Suite au remaniement, Mounir Mahjoubi perd son autorité sur la DINSIC
Quand la DINSIC n'est plus bonne
Le 25 octobre 2018 à 15h04
7 min
Droit
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L’exécutif a entériné hier, lors du Conseil des ministres, le nouveau décret d’attribution du secrétaire d’État au Numérique. Mounir Mahjoubi bénéficiera certes des moyens de Bercy, mais il perd au passage son « autorité » sur la Direction interministérielle au numérique (DINSIC).
« Depuis Bercy, j’aurai tous les moyens d’agir à la transformation de l’économie et de l’État », avait réagi Mounir Mahjoubi, la semaine dernière, peu après l’annonce du remaniement. L’intéressé reste pour mémoire chargé du numérique – après un « bug » de communication toujours inexpliqué – mais dépend désormais des deux ministres de Bercy (Bruno Le Maire pour l’Économie et les finances, Gérald Darmanin pour l’Action et les comptes publics).
Jusqu’ici placé auprès du Premier ministre, le secrétaire d’État assurait que son champ d’action restait « inchangé », et que sa capacité d’action serait « multipliée ». La parution de son nouveau décret d’attribution permet maintenant d’en juger.
Certains sujets désormais traités « pour le compte » de ses ministres de tutelle
De fait, le périmètre établi par le nouveau décret d’attribution de Mounir Mahjoubi reste dans l’ensemble très proche de celui datant de mai 2017. Le secrétaire d’État continue ainsi de « traite[r]» des « questions relatives au numérique ».
Le texte fait notamment référence à « l'élaboration du cadre juridique relatif au numérique, aux technologies d'avenir et aux plateformes », ou bien encore à « la gouvernance de l'internet, aux infrastructures, équipements, services, contenus et usages numériques, à la sécurité des échanges, des réseaux et des systèmes d'information », etc.
Mounir Mahjoubi doit en outre veiller « aux droits et libertés fondamentaux dans le monde numérique, à l'éthique des technologies, à l'inclusion, l'accessibilité et la médiation numériques ». Le nouveau locataire de Bercy pourra également être « associé au traitement des questions relatives à l'éducation et à la formation au numérique ainsi qu'aux mutations numériques du travail ».
Sur certains sujets, on constate toutefois un glissement en défaveur du secrétaire d’État. Il reste par exemple en charge des questions relatives aux communications électroniques, « au développement de l'économie numérique et à la transformation numérique des entreprises », mais « pour le compte du ministre de l'Économie et des finances ».
Jusqu’ici, il traitait de ces questions « conjointement » avec ce ministre. C’est-à-dire au même titre que Bruno Le Maire.
Même cas de figure s’agissant de « la politique de transformation numérique de l'État ». Mounir Mahjoubi la coordonne « pour le compte du ministre de l'Action et des comptes publics », Gérald Darmanin. Et non plus « conjointement » avec lui.
« Se faire rajouter deux couches de chefs au-dessus de soi, ça n’a rien d’une promotion », nous confiait dès la semaine dernière un habitué des arcanes du pouvoir.
Mounir Mahjoubi n’a plus « autorité » sur la DINSIC
Quant aux moyens alloués à Mounir Mahjoubi, on peut lire que celui-ci dispose dorénavant, pour l'exercice de ses attributions, de tous les « services placés sous l'autorité du ministre de l'Économie et des finances et du ministre de l'Action et des comptes publics, ou dont ils disposent ». Autant dire que la liste est longue : direction générale du Trésor ou de l’INSEE, Inspection générale des finances, Direction générale des finances publiques (DGFiP), Agence des participations de l'État, Tracfin, Inspection générale des affaires sociales, etc.
Jusqu’ici, Mounir Mahjoubi disposait toutefois déjà des services placés sous l’autorité du Premier ministre – soit plus d’une centaine d’institutions au total – mais aussi de certaines administrations relevant de Bercy. Par exemple :
- La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF)
- La direction générale des entreprises (dont un service est dédié à l'économie numérique)
- L'Agence du numérique
- Le conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGIET)
Mais disposer de services administratifs est une chose, avoir un pouvoir hiérarchique en est une autre... On retiendra à cet égard que Mounir Mahjoubi a perdu sa mainmise sur la seule administration sur laquelle il avait expressément « autorité » : la Direction interministérielle au numérique (DINSIC), dont fait partie la mission Etalab.
L’institution, dirigée par Henri Verdier (tout du moins pour quelques semaines encore), est effet placée sous la tutelle de Gérald Darmanin. Suite au remaniement, le ministre de l’Action et des comptes publics a lui aussi vu ses attributions légèrement modifiées. L’intéressé a ainsi « autorité », en lieu et place de Mounir Mahjoubi, sur la DINSIC, de même que sur l’Administrateur général des données (fonction rattachée à la DINSIC).
Le secrétaire d’État au Numérique « dispose » donc désormais simplement de l’institution en charge de nombreux dossiers-clés en matière de numérique : dématérialisation des démarches administratives, identité numérique, ouverture des données publiques, etc.
Changement de tête à la DINSIC
Ce rebattage des cartes intervient alors qu’Henri Verdier, qui entretenait depuis plusieurs mois des relations difficiles avec Mounir Mahjoubi, a été nommé hier ambassadeur de la France pour le numérique. En tant que diplomate, il sera ainsi chargé des négociations internationales ayant trait à la cybersécurité, à la gouvernance de l’internet, à la participation de la France à l’Open Government Partnership, etc.
L’intéressé prendra ses nouvelles fonctions le 15 novembre prochain, en remplacement de David Martinon.
L’exécutif a également désigné hier le successeur d’Henri Verdier à la tête de la Direction interministérielle au numérique : Nadi Bou Hanna. Côme Berbain, qui était jusqu’ici conseiller au cabinet de Mounir Mahjoubi, deviendra par ailleurs « directeur des technologies numériques de l’État », tout en étant rattaché à la DINSIC.
Depuis mardi, l’annonce du départ d’Henri Verdier a suscité d’assez nombreuses réactions. « Après cinq années de travail de fond à la tête d'Etalab puis de la DINSIC, voir Henri Verdier exfiltré comme ambassadeur du numérique, poste essentiellement honorifique, est source d'inquiétudes », a notamment fait savoir l’association Regards Citoyens.
« L'écosystème des biens communs numériques a besoin de stabilité », nous explique ainsi l’organisation, qui milite pour une meilleure diffusion des informations publiques. « Pour l'instant, nous n’avons pas vu Mounir Mahjoubi agir en faveur de l'Open Data, alors qu'Henri Verdier avait réussi à faire avancer des choses. »
L’association de promotion du logiciel libre (April) salue de son côté le « travail de fond » mené ces dernières années par Henri Verdier. « Ce travail faisait exception face à l'absence évidente de volonté politique des gouvernements successifs en matière de logiciel libre et d'ouverture des données publiques », commente Frédéric Couchet, délégué général de l’association, joint par Next INpact.
« Espérons cependant que Mounir Mahjoubi pourra notamment changer la culture de Bercy, qui n'est pas en faveur d'un partage de l’information, de la connaissance (pour employer un euphémisme) », poursuit l’intéressé.
Suite au remaniement, Mounir Mahjoubi perd son autorité sur la DINSIC
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Certains sujets désormais traités « pour le compte » de ses ministres de tutelle
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Mounir Mahjoubi n’a plus « autorité » sur la DINSIC
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Changement de tête à la DINSIC
Commentaires (17)
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Abonnez-vousLe 25/10/2018 à 16h50
C’est moi où sa donne l’impression d’une gentille mise au placard ?
Le 25/10/2018 à 16h56
J’aurai plutôt dit mise sous tutelle " />. Il peut faire des choses utiles, mais il y a deux inspecteurs des travaux finis pour vérifier qu’il ne s’éloigne pas trop du droit chemin.
Verdier, lui, s’est fait joliment placardiser !
Le 25/10/2018 à 17h34
C’est le problème avec des politiques du nouveau monde mais qui ont été formé au XXème siècle et qu’ils ne ce sont pas recyclé depuis. Tout ses nouveaux machins on y comprends rien et ça fait ppeeeuuurrrr.
Le 25/10/2018 à 17h42
Quand quelque chose fait “peur”, on place un pion docile et sans idées arrêtées à un ministère stratégique (ex: le ministère de l’intérieur). En l’occurrence, en schématisant, si le numérique faisait peur, on aurait Sébastien Lecornu (par ex.) à la place de Mounir Mahjoubi dans un ministère d’Etat du numérique.
Le 25/10/2018 à 17h50
Le secrétaire d’État : Il va faire le travail correspondant à la première partie de son titre." />
Le 25/10/2018 à 17h50
C’est clair qu’en terme protocolaire, s’exprimer au nom du Premier ministre ou au nom de 2 ministères, il y a une fonction qui “claque” et une autre qui fait plus administrative (même si les 2 ministères en question sont les domaines les plus stratégiques du gouvernement Philippe version II)
Le 25/10/2018 à 19h21
Le 25/10/2018 à 20h32
« Depuis Bercy, j’aurai tous les moyens d’agir à la transformation de l’économie et de l’État »
Alors, agis en faisant tes cartons, et transforme ton bureau en buanderie, ça sera bien plus utile " />
“Ma capacité [à passer pour un con] sera multipliée” " />
Le 25/10/2018 à 22h10
En même temps tous ces ministres ou secrétaire d’État qui reste a peine un an au même endroit, il faut en attendre quoi?
Ce sont avant tout des vitrines.
Le 26/10/2018 à 07h25
Une multiplication pouvant être par zéro, il a tout juste.
Le 26/10/2018 à 09h38
Je comprends pas pourquoi il s’est fait mettre au pas, j’ai loupé une affaire ? il a contrarié le seigneur ?
Je comprends pas non plus pourquoi tout le monde le critique : pour une fois, on a un type compétent dans son domaine, qui connaît les aspects techniques & juridiques des sujets dont il parle. Je suis pas fan du type, mais il me semblait pourtant bien à sa place.
Le 26/10/2018 à 10h30
Vu comment il s’est un peu fait ridiculiser par le président himself en pleine conférence dans la pépinière StationF il y a 2 semaines (cf. le reportage de Quotidien: en gros, il a essayé de faire l’anguille, sauf qu’il a essayé en live face à Macron. Epic Fail. Mais ça sentait quand même la question piège, genre, prend un engagement là maintenant alors qu’on n’en n’a pas parlé avant) ça sentait l’éjection…
Le 26/10/2018 à 13h47
Je n’arrive pas à me convaincre que ce changement est important. Oui son poste est plus orienté vers le budget et moins vers le numérique pur, la belle affaire.
Le 27/10/2018 à 00h09
C’est la critique qu’on fait souvent aux centristes, mais si mon avis a une importance, “ne pas avoir d’opinion arrêtée” ne veut pas dire “être docile” et ça ne constitue pas a priori un problème, au contraire : l’esprit de consensus et de synthèse a ses avantages.
Et si vous vouliez suggérer qu’il n’a rien fait de probant au Gouvernement ou ailleurs pendant sa carrière, ce n’était pas le sens de mon commentaire. Je ne connais pas particulièrement l’action de ce personnage public.
Le 27/10/2018 à 09h23
Le 27/10/2018 à 12h40
>Je comprends pas non plus pourquoi tout le monde le critique
>pour une fois, on a un type compétent dans son domaine
Compétent ? A quelle niveau ? Je demande, car lorsque j’ai vue son interview par thinkerview et autres décisions qu’il a pris ensuite j’ai trouver que cette personne ne connais pas beaucoup ou interprète mal le numérique. Politiquement parlent par contre je le trouve au top, langue de bois parfaite.
Le 29/10/2018 à 08h54
Personnellement je me réfère aux quelques interviews que j’ai entendu à la radio. C’est la personne politique la plus compétente que j’ai pu entendre s’exprimer sur le numérique de ces 3 dernières années. Je suis étonné de certaines de ses décisions en effet, mais je trouve qu’on lui fait un mauvais procès. Si c’est pour placer un pion qui n’y connait rien comme ce qui se fait d’habitude, ben je préfère encore ce type là.