Google donne les clés de son moteur de recherche à l’IA générative
Sundar, un ami qui vous veut du bien
Google a annoncé de gros changements dédiés à l’activité qui a fait sa célébrité : la recherche. Alors que des rumeurs insistantes veulent qu’OpenAI lance son propre moteur de recherche cette année, l’entreprise de Montain View intègre aux forceps l’IA générative dans les résultats. Après un an de test, la fonctionnalité se lance dans le grand bain.
Sébastien Gavois , Vincent Hermann
Le 16 mai à 09h37
8 min
IA et algorithmes
IA
Moteur de recherche : un changement radical pour tous, par défaut
Il y avait déjà des éléments alimentés par l’IA dans les résultats, mais il s’agit cette fois de mettre l’accent sur la fonction. Depuis mai 2023, Google « dynamise la recherche avec l’IA générative », mais uniquement sous forme de test via la Search Generative Experience (SGE) du Search Labs.
En mars de cette année, un premier changement important : cette fonctionnalité poussée par l’IA générative était automatiquement proposée à certains utilisateurs, sans qu’ils aient besoin de s’inscrire au SGE. Cela concernait un « sous-ensemble de requêtes, sur un petit pourcentage du trafic de recherche aux États-Unis », affirmait l’entreprise à Search Engine Land. Désormais, Google passe la seconde : « AI Overview commence à être déployé pour tout le monde aux États-Unis, et d'autres pays seront bientôt disponibles ». C’est à n’en point douter un mouvement mondial, pour l’ensemble des utilisateurs.
Comme montré dans la vidéo de Google, les résultats d’une recherche montreront d’abord le résumé de ce qu’en aura compris le moteur. Les sources seront citées, ce qui signifie que des sites seront mis en avant. La liste classique viendra en dessous. L’ensemble est baptisé AI Overview.
Google rassure, les éditeurs s’inquiètent
« Nous avons entendu dire que les utilisateurs trouvent la recherche plus utile que jamais. À ce stade, nous avons servi des milliards de requêtes. Et ce que nous entendons encore et encore, c'est que les gens aiment cette combinaison d'informations, combinée à la possibilité de plonger plus profondément pour connaître les perspectives humaines et les différentes sources faisant autorité », a ainsi déclaré Elizabeth Reid, responsable de la recherche chez Google.
Au risque de tuer les sources mêmes d’informations ? Non, selon Google, puisque des tests auraient montré que les internautes cliquaient plus volontiers sur les liens ainsi mis en avant. En outre, cette interface n’est censée apparaître que lorsque la requête se fait complexe et appelle un résumé, pour défricher le terrain en quelque sorte.
Sans surprise, ce mouvement de Google a beaucoup fait réagir. « L’introduction de [l’IA générative] dans la recherche et les aperçus synthétisant et présentant directement des informations à l’utilisateur risquent de décourager les utilisateurs de cliquer sur les liens, menaçant à son tour le modèle commercial de ceux qui investissent dans le journalisme et l’information de qualité », explique Owen Meredith (CEO de News Media Association) à The Media Leader.
Marc McCollum (directeur de l’innovation chez Raptive, une entreprise qui aide environ 5 000 éditeurs de sites à gagner de l’argent grâce à leurs contenus), va dans le même sens. Il explique à Associated Press que, « sur la base des habitudes qui ont émergé au cours de la phase de test de l’IA de Google l’année dernière, environ 25 % du trafic pourrait être affecté négativement par la réduction de l’importance accordée aux liens vers les sites ».
Un chiffre peut-être à nuancer, car, selon certains utilisateurs, le déploiement grandeur nature de l’IA générative dans les résultats de recherche est (pour le moment ?) bien moins important que durant la phase de test. Nul doute que le mouvement sera suivi de près par des galaxies entières de sites, qui dépendent plus ou moins des « résultats Google ».
Des clics et des claques
L’enjeu est important pour une bonne partie de la presse sur Internet, dont le modèle économique dépend en grande partie de la publicité. Elle peut prendre différentes formes, mais avec un objectif commun : plus de visiteurs et de pages vues, pour générer plus de revenus (publicités, contenus sponsorisés, affiliation…). Cette baisse possible de visibilité inquiète donc, et s’ajoute au quasi-pouvoir de vie et mort dont Google dispose sur certains médias.
« Comme toujours, les publicités continueront d'apparaître dans des emplacements dédiés tout au long de la page, avec un étiquetage clair pour faire la distinction entre les résultats organiques et sponsorisés », ajoute Elizabeth Reid. Les publicités représentant l'immense majorité des revenus de l’entreprise, on se doute que cette question a été étudiée avec soin. Il n’est par contre pas précisé si les publicités et/ou les contenus sponsorisés seront utilisés par l’IA de Google pour construire sa réponse.
Enfin, Google ne jouera pas la carte de la transparence : les impressions et clics générés via AI Overview seront pris en compte dans la Search Console, mais de manière globale : les résultats seront mélangés avec le reste, confirme Hema Budaraju (chef de produit Search Generative Experience chez Google) à Search Engine Land.
Se (re)posera également la question des droits voisins et de l’utilisation par Google des contenus avec son intelligence artificielle. Il y a peu, le moteur de recherche était condamné à 250 millions d’amendes par l’Autorité de la concurrence pour le non-respect de certains de ses engagements pris en 2022, notamment sur la question des droits voisins dans le développement des outils d’intelligence artificielle.
Chercher, planifier, organiser : l'IA à tout faire
Il s’agit pour Google de ne pas se laisser distancer par des produits concurrents. L’arrivée de l’IA sur son produit phare prend d’ailleurs en charge des éléments de planification. On peut ainsi demander « Créer des repas faciles à faire pendant trois jours pour un groupe de personnes » et obtenir tout un plan de bataille.
L’utilisation de l’IA générative ira même encore plus loin dans certains cas de figure, notamment quand Google détectera que l’internaute est en « quête d’inspiration ». Par exemple, lorsqu’une personne cherchera à organiser une soirée d’anniversaire. Cette fois, c’est toute la page de résultats qui sera modifiée, l’ordre d’apparition étant géré par l’IA pour assembler des sources liées à des thématiques variées comme les restaurants, la musique, éventuellement les voyages, les hôtels, etc.
En parallèle de ces annonces, Google a lancé hier, dans tous les marchés, un nouveau filtre « web » au-dessus des résultats pour n’afficher que des liens texte classiques.
Toujours plus d’annonces liées à l’IA
Si Gemini a largement occupé le devant de la scène, d’autres annonces ont eu lieu sur l’intelligence artificielle.
L’environnement de développement IDX est ainsi disponible en bêta publique. Spécificité du produit : il réside dans le navigateur. Installé dans le cloud, il sert à la fois au développement lié à l’IA qu’à l’utilisation de l’IA dans des développements plus classiques.
Prenant en charge de nombreux cadriciels (Next.js, Astro, Flutter, Dart, Angular, Go…), il promet des modèles pour démarrer rapidement. Il est intégré bien sûr avec de nombreux services Google, dont Google Maps, Chrome Dev Tools et Lighthouse pour le débogage, Cloud Run pour le déploiement ou encore Checks, pour la conformité. Point intéressant, IDX a été conçu sur la base de Visual Studio Code et s’intègre à GitHub. Des émulateurs Android et iOS sont également présents.
Avec Veo, Google vise ensuite Sora, le fameux moteur de génération de vidéos d'OpenAI. À partir d’un texte, Veo peut générer des vidéos pouvant durer jusqu’à une minute, en 1080p. Les capacités sont à peu près les mêmes que pour Sora. Veo n’est cependant disponible qu’en préversion pour une poignée de personnes triées sur le volet, pour un test privé.
Veo est basé sur Imagen3, qui lui aussi fait son entrée. Le dernier-né de cette famille dédiée à la génération d’images est décrit par Google comme plus précis que son prédécesseur, ce qui n’étonnera personne. Il se veut ainsi plus « créatif et détaillé », inclut moins d’artefacts étranges et se veut surtout beaucoup plus précis sur tout ce qui touche au texte. SynthID est intégré au service, permettant l’ajout de filigranes dans les images ainsi créées. Google a assuré que toutes les précautions avaient été prises pour que son modèle ne puisse pas être détourné pour des usages « abusifs », notamment les personnalités, la violence et plus généralement les contenus jugés problématiques.
Google donne les clés de son moteur de recherche à l’IA générative
-
Moteur de recherche : un changement radical pour tous, par défaut
-
Google rassure, les éditeurs s’inquiètent
-
Des clics et des claques
-
Chercher, planifier, organiser : l’IA à tout faire
-
Toujours plus d’annonces liées à l’IA
Commentaires (9)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 16/05/2024 à 11h16
Le 16/05/2024 à 16h22
La question sera de savoir comment l'IA résistera aux putaclics, et au bout de combien de temps les professionnels du secteur SEO sauront se remettre en haut de résultats où ils n'ont rien à faire.
Modifié le 16/05/2024 à 17h07
J'espère l'arrivée d'une nouvelle ère où l'IA citera ses sources et où justement les articles les plus riches et intéressants remonteront.
Modifié le 16/05/2024 à 22h55
En vrai, ça me ferait chaud au coeur.
Modifié le 17/05/2024 à 00h29
Le 17/05/2024 à 15h24
Et ça pourra évoluer avec le temps. Imaginez les publi-reportages d'aujourd'hui, avec l'IA.
L'IA pourra finir par générer le publi-reportage tout comme il faut. Si mettons Volvo à payé plus que les autres, hop, la réponse à la question "voiture la plus économe" est un court article de comparaison de modèles qui place Volvo en tête, peut-être avec une petite ligne en bas comme quoi attention c'est généré par IA et ne reflète pas nécessairement la réalité.
Le 17/05/2024 à 02h31
Le 18/05/2024 à 10h23
Résultat, tu cherches une référence précise (de composant, ou un numéro de téléphone), il va te proposer des trucs sans rapport simplement parce qu'un chiffre change dans la référence; ça c'est bien une régression du moteur de recherche (et j'ai un doute que l'IA aide là-dessus, vu sa capacité à inventer des trucs qui n'existent pas).
Ensuite je suis d'accord le SEO n'aide pas non plus, pour les références ou numéro de téléphone par exemple y'a des sites poubelles qui spamment toutes les tranches de numéros.
Le 24/05/2024 à 14h23
https://www.google.fr/advanced_search?hl=fr&fg=1
Si oui, c'est toujours accessible. :-)