Open Data : un décret liste les données qui pourront faire l’objet de redevances
Angelist, marquise des anges
Le 01 décembre 2016 à 15h30
5 min
Droit
Droit
Le gouvernement a publié au Journal officiel du mercredi 30 novembre l’un des derniers décrets d’application de la loi Valter sur l’Open Data. Il définit les catégories de données qui pourront être soumises à redevances à partir de l’année prochaine. Pour l'association Regards Citoyens, la pilule est cependant très difficile à avaler...
Si la réutilisation d’informations publiques (statistiques, codes sources de logiciels, etc.) est officiellement « gratuite » depuis le 30 décembre 2015, de nombreuses exceptions à ce principe sont encore possibles. Le législateur a en réalité durci les conditions dans lesquelles les administrations sont autorisées à imposer des redevances, dont les montants atteignent parfois plusieurs milliers d’euros par an pour un seul jeu de données.
Météo-France, l'IGN, le SHOM et les bibliothèques autorisés à ériger des redevances
Après avoir précisé par un décret daté du 28 juillet 2016 les conditions à remplir pour ériger de telles barrières tarifaires, l’exécutif vient de fixer, comme le prévoyait la loi Valter, une liste des « catégories de données de l'État ou de ses établissements publics administratifs qui peuvent être soumises au paiement d'une redevance ».
Pourront ainsi continuer à profiter de cette manne, à compter du 1er janvier 2017 :
- L’Institut national de l'information géographique et forestière (IGN), notamment pour ses cartes aux échelles supérieures à 1 : 1 000 000, ses bases de données du parcellaire cadastral ou des adresses géolocalisées (voir le détail ci-dessous).
- Météo-France, pour ses modèles de prévisions, ses données d’observation, etc.
- Le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM), par exemple pour ses informations concernant les marées et courants.
- Les bibliothèques, musées et services d’archives (notamment) pour toutes leurs données issues d'opérations de numérisation.
Pour mémoire, les données de l’INSEE seront totalement gratuites à partir du 1er janvier 2017, en application de la récente loi Numérique.
Plus de transparence sur les modalités de calcul
Le montant de chacune de ces redevances ne devra pas dépasser le total « des coûts liés à la collecte, à la production, à la mise à la disposition du public ou à la diffusion » des données en question. Sauf pour les établissements culturels, qui bénéficient d’un régime plus favorable.
Les bibliothèques, musées et archives sont en effet en capacité d’imposer des redevances dont le prix comprend les « coûts de collecte, de production, de mise à disposition ou de diffusion, de conservation de [ces] informations et d’acquisition des droits de propriété intellectuelle ». Des termes à la fois larges et nombreux, qui pourraient donc justifier de juteuses redevances – éventuellement sur des œuvres appartenant d'ailleurs au domaine public (numérisation de livres anciens, d’archives de l’état civil ou du cadastre, etc.). « Si on doit par exemple faire payer des coûts de conservation de manuscrits qui sont dans les bibliothèques depuis le 17ème siècle, ça peut rapidement faire des coûts importants », nous expliquait Lionel Maurel, membre du collectif Savoirs Com1 et de l’association La Quadrature du Net, lors des débats sur la loi Valter.
Quels que soient les montants qui seront finalement fixés par les pouvoirs publics, la transparence devra être la règle. La loi du 29 décembre 2015 oblige les administrations dérogeant au principe de gratuité à mettre en ligne « le montant des redevances et les bases de calcul retenues pour la fixation de ce montant », et ce « dans un standard ouvert ».
Le gouvernement « incapable de tenir sa propre parole » selon Regards Citoyens
L’association Regards Citoyens, qui vient tout juste d’engager une procédure à l’encontre du « décret Placé » et la loi Valter, tire plus que jamais à boulets rouges sur l’exécutif. « La France peut bien prendre part à toutes les chartes imaginables ou lancer des déclarations tonitruantes en matière d'Open Data ou de gouvernement ouvert, elle ne fera pas oublier qu'elle est incapable de tenir sa propre parole », réagit l’organisation, sollicitée par nos soins.
Le collectif à l’origine du site NosDéputés.fr fait notamment référence à la charte du G8 pour l’ouverture des données publiques, signée en juin 2013 par François Hollande, par laquelle la France « s’était notamment engagée à rendre disponibles gratuitement en Open Data les données géospatiales, de topographie, celles des cartes nationales, locales et les données liées aux conditions météorologiques » rappelle Regards Citoyens.
À la veille de l'ouverture du sommet mondial de l’OGP, qui se tiendra à Paris la semaine prochaine, l’association étrille les pouvoirs publics en parlant d'un « échec de la politique Open Data du gouvernement, de Jean-Vincent Placé [secrétaire d’État en charge de la Réforme de l’État, ndlr], des équipes du SGMAP et d'Etalab, qui ont activement permis de graver dans le marbre d'un décret ces redevances ». Ambiance...
Open Data : un décret liste les données qui pourront faire l’objet de redevances
-
Météo-France, l'IGN, le SHOM et les bibliothèques autorisés à ériger des redevances
-
Plus de transparence sur les modalités de calcul
-
Le gouvernement « incapable de tenir sa propre parole » selon Regards Citoyens
Commentaires (16)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 01/12/2016 à 15h34
“Mes data en open data? C’est quoi ce délire, j’appelle Manu”
" /> " /> " /> " /> " /> " /> " /> " /> " /> " />
« dans un standard ouvert ».
“Tiens ton .xlsx” " />
Le 01/12/2016 à 15h42
Je suis pas sûr d’avoir bien compris pour la numérisation des données des bibliothèques : si je prends une fois le livre et que je le mets sur wikimedia commons/projet gutemberg, c’est bon ou pas ?
Parce qu’il y a un risque de création d’un nouveau droit voisin derrière (comme en témoignent les controverses sur les “copyrights” de documents scannés ou pièces de musée)
Le 01/12/2016 à 15h52
Et est-ce que le service des cartes grises est toujours autorisé à vendre les informations (nom, adresse, véhicule, année, modèle etc … ) à des professionnels de l’automobile qui se font un devoir de religieusement spammer par voie postale/téléphone/mail etc le pauvre type qui a oublié de cocher la bonne case ?
Le 01/12/2016 à 16h00
Tiens… c’est ouvert et accessible dans tous les sens mais c’est payant. Comme les prostiputes.
Le 01/12/2016 à 16h28
Open(ButNotForFree)Data
Le 01/12/2016 à 16h43
Monétiser la Base de données d’adresses géolocalisées de l’IGN c’est mesquin.
Le 01/12/2016 à 17h53
Elle est en licence gratuite de repartage quand même. Elle peut juste être monétiser si google et consort en ont besoin
Le 01/12/2016 à 17h57
OpenGrisbi
Le 01/12/2016 à 19h31
Sont forts l’IGN tout de même … j’espère que les conditions vont être un tant soit peu favorables au collectivités locales
Le 01/12/2016 à 19h32
C’est même assez bizarre avec la Base d’Adresse Nationale à côté.
Le 01/12/2016 à 21h56
Le 02/12/2016 à 07h23
Le 02/12/2016 à 08h49
Le 02/12/2016 à 12h38
Prévisible, l’état ne peut pas couper des mannes financières importantes sous peine de planter ces établissements, mais n’a pas non plus les moyen (ou l’ambition, selon comment on regarde), de mettre la main au portefeuille pour compenser la disparition des recettes qu’entrainerait un Open Data complet.
Le 03/12/2016 à 12h44
Le 05/12/2016 à 19h16
Pour la plupart, elles sont déjà gratuites depuis plusieurs années pour les collectivités locales et autres services de l’état.
Il faut aussi savoir que ces organismes ne sont pas financé à 100% par l’état.