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Au Sénat américain, un projet de loi pour empêcher la FCC de ré-imposer la neutralité du Net

Touche pas à ça p'tit régulateur

Au Sénat américain, un projet de loi pour empêcher la FCC de ré-imposer la neutralité du Net

Le 03 mai 2017 à 08h30

Neuf sénateurs républicains proposent que le régulateur, la FCC, ne puisse pas imposer la neutralité du Net aux opérateurs. L'autorité elle-même est en marche pour revenir sur le principe de non-discrimination, perçu comme une entrave à l'innovation dans les télécoms par l'administration Trump.

La frange républicaine du régulateur, la FCC, l'avait appelée de ses vœux, le Congrès américain passe à l'action. Neuf sénateurs républicains ont déposé une proposition de loi, le 1er mai, interdisant au régulateur des télécoms d'imposer la neutralité du Net aux opérateurs. Si son texte complet n'est pas encore disponible, sa teneur est assez limpide.

Le but est d'empêcher légalement la commission de reclassifier les opérateurs télécoms comme des services d'intérêt général (Titre II du Communications Act). Il permet d'imposer facilement la neutralité des réseaux, au grand dam des groupes télécoms et des parlementaires républicains, qui n'ont cessé de combattre le décret depuis février 2015, à son adoption par le régulateur.

Demandée par des centaines de milliers d'internautes, la neutralité du Net avait été rejetée en bloc par l'industrie des télécoms, qui a rapidement attaqué la FCC sur le sujet. Les commissaires républicains du régulateur s'y étaient aussi opposés, l'un d'eux, Ajit Pai, ayant depuis pris la tête de l'institution. L'initiative des parlementaires, ce début mai, rappelle une méthode déjà utilisée récemment.

Une attaque manquée en justice, réitérée au Congrès

Adoptée en février 2015, la neutralité était ainsi attaquée dès le mois suivant. Le groupe d'opérateurs USTelecom affirmait que la FCC n'avait aucune autorité pour reclassifier ces entreprises en services d'intérêt général, donc d'imposer la non-discrimination des contenus sur Internet.

Après plus d'un an de combat, une cour d'appel déterminait que la commission était bien légitime à imposer la neutralité aux groupes télécoms. Ce revers sévère à USTelecom l'avait amené à explorer les recours à sa disposition, sans réelle conséquence depuis.

Pourtant, son discours a bien porté, les républicains estimant comme l'industrie que la non-discrimination est une ingérence de l'État dans l'économie du Net, voire une faveur aux services Internet, qui n'auraient pas autant d'obligations. Pour preuve, le projet de loi de Ted Cruz se nomme « restaurer la liberté d'Internet », que confisquerait la neutralité, « l'Obamacare d'Internet ». Cette métaphore sur la liberté du Net était d'ailleurs utilisée par Ajit Pai, il y a une semaine.

La FCC en marche contre la neutralité

Le président de la FCC annonçait son plan pour supprimer le principe en question, en remettant les éventuelles disputes entre opérateurs et services en ligne entre les mains de la Commission fédérale du commerce (FTC).

Si les détails ne sont pas encore publics, le plan s'appuie (encore) sur l'idée qu'il n'y a rien de rationnel à imposer de telles obligations aux opérateurs, qui sont jugés de bonne foi. Dès son arrivée, Ajit Pai a supprimé des enquêtes sur la différenciation des services sur mobile et a raturé des mesures de transparence commerciale.

Neutralité et vie privée, même combat

Au-delà de la forme, la méthode utilisée par les sénateurs républicains rappelle fortement celle utilisée ce début d'année pour supprimer des règles de protection de la vie privée. Une résolution est passée, comme une lettre à la Poste, du Congrès au bureau de Donald Trump début avril, pour revenir sur la mise en place de nouvelles obligations pour les opérateurs.

Ceux-ci devaient notamment demander le consentement et prévenir les internautes lors de la commercialisation de leurs données, et mettre en place des protections techniques supplémentaires.

Un poids trop important selon les industries des télécoms et de la publicité, qui ont obtenu gain de cause. Malgré les fortes craintes d'associations d'internautes, notamment sur la revente d'historiques de navigation, les fournisseurs d'accès promettent qu'une telle commercialisation n'est pas envisagée.

Il y a quelques jours, le commissaire Michael O'Rielly estimait que le dossier ne sera réglé qu'au moment où le Congrès légifèrera directement sur la question. Sa demande a été entendue. Le chemin du texte pourra encore être long. À peine entré au Sénat, il doit aussi avoir l'aval de la Chambre des représentants pour passer le Congrès, qui semble acquis à la dérégulation en cours du secteur.

Commentaires (14)

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Bien vu, cela évitera d’autres procès pour essayer de ramener cette aberration politico-idéologique sur le marché au détriment des consommateurs.

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Ils ont hontes de rien, je serai pas étonné que ces sénateurs (avec un petit “s”) ne se soient pas fait largement arrosés par des FAI US ;)

En même temps, la neutralité n’a jamais vraiment existé aux USA, la plupart des FAI ont le monopole dans les régions où ils sont implantés et font, basiquement, ce qu’ils veulent tant qu’on leurs fout pas de très très grosses amandes.

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La Silicon Valley (Californie) a eu 8 ans de vaches grasses avec B. Obama. Avec D. Trump, ce sera au moins 4 années de vaches maigres.

Dans l’Union européenne, on s’en fiche, on a la French Tech&nbsp; <img data-src=" />&nbsp; <img data-src=" />

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C’est chaud… Je me demande toujours comment ils peuvent justifier cela sans passer pour des enfoirés sincèrement…&nbsp;



Et en plus, ils veulent s’assurer de pouvoir bloquer cela à l’avenir. Je me demande pourquoi ils n’ont pas fait ça dé le début (en mettant en place la neutralité du net), comme ça, ils auraient eu bien profond…

Du coup, tant pis pour les ricains. <img data-src=" />

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Est-ce bien légal tout cela ?&nbsp;

N’est pas un peu de la dictature ?

Ça ne serais pas un peu trop facile de faire cela pour chaque loi non ?



Oui beaucoup de questions mais c’est à mes yeux anticonstitutionnel.

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On parle des USA, le pays-continent où la liberté individuelle compte plus que la vie privée, où la liberté économique compte plus que la protection sociale.



L’oppression institutionnelle (ce que tu appelles un peu durement la dictature), chez eux ce serait de contraindre les acteurs économiques à rogner leurs revenus pour des considérations communautaires (l’intérêt général n’existe pas outre-Atlantique).

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Ishan a écrit :



En même temps, la neutralité n’a jamais vraiment existé aux USA, la plupart des FAI ont le monopole dans les régions où ils sont implantés et font, basiquement, ce qu’ils veulent tant qu’on leurs fout pas de très très grosses amandes.





Comme ça ?



Ah je sais, les détails, tout ça…


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Exactement <img data-src=" />

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Joli troll :)

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roh, des articles pareils, croire que sur internet la quantité définit la qualité, c’est porter des oeillères avec fierté à ce niveau-là. Et dire que c’est des consommateurs plutôt que des internautes, merci pour le parti pris et la vision étriquée de l’outil. Mais bon, quand on a jamais pu conceptualisé le bien commun, c’est clair qu’internet, dans sa définition et sa réalité actuelle, ca doit être une vraie douleur aux fondements.



Comme c’est parti aux states, j’en viens à espérer qu’ils s’enferment rapidement dans leur minitel 2.0 ultra-HD for Rich copyrighted with chips in brain only, cela libérera enfin internet d’un pan commercial complet. Les conformisés auront créer leur propre fosse où ils pourront se réassurer de leur quotidien en discutant avec leur prochain miroirisé.



Faudra juste les réveiller quand ils sortiront de leur fosse, il y en aura bien un ou deux qui crieront au loup et qui les feront paniquer pour qu’ils sortent en gueulant, comme cela a été le cas dans de nombreuse fois dans l’histoire.

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aldwyr a écrit :



C’est chaud… Je me demande toujours comment ils peuvent justifier cela sans passer pour des enfoirés sincèrement…&nbsp;





Les américains sont vraiment très cons, s’pourssa. <img data-src=" />


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joma74fr a écrit :



On parle des USA, le pays-continent où la liberté individuelle compte plus que la vie privée, où la liberté économique compte plus que la protection sociale.



L’oppression institutionnelle (ce que tu appelles un peu durement la dictature), chez eux ce serait de contraindre les acteurs économiques à rogner leurs revenus pour des considérations communautaires (l’intérêt général n’existe pas outre-Atlantique).





Exact. Certaines lois interdisent même à donner à manger aux SDF, quitte à ce qu’ils meurent de faim. Le bien commun aux USA, c’est comme les droits de l’homme en France: ça n’existe pas.


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Faut-il (encore) rappeler que les étasuniens sont opposés à toute forme de régulation, quel que soit le domaine ? Pour eux, c’est (décrit brutalement) la loi de la jungle où seuls doivent survivre les plus forts et les autres tenter de survivre sans aide. Avant de juger les autres, il faudrait préalablement tenter de comprendre le point de vue de l’autre en faisant abstraction de ses propres idées, ce qui n’oblige pourtant pas à être d’accord.



Alors oui selon mon avis de consommateur, je trouve la mesure poussée et imbécile. Pourtant en tant que français, je comprend que ces législateurs ont une toute autre idée de l’affaire parce que leur culture est différente. Et il ne faut pas y voir systématiquement un “financement occulte” de ces gens par des intérêts économiques.

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ComesFuxii a écrit :



Faut-il (encore) rappeler que les étasuniens sont opposés à toute forme de régulation, quel que soit le domaine ? Pour eux, c’est (décrit brutalement) la loi de la jungle où seuls doivent survivre les plus forts et les autres tenter de survivre sans aide.





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Wow ça c’est de la NALYSE.


Au Sénat américain, un projet de loi pour empêcher la FCC de ré-imposer la neutralité du Net

  • Une attaque manquée en justice, réitérée au Congrès

  • La FCC en marche contre la neutralité

  • Neutralité et vie privée, même combat

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