54
6 min
Droit
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Ce 24 octobre, l’audition de la SPPF (société civile des producteurs de phonogrammes en France) et de l’UPFI (Union des producteurs phonographiques français indépendants) a été riche d’enseignements sur les suites de la Hadopi.
Riche d’enseignements ? La SPPF fait en effet partie des cinq sociétés habilitées à flasher de manière automatisée les réseaux P2P en amont de la Hadopi. Sans surprise, Jérôme Roger, directeur général de la SPPF a soutenu qu’il fallait impérativement conserver le mécanisme. Surtout, poursuit-il, le régime ne s’est pas encore déployé « de façon massive parce que l’Hadopi n’a pas mis en place toutes les ressources techniques et humaines nécessaires pour fonctionner à plein régime ».
Pour la SPPF, le moment est désormais venu de monter en puissance. Prenant appui sur la volonté de la Hadopi d’adresser 1,1 million d’avertissements en 2013 (soit près de 40 % d’envois en plus) l’intéressé estime qu’ « il faut passer à une vitesse supérieure pour que le mécanisme de prévention et sanction fonctionne de façon optimale, si je puis dire. »
Passer à la vitesse supérieure
Voilà peu Aurélie Filippetti faisait part de ses attentes : « J’attends (...) de la mission Lescure qu’elle propose des pistes pour lutter contre le « streaming » et le téléchargement direct illégaux. L’action de l'Hadopi a été insuffisante en la matière, car nous savons que de nouvelles pratiques se sont développées ces dernières années et que le droit ne peut se contenter d’une référence à un état de la technique tel que le téléchargement en « pair à pair ». »
La ministre va être ici gâtée : la SPPF ne veut pas seulement conserver et accélérer ce régime. Elle veut aussi le faire évoluer. Révélant que « l’ensemble des ayants droit réfléchit aux évolutions du mécanisme de la sanction », Jérôme Roger indique que le cinéma, la musique et l’audiovisuel se concertent actuellement. « Des propositions pourront être faites au cours des semaines à venir dans le cadre de votre mission. »
Cependant, au fil de la discussion, on sait déjà ce que préconisent la SPFF et l’UPFI. Ils veulent en premier lieu rendre plus efficace le dispositif de la sanction « à certains endroits ». Comment ? Silence pour l’heure. On sait qu'une des pistes nous a été évoquée par Mireille Imbert Quaretta : transformer la sanction pénale des 1500 euros en une simple sanction administrative, tout en supprimant la suspension. La Hadopi serait ainsi en capacité d’infliger seule des sanctions sans passer par la case chronophage et publique du juge.
Hadopi armée pour exiger le déréférencement
Les indépendants ont été plus précis sur d’autres points. Ils veulent par exemple « renforcer les pouvoirs de l’Hadopi en matière de sanctions » afin que l’autorité cible « la vraie contrefaçon commerciale » et soit armée d’un « pouvoir d’injonctions vis-à-vis des hébergeurs en matière de déréférencement ». Le principe « est partagé par l’ensemble des producteurs phonographiques » applaudi Jérôme Roger qui a en souvenir la position du SNEP. Un peu plus tard, il insiste sur cette idée : il faut « que la loi puisse donner à l’Hadopi un pouvoir d’injonction vis-à-vis de ce qu’on appelle les intermédiaires techniques pour les conduire à mieux coopérer dans la lutte contre la contrefaçon, notamment en matière de déréférencement de sites ». Heureux hasard, la Hadopi est justement en train de peaufiner un logiciel pour mesurer la part des sites labellisés « PUR » dans les résultats des requêtes…
Hadopi contre les annonceurs, les régies, les organismes de paiement
Ce n’est pas tout. La SPPF suit la voie tracée par les producteurs de film : « il faudrait donner davantage de moyens juridico-légaux à l’Hadopi pour lutter contre les annonceurs, les régies publicitaires, via notamment des campagnes de sensibilisation à l’égard également des organismes de paiement ». En somme, il s’agirait de « frapper de manière plus efficace là où se situe l’argent et là où s’organise une piraterie commerciale qui n’a rien à voir avec une piraterie des internautes. »
Exiger le notice & stay down des intermédiaires
Enfin, les indépendants réclament une modification de la directive e-commerce, celle qui organise une responsabilité conditionnelle des intermédiaires techniques. Cette directive « prévoit un régime de responsabilité très limitée vis-à-vis des hébergeurs, et plus généralement des intermédiaires techniques ». Pour Roger, le texte européen a été rédigé « dans un contexte qui n’a plus rien à voir avec l’évolution des modèles. Aujourd’hui on sait très bien qu’un hébergeur est souvent aussi éditeur de site, il est quasi irresponsable par rapport à ce qu’il fait. C’est un véritable problème pour permettre un déploiement harmonieux de l’économie des biens culturels sur le numérique. Donc il faudrait que la loi française évolue. »
Évolue ? « Pour être très concret, vous avez des arrêts de cassation qui sont d’une portée très grave, non seulement pour le cinéma et pour la musique, parce que la directive européenne et la Cour de cassation disent qu’il n’y a pas d’obligation de surveillance permanente qui pèse sur les hébergeurs et notamment les moteurs de recherche ».
Mais encore ? « Vous faites une première notification, un moteur de recherche agit promptement. Très bien, mais le contenu réapparait sur un autre lien immédiatement et c’est une course poursuite permanente ! » La SPPF pense du coup qu’ « il suffirait de prévoir une petite modification législative » pour colmater la brèche. « On vous fera des propositions concrètes là-dessus qui permettraient de mettre en place ce qu’on appelle dans notre jargon un stay down : dès lors qu’une première notification a été faite, la loi obligerait l’hébergeur, le moteur de recherche, à mettre en place de façon légale les dispositions nécessaires pour éviter que le lien réapparaisse. Et pas simplement de façon volontaire. Vous avez aujourd’hui des systèmes d’ID Content, ça fonctionne plus ou moins correctement, mais il faut aller plus loin ». Aller plus loin... comme les ayants droit de l'audiovisuel qui ont développé avec TMG, un outil capable de détecter et notifier la réapparition de sites une première fois dénoncés ?
Mission Lescure : les indépendants esquissent l’avenir de la Hadopi
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Passer à la vitesse supérieure
Commentaires (24)
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Abonnez-vousLe 29/10/2012 à 16h56
Surtout, poursuit-il, le régime ne s’est pas encore déployé « de façon massive parce que l’Hadopi n’a pas mis en place toutes les ressources techniques et humaines nécessaires pour fonctionner à plein régime ».
Comme une machine à vapeur… enfin une usine à gaz quoi ! " />
l’intéressé estime qu’ « il faut passer à une vitesse supérieure pour que le mécanisme de prévention et sanction fonctionne de façon optimale, si je puis dire. »
Et ce type là représente les indépendants ? Ha c’est sûr elle est bien défendue l’exception culturelle française !
Le 29/10/2012 à 17h03
Évolue ? « Pour être très concret, vous avez des arrêts de cassation qui sont d’une portée très grave, non seulement pour le cinéma et pour la musique, parce que la directive européenne et la Cour de cassation disent qu’il n’y a pas d’obligation de surveillance permanente qui pèse sur les hébergeurs et notamment les moteurs de recherche ».
Plus que la police, ce sont eux les vrais fossoyeurs de la vie privée des internautes européens !!! " />
Vous avez aujourd’hui des systèmes d’ID Content, ça fonctionne plus ou moins correctement
Tout est dit. " />
Le 29/10/2012 à 17h04
Déjà, ils veulent déjà rendre plus efficace le dispositif de la sanction « à certains endroits ».
Déjà?
Le 29/10/2012 à 17h06
Ce n’est pas tout. La SPPF suit la voie tracée par les producteurs de film : « il faudrait donner davantage de moyens juridico-légaux à l’Hadopi pour lutter contre les annonceurs, les régies publicitaires, via notamment des campagnes de sensibilisation à l’égard également des organismes de paiement ». En somme, il s’agirait de « frapper de manière plus efficace là où se situe l’argent et là où s’organise une piraterie commerciale qui n’a rien à voir avec une piraterie des internautes. »
Entièrement d’accord !
Je suis persuadé qu’il est tout à fait possible de créer un modèle entre un site de ddl de zik illégal et un site légal comme Beezik qui soit à la fois intéressant pour les créateurs de site, les producteurs, les artistes et les consommateurs.
Beezik a ouvert la voie, je suis quand même étonné que personne n’emboite encore le pas.
Pour le reste des affirmations : bidons, comme d’hab’
Le 29/10/2012 à 17h08
" /> je vais finir par monter une boite de livraison de popcorn en gros … car là je penses que le business a de bonnes années devant lui …
Le 29/10/2012 à 17h19
Franchement z’êtes pas sympas sur PCI : vous choisissez des photos vraiment peu mélioratives.
Elle est toujours aussi moche la grosse, sur ces photos.
Un meilleur choix et un peu de toshop serait bienvenue pour les yeux…
Le 29/10/2012 à 17h29
Le 29/10/2012 à 17h32
“On vous fera des propositions concrètes là-dessus qui permettraient de mettre en place ce qu’on appelle dans notre jargon un stay down”
On ferait mieux d’importer tout le système légal des USA d’un seul coup. On gagnerait du temps.
En plus, avec les séries US à la télé, on finit par mieux connaitre leur système que le notre.
Le 29/10/2012 à 20h31
Avec la PCI 5.5 c’est le “baptême” des photos d’Halloween sur l’Hadopi ! " />
Le 29/10/2012 à 21h09
L’arsenal anti-streaming voulu par Aurélie Filippetti
L’Arsène Vengeur " /> " />
Le 29/10/2012 à 21h38
moi président, je.. oui oui on sait que comme les autres t’as menti .. quoi que non en fait quand on est soit disant socialiste ca s’appelle trahir le peuple !
Le 29/10/2012 à 21h56
Toutes les sociétés citées dans cette article comporte le mot “phonogramme”, après il ne faut pas s’étonner qu’ils se réjouissent de l’avancée technologique que représente Hadopi… Je vous laisse méditer la dessus… Bien que le terme soit aussi adapté pour le numérique, je trouve ce mot complètement dépassé !
Le 29/10/2012 à 22h20
Le 29/10/2012 à 22h28
Tu n’as pas compris ?
ex: Sony est-il Français ? (un exemple parmi d’autres) " />
Le 29/10/2012 à 23h11
C’est dommage pour les labels indépendants
Le membre de IQ, Martin Orford (claviériste) quitte IQ, un groupe anglais, parce qu’il y a trop de piratage sur internet, et ne compte plus composer quoique ce soit, il faut faut dire que la plupart du groupe du label indépendant GEP ne travaille pas que pour la musique, ils ont un métier à côté.
La frustration est palpable, une vision de croire que l’industriel est plus rentable, non ?
IQ, continue malgré tout, sans lui (Et c’est dommage)
Le 29/10/2012 à 23h54
On vous fera des propositions concrètes là-dessus qui permettraient de mettre en place ce qu’on appelle dans notre jargon un stay down :
Et sinon, en français, ça donne quoi dans le texte ?
Ca montre une fois de plus que les US dominent le monde, sans même devoir nous imposer leurs idées : on ne réfléchit pas une seconde et on adopte.
Le 30/10/2012 à 00h05
“Stay down”, ça veut pas dire “reste assis” ? (et tais-toi ?) " />
Le 30/10/2012 à 05h30
Dites moi, le cadre de la mission Lescure c’est quoi au juste ?
Car a lire cet article (et tous les autres) on ne parle que de répression, sanctions, flashage, pendaison, ecartellement et autres lapidations en place publique. " /> " /> (A votre avis pourquoi on ressort Juge Dread 3D ! )
Elle est ou l’offre legale de qualite, proposant un large choix (complet ?) d’œuvres originales (et non des reprises de merde a 1.99 euros) a un prix décent ?
C’est la fete de l’oncle Picsou. Le 21ieme siecle serait le siecle du “paye et ferme ta gueule” ?
Hier sur le JT de France 2 de 13h il y avait un reportage sur une entreprise qui fabrique des cotes de mailles (entre autre pour les bouchers pour ceux qui me lise avec de grands yeux ronds " />). L’entreprise reussit a survivre car elle s’est remise en cause et a trouver de nouveau debouchers.
Est-ce que ces organismes se sont remis en cause ? J’ai bien l’impression que si c’etait le cas on mettrait tout un tas de parasites a la porte pour le plus grand bien des Artistes et des Consommateurs … enfin je dis ca moi , je dis rien…
Le 30/10/2012 à 08h52
Le 30/10/2012 à 08h58
Le 30/10/2012 à 09h21
Le 30/10/2012 à 09h22
À force de demander la lune (le « notice & stay down »), ils vont se retrouver avec des systèmes dans le style du futur mega. Où tous les fichiers seront chiffrés et donc uniques. Et là ils l’auront dans le baba, car ça leur demandera encore plus de boulot qu’avant pour les notifications…
Le 30/10/2012 à 10h06
Comme d’habitude en France, répression plutôt qu’éducation. Et pendant ce temps, toujours rien de sérieux pour la création d’une offre globale (musique, films, livres, …) à un tarif raisonnable qui rendrait le téléchargement illégale sans intérêt.
Je ne comprends toujours pas pourquoi on dépense tant d’argent et de temps pour une industrie qui s’est gavée pendant des années et souffre aujourd’hui de son manque de vision alors que d’autre ont su en profiter (Apple avec son itunes). De plus de nombreuse études montrent que le secteur reprend du poil de la bête, donc laissons les résoudre leurs problèmes comme des grands.
Le financement d’Hadopi devrait plutôt servir pour la protections des internautes. Lutte contre le spam (synonyme de temps perdu et donc de manque de compétitivité très à la mode actuellement), les arnaques qui se développent avec les réseaux sociaux (voir le suicide d’un jeune homme le 10 octobre dernier), le vol, l’usurpation, la pornographie (si facilement accessible pour les enfants), etc….
Le 30/10/2012 à 12h39