CETA : La Quadrature du Net s’alarme de signaux peu rassurants
Pas assez net pour LQDN
Le 21 novembre 2012 à 15h04
4 min
Droit
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Alors que les négociations continuent entre la Commission européenne et le Canada au sujet du traité CETA, aucun texte n'a encore été dévoilé. Inquiète de cette opacité, La Quadrature du Net s'alarme de signaux peu rassurants.
Quelques jours seulement après que le Parlement européen a repoussé à une très large majorité le traité ACTA, l’on apprenait que l’Union européenne envisageait de se servir d’un accord passé avec le Canada (le CETA, Canada Eu Trade Agreement) comme cheval de Troie pour mettre en œuvre certaines dispositions d’ACTA. Début juillet, le juriste canadien Michael Geist relevait en effet un clonage quasi parfait de nombreuses dispositions du traité anti-contrefaçon avec cet accord en voie de négociation finale avec le Canada : mesures techniques de protection, responsabilité et rôle des intermédiaires techniques, dispositions pénales, dispositions civiles...
Tandis que la polémique enflait, la Commission européenne tentait alors de calmer le jeu, en assurant que certains des articles de CETA, identiques à ceux du traité anti-contrefaçon, avaient été retirés. Cependant, il fallait s’en remettre à la bonne parole de Bruxelles, dans la mesure où les négociations - secrètes - avec le Canada ne permettaient pas d’avoir accès au texte, toujours en cours de discussion.
Eurodéputés et ministres interpellés par LQDN
La Quadrature du Net, déjà en pointe dans le combat contre ACTA, en appelait début octobre aux députés européens, afin qu’ils exigent la publication par la Commission européenne de la version actuelle de CETA, ceci avant la prochaine ronde de négociations qui devait avoir lieu à Bruxelles. « Les eurodéputés doivent rester fidèles à la position courageuse qu'ils ont adopté contre ACTA, et rejeter CETA dans son ensemble si jamais les dispositions issues d'ACTA se trouvaient toujours dans la version finale de l'accord », expliquait alors Jérémie Zimmermann, porte-parole de LQDN.
Dans la foulée, l’association de défense des libertés numériques interpellait le gouvernement, en adressant une lettre à différents ministres (Fleur Pellerin pour l’Économie numérique, Aurélie Filippetti pour la Culture, Nicole Bricq pour le Commerce extérieur, Pierre Moscovici pour l’Économie, Laurent Fabius pour les Affaires étrangères, Bernard Cazeneuve pour les Affaires européennes). LQDN demandait ainsi aux ministres « des actes concrets », et notamment qu’ils exigent que les « sanctions pénales ainsi que toutes les dispositions répressives en matière de droit d'auteur soient supprimées de CETA (et de tout accord commercial en cours ou futur) ».
Des signes peu rassurants
Aujourd’hui, LQDN dévoile deux réponses (PDF) qu’elle a reçu : celles de Laurent Fabius et de Bernard Cazeneuve. Le ministre des Affaires étrangères assure ainsi qu’il n’est pas dans ses intensions, « ni dans celles de nos partenaires européens de reverser au compte d’un accord bilatéral les objectifs de l’accord commercial anti-contrefaçon ». Il ajoute : « Le gouvernement auquel j’appartiens a pris acte de la position prise par le Parlement européen le 4 juillet dernier et n’entend pas aujourd’hui rouvrir le débat sur un terrain différent ». Le ministre des Affaires européennes reprend quant à lui de manière quasi-intégrale les propos de Laurent Fabius.
Mais pour la Quadrature, ces promesses de bonnes intentions sont de mauvais augure. « Comme nous en avons l'habitude, ces réponses d'élus sur CETA se veulent rassurantes, affirmant que les objectifs de ce nouvel accord commercial et d'ACTA sont différents, mais n'apportent malheureusement aucune preuve que CETA ne représente pas un danger pour nos libertés en ligne », déplore l’association. En dépit des rumeurs laissant présager un éventuel retrait de certaines sanctions pénales et dispositions répressives d’ACTA, LQDN refuse de crier victoire. Elle attend de pouvoir - enfin - consulter la version définitive de CETA avant de se prononcer.
« Seule la version finale du texte comptera, une fois les négociations opaques terminées, indique l’association. Si les passages relatifs aux sanctions pénales et aux dispositions répressives en matière de droit d'auteur ont réellement été retirées de CETA, alors la Commission européenne ne devrait pas craindre de rendre la version actuelle publique. Au contraire, les efforts déployés des deux côtés de l'Atlantique pour maintenir ces négociations fermées suggèrent le pire ».
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Eurodéputés et ministres interpellés par LQDN
Commentaires (20)
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Abonnez-vousLe 22/11/2012 à 10h08
Le 22/11/2012 à 10h16
Le 22/11/2012 à 10h30
Le 22/11/2012 à 10h31
Le 22/11/2012 à 11h57
Le 22/11/2012 à 12h00
La propagande a surtout marché au XXè siècle.
Elle arrive un peu en bout de course.
C’est ce qu’affirment des gens de la pub et du marketing eux-même …
Le 22/11/2012 à 18h50
Le 21/11/2012 à 15h20
CETA prévoir …
:dehors:
Le 21/11/2012 à 15h21
Je ne comprends pas ces craintes : M. Fabius est pourtant reconnu pour la fiabilité de sa parole et son habitude de “parler vrai”… ou pas. " />
C’est un peu lourdingue cette habitude de représenter les mêmes idées encore et encore jusqu’à ce que toute opposition soit lassée et que, finalement, les délires répressif ne bénéficiant qu’à quelques uns soient gravés dans le marbre.
On se targue de construire une union européenne, mais on reste bien dans la mentalité de la Communauté Européenne de l’Acier et du Charbon : des préoccupations majoritairement commerciales comme en témoigne ce culte du secret pour toutes les négociations.
Franchement votre pouvoir émane de qui ? (vraie question pour le coup… " /> )
Le 21/11/2012 à 15h29
Rebelote, ils savent que les citoyens ne vont pas descendre dans la rue à chaque fois.
Et avec la crise, ça n’améliore pas la mobilisation quand chacun peut avoir d’autres “chats à fouetter”.
C’est bien pour cela que les crises actuelles sont issues de stratégies de choc…
Le 21/11/2012 à 15h54
Le 21/11/2012 à 15h56
faudrait pouvoir récupérer tous les noms et adresses des commanditaires qui nous supprimes nos libertés, et les diffuser au plus grand nombre.
Si ces gens là étaient connus de tous, ils feraient moins les malins avec leur pseudo pouvoir de commanditer des lois anti-liberté !
Le 21/11/2012 à 16h01
Quelqu’un de volontaire pour faire un quelconque acte répréhensible impliquant la terreur en pour promouvoir la censure du web que des mesures anti-censure soient prises ?
Le 21/11/2012 à 16h09
Le 21/11/2012 à 16h22
Avec la pire crise économique que n’a jamais connu le continent Européen, la misère qui s’accroît en Europe, ce sera plus facile pour le pouvoir de faire passer des mesures liberticides inacceptable dans un passé très proche.
Le 21/11/2012 à 16h25
Pour le sous-titre j’aurais proposé “Des négociations dans l’obscurité pour LQDN”.
Plus savoureux pour ceux qui ne connaissent pas l’acronyme…" />
Le 22/11/2012 à 08h08
Le 22/11/2012 à 09h28
Le 22/11/2012 à 09h33
Le 22/11/2012 à 10h01