Quelle efficacité pour les outils de lutte contre le téléchargement direct ?
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Le 10 janvier 2013 à 11h20
5 min
Droit
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Quelle est l’efficacité des outils juridiques permettant de lutter contre le partage illégal de fichiers stockés chez des hébergeurs comme Rapidshare ou anciennement MegaUpload ? C’est la question que s'est posée une équipe de chercheurs dans une étude qui n'a pas échappé à la Hadopi. Voici leur réponse : des effets sont certes « perceptibles », mais ils restent pour l’instant « limités ». Cet argument scientifique ne devrait d'ailleurs pas tomber dans l'oreille d'un sourd du côté des ayants droit...
Dans une étude - pointée par TorrentFreak, quatre chercheurs américains et deux chercheurs autrichiens se sont intéressés aux effets des mesures anti-piratage sur les hébergeurs de fichiers. D’après eux, il existe aujourd’hui plus de 300 sites offrant des services tels que ceux que proposait il y a encore un an MegaUpload, ainsi que des « dizaines de milliers de sites » indexant des liens vers ces hébergeurs.
En conséquence, « des millions de fichiers piratés sont uploadés chaque jour » selon eux : séries, films, musique... Autant d’œuvres partagées illégalement, mais qui peuvent être retirées sur simple notification par certains hébergeurs, en fonction de la législation qu’ils doivent respecter. En Europe comme aux États-Unis, le statut des hébergeurs engage par exemple la responsabilité de ces intermédiaires à partir du moment où ils ne prennent pas les mesures nécessaires après que l’illicéité d’un contenu leur a été signalée par son ayant droit. Ceci conduit d’ailleurs parfois à des situations pour le moins cocasses (voir notre article : Un clip officiel de Jean-Louis Aubert bloqué par sa propre maison de disques).
Des demandes de retrait au milieu d'un océan de liens
Mesurant le temps durant lesquels les liens des hébergeurs restaient actifs, les auteurs de l’étude ont relevé deux tendances. D’un, ils ont observé que « pour la plupart des hébergeurs, plus de la moitié des liens subsistent pendant au moins 30 jours, même s’ils sont présumés illicites ». De deux, « la courbe [des disparitions, ndlr] est plutôt pentue dans les trois à cinq premiers jours, et à tendance à s’aplatir par la suite ». Autrement dit, pas de retraits massifs. Même s’ils ne le démontrent pas, les chercheurs déduisent que la plupart de ces retraits est le fait de notifications émanant d’ayants droit, par exemple sous le couvert du DMCA américain. Leur conclusion : les effets de cet outil sont « perceptibles et peuvent causer une nuisance » à certains internautes. Ils notent en revanche que comparé à l’étendue des infractions au copyright, ces effets restent « limités ».
Les chercheurs ont également remarqué que lorsque certains hébergeurs comme RapidShare ou Hotfile avaient mis un terme à leurs programmes de récompense - par lequel ils rémunèrent les uploadeurs dont les fichiers se téléchargent beaucoup - la mise en ligne de contenus avait diminué. « Ceci suggère qu’une partie non négligeable du trafic des hébergeurs de fichiers puisse être liée à des activités de piratage, et que les changements de politique aient conduit à une réduction locale des uploads illicites ». Mais si ce genre de décision est de nature à éloigner les pirates selon les auteurs de cette étude, cela ne porte pas pour autant un coup d’arrêt aux pratiques illicites. Ils expliquent en effet que les uploadeurs semblent se rabattre sur d’autres hébergeurs, et que des niveaux moins élevés de piratage subsistent sur les hébergeurs ayant cessé de récompenser les uploadeurs.
La souris prend de l'avance sur le chat, mais n'a pas gagné la course...
S’étant tout particulièrement intéressés à la fermeture de MegaUpload, les auteurs de l’étude retiennent que la mesure n’a pas forcément eu l’effet escompté : « de nouveaux hébergeurs de fichiers ont investi l’écosystème, en dépit des risques désormais apparents ». L’opération très médiatisée à l'encontre de la plateforme de Kim Dotcom n’aurait ainsi pas servi d'exemple, et provoqué malgré tout des émules. Le fondateur de MegaUpload a d'ailleurs promis son grand retour...
En conclusion, il s’avère que ce « jeu de chat et de la souris entre les uploadeurs et les ayants droit » tourne plutôt à la faveur des premiers selon les chercheurs, en ce que ceux-ci « fournissent bien plus de contenus que ce que les ayants droit en retirent ». Au vu de ce « déséquilibre », les auteurs de cette étude relèvent que les outils juridiques visant à lutter contre le piratage ne sont peut-être pas si efficaces qu’ils sont censés l’être.
Si certains verront dans cette étude une confirmation des thèses selon lesquelles il est impossible d’arrêter le partage de fichiers sur Internet, d’autres pourront en revanche y voir un argument en faveur d’une modification de la législation anti-piratage. La RIAA, le bras armé de l’industrie musicale américaine, insistait ainsi en novembre dernier sur le fait que les demandes de retrait restaient un outil relativement limité à ses yeux, car même une fois qu'un fichier signalé est supprimé par un hébergeur, d’autres réussissent à réapparaitre, sur le même site ou ailleurs. Se plaignant alors d’un « jeu interminable de “chat et de la souris“ », l’organisation militait pour un filtrage proactif des contenus par les hébergeurs de fichiers, mais aussi par les administrateurs de sites BitTorrent. Et ce quand bien même un tel changement aurait d’importantes conséquences juridiques.
Quelle efficacité pour les outils de lutte contre le téléchargement direct ?
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Des demandes de retrait au milieu d'un océan de liens
Commentaires (23)
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Abonnez-vousLe 10/01/2013 à 12h55
Le 10/01/2013 à 13h25
@ Commentaire_supprimé,
En tout cas, je n’ai pas besoin de copier “steppin’out” de Joe Jackson, je l’ai en tête depuis quelques jours (je connaissais et aimais déjà bien , mais j’avais oublié) " />" />
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Le 10/01/2013 à 13h32
Le problème est qu’entre les ayant droit et les contrefacteurs, il y a un gouffre … et plus de communication !
Difficile de dire comment ca va se terminer !
Le 10/01/2013 à 13h35
Le 10/01/2013 à 13h47
M..E..G..A… Upload to me today…
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Le 10/01/2013 à 14h02
Le 10/01/2013 à 14h06
Le 10/01/2013 à 14h38
Qu’attendent les ayants droits pour mettre en place des crawlers leur ramenant tout contenu appartenant à leur répertoire ?
Et puis un petit script qui demande la suppression des contenus sur les plateforme d’hébergement.
C’est simple, légal et mille fois plus facile à faire techniquement que leur idioties de filtrage mondial et de surveillance des usages des internautes (sans parler de l’aspect moral)
Le 10/01/2013 à 18h41
Ce qu’il faudrait, c’est la refonte totale du système de droit d’auteur..
Le 10/01/2013 à 19h35
Le 10/01/2013 à 22h38
Le 11/01/2013 à 08h04
Internet est une bibliothèque mondiale, faite par ses utilisateurs, avec les avantages et les inconvénients que cela comporte.
Que les ayants droits n’en veulent pas n’est pas nouveau, c’est le même débat qui a crée la legislation des droits d’auteur à son époque.
(les bibliothèques allaient tuer la création, blablabla, versus les bibliothèques permettaient l’acces à la culture à tous)
Le 11/01/2013 à 09h50
Le 11/01/2013 à 10h34
Allez, cadeau !
Et toutes mes plus plates excuses pour le HS…
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Le 11/01/2013 à 14h43
Le 10/01/2013 à 11h40
Punaise, ils sont saoulant à vouloir tout bloquer.
À cause de la dissymétrie du net actuelle (le A dans ADSL), pour distribuer des contenus de manière efficace, les services de type mega-upload (ou dl.free.fr) viennent en compléments indispensables des protocoles p2p.
On en reparle quand on aura de la vraie FTTH à 1Gbps symétrique comme ce que google a commencé à déployer aux USAs. D’ici là, ces services sont justifiés pour combler une des lacunes du net actuelles.
Le 10/01/2013 à 11h42
Le 10/01/2013 à 11h46
J’en avait marre de jouer a la loterie .. Le piratage ma permis d’éviter les arnaques..
Ca m’empêche pas d’acheter de bon jeux!
Le 10/01/2013 à 11h56
la nature a horreur du vide. " />
toujours les même études, contre-études ( je critique pas le travail du journaliste)
mais sa saoullllle ! " />
le major : bouhhh tout le monde me pirate, je suis pauvre ouinnnnn ( lolilol)
le pirate : j’achète que si cela vaut le cout et vu que vous faites 95% de m….
Franchement y’a des baffes qui se perdes ! leurs parent auraient pu leurs acheter un martinet en or incrusté de rubis !
Le 10/01/2013 à 12h13
Le 10/01/2013 à 12h26
Le 10/01/2013 à 12h32
C’est aussi que partager des fichiers via ces hébergeurs est devenus beaucoup plus compliqué depuis la fermeture de MU.
Par exemple avant, j’utilisais souvent ce genre de service pour partager rapidement et facilement des petits fichiers (légaux). Mais à cause de la fermeture de MU, la plupart d’entre eux empêchent le partage de fichiers…
Du coup je ne les utilise plus….
Le 10/01/2013 à 12h33