Les grandes entreprises contraintes de dévoiler une batterie d’informations « extra-financières »
C'est extra ?
Le 05 septembre 2017 à 13h05
6 min
Droit
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Pour tous leurs exercices ouverts à compter du 1er septembre, les grandes entreprises françaises devront dorénavant dévoiler différentes informations non financières : évolution des rémunérations, mesures prises contre le changement climatique ou en faveur de l’égalité hommes femmes, etc. Il s’agira toutefois d’une simple mise en ligne, non d’un véritable Open Data.
Il ne s’agit pas encore d’une diffusion des chiffres relatifs aux bénéfices réalisés (ou aux impôts qui en découlent) selon les pays d’implantation, mais cela reste malgré tout un premier pas vers plus de transparence. La France s’est décidée à transposer, par ordonnance et dans la torpeur de l’été, la directive européenne relative à la « publication d'informations non financières et d'informations relatives à la diversité par certaines grandes entreprises et certains groupes ».
Complété par un décret en date du 9 août, le dispositif s’apprête donc à prendre pleinement son envol. Pour résumer, les entreprises dépassant certains seuils devront publier à l’avenir une « déclaration de performance extra-financière » (en remplacement de l’actuel rapport de responsabilité sociale des entreprises, ou « RSE ») :
- À partir de 20 millions d'euros de bilan, 40 millions d'euros de chiffre d'affaires net et 500 salariés permanents employés au cours de l'exercice (en moyenne) pour les sociétés dont les titres sont admis aux négociations sur un marché réglementé
- À partir de 100 millions d'euros de bilan, 100 millions d'euros de chiffre d'affaires net et 500 salariés permanents employés au cours de l'exercice (en moyenne) pour les sociétés dont les titres ne sont pas admis aux négociations sur un marché réglementé
« C’est ainsi que les petites et moyennes sociétés cotées ne sont plus soumises [au RSE], ce qui constitue une importante mesure de simplification » se félicitait le gouvernement à l’issue du Conseil des ministres du 19 juillet dernier. « En outre, le nouveau dispositif exempte les filiales de produire une telle déclaration, dès lors que les informations les concernant sont présentées par la société tête de groupe de façon consolidée », poursuivait-il.
Une batterie d’informations éparpillées sur les sites des différentes sociétés
Lorsque « cela s'avère pertinent », chaque entreprise concernée par ce dispositif sera tenue de faire la lumière sur les incidences de son activité, tant sur un plan social et environnemental qu’en matière de respect des droits de l'homme et de la lutte contre la corruption.
Les informations devant être dévoilées sont ainsi assez vastes : « les conséquences sur le changement climatique de l'activité de la société et de l'usage des biens et services qu'elle produit ; ses engagements sociétaux en faveur du développement durable, de l'économie circulaire, de la lutte contre le gaspillage alimentaire ; les accords collectifs conclus dans l'entreprise et leurs impacts sur la performance économique de l'entreprise ainsi que sur les conditions de travail des salariés ; les actions visant à lutter contre les discriminations et promouvoir les diversités » (voir le détail à l’article 2 du décret).
Exemple d'informations devant être publiées en vertu du décret
Un véritable chemin de croix
Chaque déclaration devra être mise à la « libre disposition du public » et rendue « aisément accessible sur le site Internet de la société dans un délai de huit mois à compter de la clôture de l'exercice ». Passé cinq ans, l’entreprise ayant élaboré le document pourra le faire disparaître de ses serveurs.
Même si les grands groupes sont enjoints à mettre en parallèle « les données observées au cours de l'exercice clos et, le cas échéant, au cours de l'exercice précédent, de façon à permettre une comparaison entre ces données », force est de constater que le moindre petit exercice de mise en perspective risque de tourner rapidement au parcours du combattant.
Et pour cause. Il n’est pas prévu de publication de données au format ouvert et librement réutilisables, mais la simple diffusion d’informations présentées selon le souhait de chaque entreprise. On peut ainsi imaginer que certains s’amuseront à scanner un rapport de façon à ce qu’il soit encore plus difficile d’en extraire des données...
Difficile - pour ne pas dire impossible - dans ces conditions de se lancer dans une comparaison, d’autant qu’il faudra aller chercher chaque déclaration sur le site de chaque entreprise... L’association Regards Citoyens, qui milite pour une meilleure diffusion de l’information publique, avait ainsi eu l’occasion de pointer du doigt le manque de transparence de certains grands groupes, « peu coopératifs car ils savent les conséquences que ça a sur l'opinion publique ».
Si jamais une entreprise ne se pliait pas à ces nouvelles obligations, « toute personne intéressée » pourrait demander à la justice d’ordonner, éventuellement sous astreinte, la communication de la déclaration d’informations extra-financières manquant à l’appel.
À quand la transparence sur les données financières ?
Les regards se tournent désormais vers Bruxelles, où la Commission européenne porte depuis l’année dernière un projet de directive censé imposer la transparence sur les données financières des grandes multinationales qui disposent d’au moins une filiale sur le Vieux continent (voir notre article).
La France a failli prendre les devants sur ce texte, puisque la précédente majorité avait voulu contraindre, au travers du projet de loi « Égalité et citoyenneté », les sociétés au chiffre d’affaires supérieur à 750 millions d’euros à mettre en ligne chaque année un rapport contenant des informations relatives à leur nombre de salariés, leur chiffre d’affaires net, le montant de l’impôt sur les bénéfices acquitté, etc. Le tout pays par pays, et « dans un format de données ouvertes, gratuites, centralisées et accessibles au public ».
Le Conseil constitutionnel a toutefois retoqué ce dispositif prévu pour entrer en application dès 2018. Tout en reconnaissant que le législateur avait voulu, « par une mesure de transparence, éviter la délocalisation des bases taxables afin de lutter contre la fraude et l'évasion fiscales » (objectif de « valeur constitutionnelle » selon les « Sages »), le juge a estimé que l’atteinte à la liberté d’entreprendre était malgré tout « manifestement disproportionnée au regard de l'objectif poursuivi ». Une interprétation qui avait choqué de nombreuses associations luttant contre la corruption.
Les grandes entreprises contraintes de dévoiler une batterie d’informations « extra-financières »
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Une batterie d’informations éparpillées sur les sites des différentes sociétés
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Un véritable chemin de croix
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À quand la transparence sur les données financières ?
Commentaires (19)
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Abonnez-vousLe 06/09/2017 à 21h44
Ca fait cher le bullsh*t avec “chiffres inverifiables” …
C’est ca le probleme, on leur impose encore de perdre leur temps et ressources financiaires dans des conneries, comme si les entreprises en Europe et plus particulierement en France n’avaient pas de choses plus urgentes a faire, comme par exemple, au hasard, se concentrer sur leur coeur de metier…
On parle d’une contrainte supplementaire parmis deja 50 milliards de contraintes de ce type deja existantes…
Et puis ca commence toujours comme ca… On commence par les grosses entreprises qui ont des milliards, puis on applique la meme chose aux PMEs… et puis ce qui etait non contraignant devient contraignant et les chiffres fournis sont ensuite utilises pour taxer et passer a l’amende ceux qui ne luttent pas assez contre le “gaspillage alimentaire” …
Lol comme si les prestataires dans la restauration chez ces grands groupes, s’amusaient a gaspiller et donc a rogner sur leur marge… ridicule " />
Le 07/09/2017 à 10h12
Merci. J’ai vu la lumière. Je suis sauvé. " />
Le 07/09/2017 à 18h46
Le 08/09/2017 à 08h54
Déjà fait. Merci. Je déteste la foi, en général.
Le 05/09/2017 à 13h21
Et la sanction, si elles ne le font pas?
Le 05/09/2017 à 13h49
mesures prises contre le changement climatique ou en faveur de l’égalité hommes femmes
Le gloubi boulga escrologiste et sociologiste fait son entrée politiquement correcte par la petite porte de derrière. Il y a tant de manière de lutter contre ces illusions que l’imagination des rédacteurs ne risquent pas d’être mise à rude épreuve dans l’exercice d’écriture.
Un ex. : « pour l’exercice courant, l’entreprise a pris des mesures volontaires et courageuses afin de réduire le poids et le volume des emballages de tous nos produits ». (Tout en conservant les prix et nos marges, ce qui est tout bénéfice, mais ça, ça n’est pas dans le texte).
Et voilà, la lutte contre le réchauffement climatique doit être à sa mesure : comment mieux lutter contre une illusion qu’avec une autre illusion.
Même principe pour l’autre escroquerie sociologiste.
Le 05/09/2017 à 14h34
Le 05/09/2017 à 14h48
Le 05/09/2017 à 15h53
Le 05/09/2017 à 19h29
Des présentations powerpoint imprimées et scannées en bmp xD ça c’est sympa pour l’exploitation derrière. Surtout avec les animations, ça passe crème à l’imprimante. SIC.
Le 05/09/2017 à 21h13
Le 06/09/2017 à 05h42
Lol, c’est l’inquisition en Europe !!!
Et apres tout le monde va raler quand ces grosses boitent auront fui l’Union Europenne comme elles ont fui la France… " />
Le 06/09/2017 à 08h14
Faut pas deconner quand même xD
Elles vont prendre le rapport se faire une jolie réunion de 4h avec les financiers, le marketing et le patron et hop, tu te fais des phrases type que tu modifie à la marge chaque année avec un chiffre invérifiable.
“Afin d’améliorer l’empreinte ecologique de notre société 75% des ordinateurs de production sont maintenant centralisés sur un serveur ne fonctionnant qu’en phase de production.”
En gros “on a viré les X pc de l’usine (75% = 3⁄4 ou 750 000/1 000 000) virtualisé le bordel et le soir le serveur s’éteint pour économiser des sous”
Rien de bien nouveau, les entreprises qui se voulaient vertueuses le faisaient déjà, les autres ne le faisaient pas par flemme. Mais ça va nous aider à voir certaines données qui était plus que chiantes à trouver !
Le 06/09/2017 à 10h20
Mais chuuut, le réchauffement climatique, ça n’existe pas, la discrimination non plus, et le “développement durable”, c’est tellement ridicule comme concept, alors qu’il reste plein de pétrole à extraire.
(ah, on me dit qu’on n’est pas vendredi).
Le 06/09/2017 à 13h31
Le 06/09/2017 à 14h27
Le 06/09/2017 à 17h28
Le 06/09/2017 à 17h43
Le 06/09/2017 à 17h54