Des dizaines d’associations plaident contre la « censure privée » chez les hébergeurs en Europe
Facebook, Twitter, YouTube et les autres
Le 31 mai 2017 à 10h00
5 min
Droit
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Le projet de directive droit d'auteur propose d'imposer aux plateformes s'appuyant sur les contenus d'internautes d'empêcher la mise en ligne de contenus enfreignant le droit d'auteur. De quoi mettre la pression notamment sur un YouTube jugé trop peu rémunérateur et alarmer une soixantaine d'associations, dont l'EFF, Mozilla et l'ASIC française.
Bataille en cours sur le droit d'auteur en Europe. Dans une lettre ouverte au Parlement, datée du 29 mai, la coalition Copyright for Creativity (C4C) demande la suppression de mesures censées lutter contre le piratage au sein de l'Union, en portant une partie de la responsabilité sur les plateformes. Parmi les associations de citoyens et d'entreprises signataires, en plus de l'Electronic Frontier Foundation (EFF) ou Mozilla, se présente l'ASIC français, qui représente notamment les groupes numériques américains dans l'Hexagone.
Le projet de réforme de la directive droit d'auteur, portée par la Commission européenne dans le cadre du marché unique numérique, doit muscler la protection des ayants droit en ligne. Une perspective peu réjouissante pour le C4C, qui demande notamment d'empêcher la création de nouveaux droits pour les éditeurs de presse et académiques, et de mettre en place une exception au droit d'auteur pour le minage de texte et de données, en principe déjà prévue.
Un contrôle des contenus jugé malvenu
Un point particulier alarme le collectif. Il s'agit de l'article 13, qui prévoit la suppression proactive des contenus estimés illicites, « une censure privée » selon C4C. Selon le texte, certains acteurs doivent « empêcher la mise à disposition, par leurs services, d'œuvres ou d'autres objets protégés identifiés par les titulaires de droits », en plus du respect des accords signés avec ces derniers.
Sont ciblés les services proposant au public « de larges quantités » de contenus d'utilisateurs. La définition cible YouTube, déclarée comme cible à abattre par l'industrie musicale. La plateforme créerait un « écart de valeur » entre ses revenus et ce qu'elle reverse à l'industrie (pas assez).
La rédaction a pourtant une portée bien plus large, des réseaux sociaux aux commentaires de forums. De quoi aussi imposer une surveillance de nombreux services, le seuil de contenus d'utilisateurs concerné n'étant pas précisé et donc source de conflits devant les tribunaux.
« La disposition sur le soi-disant écart de valeur (value gap) est conçue pour créer une telle incertitude légale que les services n'auront d'autre choix que de surveiller, filtrer et bloquer les communications des citoyens européens s'ils veulent rester en activité » s'alarme la coalition, qui demande sa suppression du texte présent.
Pendant ce temps, chez YouTube
Qu'est-il exactement reproché à YouTube ? La fédération mondiale des maisons de disque, l'IFPI, tirait à boulets rouges sur l'entreprise dans son dernier rapport annuel. Elle est accusée de tous les maux : exploitation de contenus volés, détection défaillante des contenus illicites et rémunération au compte-goutte des ayants droit face aux services payants comme Deezer ou Spotify.
En clair, YouTube et ses contenus d'internautes représenteraient une concurrence déloyale pour des plateformes plus rémunératrices... Quand bien même des sociétés comme Vevo vivent bien de la diffusion des clips sur le service et que le moteur de reconnaissance de contenus Content ID s'est amélioré au fil des années.
Malgré le zèle de Content ID, la Sacem l'estime insuffisant. La société de gestion collective nous détaillait récemment des travaux avec l'Ircam pour identifier les remixes et réinterprétations de morceaux protégés, Content ID étant trop dépendant des métadonnées à son goût. Dans une lettre ouverte, le collectif de créateurs Meet the Authors demande aussi de protéger les auteurs face « aux plateformes parasites ».
Bras de fer sur le streaming
Dans un billet de blog, Google répondait à l'industrie par une étude défendant le rôle de YouTube dans la santé de l'industrie musicale. Face aux coups de semonce des maisons de disque, l'entreprise affirme que sa plateforme vidéo ne dépend pas de la musique.
En fait, l'industrie aurait plus à perdre que le groupe dans une guerre sur la présence de chansons en son sein, affirme Google. La menace prend corps dans l'envolée du streaming l'an dernier, qui porte le rebond des revenus de la musique enregistrée, avec un YouTube tout puissant en volume d'écoute.
La bataille européenne sur l'article 13 de la future directive droit d'auteur est donc un rappel concret de cette guerre sur le « value gap », qui reste pour le moment une notion semble-t-il propre aux ayants droit. Le fameux article est déjà source de larges joutes à coups d'amendements dans les commissions du Parlement, chargé de rendre sa copie dans les prochains mois.
Des dizaines d’associations plaident contre la « censure privée » chez les hébergeurs en Europe
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Un contrôle des contenus jugé malvenu
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Pendant ce temps, chez YouTube
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Bras de fer sur le streaming
Commentaires (19)
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Abonnez-vousLe 31/05/2017 à 10h18
C’est qui les autres ? " />
Le 31/05/2017 à 10h25
Tu viens de le dire, des " />
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Le 31/05/2017 à 10h41
Les autres c’est l’enfer
Le 31/05/2017 à 10h46
En même temps, les AD tirent sur Youtube, mais ils ont oublié une chose, YT sert de guichet unique pour un accès à des milliards de contenus, là où les AD proposent de multiples guichets pour un catalogue restreint.
Qu’ils (les AD) proposent donc un site unique pour un accès à l’intégralité de leurs catalogues respectifs, cela simplifiera la tâche de l’internaute.
Le 31/05/2017 à 11h05
Glisse t on doucement vers de la censure a priori au lieu du statu actuel d’apostériori ?
Le 31/05/2017 à 11h08
Le truc marrant c’est que google est assez riche pour racheter les maisons de disques qui au final ne valent pas grand chose , juste une seule suffit pour foutre la merde
Le 31/05/2017 à 11h15
Honnêtement je vois pas comment Youtube pourrait devenir encore plus restrictif à moins de modérer chaque vidéo une par une ce qui n’est bien sûr pas possible. Ils sont déjà super stricts en terme de droit d’auteur et suppriment/démonétisent à la chaîne.
Le 31/05/2017 à 11h16
Le 31/05/2017 à 11h23
Ou encore mieux, créer sa propre maison de disques et cannibaliser le marché ;)
Le 31/05/2017 à 11h50
Le 31/05/2017 à 12h35
Lol
Le 31/05/2017 à 13h05
C’est ce que font beaucoup de structures musicales, pas tant pour cannibaliser le marché que pour pouvoir simplement avoir la liberté de produire ce quelles veulent.
Le 31/05/2017 à 14h38
Youtube doit être le lecteur de musique par défaut pour 80% des internautes, moi même quand je fais des recherches musicales je passe par youtube, une qualité pas trop dégueu, et un catalogue bien plus fourni que la plupart des services de streaming pour ce que je cherche. Beaucoup de labels l’utilisent d’ailleurs, avec un lien pour acheter dans la description, ça leur sert donc de guichet…
Le 31/05/2017 à 15h20
Actuellement, on a beaucoup de cas de chaine Youtube de personnes (vulgarisateurs ou divertisseurs) qui se retrouve avec leurs contenus démonétisés car une chaine de télé à repris un bout de leur vidéo dans une de leur émission et ce même contenu repris (souvent sans l’accord de la chaine YT initiale) se voit supprimer le contenu pour motif d’infraction aux droits d’auteur de la chaine de télé.
J’ai également vu cela avec des remix de “maisons de production” (qui utilisent donc le content Id) qui font supprimer la musique originelle dont ils se sont servi.
Je comprends pas que quelques soit le niveau de protection et de demande des AD il puisse y avoir, on impose pas une peine équivalente en cas de copyfraud.
Le 31/05/2017 à 15h27
Le 01/06/2017 à 02h25
Ha oui, madame Sartre!
Le 01/06/2017 à 06h49
Le 01/06/2017 à 09h18
Quand aura-t-on des géants du numérique rachetant les maisons de disques pour les faire arrêter de chouiner ?
Le 01/06/2017 à 09h23
Pour la “peine équivalente”, je pense plus au fait de se voir mettre une amende pour abus et la possibilité de pouvoir facilement poursuivre la chaine pour abus si cela est le cas.
Quand je parlais d’équivalence c’est surtout en terme d’équilibre qui pour moi est vraiment rompu ou les vidéastes amateurs n’ont clairement pas les même droits et devoir que les “gros” (maison de prod, chaines de télé).
D’ailleurs, je trouve étonnant qu’il n’y ai pas beaucoup de plainte concernant les 100% zap et autres passages télé ou du contenu internet est largement pompé avec au mieux une citation du nom de l’auteur, parfois “Source Internet” et le plus souvent rien.$
Ça aide pas a soutenir ce type de médium dans leur philosophie de protection de leurs droits d’auteur.