La taxe « Gafa » publiée au Journal officiel, sans contrôle constitutionnel préalable
Quand Bruno Le Maire se perd
Le 25 juillet 2019 à 07h35
4 min
Droit
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La taxe sur les services numériques a été publiée ce matin au Journal officiel. Contrairement aux promesses de Bruno Le Maire, l’exécutif n’a pas souhaité saisir le Conseil constitutionnel dans le cadre d'un contrôle a priori. Il faudra maintenant attendre un futur contentieux pour que soit déposée une question prioritaire aux neuf Sages.
Promulguée par Emmanuel Macron, la loi « portant création d'une taxe sur les services numériques et modification de la trajectoire de baisse de l'impôt sur les sociétés » entre désormais dans le droit positif. Avec sa publication ce matin, certains services en ligne vont désormais être soumis à une taxe de 3 % du chiffre d’affaires, à proportion des sommes encaissées en France.
Le texte soumet à contribution d’une part, les services d'intermédiation – à savoir la mise à disposition d'une interface numérique permettant aux utilisateurs d'entrer en contact avec d'autres utilisateurs. D'autre part, les publicités ciblées et la vente de données à des fins publicitaires.
Seuls les plus gros acteurs sont visés, ceux réalisant 750 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’échelle mondiale et 25 millions au titre des services fournis en France. Selon les estimations de Bercy, 29 grands groupes vont tomber dans son champ d’application, 28 à l’échelle internationale, un seul à l’échelle française.
Les États-Unis ont vu d’un très mauvais œil cet édifice français, menaçant Paris de rétorsions. Une enquête a été diligentée par le département du Commerce extérieur pour savoir si les entreprises américaines font ou non l'objet de mesures « déraisonnables » ou « discriminatoires ».
« Les seuils [choisis par le législateur] ont pour effet de soumettre les grandes entreprises à la taxe sur les services numériques, des acteurs qui dans le secteur concerné ont tendance à être américains, tout en exemptant les plus petits, en particulier ceux qui opèrent uniquement en France », constate déjà le Représentant américain, lors de l’annonce de cette procédure fondée sur la loi « Section 301 ».
La promesse oubliée d'un contrôle a priori
Lors des débats, le 4 juillet dernier, Bruno Le Maire avait tenté d’apaiser les craintes exprimées dans l’hémicycle. Devant les députés qui jugeait insuffisantes les « garanties juridiques » du texte, le ministre de l’Économie proposait qu’une fois voté, « le texte soit soumis et validé par le Conseil constitutionnel ».
Un tel contrôle avant publication au Journal officiel, estimait-il, « renforcera notre dispositif, cela renforcera notre taxe nationale sur les géants du numérique et cela renforcera notre position politique dans les instances du G7, du G20 et de l’OCDE pour mener ce combat sur la taxation des activités numériques ».
Finalement, l’exécutif qui avait, comme 60 sénateurs ou députés et les présidents des deux chambres, la possibilité de saisir le juge constitutionnel, a enterré ses promesses et donc son vœu de « renforcer » la loi en devenir. « La crainte d'une censure » se demande l'ASIC, lobby porte-voix de Google, Facebook, Amazon ou encore Twitter.
Il faudra désormais compter sur un recours devant le Conseil d’État puis le dépôt d’une question prioritaire de constitutionnalité pour espérer l’intervention des sages de la rue de Monpensier. Une procédure qui pourrait prendre une bonne année.
Mais avant, conformément à l’article 2 de la loi, le gouvernement devra apporter des explications solides sur son choix de ne pas avoir notifié préalablement cette taxe à la Commission européenne, comme le veulent en principe les règles de l'Union s'agissant des normes régulant les services en ligne.
Ces explications seront fournies dans un rapport au Parlement, attendu dans les trois mois. Remarquons que si de son côté, l’institution bruxelloise venait à conclure au caractère obligatoire de la notification, le texte deviendrait tout simplement inapplicable.
La taxe « Gafa » publiée au Journal officiel, sans contrôle constitutionnel préalable
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La promesse oubliée d'un contrôle a priori
Commentaires (53)
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Abonnez-vousLe 25/07/2019 à 07h42
C’est pour le moins osé. " />
J’imagine que s’il y a annulation d’une façon ou d’une autre, les sommes seront remboursées ?
Le 25/07/2019 à 07h58
Je sent la veste que ca se prendre le gouvernement a plein nez … " />
Le 25/07/2019 à 08h02
Encore une ordonnance ou c’est passé par le parlement ?
Le 25/07/2019 à 10h42
Le 25/07/2019 à 10h44
Le 25/07/2019 à 10h45
Le 25/07/2019 à 10h47
Le 25/07/2019 à 10h55
Le 25/07/2019 à 10h57
Ca doit pas etre confortable tous les jours dans ta tete toi !!:
Le 25/07/2019 à 11h03
Chaque jour ils nous le prouvent dans leurs discours, leurs programmes électoraux, leurs lois, à l’assemblé, lors des referendums… je pourrais documenter mille exemples, et je serais ravi d’entendre leur défense, leurs arguments devant un juge " />
Mais les lâches qui se cachent dans leur tour d’ivoire quand le peuple est dans la rue, font tout pour éviter ce genre de confrontation " />
Le 25/07/2019 à 11h25
Le 25/07/2019 à 11h33
Le 25/07/2019 à 11h35
Tu te trompes : l’argent ne circule pas en France. C’est la société irlandaise qui touche l’argent et qui fait des bénéfices. Il n’y a donc rien à taxer en impôt sur les sociétés en France.
Donc, oui, il y a un problème mais il n’est pas simple à résoudre.
La solution choisie est mauvaise et comme tu le dis, il y a aussi des sociétés traditionnelles qui font de l’évasion fiscale.
La première étape pour résoudre le problème est de dénoncer unilatéralement la convention fiscale avec l’Irlande.
Le 25/07/2019 à 11h36
Le 25/07/2019 à 11h40
Le 25/07/2019 à 11h56
bonne chance pour faire un acronyme avec les 29 lettres des divers groupes qui vont se retrouver à payer la taxe. Soit Microsoft ne rentre pas dans la définition du gouvernement parce qu’ils n’offre pas de service d’intermédiation, soit ils seront sujets à la taxe.
La notion de gafa ou gafam est simplement un mot valise destiné à parler indistinctement d’un type de société ou de groupe de sociétés précis que sont les géants issus du numérique.
Le 25/07/2019 à 12h42
Le 25/07/2019 à 12h52
“Avec sa publication ce matin, certains services en ligne vont désormais être soumis à une taxe de 3 % du chiffre d’affaires”
Ca reste une bonne affaire pour les entreprise étrangères.
3% c’est quedalle comparé une entreprise locale (avec toutes taxes directes et indirectes)…
Le 25/07/2019 à 13h03
Il s’agit de 3 % sur le chiffre d’affaires, et non sur les bénéfices.
Le 29/07/2019 à 08h56
‘bonjour’ ! " />
Le 30/07/2019 à 05h21
Ce spam en mode télégramme n’empêche, ça régresse. STOP
Le 25/07/2019 à 08h21
Ce qui laisse que le gouvernement veut afficher une volonté d’agir mais sachant que le texte sera plus solide si plusieurs pays EU font de même, il laisse des écueils pour rendre le texte inapplicable et ménager les USA et les GAFA dont il a besoin pour d’autres lois.
Le 25/07/2019 à 08h26
Il a raison, les gens doivent de l’argent à l’état, ils n’ont pas à le garder alors que ce n’est pas le leur, il n’y a pas de temps à perdre avec des histoires de constitution.
Le 25/07/2019 à 08h46
Mince : ils ont encore oublié microsoft dans GAFA - étrange hasard…
Sinon c’est quoi la constitution chez lrem, parti anticonstitutionnel de fait depuis qu’un lieutenant a publiquement annoncé que le projet de son parti est de vendre la France ? http://www.upr-auvergne.fr/le-depute-lrem-aurelien-tache/) ? Écoutez bien ces 3m30 de vidéo : dans la haute trahison, c’est un monument !
Et qu’on ne vienne surtout pas me dire que je suis hors sujet puisque M. Aurelien Tache part bien de la taxe GAFAM, ici concernée, pour nous expliquer que son parti va brader notre siège permanent au conseil de l’ONU contre cette taxe GAFAM sans effet, avant que la CJUE ne vienne encore nous condamner pour entrave à la libre circulation des capitaux (cf. traités européens débiles) - et tout cela dans le seul but de lécher les bottes des allemands ?
Le 25/07/2019 à 08h49
Les USA, spécialistes des lois territoriales qui touchent la planète entière, qui voient d’un mauvais oeil qu’on les copie… " />
Le 25/07/2019 à 08h51
N’importe quoi :https://www.liberation.fr/desintox/2019/01/21/alsace-onu-rien-a-voir-avec-la-cho…
Et par ailleurs, pour le site en lien : la France dispose de la bombe H, pas juste la bombe A.
Le 25/07/2019 à 08h54
C’est pas de bol, l’article dit le contraire.
Le 25/07/2019 à 09h29
Le 25/07/2019 à 09h33
Joli scenario , je dirais que c’est limite “complotiste” mais les politiciens sont tellement retors et manipulateurs que ca tient la route ;)
Le 25/07/2019 à 09h55
J’attends de voir l’encaissement réel definitif et non contestable du premier centime d’euros de taxe…
Le 25/07/2019 à 10h04
J’attends surtout de voir le debut des dereferencements, la aussi sans en discuter prealablement.. genre d’un coup sec, avec decalage d’un an, le temps que ca passe en CC avant de voir si on remet en place..
Le 25/07/2019 à 10h07
Pour ce qui est du déréférencement, il me semble que tu confonds avec le droit voisin des éditeurs de presse, sauf erreur de ma part.
Le 25/07/2019 à 10h16
oups, et voila, a force d’avoir plusieurs onglets, et de faire 3 trucs en meme temps…
" />
Le 25/07/2019 à 10h18
Les politiciens: des traitres et des menteurs " />
Et ces mêmes politiciens qui continuent d’applaudir l’UE qui nous impose de façon AUTORITAIRE ses paradis fiscaux, pour enrichir les gens déjà riches, les privilégiés, les héritiers rentiers, et appauvrir les travailleurs en augmentant les taxes proportionnelles et en baissant les salaires, par la libre concurrence avec les pays du tiers-monde de l’UE aux salaires 10x plus faible " />
Le 25/07/2019 à 10h22
Le 25/07/2019 à 10h28
c’est exactement ça. En résumé et sans chercher le complotisme : toute cette histoire n’est rien d’autre qu’une grosse opération de comm. Il faut juste croiser les doigts pour que ça pète vite, histoire que ça ne coûte pas (encore) un bras au couillon qui, in fine, paie pour toutes ces bêtises : le contribuable…
Le 25/07/2019 à 10h36
Le 25/07/2019 à 14h22
Bruno le Maire en plein dans les négociations avec l’OCDE (notamment les USA).
Le 25/07/2019 à 14h25
C’est clair que c’est rien 3%, mais cette taxe est bancale en l’absence de concertation de la fiscalité internationale. Il s’agit d’un prototype lancé par la France (en attendant qu’un consensus suffisamment important permette de réaliser un fiscalité plus importante et plus pérenne).
Le 25/07/2019 à 14h34
Le 25/07/2019 à 14h36
On appelle ça le marché commun européen. On peut le quitter, mais il faut avoir les épaules et l’envie de souffrir pour ça (même les Brexiteurs attendent ça depuis maintenant 3 ans déjà).
Le 25/07/2019 à 15h06
pour moi…‘l’Irlande’ n’a rien-à-faire DANS l ‘Europe !
ou alors…qu’ils s’alignent, mais ‘vouloir le beurre, ET………………’, non ! " />
Le 25/07/2019 à 15h07
Vous mélangez impôt sur les sociétés (puisque l’on parle ici de sociétés) dont la convention fiscale est l’objet et droits de douanes qui sont en dehors de cette convention et qui sont par contre régis par l’Union Européenne (ils sont nuls au sein de l’Union).
Si l’on dénonçait la convention, les droits de douanes avec l’Irlande resteraient nuls et l’UE n’aurait rien à redire
à une telle dénonciation puisqu’elle n’est pas partie prenante de cet accord datant de 1968.
Comme indiqué dans la convention, il est possible à l’une des parties de dénoncer la convention avec un préavis de 6 mois avant la fin de l’année civile. Cela générerait effectivement des doubles impositions et c’est bien pour cela que je préconise cette mesure, quitte à annuler côté français les effets de cette double imposition.
L’objet de cette convention fiscale est à la fois d’éviter les doubles impositions (ce qui fonctionne a priori) mais aussi l’évasion fiscale (et là, c’est loin de fonctionner).
Le 25/07/2019 à 15h34
Pas grave, il reste les Pays Bas.
Chez qui quasi toutes les holdings et multinationales d’origine Européennes (et d’en dehors de l’UE quand ce n’est pas l’Irlande) sont immatriculées. Surement pour la beauté du paysage.
Le Luxembourg est sympa aussi comme coin.
Le 25/07/2019 à 15h57
Le 25/07/2019 à 16h01
Je pensais surtout à éviter que les ressortissants (français individus et sociétés) soient remboursés de l’imposition en Irlande pour éviter de les pénaliser. Pour les sociétés irlandaises, je m’en fiche un peu. " />
Mais ta solution peut convenir aussi.
Le 25/07/2019 à 16h51
Et une double imposition constituerait des droits de douane de fait.
Si vous croyez que la France laisserait en franchise fiscale le commerce entier avec un autre pays, il faut m’expliquer ce qui vous pousse à le croire (surtout avec cet argument de lutte contre l’évasion fiscale).
Le 25/07/2019 à 17h03
Non. Ce sont 2 concepts différents.
Les droits de douanes sont uniquement dus sur le transfert de marchandises.
L’impôt sur les sociétés sont dus sur les bénéfices de la société, pas sur le prix des marchandises vendues.
Et comme on parle ici de sociétés qui “vendent” des services et pas des marchandises, il ne peut y avoir des droits de douanes.
Entre pays sans convention fiscale, il y a probablement double impositions sans que ça soit des droits de douanes.
Pour un comptable, vous mélangez sacrément des notions que vous devriez maîtriser !
Edit suite à votre édit:
Je n’ai rien compris à votre dernière phrase.
Le 25/07/2019 à 17h09
C’est une drôle conception de la diplomatie entre deux pays. Vous croyez que si la France rembourse la double imposition aux ressortissants du territoire français, cela ne causerait pas d’escalade de la fiscalité entre les deux pays ?
C’est pourtant pour lutter contre le protectionnisme et contre les réflexes d’autodéfense fiscale que le marché commun est né.
Cela-dit, entre la France et l’Irlande, j’imagine qu’à ce petit jeu, vous avez raison : la France n’en aurait rien à faire (sauf que l’UE entrerait automatiquement dans le jeu et défendrait la petite Irlande contre la grosse France et surtout défendrait son marché commun).
Le 25/07/2019 à 17h16
Je ne partage pas votre point de vue. C’est tout. Avec mes connaissances fiscales, je sais qu’une fiscalité à une frontière est de fait un droit de douane (peu importe l’assiette fiscale, peu importe la définition écrite dans un traité).
Autrement-dit, si un commerçant est plus imposé en traversant une frontière, il paie plus d’impôts qu’un commerçant à l’intérieur du marché intérieur.
Je ne mélange rien. Vous vous arc-boutez sur des définitions dans l’absolu et vous ignorez la fiscalité dans le contexte d’une réalité.
Le 25/07/2019 à 18h21
Si vous voulez un précédent concernant la dénonciation d’une convention fiscale au sein de l’UE, il y avait eu le précédent franco-danois il y a 10 ans (par volonté du Danemark, je m’empresse de dire), qui je crois est relativement unique en la matière.
Ils avaient bricolé des crédits d’impôts en temporaire, et il me semble qu’à ce jour il n’y a rien eu de nouveau, en tout cas en 2016 c’était déjà un bazar :https://www.assemblee-afe.fr/denonciation-de-la-convention-fiscale-entre-la-fran…
Le 26/07/2019 à 05h25
La question reste ensuite de savoir où ces entreprises iront s’installer en novembre.
Le 26/07/2019 à 07h25
Pourquoi s’aligner sur la France? Si le dossier n’avance pas, c’est que
bon nombre d’états membres craignent beaucoup plus un enfer fiscal au
status quo très imparfait. Pas sûr que la France accepterait une
harmonisation qui soit dans la moyenne des politiques européenne non
plus d’ailleurs.