Brevet unitaire européen : les géants informatiques craignent les patents trolls
C'est trolldi tous les jours avec eux de toute façon
Le 26 février 2014 à 07h20
4 min
Droit
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Afin d'éviter que les procès sur les brevets s'enchainent, le gouvernement américain tente de légiférer. En Europe, le sujet des « patents trolls » est aussi sur toutes les langues. Le brevet unitaire européen, qui pourrait ouvrir la boîte de Pandore du brevet logiciel et multiplier les procès à leurs sujets, est toutefois très contesté. Depuis septembre, une coalition de grandes entreprises tente de colmater les brèches.
Une coalition d'ennemis jurés
En septembre dernier, plusieurs sociétés historiquement opposées ont publié conjointement une lettre adressée aux membres de l'Union européenne et à la Commission européenne. Une lettre qui fustigeait les risques importants des « patents trolls » si le texte en restait là. Parmi les signataires, on retrouvait ni plus ni moins que Google, Microsoft, Samsung, Apple, Intel, Yahoo, BlackBerry, HP, Cisco Systems, mais aussi Bull, Telecom Italia, Deutsche Post DHL, Deutsche Telekom, deux organisations (ESIA et SFIB) et même Adidas. Soit quatorze entreprises, sans compter les sociétés représentées par les deux organisations.
Depuis, le sujet est loin d'être clos, et la coalition s'est renforcée. Bien d'autres sociétés majeures l'ont ainsi rejoint ces derniers mois, dont les Britanniques Vodafone et ARM, les Américains Broadcom et Dell ou encore le Chinois Huawei. La France, outre Bull, compte aussi l'Association française des éditeurs de logiciels et solutions internet (AFDEL) comme représentant.
Bon pour les coûts, et pour les patents trolls ?
Le concept même de brevet unitaire européen est apprécié par ces sociétés, notamment afin de pousser l'innovation sur le continent. Un tel système, s'il venait à être « efficace et équilibré, a le potentiel de réduire les coûts afin d'obtenir une protection par le brevet, ainsi que d'accroître la compétitivité européenne et de soutenir la croissance à long terme des industries innovantes en Europe et à l'étranger » explique ainsi la coalition dans sa toute dernière lettre.
Il faut dire qu'actuellement, chaque pays européen gère ses brevets, ce qui implique des coûts gigantesques pour les entreprises souhaitant déposer un brevet sur tout le continent, des frais parfois plusieurs dizaines de fois supérieurs à ce que l'on retrouve en Amérique du Nord ou encore en Asie. Cela pousse ainsi de nombreuses entreprises à réaliser moins de dépôts en Europe.
« Et surtout, si cela est bien fait, le brevet unitaire européen a également la capacité de réduire l'impact négatif des "patent trolls" » préviennent ces entreprises, expliquant ainsi que ce n'est pas forcément le cas pour le moment. Elles estiment qu'il existe un risque que le brevet unitaire européen puisse permettre à un tribunal d'ordonner une injonction interdisant l'importation ainsi que la vente de certains biens, quand bien même le brevet serait déclaré invalide. De quoi selon eux réduire la concurrence et augmenter les coûts des produits. « Nous pensons que la validité d'un brevet doit être testé avant qu'il ait un impact sur 500 millions de consommateurs européens » explique ainsi Catherine Lacavera, directrice des litiges relatifs aux brevets chez Google.
Si toutes ces sociétés reviennent à la charge, c'est principalement parce que 2014 est une année clef pour le brevet unitaire européen. En décembre 2012, le commissaire européen Michel Barnier nous expliquait d'ailleurs que les premiers brevets continentaux pourraient être délivrés en avril 2014. Une date aujourd'hui impossible à tenir. Selon le calendrier révisé, la fin des ratifications tout comme la délivrance du tout premier brevet européen sont plutôt attendus pour l'année prochaine. De quoi laisser du temps pour que des modifications soient appliquées.
Brevet unitaire européen : les géants informatiques craignent les patents trolls
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Une coalition d'ennemis jurés
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Bon pour les coûts, et pour les patents trolls ?
Commentaires (23)
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Abonnez-vousLe 26/02/2014 à 08h16
Franchement, qu’ils adoptent le système français, je le trouve assez performant et bien pensé.
Le 26/02/2014 à 08h26
Je trouve cocasse que Microsoft et Apple fasse partie de cette coalition :
Google, Microsoft, Samsung, Apple, Intel, Yahoo, BlackBerry, HP, Cisco Systems, mais aussi Bull, Telecom Italia, Deutsche Post DHL, Deutsche Telekom, deux organisations (ESIA et SFIB) et même Adidas.
Avec Microsoft et son double clic et Apple et son rectangle à coins arrondis…euh…" /> " />" />
Le 26/02/2014 à 08h29
Le 26/02/2014 à 08h33
Le 26/02/2014 à 08h37
Elles estiment qu’il existe un risque que le brevet unitaire européen puisse permettre à un tribunal d’ordonner une injonction interdisant l’importation ainsi que la vente de certains biens, quand bien même le brevet serait déclaré invalide.
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Si la justice permet de faire bloquer temporairement un concurrent c’est sur qu’on risque de voir fleurir les procès à la con
Le 26/02/2014 à 08h47
Le 26/02/2014 à 09h11
Je n’ai pas compris ce qui gêne les entreprises dans ce projet de Brevet unitaire européen.
En gros, tel que rédiger actuellement, les tribunaux locaux pourraient annuler un brevet EU sur le sol de leur pays ?
Et les patents trolls font quoi dans cette histoire du coup ? les entreprises devront reposer tous les brevets au niveau Européen, et le risque c’est que certain brevet soit oublié et récup par ces entreprises qui pratique les patents trolls ?
Le 26/02/2014 à 09h16
Le 26/02/2014 à 09h21
Le 26/02/2014 à 09h22
Le 26/02/2014 à 09h26
Le 26/02/2014 à 09h28
Le 26/02/2014 à 09h29
Je pensais déposer la boucle for…
Plus sérieusement, s’ils veulent bien faire, j’espère qu’ils ont analysé le droit des pays qui n’ont pas servi de champ de bataille pour les choses comme le coin arrondi d’un téléphone ou le bounce (j’ai toujours eu l’impression que ce truc était issu d’un bug d’interface qui leur avait plu) quand on arrive à la fin d’une liste d’objets…
Ils arrivent bien à se battre sur des trucs de design où t’as pas le choix (rectangle avec un rectangle dedans qui est un écran pour faire un téléphone, des trucs débiles), on peut vraiment essayer de ne pas suivre les idioties légales qui sévissent dans les pays où ils ont choisi d’attaquer sur ces sujets moisis.
Le 26/02/2014 à 09h33
Le 26/02/2014 à 09h34
Le 26/02/2014 à 09h38
Le 26/02/2014 à 09h41
Le 26/02/2014 à 10h46
Le 26/02/2014 à 16h01
« efficace et équilibré, a le potentiel de réduire les coûts afin d’obtenir une protection par le brevet, ainsi que d’accroître la compétitivité européenne et de soutenir la croissance à long terme des industries innovantes en Europe et à l’étranger » explique ainsi la coalition dans sa toute dernière lettre.
Avant de parler de réduction des coûts et de gains de croissance, il serait beaucoup judicieux de parler de l’immense perte d’argent et de temps qu’impose ce genre de système de propriété intellectuelle.
Vous n’imaginez même pas les sommes folles qui sont englouties tous les ans par les entreprises, non pas pour se protéger… mais simplement pour ne pas qu’on puisse les attaquer… sur leurs propres créations.
Qui pousse à l’adoption de cette merde ?
D’un côté tout ceux que cela va faire vivre grassement : offices des brevets, juristes spécialisés, etc, etc…
De l’autre tout ceux qui ont intéret à ce qu’on puisse transformer le maximum de choses de l’univers humain en produits financiers capitalisables. Pourquoi travailler quand on peut spéculer ?
Enfin, ensuite toutes les entreprises en situation de monopole qui ont bien compris que leur immense banque de brevets pouvait interdire la création d’un produit compétitif à toute entreprise plus modeste… et donc d’empêcher toute concurrence.
Bref, du pur parasitisme sur le dos de l’industrie et de la création. Tout cela vendu avec force marketing “on défends la création…” et arguments simplistes.
Le 26/02/2014 à 16h36
Le 26/02/2014 à 17h29
C’est trolldi tous les jours avec eux de toute façon
Ils devraient arrondir les bords " />
Le 26/02/2014 à 20h19
Le 27/02/2014 à 15h14
Le brevet doit disparaitre. L’exclusivité implique un racket systématique car vous ne pouvez rien faire sans “violer” des brevets, même si vous avez eu l’intelligence de refaire la R&D vous même.