Cheesevideo et cheesemusic, le vide-grenier numérique dopé au cloud
Made in France
Le 31 juillet 2013 à 15h42
7 min
Internet
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Les sites Cheesevideo et Cheesemusic ont pour ambition de devenir le vide-grenier numérique, selon l’expression de son responsable, Thomas Peyraut. Présentation de cette offre unique, qui permet de profiter du cloud, tout en disposant d'une place de marché pour revendre ses CD et DVD.
Le projet est né voilà deux ans, dans l'esprit de Julien et Chris Navas. L’un est concepteur de site web, le second avait fait ses classes chez Alcatel. Il est désormais architecte technique de ces deux composantes. Après une première levée de fonds, le site poursuit son développement en conservant un moteur simple mêlant cloud, numérisation et occasion.
Le client apporte ou envoie ses CD audio ou ses films DVD à Cheesevideo et Cheesemusic où ils sont numérisés. Les supports sont ensuite stockés dans l’entreprise. Les contenus sont mis à disposition du consommateur sur son ordinateur, sa TV connectée ou son smartphone. Il y accède en streaming ou téléchargement direct (MKV, H.264 et pour la musique MP3 320 Kb/s, prochainement peut être du FLAC). Au menu des films, VF, sous-titres, VO, bonus, etc.
L’accès dans le cloud perdure tant que l’utilisateur n’a pas récupéré ou remis en vente ses contenus. C’est là le modèle d’affaire de CheeseVideo et CheeseMusic : si le client décide de revendre ces supports d’occasion, la plateforme s’occupe de la transaction en prenant une commission de 80 centimes. « On se rémunère à la transaction, lors de l’achat-revente » nous précise Thomas Peyraut.
En cas de revente, le vendeur perd son accès numérique qu’il transmet au nouvel acheteur. Celui-ci peut décider de laisser le DVD en stock afin de profiter des fonctionnalités du cloud ou de récupérer ce support contre 3 euros. Une récupération très rare en pratique. Aujourd’hui, 15 000 CD et 3 000 films composent son stock. Les prix sont généralement autour de 2,90 euros le DVD, parfois un peu plus cher pour les nouveautés. La société se veut l’un des moteurs de la circulation de la culture, où l’accès aux contenus est facilité par une approche collaborative. Elle se confronte cependant à un droit balbutiant.
Copie et DRM sur les supports
Légalement, d’abord, les supports sont parfois protégés par des DRM. Comment se passe la numérisation dans un tel contexte ? « On ne fait pas de Blu-ray prévient Thomas Peyrault. Pour les CD, il n’y a pratiquement plus de verrou. Sur les DVD, nous avons mis en place un procédé de lecture-enregistrement. Nous utilisons des briques de logiciels libres. On fait une copie ISO bit à bit du support physique, nous lisons ensuite le support, le travail s’achève par une compression. » On se souvient que la Cour de cassation, sous les bons conseils de Marie Françoise Marais, avait sacralisé le DRM tout en niant l’existence d’un droit à la copie privée.
Pour valider son modèle, la société se drape derrière de multiples règles : le droit de l’achat-revente des biens d’occasion, le principe de la copie privée comme celui de l’interopérabilité, « qui dit que lorsque j’ai un DVD je dois pouvoir le lire sur le lecteur de mon choix ». Cependant, elle sait qu’elle défriche un univers en quête de règles, face à des ayants droit soucieux de leur rémunération dès lors qu’est évoqué le cloud.
Copie privée, revente d'occasion, interopérabilité
« On n’entre pas dans les cases absolument concède le PDG de la société. Quand on prend par exemple les critères de la copie privée, certains points peuvent faire débat ». Et pour cause, les esprits sont encore frappés par la jurisprudence née de l’arrêt Rannou Graphie du 7 mars 1984. La Cour de cassation avait estimé que la copie n’est privée que lorsque le copiste et l’utilisateur de la copie sont les mêmes. Ici, Cheesevideo et Cheesemusic réalisent ces duplications pour le compte d’un tiers. « Des jurisprudences plus récentes à la CJUE, rendues dans l’arrêt Padawan ou Amazon, introduisent le principe d’un prestataire qui réaliserait des copies pour le compte de tiers » tempère Thomas Peyraut qui préfère regarder vers l’avenir que rester vissé dans ce passé lointain.
Rencontres avec Lescure, la Hadopi, le CSPLA, le CSA et les ayants droit
L’entreprise veut déminer le terrain. Elle démultiplie les échanges. « On a rencontré la mission Lescure dont le rapport traite de la synchronisation cloud et milite pour une taxe sur les appareils connectés liée aux usages de copie dans le cloud ». La société a également présenté son projet à la Hadopi, au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ou au Conseil Supérieur de la Propriété Littéraire et Artistique au ministère de la Culture.
« Globalement, toutes les institutions ont accueilli de façon très enthousiaste ce projet. Il y a une vraie problématique de l’offre légale existante de vidéo à la demande. Le catalogue est largement insuffisant et des prix ne sont pas accessibles à toutes les bourses ». D’autres échanges se sont noués avec les sociétés de gestion collective, les ayants droit et les producteurs. « Les négociations sont diverses et variées, parfois très positives ». Une certitude : « le cadre réglementaire va évoluer parce que l’usage est là. Il s’agit de déterminer le cadre juridique de ces copies » anticipe Thomas Peyrault. « On cherche à accompagner ces travaux réglementaires. »
Et la revente de fichiers numériques ?
À cette fin, l’entreprise ne cache pas son désir de participer à la commission sur l’occasion numérique récemment installée au ministère de la Culture. Que pense-t-elle de ce marché ? Citant l’exemple de ReDigi outre-Atlantique, la société estime qu’« il y a légitimité à ce qu’on soit capable de revendre ce qu’on achète numériquement. En revanche on doit garantir la traçabilité de ce qui est acheté et revendu. Si je copie 20 fois un morceau de musique que je revends sur les places de marché, le modèle ne dure pas et s’écroule sur lui-même. »
La question mérite une attention particulière, car elle soulève aussi des problèmes concurrentiels. « Apple et Amazon déposent des brevets sur des procédés de revente d’occasion chacun de leur côté. Nous militons pour l’interopérabilité. Il ne s’agit pas de dire j’achète chez iTunes et je revends d’occasion sur iTunes, j’achète chez Amazon, je revends d’occasion chez Amazon. Je comprends que ce soit leur stratégie, nous, nous sommes sur une logique beaucoup plus ouverte. On doit pouvoir revendre sur la place de marché de son choix avec la bonne interopérabilité et la bonne traçabilité. »
Contrat de confiance
Justement. Lorsqu’un client revend son DVD sur Cheesevideo, qu’est-ce qui garantit qu’il a effacé le fichier du film, préalablement téléchargé par direct download ? « C’est un contrat de confiance » tempère le CEO, qui rappelle une évidence : « aujourd’hui lorsque vous achetez un CD à la FNAC, que vous le numérisez sur iTunes et le revendez sur eBay, de la même façon vous devriez effacer les copies. Ce point fait partie des discussions. Je parlais de traçabilité. Entre autres pistes de travail, nous avons mis en place un watermarking où dans la version numérique on sait qui est le propriétaire, dont le nom est associé au DVD. »
Cheesevideo et cheesemusic, le vide-grenier numérique dopé au cloud
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Copie et DRM sur les supports
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Copie privée, revente d'occasion, interopérabilité
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Rencontres avec Lescure, la Hadopi, le CSPLA, le CSA et les ayants droit
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Et la revente de fichiers numériques ?
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Contrat de confiance
Commentaires (39)
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Abonnez-vousLe 31/07/2013 à 15h48
Aïe… je ne sais pas ce que ça va donner par la suite, mais à la première plainte “d’ayants droits” ça va faire mal.
Pourquoi ? Parce que Cheesevideo/Cheesemusic effectue la copie en lieu et place de l’utilisateur si j’ai bien compris… Or, c’est sur ce principe que Wizzgo a perdu en justice. :(
Edit :
Je n’avais pas encore lu l’article en entier, mais je suis content de voir que Marc y ai pensé
Copie privée, revente d’occasion, interopérabilité
« On n’entre pas dans les cases absolument concède le PDG de la société. Quand on prend par exemple les critères de la copie privée, certains points peuvent faire débat ». Et pour cause, les esprits sont encore frappés par la jurisprudence née de l’arrêt Rannou Graphie du 7 mars 1984. La Cour de cassation avait estimé que la copie n’est privée que lorsque le copiste et l’utilisateur de la copie sont les mêmes. Ici, Cheesevideo et Cheesemusic réalisent ces duplications pour le compte d’un tiers. « Des jurisprudences plus récentes à la CJUE, rendues dans l’arrêt Padawan ou Amazon, introduisent le principe d’un prestataire qui réaliserait des copies pour le compte de tiers » tempère Thomas Peyraut qui préfère regarder vers l’avenir que rester vissé dans ce passé lointain.
Enfin bon… je crains qu’ils n’aient trop d’espoirs vains… L’avenir nous dira si j’ai tort ou raison.
Le 31/07/2013 à 15h52
Si j’ai bien tout compris, l’idée est géniale. " />
Par contre je ne comprend absolument pas ce découpage entre musique et vidéo.
Cela oblige à avoir deux comptes sur deux services différents…
Le 31/07/2013 à 16h01
La seule utilité de ce service c’est quand on ne sait pas numériser un CD, mais du coup, si on utilise cheesemusic, on va perdre pour toujours l’accès physque?
Ou alors j’ai rien compris, ou alors je trouve ça inutile…
Le 31/07/2013 à 16h02
Le 31/07/2013 à 16h02
Allez, combien de jours / semaine avant que les ayants droits les fasse fermer ?
Le 31/07/2013 à 16h05
Le 31/07/2013 à 16h07
Le 31/07/2013 à 16h08
Le client apporte ou envoie ses CD audio ou ses films DVD à Cheesevideo et Cheesemusic où ils sont numérisés.
Numériser du numérique ça donne de l’analogique après ? " />
Le 31/07/2013 à 16h09
Le 31/07/2013 à 16h11
Le 31/07/2013 à 16h12
L’image " />
Des bonnes piles de billets de 100$ avec des gros signes euros dessus " />
Le 31/07/2013 à 16h14
Le 31/07/2013 à 16h14
Bon je viens d’aller zyeuter cheesevideo et deux choses me marquent l’esprit :
Après si le catalogue se densifie, je veux bien essayer. Parce que bon les mecs qui me demandent plus de 100 euros sur PriceMinister pour un DVD d’occasion contenant tout au plus 5 épisodes d’un anime… non merci.
Le 31/07/2013 à 16h50
Le 31/07/2013 à 16h55
Transformer le support physique (CD/DVD) en DRM, c’est vraiment un concept génial… ou pas.
Perso, je vote pour “ou pas”.
Le 31/07/2013 à 17h37
Le 31/07/2013 à 17h42
Le 31/07/2013 à 17h46
Le 31/07/2013 à 18h01
Le 31/07/2013 à 18h06
Ce que je ne comprends pas, s’ils numérisent des dvds, c’est donc qu’ils contournent les mesures de sécurité en place, non ? Ils ont l’accord des ayants droits pour ça ? La licence d’utilisation des disques ne semble pourtant en général pas inclure ça. Je sais bien que l’on est sensé pouvoir faire une copie soi-même mais mandater un tiers pour ça ne me semble pas possible…
Et ça sera beau le jour où l’entrepôt sera victime d’un casse… les gens seront remboursés à hauteur de …. que dalle, dépréciation aidant.
Le 31/07/2013 à 18h15
je comprend vraiment pas à quoi sert ce truc " />
si on a un cd, soit on le numérise et on le fout en format mp3 et on le stocke en local ou sur google musique ou sur son dd ou son nas
soit on a un dvd et on le rippe et on fait pareil
Le 31/07/2013 à 18h31
Le 31/07/2013 à 19h23
J’ai testé, c’est une pure arnaque. A fuir.
J’ai acheté un film, mon compte paypal a été débité, mais impossible de récupérer le film, aucun téléchargement possible, je ne peux m^me pas le voir en streaming.
Sur mon compte, c’est bien indiqué que j’ai acheté le film, mais impossible d’y accéder.
Bref, ça pue.
Le 31/07/2013 à 19h34
Tant que des tourne-disques transformant des vinyls en mp3 sont vendus légalement, mes Mp3 seront légales pour moi, et ceux qui disent le contraire, n’ont qu’à s’en prendre à quelqu’un d’autre, mais certainement pas à moi (je n’ai jamais vu de vinyls d’enregistrements personnels" />)
Le 31/07/2013 à 22h12
Ca m’a l’air d’être une belle usine a gaz pour pas grand chose, et effectivement légalement douteux à mon avis.
Le 01/08/2013 à 05h50
Bon courage à eux.
Néanmoins, je n’apprécie pas ce genre de concept.
Si j’achète du physique, c’est pour avoir la jouissance de ce dernier (le support en lui même et ce qui est à coté (la même chose que pour un livre). /// je dois me faire vieux ^^’
Sinon, je serais passé par une plateforme en ligne qui propose déjà de la vidéo/musique, mais sans le transport supplémentaire et les couts que cela représente (fabricant -> magasin -> particulier -> cheese…).
Quand à la revente. Si j’achète c’est que je compte garder ^^
Et puis, il se passe quoi si ils font faillite ou si ils se font descendre en justice ?
On perd tout ce qui leur à été envoyé ?
/ bon, sur ce point, la même crainte que pour steam (même si valve semble en très bonne santé).
Au delà de ça, je n’aime pas la dépendance à internet pour pouvoir disposer de ses affaires. Du moins, ayant eu pas mal de problèmes de fournisseur d’accès. Cela m’a vacciné encore plus à ce sujet.
// Âpres, clair que mes cd sont numérisés pour ne pas abimer les supports. Mais j’apprécie tout de même de disposer de mes originaux.
Le 01/08/2013 à 06h24
Le 01/08/2013 à 07h26
Le 01/08/2013 à 07h40
Le 01/08/2013 à 08h17
Le 01/08/2013 à 08h19
Le 01/08/2013 à 08h21
Le 01/08/2013 à 08h24
Le 01/08/2013 à 08h41
Je veut bien échanger mes dvd contre la version iTunes (en HD de préférence)
Le 01/08/2013 à 08h57
Le 01/08/2013 à 11h55
C’est moi ou tout le monde fait semblant de ne pas voir l’abus qu’induit ces deux sites? Je m’explique:
1/ le site numérise le contenu envoyé et le met à disposition soit par cloud soit par téléchargement
–> les fichiers téléchargés n’ont pas de DRM visiblement.
2/ Je décide de revendre mon CD ou DVD. Je perds donc mon droit de propriété.
–> Le site demande alors “de détruire soi-même les copies téléchargées”
Il est donc clair que les fichiers ne sont pas pourvu de DRM. J’ai donc ici deux sites qui vont “numériser” pour moi mes CD/DVD, me fournir une copie numérique sans DRM et me permettre de revendre mes supports physiques. Tout cela sous un couvert pseudo-légal. En gros, je peux maintenant ripper mes CD avant de les revendre mais les risques sont pris par le site à ma place " />
Le 01/08/2013 à 12h52
Le 01/08/2013 à 13h09
Il ne faut oublier que si la major perd la matrice de l’originale Cheesemachinchouette redonne vie à ces mêmes majors en récupérant peut-être une pièce rare (mais évidemment aussi, c’est un autre problème)
à moins que les majors préfèrent que le propriétaire (d’une potentielle rareté) se débarrasse d’un vinyle avec un marteau et puis poubelle " />
Le 01/08/2013 à 17h20