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Facebook condamnée pour ne pas avoir recherché l’identité derrière une IP

Fuck the what ?!

Facebook condamnée pour ne pas avoir recherché l’identité derrière une IP

Le 05 mars 2019 à 10h51

Facebook a été condamnée pour n'avoir fourni à un couple que les adresses IP de l’administrateur d’une page, pas son nom. La justice a considéré, comme l’avait soutenu à tort le réseau social, que cette information était finalement accessible quand bien même les fournisseurs d’accès étaient tiers au procès.

Lorsque des propos sulfureux sont distillés en ligne, la prétendue victime doit d’abord obtenir l’identification de l’adresse IP auprès du service concerné, puis obtenir l’identité de l’abonné cette fois auprès du fournisseur d’accès. Une démarche classique, que la future proposition de loi contre la cyber haine veut faciliter. Il devrait être prévu que les intermédiaires auront un délai impératif pour révéler aux autorités l’adresse IP et les autres données de connexion des internautes.

Une récente affaire met en lumière une situation pour le moins kafkaïenne. Facebook a en effet été condamnée pour ne pas avoir recherché elle-même l’identité d’un internaute. Une décision surprenante, qui s’explique aussi par la ligne de défense du réseau social.

Le 28 juillet 2017, le juge des référés du TGI de Paris avait enjoint Facebook Ireland Limited à fournir à un couple plusieurs informations destinées à révéler les adresses IP, mail et l’identité des animateurs d’une page Facebook. Le réseau social avait 24 heures pour s’exécuter. Passé ce délai, une astreinte de 3 000 euros par jour de retard était due, durant 10 jours.

La décision fut signifiée le 2 août 2017. Facebook y a répondu dès le lendemain en fournissant les données en stock, à savoir une liste d’adresses IP et une adresse mail. Manquait cependant l’identité des personnes, que le réseau n’avait visiblement pas. 

Les FAI, tiers au procès 

Mécontents de ne pas avoir eu cette dernière information, les deux époux ont assigné six mois plus tard l’entreprise devant le juge de l’exécution du TGI de Paris. L’enjeu ? Liquider l’astreinte de 30 000 euros. Le juge a cependant rejeté leurs prétentions, considérant que Facebook était dans l’impossibilité de répondre à cette demande. 

Les époux ont néanmoins attaqué la décision devant la cour d’appel de Paris pour réclamer encore et toujours ces 30 000 euros, mais également la fixation d'une nouvelle astreinte de 10 000 euros par jour de retard durant 90 jours, jusqu’à transmission des identités et adresses des animateurs de la publication litigieuse.

De son côté, Facebook a répété avoir parfaitement exécuté la décision initiale, tout en relevant qu’elle ne pouvait fournir davantage d’informations : seuls les FAI disposent en effet de la correspondance entre une IP et les données nominatives d’un abonné. Sans une nouvelle décision de justice à l’encontre de ces derniers, impossible donc de contraindre ces tiers au procès à révéler ces informations.

Facebook pris à son propre piège

Fait notable, la Cour d’appel de Paris va finalement donner raison aux deux demandeurs. Pourquoi ? Tout simplement parce que Facebook s’est piégée dans ses premières conclusions. Elle avait répondu lors de cette première étape judiciaire, qu’elle n’avait pas contestée, « qu’elle pouvait fournir ces éléments sans qu'il soit nécessaire de prononcer une astreinte ».

Pire, le même réseau social avait admis qu’il était aisé « d'identifier, à partir des adresses IP et au moyen de services en ligne gratuits, les fournisseurs d'accès du ou des animateurs de la page litigieuse et de demander à ces fournisseurs d'accès leurs identités et adresses ».

De fait, au regard de ses propres affirmations, Facebook aurait dû elle-même chercher ces informations. Ce qu’elle n’a pas fait. Ne justifiant d’aucune démarche en ce sens, l’entreprise s’est enfermée dans ses propres contradictions.

La Cour d’appel a considéré qu’en ne communiquant que des informations parcellaires, « Facebook Ireland Limited n'a que partiellement exécuté l'obligation assortie de l'astreinte litigieuse mise à sa charge par l'ordonnance de référé du 28 juillet 2017 ».

En recalculant l’agenda, la juridiction a condamné l’entreprise à 25 000 euros en ajoutant une nouvelle couche de 1 000 euros par jour de retard pour une durée de 30 jours.

Commentaires (21)

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  • Pire, le même réseau social avait admis qu’il était aisé « d’identifier, à partir des adresses IP et au moyen de services en ligne gratuits, les fournisseurs d’accès du ou des animateurs de la page litigieuse et de demander à ces fournisseurs d’accès leurs identités et adresses ».



    C’est vrai ça ?

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Ailothaen a écrit :



De même.



Je lis sûrement mal l’article, mais si je comprends bien, n’importe quelle plateforme aurait la capacité de demander à des opérateurs une identité derrière une adresse IP ?



Parce que si c’est le cas, je pense que je me ferais bien passer pour une plateforme pour obtenir quelques noms… <img data-src=" />



C’est surtout FB qui s’est un peu trop avancée sur ce point, alors qu’ils n’en ont pas forcément la possibilité… <img data-src=" />


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C’est absurde. Même si Facebook peut le faire, pourquoi ce serait à eux de mener l’enquête et croiser les sources?

S’ils avait dit qu’ils étaient en capacité d’aller chercher les personnes concernées et de les trainer au poste, on leur aurait aussi reproché de ne pas le faire?

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choukky a écrit :



Je croyais qu’il était possible de créer un compte Facebook sous pseudo.

“Le propriétaire du compte s’est enregistré sous le nom kekete69” <img data-src=" />





Oui oui c’est complètement possible. Même si la vérif’ automatique empêche de t’enregistrer avec un seul mot, ou une suite de caractères qui à l’air “bizarre” (genre avec des - et des ‘ trop nombreux, 3 ou 4 mots séparés…)


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Je suis perplexe. Cet article pose plus de questions qu’il n’y répond. Il me semblait que c’était à la justice d’obtenir l’identification des personnes, ça m’étonne grandement que des particuliers puissent l’obtenir directement. Ou que Facebook puisse le faire.

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Vu la quantité de mouchards posé par fb sur le web ou les applis de téléphone, ils savent très bien les utiliser pour identifier une personne.

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Mais avec une adresse email valide, et depuis une adresse IP.



Mon adresse est russe, mon ip est celle de mon taf. Mais connaissant fb, il suffit que je soit passé de chez moi sur un site avec un “like” dans un coin pour qu’ils aient mon ip domicile…

(n’oublions pas les “amis” qui t’identifient, qui eux ne masquent en rien leur identité…)

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Je ne suis pas certain d’avoir tout compris.



En gros, Facebook a affirmé à tort qu’il aurait pu obtenir le nom auprès du FAI (ce que, je suppose, seul un juge d’instruction peut faire, comme dans tout pays civilisé). Et ils affirment ensuite qu’ils ne l’ont pas fait.



Donc le juge a condamné Facebook pour ne pas avoir posé une action qu’il avait prétendu pouvoir poser mais qu’il n’avait pas le droit de poser ?&nbsp;



C’est complètement absurde. C’est retour à Shadokland ou c’est moi ? <img data-src=" />

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Il faut un jugement : « Le 28 juillet 2017, le juge des référés du TGI de Paris avait enjoint Facebook Ireland Limited à fournir à un couple plusieurs informations destinées à révéler les adresses IP, mail et l’identité des animateurs d’une page Facebook. »



Après, faudrait regarder en détail ce jugement, pour essayer de comprendre pourquoi le juge autorise ce couple à accéder à ces informations…

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En fait, c’est un peu plus subtil que ça.



Facebook a prétendu devant le juge qu’il pouvait récupérer le nom simplement en demandant au FAI.

&nbsp;

Le juge a répondu : ok, bon ben tu le fais et tu fournis le nom. Ils ont eu une injonction de faire avec astreinte.

Facebook était donc dans l’obligation d’agir pour récupérer le nom ou , s’il n’arrivait à récupérer le nom, montrer qu’ils ont tenté mais qu’ils ne pouvaient pas récupérer le nom.



Facebook n’a rien fait, il n’a même pas cherché à contacter le FAI alors que c’était ce qui lui était demandé.

D’où la liquidation de l’astreinte.



Au final, c’était clairement mérité.

En premier lieu, pour avoir raconté des bêtises devant un magistrat (ce qui est certainement la dernière chose à faire devant un tribunal); en second, pour avoir ignoré une injonction qui lui était faite sans s’en expliquer.



&nbsp;Bref, le meilleur combo gagnant pour perdre un procès.

&nbsp;

&nbsp;

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Il y a donc des données que Facebook n’a pas encore en sa possession ?!? <img data-src=" />

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Merci pour le résumé.



En plus, avec une requête judiciaire au cul, ils n’auraient eu aucun mal à obtenir ce qu’il fallait auprès des FAI.

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Ca ouvre&nbsp;la porte&nbsp;a un service de délation. Quel est la responsabilité de Facebook si il se trompe ou si le couple fait justice elle même?&nbsp;

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puis je suis allé sur doctrine il s’agit juste de la mise en cause de Facebook j’ai pas trouvé la raison de cette demande .

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j’aimerai bien savoir aussi la demande de l’identité de la page facebook incriminé et pour quelle raison …

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Inny a écrit :



Je suis perplexe. Cet article pose plus de questions qu’il n’y répond. Il me semblait que c’était à la justice d’obtenir l’identification des personnes, ça m’étonne grandement que des particuliers puissent l’obtenir directement. Ou que Facebook puisse le faire.







Pareil. L’adresse ip est sensée être une donnée personnelle protégée par le RGPD…


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Va falloir faire des stocks de pop-corn pour les mois qui vont suivre avec des histoires comme ça + les nouvelles législations ^^”

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&nbsp;Lorsque des propos sulfureux sont distillés en ligne, la prétendue victime doit d’abord obtenir l’identification de l’adresse IP auprès du service concerné, puis obtenir l’identité de l’abonné cette fois auprès du fournisseur d’accès





Tout ça me surprend un peu. S’il y a eu dépôt de plainte, ce n’est pas à la police qu’il revient d’obtenir ces informations?

Sur quelle base légale la prétendue victime peut-elle s’adresser directement à la plate-forme et demander des informations?

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De même.



Je lis sûrement mal l’article, mais si je comprends bien, n’importe quelle plateforme aurait la capacité de demander à des opérateurs une identité derrière une adresse IP ?



Parce que si c’est le cas, je pense que je me ferais bien passer pour une plateforme pour obtenir quelques noms… <img data-src=" />

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Je croyais qu’il était possible de créer un compte Facebook sous pseudo.

“Le propriétaire du compte s’est enregistré sous le nom kekete69” <img data-src=" />

Facebook condamnée pour ne pas avoir recherché l’identité derrière une IP

  • Les FAI, tiers au procès 

  • Facebook pris à son propre piège

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