Comme il l'avait déjà annoncé le mois dernier, Stéphane Richard, le patron d'Orange, a confirmé hier à nos confrères des Échos que son groupe allait investir massivement dans Dailymotion, ceci afin d'assurer son avenir. Une manière de compenser l'échec du rapprochement avec Yahoo!, empêché en partie par Arnaud Montebourg.

« Un plan de développement de l’entreprise à l’intérieur d’Orange »

Le feuilleton Dailymotion/Yahoo! terminé, Orange, qui détient à 100 % la plateforme vidéo française depuis quelques mois, compte bien investir plusieurs dizaines millions d'euros dans Dailymotion afin de la développer. Stéphane Richard l'avait déjà annoncé il y a un mois au micro de RTL, sa société fera « les investissements qui sont nécessaires pour que Dailymotion ne creuse pas son retard par rapport à la concurrence, notamment par rapport à YouTube ». Le patron précisait alors que la première somme qui sera investie oscillera entre 30 et 50 millions d'euros.

Hier, Richard a décrit plus précisément son plan de bataille pour Dailymotion. Certes, le « business-model » de Dailymotion ne sera pas complètement transformé, dès lors qu'il est « sain », avec déjà « un excédent brut d’exploitation positif ». Mais le PDG n'a pas caché avoir décidé « après en avoir discuté avec les équipes de Dailymotion, de mettre en œuvre un plan de développement de l’entreprise à l’intérieur d’Orange ».

Des recrutements importants et une internationalisation plus poussée

Un plan sur trois ans a donc été élaboré par Orange. 30 millions d'euros seront mis sur la table pour développer la jeune pousse française. L'objectif est simple : faire passer le chiffre d’affaires de Dailymotion de 37 millions d’euros à plus de 100 millions d’euros d'ici 2016, « soit une croissance de plus de 30 % par an ». Des ambitions qui passent par une augmentation importante de l'audience, pour un site qui cumule déjà 115 millions de visiteurs uniques par mois dans le monde entier.

Cet investissement servira pour développer les infrastructures et les services, mais aussi pour recruter. Soixante personnes rejoindront ainsi Dailymotion d'ici peu, ce qui augmentera l'effectif d'environ 30 %. Ces recrutements seront principalement réalisés en France, mais la société compte aussi ouvrir des bureaux en Espagne, au Japon, au Canada et au Brésil. « Parallèlement, Dailymotion, qui réalise déjà 85 % de son chiffre d’affaires à l’international, doit mettre en plus l’accent sur des pays tels que l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. »

Une plus forte intégration avec les autres services d'Orange

Ces dépenses importantes de la part d'Orange signifient-elles la fin définitive d'une possible vente à un grand groupe international ? Pas vraiment. Richard ne cache ainsi pas être ouvert à un scénario dans lequel la plateforme vidéo « s’intégrerait dans un projet de pôle Internet français », ce qui exclut tout de même toute vente majoritaire à une société étrangère. Le mois dernier, le patron déclarait d'ailleurs que ces investissements n'étaient qu'une étape : « Il y a une deuxième étape qui est d'accélérer. (...) Plus que l'argent, il faut que Dailymotion ait un partenariat avec quelqu'un qui puisse lui apporter de l'audience. »

Reste que selon les Échos, Dailymotion va désormais être bien mieux intégré et exploité par les autres activités et services d'Orange. Une synergie auparavant peu exploitée par le groupe français. Notre confrère explique ainsi que la plateforme vidéo sera mise en avant dans les pays où Orange est présent, soit de nombreux territoires en Europe et en Afrique.

« Une bonne nouvelle » pour Montebourg

Enfin, Arnaud Montebourg, impliqué dans l'échec des négociations entre Dailymotion et Yahoo!, a accueilli avec joie la confirmation de la part d'Orange d'investir dans la plateforme vidéo. « Le fait qu’il y ait des investissements dans Dailymotion est une bonne nouvelle pour l’industrie des contenus numériques qui sont stratégiques pour la France et pour l’Europe » a-t-il ainsi déclaré à l’AFP. Tout en rappelant qu'il n'était en aucun cas opposé à des rapprochements avec des sociétés étrangères, mais uniquement si elles sont réalisées « sur un pied d’égalité nous permettant de nous développer sur d’autres continents. Ces conditions n’étaient pas réunies dans la proposition de Yahoo! »