Hadopi-CSA : pour l’ARP, « chaque minute passée est une minute perdue »
L'autre chronologie des médias
Le 16 septembre 2013 à 13h20
6 min
Droit
Droit
Pas contents, les professionnels de l’ARP ! Une fois la nouvelle connue, les cinéastes ont dénoncé la fausse couche de l’amendement de David Assouline, celui qui était censé confier la riposte graduée au CSA. Ils militent toujours pour ce transfert tout en souhaitant l’instauration d’amendes administratives contre les abonnés au lieu et place de la suspension.
Florence Gastaud et Patrick Bloche en septembre 2011
Comme l’a révélé PC INpact vendredi matin, David Assouline laissera finalement dans ses tiroirs l’amendement qui devait être déposé dans le cadre du projet de loi sur l’audiovisuel. Cette rustine de dernière minute devait organiser le transfert de la riposte graduée au CSA, au plus vite. Le rendez-vous parlementaire, examiné sous procédure d’urgence, était l’occasion rêvée pour ceux qui estiment que le CSA est le futur régulateur du numérique. Dans les rangs de la majorité, ce qui fut vite qualifié de « manœuvre » n’a cependant pas du tout été apprécié. Elle fut très tôt dénoncée par Patrick Bloche, président de la Commission des affaires culturelles ou encore par Christian Paul, sans oublier les jeunes socialistes.
La riposte graduée au CSA, premier pas d'un vaste chantier
Du côté de l’ARP, c’est désormais la soupe à la grimace : « Le projet d’amendement se devait de porter l’une des premières mesures fortes et symboliques voulues par le Rapport Lescure, dont l’ambition est d’intégrer sereinement l’écosystème de la création dans l’ère du numérique » écrit la société civile.
Celle qui réunit Claude Lelouch, Michel Hazanavicius, Costa Gavras, Patrick Braoudé, ou encore Olivier Nakache craint maintenant l’occasion manquée. « Symboliquement, cet amendement devait mettre le pied dans la porte de la mission Lescure afin de lancer un vaste chantier. Là, nous avons l’impression qu’il y a désormais un manque d’enthousiasme » regrette Florence Gastaud, contactée aujourd’hui. Pour la déléguée générale de l’ARP, « en terme de communication, nous pensions franchement qu’il s’agissait là d’un choix pertinent que de confier au CSA un outil de régulation du numérique linéaire et non linéaire. Désormais, chaque minute passée est une minute perdue. »
Certes, si l’amendement Assouline reste au stade du projet avorté, Hadopi continuera son régime de croisière avec une montée en puissance. Où est le problème, d'autant que l'Elysée a arbitré en faveur du transfert ? « On peut en effet dire que la réponse graduée n’est pas abandonnée, ce n’est pas la fin du monde. Il reste que ce n’est pas très amitieux. On ne voit pas très bien qui veut quoi ! L’arrêt de la suspension de l’abonnement devait aller de pair avec l’amende. Il y a désormais un flou artistique et tout flou artistique laisse passer un message dans le fantasme collectif, qui voudrait qu’à nouveau on puisse télécharger. J’aurais pour le coup préféré un message plus fort que cette situation. »
L'assurance de François Hollande
Ces professionnels du cinéma nous confient avoir rencontré le président la semaine dernière. François Hollande leur aurait alors assuré qu’il voulait que ce transfert se fasse dans l’urgence, via le bon cavalier. « Nous avions l’assurance du président de la République. On a maintenant l’impression que le sujet a été déporté pour des raisons de circonstance. »
Problème : le calendrier est désormais surchargé. Difficile de trouver un temps parlementaire pour orchestrer ce transfert. Sur cet échiquier stratégique, les options sont maigres : une grande loi à venir, à une date indéterminée. Une solution pour le moins cavalière serait aussi de programmer ce transfert dès à présent, tout en repoussant dans le temps sa mise en œuvre.
Le retour de la suspension ou de l'amende
L’ARP craint en tout cas de se retrouver face aux mêmes débats que pour Hadopi 1 et 2. « Nos détracteurs n’attendent que de rentrer dans un débat démagogique ! Je pensais que nous étions un peu sortis de ce débat binaire sur Hadopi alors que le CSA doit être régulateur de l’environnement numérique. »
Confidence, au passage, Florence Gastaud nous indique qu’une partie de la profession voulait profiter de l’amendement Assouline avorté pour réintégrer la suspension Hadopi. Et du côté de l’ARP ? « L’avertissement, c’est bien gentil, mais lorsqu’on sait qu’il n’y a pas de sanction derrière… ». La société civile milite encore et toujours pour l’amende adminsitrative, « car il faut une sanction juste proportionnée à l’infraction. »
A l'instar de Mireille Imbert Quaretta, le rapport Lescure avait préconisé l’instauration d’une amende administrative au lieu et place de l’actuelle amende contraventionnelle infligée par un juge. Selon Lescure, cette solution permettrait « d’adoucir la procédure de sanction mise en oeuvre au terme de la phase pédagogique. Cela éviterait le recours au tribunal de police (selon la procédure contradictoire ordinaire ou selon la procédure simplifiée de l’ordonnance pénale), ainsi que la convocation préalable de la personne poursuivie au commissariat. Cela empêcherait les ayants droit de se constituer partie civile afin de réclamer à la personne poursuivie des dommages-intérêts, en plus de l’amende. Cela permettrait aussi que la sanction prononcée ne soit pas inscrite au casier judiciaire de la personne sanctionnée. »
Surtout, cela aurait permis au CSA d’éviter la case « justice » si chronophage tout en gérant seul sa politique pénale. Le juge ne serait intervenu que sur saisine de l’abonné, renversant la charge du procès, aujourd’hui initié par la Hadopi. Lescure proposait aussi un mécanisme de petites amendes - 60 euros et plus en cas de récidive.Le projet a finalement été abandonné par Aurélie Filippetti. « Nous avons fait expertiser la manière dont pourrait évoluer [la sanction Hadopi] d’un point de vue juridique. Pour ma part, je ne pense pas que cela doit être une sanction administrative, parce qu’une sanction administrative a quelque chose d’automatique et le juge administratif n’a pas de latitude d’appréciation concernant l’opportunité des poursuites », alors que pour la ministre, « seul le juge judiciaire a cette capacité de juger l’opportunité des poursuites. »
Hadopi-CSA : pour l’ARP, « chaque minute passée est une minute perdue »
-
La riposte graduée au CSA, premier pas d'un vaste chantier
-
L'assurance de François Hollande
-
Le retour de la suspension ou de l'amende
Commentaires (32)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 16/09/2013 à 14h00
Celle qui réunit Claude Lelouch, Michel Hazanavicius, Costa Gavras, Patrick Braoudé, ou encore Olivier Nakache craint maintenant l’occasion manquée.
C’est rigolo, c’est toujours ceux dont les films font des bides qui mettent leurs echecs sur le dos des vilains pirates." />
Le 16/09/2013 à 14h01
Le projet d’amendement se devait de porter l’une des premières mesures fortes et symboliques voulues par le Rapport Lescure, dont l’ambition est d’intégrer sereinement l’écosystème de la création dans l’ère du numérique
Euh non, c’est l’offre légale dont l’ambition serait d’intégrer sereinement l’écosystème de la création dans l’ère du numérique.
" />
Le 16/09/2013 à 14h03
La hadopi 2.0 est en route. " />
Le 16/09/2013 à 14h05
Mais quand comprendrons t il que ça ne sert à rien " />
Le 16/09/2013 à 14h08
ils s ‘ accrochent à leurs rentes comme des morpions à un poil de cul, les pleureurs.
Le 16/09/2013 à 14h13
Le 16/09/2013 à 14h14
C’est bien beau de s’en prendre qu’aux internautes downloaders, mais eux que font-ils (majors), diviser en plusieurs canaux de distributions, aux lieux de fournir à tout un chacun ce qu’il désirent depuis dix ans (les séries de primes exclusives, quand on les voit elles font déjà réchauffés, on en connait déjà la fin, et sont dans un même temps un manque à gagner). Qu’ils continuent à faire bouder les gens avec des pubs casse-ambiances (des années plus tard).
Le 16/09/2013 à 14h17
N’empêche, faudrait ressortir les promesses électorales du PS pour rigoler un peu. XD
Le 16/09/2013 à 14h22
Le 16/09/2013 à 14h31
Le 16/09/2013 à 14h40
Le 16/09/2013 à 14h47
Le 16/09/2013 à 15h04
Le 16/09/2013 à 15h53
les cinéastes
Il s’agit de ceux qui réalisent des films subventionnés par l’état / ayants-droits … ce sont des pantins en somme.
Merci de faire des films potables car franchement cette année je ne suis allé voir aucun film français au cinéma. Le nombrilisme du cinéma français, c’est sympa mais dans le passé. " />
Le 16/09/2013 à 15h53
Haaaaa!!!! mon dieu!!! chaque minute des pirates naviguent sur internet!!! Haa!! Il faut les arrêter! ça fait des années qu’ils pillent comme des porcs la richesse national !!! il faut agir maintenant et vite!!!
Le 16/09/2013 à 16h56
Le 16/09/2013 à 13h28
" />
Le 16/09/2013 à 13h29
“Chaque minute passée est une minute perdue” = “Chaque téléchargement est une vente perdue”
Et après ça parle de débat “binaire” " />
Le 16/09/2013 à 13h34
Une usine à Gaz de plus: une!
Le 16/09/2013 à 13h40
Y’en a eu combien de minutes perdues chez eux depuis 10 ans d’inadaptation à l’évolution du monde?
Un peu plus de 5 millions à ne jamais s’être remis en question… Et aujourd’hui ils voudraient que ça urge pour les amendes! " />
Le 16/09/2013 à 13h40
Le 16/09/2013 à 13h44
Je souhaite à ce parti de vendus, une colossale déculottée aux prochaines élections !
Le 16/09/2013 à 13h47
Le 16/09/2013 à 13h49
Le 16/09/2013 à 13h50
Le 16/09/2013 à 13h50
Le 16/09/2013 à 13h49
C’est ça, qu’Hadopi se casse le nez et comme ça tout le monde sera tranquille. Depuis plusieurs mois déjà les courbes de popularité de sites de warez et peer-to-peer partent à fond vers les sommets (consultable sur Alexa). Le plus flagrant est la courbe de popularité de Zone-telechargement.com : là c’est carrément l’explosion de la fréquentation.
Pas étonnant qu’avec les prix pratiqués sur les DVD et Blu-ray le grand public se tourne massivement vers des solutions illégales. A ce rythme là je prédit que dans 2 ans au maximum, quand la fibre optique se sera encore massivement déployé et que le VDSL aura envahie nos contrées, 90 % des internautes français téléchargeront leurs contenu de façon illégale (si ce n’est pas déjà le cas tiens !)
" />
Le 16/09/2013 à 17h07
Hadopi-CSA : pour l’ARP, « chaque minute passée est une minute perdue »
étonnant
ou pas " />
Le 16/09/2013 à 17h10
Le 17/09/2013 à 08h19
Le 17/09/2013 à 23h37
Encore un dont je me demande dans quel monde il vit.
dont l’ambition est d’intégrer sereinement l’écosystème de la création dans l’ère du numérique
Ca peut se faire sans lois, sans processus politique tordu. Par contre, ca demande beaucoup de ce dont ils manquent terriblement: de la bonne volonte.
Symboliquement, cet amendement devait mettre le pied dans la porte de la mission Lescure afin de lancer un vaste chantier.
Grand moment d’honnetete: il admet qu’il tente de pratiquer la technique du pied dans la porte. C’est minable, mais courant. Ce qui l’est moins en politique, c’est de l’admettre.
Nous avions l’assurance du président de la République.
Et nous avions l’assurance du meme gars que HADOPI serait supprimee. Ca n’a pas tenu. Je dirai donc a Mme Gastaud “Bienvenue au club”.
Nos détracteurs n’attendent que de rentrer dans un débat démagogique ! Je pensais que nous étions un peu sortis de ce débat binaire sur Hadopi (…)
Curieusement non. Nous attendons un debat democratique dont nous ne sommes pas sortis pour la simple raison que nous n’y sommes jamais entres.
On ne voit pas très bien qui veut quoi !
On sait tres bien qui veut quoi. Si elle ne le sait pas, je peux lui donner plein de liens, tant d’un cote que de l’autre. Les positions sont claires, mais les politiciens tentent d’eviter le debat.
L’arrêt de la suspension de l’abonnement devait aller de pair avec l’amende.(…) J’aurais pour le coup préféré un message plus fort que cette situation.
Encore un grand moment d’honnetete. (Elle n’est decidement pas faite pour la politique… XD) Elle admet qu’elle voulait une amende administrative comme “reponse forte”, a contrario de ceux qui la presentait comme un “adoucissement” de la riposte en comparaison avec cette suspension d’acces qui n’a jamais ete appliquee.
Bref, une reaction minable a une decision plutot prudente.
Il y a des jours ou certains feraient mieux de rester couches.
Le 18/09/2013 à 21h32