À peine deux jours après l’annonce du rachat de WhatsApp par Facebook, pour la somme titanesque de 19 milliards de dollars, la messagerie mobile a connu une panne de plusieurs heures. Un temps suffisant pour provoquer des millions de téléchargements pour les concurrents.

Line enregistre deux millions de nouveaux comptes

WhatsApp a beau être ressorti vainqueur de notre dossier sur les messageries, il n’en reste pas moins exempt de défauts. Il a ainsi rencontré récemment une panne durant laquelle aucun des 450 millions d’utilisateurs ne pouvait envoyer de message à ses contacts. Même si cette coupure reste relativement courte étant donné la stabilité habituelle du service, elle a été suffisante pour que certains aillent voir ailleurs.

C’est par exemple le cas de Line, l’un des grands concurrents de WhatsApp. Venu d’Asie, il est moins simple à prendre en main et moins rapide, mais a pour lui l’avantage des fonctionnalités, plus nombreuses que chez la plupart des concurrents. Dans les 24 heures qui ont suivi le début de la panne de WhatsApp, Line a ainsi enregistré deux millions de nouveaux comptes répartis en grande majorité en Europe et aux États-Unis : les zones dans lesquelles WhatsApp règne en maître.

La peur du rapprochement avec Facebook permet à Telegram de sortir du bois 

Mais si cet événement est marquant, il reste loin derrière l’impact sur une autre solution de messagerie : Telegram. Très récente dans ce marché, cette application (que nous ajouterons prochainement à notre dossier comparatif aux côtés de Libon d’Orange) se veut surtout rapide et sécurisée. L’éditeur accentue même ce trait sur la fiche de description dans l’App Store d’iOS ou la boutique Google Play.

Face à une possible intégration de Facebook et à la crainte que les données personnelles soient une nouvelle fois aspirées dans le réseau social géant, ce sont pas moins de huit millions de nouveaux comptes qui ont été enregistrées sur Telegram. Son créateur, Pavel Durov, est également le fondateur de VKontakte, le concurrent russe de Facebook. Selon ses propos, rapportés par TechCrunch, le nombre de téléchargements quotidiens sur l’App Store est passé de 300/400 000 à 800 000/1 000 000 peu de temps après l’annonce du rachat de WhatsApp par Facebook.

Viber sera préinstallé sur les Nokia X+ 

On peut y voir le signe que les performances d’une application ont parfois peu de choses à voir avec les choix des utilisateurs. Le rapprochement de Facebook peut effrayer et Telegram s’emploie à joue la carte de la vie privée en annonçant que le chiffrement utilisé est le plus efficace possible, une déclaration qui avait été remise en cause notamment par Hacker News. Mais dans un monde post-Snowden, avec le spectre de l’omniprésence des agences de renseignement, ce type d’argument fait mouche.

Et comme si cette panne et la peur de l’annonce du rachat ne suffisaient pas pour WhatsApp, voilà que Viber annonce un important partenariat avec Nokia. En effet, en marge de la présentation des fameux Nokia X+, utilisant une version adaptée de l'Android Open Source Project, il a été confirmé que l’application mobile serait préinstallée sur les nouveaux smartphones. Étant donné l’orientation entrée de gamme de ces modèles, Viber espère ainsi augmenter rapidement le nombre de ses utilisateurs. Il s’agit bien sûr en pratique d’une version légèrement remaniée de la mouture pour Android.

WhatsApp réaffirme qu'il n'y aura aucune intégration de Facebook 

WhatsApp est donc attaqué de toute part, ce qui n’est pas une surprise. Au-delà des craintes pour les utilisateurs d’un rapprochement avec Facebook, la concurrence craint que la solution de messagerie bénéficie d’un soutien financier et logistique avec lequel elles ne pourront peut-être pas lutter. Mais les évènements ont été assez marquants pour que Jon Koum, principal fondateur de WhatsApp, précise à TechCrunch qu’aucune intégration à Facebook n’est prévue et que le service restera totalement indépendant.

Plus important sans doute, c’est bien dans le cours de l’année que l’application s’enrichira d’une fonctionnalité attendue par les utilisateurs : la possibilité de passer des appels. Il s’agit d’une différence majeure avec des concurrence tels que Viber, mais WhatsApp travaille actuellement sur un codec particulier dont Jon Koum indique qu’il sera à même de gérer les problématiques de disponibilité de la bande passante.

Quoi qu’il en soit, le paysage des solutions de messagerie n’est jamais figé. WhatsApp continuera son développement mais il est clair que les concurrents n’ont pas dit leur dernier mot. Dans d’autres domaines, comme les navigateurs, l’histoire a prouvé qu’un roi peut être détrôné avec quelques mauvaises décisions.