Les ministères priés de détailler les dépenses en logiciels libres et non-libres
Chacun sa question, pas de jaloux
Le 28 mai 2013 à 07h40
3 min
Logiciel
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La députée écologiste Isabelle Attard vient de transmettre une question écrite à chaque membre du gouvernement. L’objectif : connaître les suites qui ont été données à la circulaire Ayrault sur l’usage du libre dans l’administration. L’élue souhaite également que tous les ministres dévoilent « le montant des dépenses en logiciel, en distinguant les logiciels propriétaires des libres, au sein [de leur] ministère et des administrations qui en dépendent, pour chaque année de 2008 à 2012 ».
Au total, ce sont 37 questions écrites que vient d’adresser la députée Isabelle Attard au gouvernement. Une question pour chaque ministre. Rappelant tout d’abord aux membres du gouvernement qu’en septembre 2012, une circulaire du Premier ministre « incitait les ministres à l'utilisation des logiciels libres dans leurs services », l’élue écologiste explique qu’elle souhaite aujourd’hui savoir « quelles suites ont été données à cette circulaire ». La parlementaire est plus précisément intéressée par :
- les études d'opportunités de migration de logiciels,
- l'intégration de ce critère dans les appels d'offres,
- les projets de migration de logiciels propriétaires vers des logiciels libres,
- la mise à disposition des sources de logiciels développés en interne ou par un prestataire.
Tous les ministres sont surtout priés de dévoiler le montant des dépenses de leur ministère - mais aussi de l’ensemble des administrations qui en dépendent - en logiciels, et ce pour les années 2008, 2009, 2010, 2011 et 2012. Ils sont d’ailleurs sommés de bien vouloir distinguer les dépenses concernant les logiciels propriétaires et celles afférentes aux logiciels libres.
Des suites à l'imprécision du ministère du Budget
La question de la députée Attard n’est pas le fruit du hasard : il y a deux semaines, le ministère du Budget annonçait qu’entre 2007 et 2011, la dépense publique en matière de logiciels propriétaires (acquisition et maintenance) avait été « supérieure à 300 millions d’euros annuels, soit 1,5 milliard d’euros sur cinq ans ». Sauf que cette réponse fut jugée comme très incomplète notamment en ce qu’elle ne prenait par exemple pas en compte les dépenses liées aux logiciels libres.
Laurent Séguin, président de l’Association francophone des utilisateurs de logiciels libres (AFUL), évoquait ainsi dans nos colonnes une « fumisterie » de la part du gouvernement, en ce que les sommes déboursées par l’État lui paraissaient en réalité bien plus importantes que celles indiquées. « J’aimerais qu’un rapport de la Cour de comptes permette de vérifier si l’on est plus près de trois ou de huit fois les sommes évoquées par le ministère du Budget. Rien que les quelques gros programmes tels que Chorus (comptabilité de l'État), NS2I (Nouveau système d'information dédié à l'investigation), Louvois (paye des militaires), les logiciels de gestion des passeports biométriques, la nouvelle plateforme d'interception des services de renseignement, etc.- tous propulsés avec du logiciel non libre - doivent prendre une grosse part des 260 millions d’euros d'acquisition et maintenance de logiciels non libres en ne laissant plus grand chose au fonctionnement de l'informatique de l'État » nous avait-il expliqué.
Nous ne manquerons pas de revenir sur les montants dévoilés par chaque ministère, une fois que les réponses des membres du gouvernement seront publiées.
Les ministères priés de détailler les dépenses en logiciels libres et non-libres
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Des suites à l'imprécision du ministère du Budget
Commentaires (33)
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Abonnez-vousLe 28/05/2013 à 11h21
“l’introduction “systématique par la NSA de portes dérobées, ou backdoors” dans les logiciels. Conclusion : le réseau informatique de l’armée française serait “susceptible d’être victime d’une intrusion de la NSA dans sa totalité”.
Faux, rétorque-t-on au ministère de la Défense : “S’il y avait eu le moindre risque d’une intrusion de nos systèmes, le contrat n’aurait jamais été signé””
Donc s’ils n’en voient pas, c’est qu’il n’y en a pas !
“Microsoft doit 52,5 millions d’euros au fisc français”
Mais la France va payer Microsoft directement en Irlande…
“Microsoft, comme de nombreux grands éditeurs, facture ses contrats depuis l’Irlande, son siège européen”
Le 28/05/2013 à 11h24
Le 28/05/2013 à 12h03
Faudra qu’elle se reveille la dame.
Le libre a aussi un cout. Le support, la maintenance..etc.
Croire que le libre est gratos, c’est faux. Faut bien que quelqu’un l’installe sur le poste sous le bureau de la secrétaire en jupe, non ? " />
Le 28/05/2013 à 12h12
Le 28/05/2013 à 13h53
Je m’attend à la bataille rangée habituelle pro propriétaire vs pro libre, je vais lire les commentaires…
Le 28/05/2013 à 13h58
Le 28/05/2013 à 14h04
Le 28/05/2013 à 14h09
mmmmh… c’est casse figure avec les SSII… car y a du délit de prêt de main d’œuvre et de marchandage dans l’histoire (seul le portage salarial direct serait légal).
C’est facile de faire la part des choses, sauf si y a des ministères qui achètent du support à des boites open source.
Le 28/05/2013 à 16h28
Le 28/05/2013 à 17h51
Tout a fait normal de demander des comptes. Je ne vois pas ou est le problème.
Cela étant, je doute très fortement des chiffres officiels annoncés. Quand on me parle de 300 millions par an, je pense qu’il faut vraiment arrêter de prendre le contribuable pour un crétin fini.
Le 29/05/2013 à 08h35
Le 29/05/2013 à 14h29
c’est plutot les frais de bouche,déplacements et autres qu’il faudrait demanderavec factures à l’appui, le reste c’est du pipo
Le 29/05/2013 à 19h34
Le 30/05/2013 à 10h58
Le 28/05/2013 à 07h49
elle n’aura jamais les infos, ou alors pas les vraies…
“nan mais les trucs préinstallés on les compte pas vu qu’on ne paye pas la licence” et autres “enfin là, c’est pas pareil, c’est un contrat de maintenance qui inclue les mises à jour donc on ne le compte pas”…
Le 28/05/2013 à 07h51
Petite question aux sachants, n’y a-t-il pas moyen de manipuler les chiffres en imputant des coûts communs à l’un ou l’autre des types de logiciels utilisés selon la façon dont on veut orienter les résultats ?
Le 28/05/2013 à 07h57
Au-delà du débat entre les partisans du «les logiciels libres sont gratuits ça coûte rien, les logiciels proprio coûtent trop cher», et ceux du «les logiciels libres ont des coûts cachés (formation etc.) donc reviennent à plus cher que les logiciels proprio» (thèses toutes deux défendables mais toutes les deux fausses à mon avis)… Peut-être qu’on aura enfin les véritables chiffres.
Sauf si les politiques veulent cacher ces chiffres, comme le supposent les deux premiers commentaires, mais là…
Le 28/05/2013 à 08h16
je suppose qu’ils n’ont pas intérêt à rendre ces chiffres publics, certes, mais je ne suis pas débile non plus hein, même libre/open source, un soft doit être développé et les developpeurs, il faut bien qu’ils les payent leur pizzas ;)
au delà du débat libre/proprio, faudrait déjà pouvoir mesurer la “portabilité”, ie les formats de données permettant la réutilisation sans se retrouver verrouillé avec telle ou telle techno (parce que même un soft libre peut se retrouver à utiliser un format non standard et pas réutilisable)
Le 28/05/2013 à 08h24
Je ne comprends pas trop le but de la manoeuvre : comparer en terme de dépenses le logiciel propriétaire et le logiciel libre ne saura servir d’indicateur sur l’usage du libre dans les administrations, la structure des coûts (achat de licence, maintenance, voire formation) et leurs montants étant totalement décorrélés :
Vous pouvez avoir 50000 postes sous Open Office et par ailleurs 50 000 postes sous MS Office, et même des postes qui disposent de l’un et de l’autre : Ça va être coton d’estimer les usages de l’un et de l’autre sur la seule base du coût.
Demain, pour estimer la part du vélo dans les déplacements des différents ministères, comparaison des dépenses en révisions et essences entre le parc de vélo et de voitures de l’État." />
Le 28/05/2013 à 08h27
L’important ce n’est pas les sommes dépensées, mais la philosophie des différentes solutions ; par exemple la portabilité citée par vince120 qui n’est que l’utilisation de formats ouverts. Chose à laquelle les administrations ne sont pas du tout sensibilisées.
Le 28/05/2013 à 08h27
Le 28/05/2013 à 08h28
faut bien commencer par comparer quelque chose. Ils sont pas bêtes, y a des coûts cachés dans les 2 camps.
Pour travailler dans un ministère, depuis des années nous privilegions le logiciel libre et economisons ainsi des centaines de millions d’euro par an. La formation il en faut dans tous les cas (proprio ou pas). Donc ce n’est pas un problème. Le plus dur étant de trouver les personnes compétentes, ça a un cout bien sur. Mais vu les sommes economisées sur les licences, c’est bon. Et l’avantage du libre, c’est que c’est souvent pérenne, même comme vince120 le disait, certains “mauvais” soft libre utilisent des formats non standards certes, mais comme c’est opensource, c’est moins grave qu’un format fermé proprio.
Voilà c’est mon avis de grouillo sur le terrain, bonne journée, et bon troll ;)
Le 28/05/2013 à 08h37
Je pense qu’on va se marrer en regardant la copie que rendra le ministère de la culture…
Quand on a pris l’habitude de dépenser des centaines de milliers d’euros dans du dotclear, ça se perds pas facilement " />
Le 28/05/2013 à 08h47
Le 28/05/2013 à 08h48
Le 28/05/2013 à 08h59
au delà du débat libre/proprio, faudrait déjà pouvoir mesurer la “portabilité”, ie les formats de données permettant la réutilisation sans se retrouver verrouillé avec telle ou telle techno (parce que même un soft libre peut se retrouver à utiliser un format non standard et pas réutilisable)
Heu non : si c’est libre, t’as le code source, si t’as le code source, tu sais comment ton fichier est fabriqué, du coup tu peux créer des moulinettes pour le convertir, ou modifier le code original pour le mettre à ta sauce (et ne pas oublier de republier les modifs merci !).
Donc entre un logiciel libre ou proprio, en entreprise et en terme de pérennité, le libre sera toujours mieux !
Le 28/05/2013 à 09h24
Bossant en EPCI (Ets public), je me souviens il y a de ça 7-8 ans, on avait eu une petite formation sur place de 2-3 après midi sur open office (avec stand dédié … ) pour l’ensemble des agents. C’était pas mal du tout.
Et nous sommes toujours restés sur Microsoft Office " /> dés qu’il y a un peu de changement, tout le monde est perdu.
Le 28/05/2013 à 09h26
Le 28/05/2013 à 09h36
A partir du moment où on doit mettre en place des “moulinettes” pour récupérer les données, ça confirme que la portabilité est limitée/que le format n’est pas standard…
et ce qu’il y a de bien dans ce genre de sujets à troll : on trouve toujours quelqu’un pour suggérer de modifier le code original sans se poser la question de savoir si y’a la compétence à dispo et si le coût est raisonnable… (le comptable, il va comparer prendre un soft open source+prendre N développeurs pour obtenir le résultat souhaité et prendre un soft proprio clé en main qui répond au besoin)
pour être plus pragmatique : un soft de gestion de la paie, dans une administration quelconque (ie, pas un service informatique). Actuellement, ils achètent un soft de paie proprio. On leur dit, “utilisez openconcerto, c’est opensource”. Et là, à l’étude, ils voient que la fonction d’ajout des petits chatons qui est indispensable dans leur cas n’est pas présente sur openconcerto, ils font quoi ? ils laissent tomber la compta pour apprendre le dév ? non. ils vont soit devoir garder leur soft proprio, soit faire intervenir un tiers pour ajouter la fonction dont ils ont besoin, et ce tiers n’est quasiment jamais bénébole… et la republication ne sera peut être pas profitable parce que la fonction métier spécifique causera peut être des problèmes pour les gens qui ne l’utilisent pas… si au final payer le tiers (qu’il faudra probablement faire réintervenir sur la prochaine version) coute plus cher que la licence du soft proprio, quel choix sera fait ?
ceux qui disent que dans tous les cas telle solution est meilleure sont, à mon sens, trop “théoriques” et pas assez pragmatiques…
Le 28/05/2013 à 09h47
Le 28/05/2013 à 09h53
Le 28/05/2013 à 09h56
Le 28/05/2013 à 10h46
Un pareil changement ne se fait pas en un claquement de doigt.
Autant à la maison c’est facile de passer d’un logiciel à un autre, en pro c’est autre chose quand ce sont plusieurs milliers d’utilisateurs concernés.
Idem pour le fait de passer sur des OS libres, beaucoup d’applis métiers ne seront pas compatibles… Il faut donc revoir les différentes applis, faire des test, les adapter/re-développer, etc.
C’est un chantier énorme qui s’étale sur plusieurs mois~années.