Les chiffres du contentieux administratif de l’état d’urgence
De Bernard à Gérard
Le 20 juin 2017 à 15h30
3 min
Droit
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Au fil de son rapport annuel, tout juste publié, le Conseil d’État revient sur les chiffres de l’état d’urgence, sous l’angle du contentieux administratif.
Instaurer l’état d’urgence, avec son lot d’assignations et de perquisitions administratives notamment informatiques, n’a pas totalement évacué le juge, mais changé tout de même beaucoup de paramètres.
En effet, ce n’est plus le juge judiciaire qui intervient a priori pour autoriser ces atteintes aux droits et libertés fondamentaux, mais le juge administratif. Son contrôle est en outre tardif, intervenant après l’atteinte et encore conditionnel puisqu’il suppose la mise en route d’un contentieux visant à s’assurer du respect des dispositions de la loi de 1955.
69 ordonnances, 16 abrogrations par le ministre, 12 suspensions
En 2016, le juge des référés du Conseil d’État a rendu en tout 69 ordonnances relatives à l’état d’urgence où 51 ont concerné spécifiquement les assignations. Voilà ce qui ressort du rapport annuel publié aujourd’hui.
Le fait notable est que dans 23 % des mesures contestées, soit 16 cas, le ministre de l’Intérieur a décidé d’abroger la décision initiale avant que le juge ne rende sa décision. Une manière d’éviter une décision d’annulation jamais agréable à assumer.
Dans 17 % des dossiers, soit 12 d’entre eux, il y a eu suspension intégrale ou partielle indique la haute juridiction. Pour le reste, soit 59 % des cas, « la mesure a continué à être exécutée ».
32, 8 % d'annulation et suspension par les tribunaux administratifs
Depuis le début de l’état d’urgence, la même juridiction a rendu en tout 112 ordonnances. Dans 4 cas sur 10, la décision administrative a été remise en cause, soit sur initiative de l’Intérieur soit suite à une suspension ordonnée par le juge. Ces données seules ne révèlent pas l’ampleur des atteintes à la loi de 1955.
Pour avoir une meilleure appréciation, il faut aller au bas de la pyramide. Selon d’autres données fournies lors d’une conférence de presse, les tribunaux administratifs ont été saisis de 863 affaires depuis les attentats du Bataclan. Et sur ce stock, « dans 32,8% des cas, les tribunaux administratifs ont annulé ou suspendu partiellement ou totalement les décisions contestées ».
Malgré la fin de l'état d'urgence annoncée pour novembre 2017, le gouvernement envisage de faire voter une loi visant à introduire dans notre droit commun la plupart des mesures exceptionnelles permises par la loi de 1955. Là encore, en l'état, ce sont les juridictions administratives qui interviendront, a posteriori.
Les chiffres du contentieux administratif de l’état d’urgence
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69 ordonnances, 16 abrogrations par le ministre, 12 suspensions
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32, 8 % d'annulation et suspension par les tribunaux administratifs
Commentaires (15)
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Abonnez-vousLe 20/06/2017 à 15h35
Justement en parlant de ça, ce matin Edouard Philippe a confirmé que dans le nouvel état de droit qu’il va créer, le juge ne serait que consulté (“il faudra prendre son avis en compte”) pendant le travail du rouleau compresseur administratif
Ceux qui croyaient en un système non-100% administratif peuvent se réveiller
Le 20/06/2017 à 15h36
33% de faux positifs _.
appliqué à 70 millions de français, ça fait combien d’innocents possiblement inquiétés si l’état décide de continuer avec ces méthodes ?
Le 20/06/2017 à 15h45
Sarkozy a fait pire que Chirac.
Hollande a fait pire que Sarkozy.
Macron prévoit de faire pire que Hollande.
Mais c’est pas grave, on remet une pièce tous les 5 ans " />
Le 20/06/2017 à 17h26
Le 20/06/2017 à 20h08
Le 21/06/2017 à 06h51
“Consulter” (une qualification un peu vague déjà) n’engage pas à suivre le conseil de celui qu’on a consulter…
Il est déjà arrivé que des gouvernements prennent en compte les avis émis lors de “Consultations” d’organismes mais n’en ai totalement rien à faire…
Le 21/06/2017 à 07h29
C’est un peu le sous-entendu, en fait " />
Le 21/06/2017 à 09h00
Le 21/06/2017 à 09h30
Le 21/06/2017 à 12h00
Oui je sais bien maintenant que je relis mais bon j’étais pas encore bien réveillé ce matin, ou alors déjà crevé par la chaleur " />
Le 21/06/2017 à 12h00
Pardon j’étais mal réveillé / assommé par la chaleur " />
Le 21/06/2017 à 12h03
Le 21/06/2017 à 12h27
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Le 21/06/2017 à 13h21
que ces sacrifiés se rassurent: la violation de leurs droits fondamentaux aura permis de protéger le peuple.
ou pas, mais y parait que c’est pour notre sécurité, enfin pas tout juste pour les menaces qui sont médiatiques.
Le plus triste étant que si tous ces gens étaient au courant qu’on les a espionné, le gouvernement n’oserait même pas essayer de faire passer son état d’urgence permanent.
Le 23/06/2017 à 14h35