Bilan 2023 de la DGCCRF, qui a ciblé « les fraudes les plus graves »
Faire plus avec moins ?
La répression des fraudes vient de publier son bilan pour 2023 : les signalements sur SignalConso sont en hausse, tandis que le nombre d’injonctions explose littéralement. Pour 2024, la DGCCRF prévoit de se pencher sur la sécurité des produits vendus sur internet, les influenceurs, le drop-shipping, les véhicules électriques, l’éco-conception, la vente d’occasion…
Le 06 mai à 11h09
8 min
Société numérique
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Comme tout bon bilan qui se respecte, la DGCCRF commence par quelques chiffres. Sur ses effectifs pour commencer : elle comptait 2 907 agents en 2023, contre 2 885 en 2022, soit une petite hausse de 22 agents sur un an. C’est toutefois moins que les 2 912 agents de 2021.
« Nous avons exercé une surveillance assez large du marché, avec une pression de contrôle des acteurs économiques, mais surtout que nous avons renforcé nos actions de ciblages et d’enquêtes sur les fraudes les plus graves, et donc de sanctions sur les fraudes les plus graves », explique Sarah Lacoche (directrice générale de la DGCCRF) dans son discours introductif.
273 120 signalements, 140 230 sur les boutiques en ligne
En 2023, 273 120 signalements ont été enregistrés sur la plateforme SignalConso, dont « 70 % ont été lus par les professionnels concernés qui y ont répondu à 88 % ». C’est plus qu’en 2022 où 267 300 signalements étaient enregistrés, contre 148 590 en 2021 et 47 456 en 2020.
Dans plus de la moitié des cas (140 230 sur les 273 120), les signalements portaient sur les ventes en ligne. Les boutiques physiques suivent avec 103 160 signalements, les appels téléphoniques sont à 27 970, tandis que le démarchage à domicile ferme la marche avec 1 760 signalements. Par rapport à l’année précédente, les signalements téléphoniques sont divisés par deux (59 120 en 2022), et même par 3,5 pour le démarchage à domicile (6 240 en 2022). Par contre, les signalements Internet augmentent de 31 % et ceux dans les boutiques de 26 %.
Moins de contrôle, mais plus de 27 000 injonctions
Durant l’année 2023, la répression des fraudes a procédé à 66 240 contrôles dans les établissements et sur les sites internet, avec 156 enquêtes nationales. C’est en forte baisse par rapport à 2022 où il était question de 88 400 contrôles, et encore moins qu’en 2021 avec 91 300 contrôles. Sarah Lacoche explique que 2020 était marqué par « les crises de sécurité sanitaire des aliments, donc avec beaucoup de visites ». Elle parle notamment de Buitoni et Kinder.
Bilan des courses 2023 : 20 560 avertissements et 27 122 injonctions. Si les avertissements étaient dans les mêmes eaux en 2022 (22 610 avertissements), le nombre d’injonctions a explosé en 2023, car il n’y en avait que 7 864 sur le bilan de 2022. La répression des fraudes n’explique pas cette forte hausse et se contente de rappeler que les injonctions servent à « rappeler la réglementation aux entreprises et leur demander de se mettre en conformité ».
La DGCCRF a également distribué 2 247 amendes administratives, pour un montant total de 49,3 millions d’euros. Il y a aussi eu 1 502 transactions pénales pour 8,8 millions d’euros. 3 197 dossiers ont été transmis au parquet et 41 rapports d’enquête à l’Autorité de la concurrence, soit deux fois plus qu’avant. La DGCCRF annonce aussi « 164 arrêtés de suspension ou retrait de commercialisation ».
Pouvoir d’achat et shrinkflation
Un des axes d’action de 2023 était de « préserver le pouvoir d’achat », notamment sur « l’énergie et les produits alimentaires ». Dans les perspectives pour cette année, la DGCCRF cible large sur son action : « information sur les prix et loyauté des pratiques commerciales, crédit à la consommation, logement, santé, pratiques commerciales de la grande distribution alimentaire, fraudes sur les quantités vendues, énergie et carburants, crédit à la consommation, réparation automobile, comparateurs d’assurance… ».
La répression des fraudes rappelle aussi l’entrée en vigueur de l’arrêté « shrinkflation », une pratique consistant à réduire la quantité d’un produit en conservant le même emballage. Le décret a été publié au Journal officiel ce 4 mai, avec une entrée en vigueur au 1er juillet de cette année.
Depuis l’année dernière, il est possible de résilier ses contrats en ligne, en quelques clics. Le décret n° 2023 - 182 est entré en vigueur le 1er juin 2023, mais la DGCCRF avait décidé de laisser une période de grâce « jusqu’au 1er septembre pour se mettre en conformité ».
Made in France, bio, syndics, banques, écologie…
Dans le domaine de la protection des consommateurs, le bilan n’est pas bon. 1 540 établissements ont été contrôlés sur le made in France des produits non alimentaires : « un sur cinq était en anomalie ». D’autres griefs sont remontés : sur les 2 127 entreprises vérifiées sur les produits bio, « plus de 30 % présentaient des non-conformités », « 154 des 236 syndics de copropriété contrôlés en 2023 étaient en anomalie », « 39 des 181 établissements bancaires contrôlés en 2023 étaient en anomalie », etc.
On retrouve aussi de nombreuses anomalies sur l’accompagnement à la transition écologique. « En 2023, près de 800 établissements de rénovation énergétique ont été contrôlés. La moitié présentait des anomalies plus ou moins graves ». Cela va du défaut d’information aux pratiques commerciales trompeuses. Suite à ces enquêtes, la répression des fraudes s’attend à donner « près de 150 injonctions de mise en conformité et autant de sanctions ».
Sur les 1 304 établissements contrôlés sur les allégations et l’information sur les caractéristiques environnementales des produits non alimentaires, « un quart des établissements était en anomalie ». 342 avertissements, injonctions et procès verbaux ont été distribués.
Pour 2024, la DGCCRF prévoit 17 enquêtes autour de la transition écologique et de la consommation durable. Il est notamment question des véhicules électriques, de l’éco-conception et la vente d’occasion.
Influenceurs dans le viseur
Les influenceurs sont une cible de choix pour la répression des fraudes, avec de nombreuses anomalies relevées… ce qui ne surprendra pas grand monde. La DGCCRF explique avoir « accru la pression de contrôle » avec 212 influenceurs passés entre ses mailles (le double de 2022).
Résultat des courses, la moitié était en anomalie : « défaut d’indication du caractère commercial des publications ou de l’annonceur, allégations non justifiées, promotion de produits réglementés ou illicites, non-respect des règles de la vente à distance… ».
Bilan : 30 avertissements, 62 injonctions et 18 procès-verbaux pénaux transmis au parquet pour les cas les plus graves. La DGCCRF a régulièrement publié ses injonctions et sanctions, avec deux objectifs en tête : « informer les consommateurs et inciter les influenceurs à se corriger rapidement ». Elle dispose pour rappel d’une arme redoutable depuis début 2023 : le « name & shame », et n’hésite pas à s’en servir.
Et 2024 s’annonce dans la même vague sur la question des influenceurs. La DGCCRF prévoit également que conduire sept enquêtes (nouvelles ou reconduites) sur des sujets variés : « concurrence entre les fournisseurs de services numériques pour les entreprises, sécurité des produits vendus sur internet, influenceurs, drop-shipping… ».
DSA, DMA, Commission européenne et DGCCRF
La DGCCRF donne la parole à deux de ses expertes sur les nouveaux règlements européens (DSA et DMA) de la Commission européenne. Elles expliquent notamment comment vont s’organiser les contrôles et sanctions entre l’Europe d’un côté et les autorités des États membres de l’autre, sachant que les seconds ne peuvent pas empiéter sur les plates-bandes du premier, comme nous l’avons expliqué dans le cas de la loi SREN.
Pour Marianne Lefort (chargée du droit de la consommation), avec le DSA, « la DGCCRF sera compétente pour contrôler les places de marché établies en France. La Commission européenne dispose de pouvoirs
exclusifs pour contrôler les places de marché ayant un nombre mensuel moyen d’utilisateurs de
plus de 45 millions ». C’est en effet le seuil fixé pour être considéré comme une très grande plateforme en ligne (VLOP).
« La DGCCRF pourra, avec l’Autorité de la concurrence, réaliser des enquêtes pour contrôler le respect du DMA par les opérateurs concernés, même si seule la Commission européenne pourra prendre des décisions. Nous devrons néanmoins tenir informée la Commission européenne de toute nouvelle enquête visant ces entreprises afin de garantir une mise en œuvre harmonisée en Europe », ajoute Marie-Sophie Lafon (chargée de la concurrence et de l’économie numérique).
Le 06 mai à 11h09
Bilan 2023 de la DGCCRF, qui a ciblé « les fraudes les plus graves »
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273 120 signalements, 140 230 sur les boutiques en ligne
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Moins de contrôle, mais plus de 27 000 injonctions
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Pouvoir d’achat et shrinkflation
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Made in France, bio, syndics, banques, écologie…
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Influenceurs dans le viseur
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DSA, DMA, Commission européenne et DGCCRF
Commentaires (10)
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Abonnez-vousModifié le 06/05/2024 à 11h40
#1
Faudrait peut-être mettre des amendes un peu plus dissuasive?
edit: avant que ca me tombe dessus, je sais qu'une administration n'est pas censé faire du bénef. Mais le fait que l'organisation doive être rentable ferait peut-être un peu plus flipper les contrevenants, si tu te fais chopper en fin d'année et que les chiffres ne sont pas là, tu sais que tu vas payer pour les autres :)
Egalement, 50 millions d'euro d'amende pour toute les boites française, ça me parait très très faible...
Modifié le 06/05/2024 à 12h15
#1.1
Le 06/05/2024 à 12h55
#1.2
C'est un peu le contraire aux USA : peu de paperasse, mais si tu te fais choper à tricher, tu prends cher.
Au-delà du salaire des agents, l'amende élevée pourrait avoir un effet dissuasif sur ceux qui font un calcul risque/bénéfice.
Le 06/05/2024 à 14h25
#1.3
Les châtiments collectifs sont de toute manière interdits par différentes conventions que la France a ratifiées.
Le 06/05/2024 à 13h00
#2
Dans un autre registre, j'ai eu il y a quelques années, un contrôle URSSAF. Redressement de 400€ (pour une boite de 15 personnes à l'époque, ridiculement bas, mon comptable m'a dit "la contrôleuse n'a rien trouvé, donc elle a farfouillé un détail pour ne pas repartir bredouille). J'apparaîtrais sûrement dans une case "amende" alors que, franchement, c'était un détail. Et en rien un tripatouillage impactant l'URSSAF, ni quelque chose de volontaire.
Le 06/05/2024 à 15h10
#3
Le 06/05/2024 à 18h12
#3.1
Le problème se situe dans le fait que les fonds versés par les copropriétaires ne sont pas directement déposés sur le compte de la copropriété, ce qui est une obligation mentionnée par l'article 18, chapitre II de la loi du 10 juillet 1965 modifiée par la loi ALUR.
Et pour le coup, au hasard d'une discussion avec le comptable de la copropriété, il nous avait confirmé qu'il y avait un compte d'attente... Juste en demandant pourtant il y avait des gros virements de 20 ou 30k€ sur le compte de la copro qu'on ne retrouvait pas dans les mouvements du livre des comptes.
Hélas, l'immobilisme et la peur des copropriétaires est un terrain idéal pour permettre aux syndics de faire leurs conneries
A la dernière AG, j'avais voté contre le mandat du syndic avec plusieurs autres copropriétaires. Officiellement on allait finir sous gestion administrative le temps de nommer un nouveau syndic. Résultat, les votants se sont ravisés pour éviter cela, perso j'ai maintenu. L'argument avancé par la gestionnaire m'avait amusé tellement il était de mauvaise foi. "Cela va engendrer des frais pour la copropriété", comme si le syndic à 13k€/an qui ne faisait pas ton taff était gratuit.
Le 07/05/2024 à 12h11
#3.1.1
Le 08/05/2024 à 08h03
#3.1.2
Modifié le 08/05/2024 à 09h53
#3.1.3
Elle devait avoir lieu en septembre. Jamais eu de nouvelles (il m'a même fallut réclamer l'état daté que j'ai payé 400 balles pour pouvoir signer le compromis de vente, en menaçant de débarquer dans les bureaux en opération rampage si je l'avais pas dans l'heure après deux semaines de retard).
L'appart a été vendu début d'année, je me demande si elle a finalement eu lieu.
Ils nous avaient déjà fait le coup de l'AG "loupée" et résultat celle de 2022 fut du deux en un, comme le shampoing, avec 2020 et 2021 (parce que COVID toussa, alors que l'AG de l’exercice 2019 a été faite justement pendant).
J'ai aussi eu droit à cinq rappels de payer les charges que je payais, tout ça parce que leur comptabilité n'enregistrait pas mes virements adressés sur le compte de la copro directement. Ayant été au conseil syndical, j'avais exigé l'IBAN lorsque le compte bancaire avait été ouvert, la copro ayant démarrée avant que ça ne soit une obligation. Je ne savais pas où atterrissait l'argent que j'envoyais via leur portail à la noix et la lecture des mouvements bancaires m'avait conforté dans cette pratique.
Là je suis toujours en copro, plus petite, neuve comme ma précédente, mais le syndic est différent. Je me suis mis au conseil pour au moins la première année afin de voir comment il travaille (et je suis un des rares copropriétaires occupants - si avec une majorité comme dans la précédente le syndic était déjà hors sol, qu'est-ce que ça serait dans une avec quasi que des bailleurs !). A minima en me renseignant, il traînait pas de casseroles sur le site de l'UNARC (là où un Sergic, Foncia, Nexity, etc, c'est l'usine Téfal), c'était déjà un bon point. Restera à voir sur la durée.