ExoMars en route vers sa mission, le lanceur Proton fait parler de lui
En fait, c'était un feu d'artifice pour les astronautes !
Le 24 mars 2016 à 08h00
3 min
Sciences et espace
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La mission ExoMars est en route pour la planète rouge depuis un peu plus d'une semaine. Si l'agence spatiale européenne annonce que tout se déroule comme prévu, pour d'autres, la catastrophe n'était pas loin : le dernier étage de la fusée aurait explosé en vol après avoir libéré le module TGO.
Le 14 mars dernier, une fusée Proton-M décollait sans encombre de Baikonur au Kazakhstan afin d'emmener dans l'espace la mission ExoMars. À son bord étaient présents le satellite TGO (Trace Gas Orbiter) ainsi que l'atterrisseur Schiaparelli. Selon l'agence spatiale européenne (ESA), le début de la mission s'est « parfaitement » déroulé... Malgré quelques couacs.
Décollage et trajectoire conformes... mais que s'est-il passé avec le dernier étage ?
L'ESA explique en effet que le lanceur Proton s'est délesté de ses deux premiers étages sans encombre, puis c'était au tour de la coiffe d'être libérée. Il n'aura fallu qu'une dizaine de minutes seulement avant la séparation avec le troisième étage. « L’étage supérieur Breeze‑M, qui abritait la charge utile ExoMars, a ensuite procédé à quatre allumages successifs, avant d’éjecter le véhicule spatial à 21h13 heure de Paris » explique l'agence spatiale. Un peu plus d'une heure après, le centre de Darmstadt en Allemagne recevait des signaux de TGO indiquant que tout allait bien.
Mais peu après la séparation du dernier étage, celui-ci aurait explosé. C'est du moins ce que pensent des scientifiques en se basant sur des clichés de l'observatoire brésilien OASI, également repris par l'ESA. Photos à l'appui, Popular Mechanics explique ainsi avoir remarqué au moins six gros débris sur les images. Les observateurs craignaient alors qu'ExoMars ait été endommagée, d'autant plus que l'ESA expliquait que TGO était « un objet lumineux au centre » des images.
Correctif: suite à de nouvelles analyses, il ne s'agit pas d'@ESA_TGO mais de l'étage Briz-M https://t.co/JKH97KDcTJ https://t.co/GzKUipOjTz
— ESA France (@ESA_fr) 24 mars 2016
L'ESA se veut rassurante... sans donner la moindre explication
Mais l'agence s'est ravisée hier : « Après une analyse supplémentaire par ses équipes [...] il est devenu clair que TGO n'est en fait pas dans cette image - il était déjà plus loin, au-delà du cadre. Ainsi, tous les objets en mouvement dans cette image sont liés à Breeze-M ». Aucune mention n'est faite d'une quelconque explosion. A priori donc, tout va donc bien pour TGO, même si l'ESA ne donne pas d'explication sur la présence des débris.
Dans tous les cas, l'ESA n'évoque pas cet incident dans ses différents rapports et ne donne pas de réponse aux questions des internautes sur les réseaux sociaux. L'agence se contente de rappeler le déroulement des opérations : en avril, les instruments scientifiques commenceront à être mis en marche, tandis qu'il faudra attendre le mois d'octobre pour qu'ExoMars arrive à destination.
ExoMars en route vers sa mission, le lanceur Proton fait parler de lui
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Décollage et trajectoire conformes... mais que s'est-il passé avec le dernier étage ?
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L'ESA se veut rassurante... sans donner la moindre explication
Commentaires (26)
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Abonnez-vousLe 24/03/2016 à 08h07
La fusée Proton a, ces dix dernières années, largement perdue en fiabilité. La R7/Soyouz s’en sort beaucoup mieux.
Qui veux parier qu’en 2057 (cent ans après la première satellisation), il y aura encore des lancements avec la fusée Soyouz ? " />
Le 24/03/2016 à 08h10
N’est-ce pas Roskosmos qui pourrait/devrait communiquer sur Proton ?
Le 24/03/2016 à 08h11
Un lancement de satellite avec la même fusée que celle de spoutnik ça serait un bel hommage.
Le 24/03/2016 à 08h18
C’est Superman qui vient latter Batman, ça va un peu loin le marketing…
Le 24/03/2016 à 08h22
Le 24/03/2016 à 08h39
Je ne peux m’empêcher de penser à KSP, combien de fois j’ai déclenché un découpleur + activation du moteur en même temps, provoquant l’explosion de l’étage fraîchement largué " />
Les lanceurs Russes ont décidément des problèmes de fiabilité :/
Le 24/03/2016 à 08h39
Astronomes pas astronautes dans le sous titre non ? À moins que ceux sur l’ISS aient pu voir l’explosion, ce dont je doute " />
Entre ça et les deux satellites galileo qui arrivent pas à la bonne orbite à cause de Fregat, j’espère que ça va motiver les européens à dépenser leurs crédits chez eux plutôt que chez les russes…
Le 24/03/2016 à 09h00
C’est exactement ce que je me dis. Pourquoi filer les lancements des projets européens à des fusées russes ?
Le 24/03/2016 à 09h07
Parce qu’il y a un partenariat entre l’ESA et Roscosmos (Soyouz en Guyanne, des astonautes européens dans Soyouz, utilisations des modules Russes de l’ISS, suivi radar au sol, etc.).
La fusée Soyouz n’est pas vraiment concurrente d’Ariane (qui est spécialisée dans les satellites géostationnaires et qui ne manque pas de clients). La fusée Proton a des prix très intéressant mais la fiabilité ce n’est pas ça.
Le 24/03/2016 à 09h17
Le 24/03/2016 à 09h23
Il n’y a pas qu’Ariane dans les lanceurs européens hein…
Le 24/03/2016 à 09h23
Sauf que GNPKZ le constructeur des Protons est associé à des Américains.
L’interrogation de confier une sonde Européenne à un autre lanceur dans le cadre d’un projet public est discutable. Mais bon, mondialisation, concurrence, marché ouvert et patati et patata…
L’argument réel est plus probablement les capacités d’emport des lanceurs : il n’y a pas 50 lanceurs lourds sur la marché et Soyouz n’est qu’un lanceur moyen. Quand à Ariane 5 cela peut être une question de disponibilité et de coût.
Par contre, pour au dessus, ce n’est pas parce que la première Proton a été lancée dans les années 60 qu’elle n’a pas évoluée. Par exemple, plusieurs étages ont été modernisés vers 2000 sous le nom de Proton M.
Le 24/03/2016 à 09h24
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Le 24/03/2016 à 09h28
C’est pas comme si la fusée n’avait pas évolué depuis 50 ans. Le nom reste, mais le moteur change.
Le 24/03/2016 à 09h38
Le 24/03/2016 à 10h27
Le moteur est toujours le RD107 pour le 1er étage et les propulseurs d’appoint. C’est en revanche une version plus efficace que celle utilisée dans les années 50.
La différence majeure entre la fusée Soyouz et la R7 historique c’est qu’il y a des étages supérieurs sur la Soyouz. Cela améliore grandement la fusée mais ces étages étaient déjà là dès les années 60. Il y a quelques discussions sur la remotorisation du 1er étage, mais rien de probant pour l’instant.
Dans l’ensemble la Soyouz n’a pas subi de modification majeure depuis les années 60. C’est typique de l’ingénierie Russe/Slave qui travaille par amélioration de l’existant plutôt que par design nouveau.
Le 24/03/2016 à 10h30
Le 24/03/2016 à 10h44
Le 24/03/2016 à 11h00
Le 24/03/2016 à 11h03
Le contrôle qualité c’est LE point faible de l’ingénierie soviétique/ex-soviétique.
C’est en ayant ça bien en tête que la R7 a été conçue justement : tous les moteurs s’allument en même temps, donc si il y en a un qui foire on peut tout arrêter avant le lancement, réparer et recommencer. Ce choix n’a pas été pour rien dans les succès du programme spatial soviétique.
Le 24/03/2016 à 11h16
Le 24/03/2016 à 11h46
Le 24/03/2016 à 12h57
En attendant qui sont les seuls à pouvoir envoyer des gus dans l’espace à part les chinois ?
Le 24/03/2016 à 13h00
Le 24/03/2016 à 13h02
Sur le premier étage du Soyouz (étage central + propulseurs d’appoint), il n’y a que 5 moteurs RD107 et pas 20 comme la plupart des gens pensent (je ne sais pas si c’est ton cas). Chaque moteur possède 4 chambres de combustion et 4 tuyères, mais ce n’est qu’un seul moteur.
Multiplier les moteurs a des inconvénient (que tu as cité) mais aussi beaucoup d’avantage : production en série plus facile et plus rentable, redondance des équipements, efficacité accrue, transport aisé, etc.
J’aimerais aussi insister sur le fait que les problèmes d’instabilités de combustion sont bien plus graves sur les gros moteurs que sur les petits. La solution de groupage de petits moteurs a d’ailleurs été retenue par SpaceX pour toutes ces raisons.
On peut débattre longtemps des raisons de l’échec de la N-1. Pour moi ce n’est pas un échec technique mais un échec organisationnel : il faut savoir qu’à un moment, l’URSS avait trois fusées lunaires dans les tuyaux là où les américains n’en ont toujours eu qu’une seule. Évidement, la dispersion des moyens a pesé lourd dans l’échec de la N-1.
Cet échec est d’ailleurs relatif car le dernier lancement a vu le premier étage fonctionner normalement jusqu’à l’extinction de ses moteurs (extinction trop brutale qui a entrainée la destruction de l’engin, mais le problème était réglable facilement d’un point de vue technique).
Le 24/03/2016 à 18h39
S’il se crash en arrivant, il est prévu de le renommer EndoMars.